Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

----------

UNE INTÉRESSANTE CONVERSION


Alléluia! Je suis sauvé!

Je me suis donné à Dieu à Marseille dans le poste de l'Armée du salut, et puisque Dieu s'est servi d’elle pour me sauver, c’est à elle que j’appartiens, c’est pour elle que je veux travailler, vivre et mourir.

Il est de mon devoir de faire connaître à ma nouvelle famille ma vie passée, et quoique j'aie été un grand pécheur envers Dieu et les hommes, je suis persuadé que l’Armée a pardonné, PUISQUE DIEU A PARDONNÉ.

Élèvé dans des écoles chrétiennes et catholiques, j'ai fait une bonne communion; mais livré à moi-même depuis l'âge de 13 ans, le démon prit empire sur mon être faible et je devins boudeur, têtu et mauvais sujet. Mes parents ne pouvant rien faire de moi, me firent embarquer comme mousse en 1873, sur un voilier qui fit un voyage aux Antilles. Après ce voyage, je m'embarquai de nouveau comme novice à bord du voilier le Nepaul pour une campagne de deux ans dans la mer des Indes. Pensez ce que put apprendre cet enfant de 16 ans, tête brûlée, au milieu de matelots! Ah! oui, rien de bon!


Vers 1874, le Nepaul se trouvant dans les eaux de Pondichéry, il vint à ma tête l'idée de déserter, et une nuit à 11 heures du soir, par un temps sombre, je mis mon projet à exécution. Je restai sur une simple planche, dans l’eau au milieu des requins, depuis 11 heures du soir jusqu’à 8 heures du matin. Ce fut par un vrai miracle que je fus sauvé et ramené à bord par des pécheurs indiens. Je fus puni de 8 jours de fer.

Quelque temps après, le navire se trouvant à l'île Bourbon, je refusai le service au maître d’équipage qui me fit passer en conseil civil et me fit condamner pour ce fait à 8 mois de prison. On me fit rentrer en France pour m’incarcérer dans la prison centrale de St-Lô avec toutes sortes de bandits. Grâce à une protection de M. le baron X.., je fus gracié et rendu à ma famille.

Je rentrai à Marseille; de là je partis pour faire mon service dans la flotte, service que je fis très mal puisque je n'obtins même pas de certificat de bonne conduite.

De retour du service en 1881, je me mariai et partis environ un an après en Algérie avec ma femme et un enfant pour y occuper un emploi de contrôleur dans un grand café à Bône. Quelque temps après, j'occupai un emploi de comptable expéditionnaire au Dépôt de dynamite pour la province de Constantine et la Tunisie; je gardai cet emploi jusqu’en 1880.

Je ne fus pas heureux en Algérie, surtout moralement. J'avais à ma charge non seulement ma femme et mon enfant, mais aussi mon père et ma marâtre que la misère avait réduits à venir habiter avec moi.

Un soir....., rentrant à ma maison, contrarié et désireux d'en finir avec la vie, je me tirai en pleine poitrine un coup de revolver qui ne put produire la mort, bien qu'on ne pût extraire la balle de mon corps. Je ne saurais dire sous quel empire j’agis; mais je sais maintenant que le démon voulait s’emparer de mon âme, mais que LE DIEU DE BONTÉ VEILLAIT et voulait arracher cette âme aux griffes du diable pour la sauver.

En 1886, je quittai Bône et revins avec ma femme et mon enfant à Marseille où, grâce à un beau-frère, je trouvai au Transit de la Cie des Messageries maritimes un emploi de commis aux écritures. Trois ans après, je démissionnai pour me mettre dans le commerce. Je ne réussis pas davantage et ne fis que m’endetter.

En 1891, je retourne en Algérie reprendre mon ancien emploi au dépôt de dynamite et laisse ma femme et mon enfant à Marseille. Livré seul à moi-même, je me donne à la boisson et au bout de trois mois, buvant outre mesure, je devins fou et fis un mois d’hôpital.

De nouveau je rentre à Marseille: ma femme, qui commençait à travailler et à se suffire, ne voulait plus me recevoir. Néanmoins, je vécus quelque temps comme je pus, tantôt en paix avec ma femme, tantôt brouillé, buvant toujours... Mais en décembre 1895, à la suite d’une forte crise alcoolique, je tombai dans une rue de Marseille et fus conduit par des agents à l’asile des aliénés, ou je passai trois mois. J’en sortis en février 1896.

De 1896 à 1897, j’eus deux ou trois procès-verbaux pour ivresse manifeste et dégâts; me voyant perdu, je me mis sur la route, c’était le 3 février 1898, et j’allai jusqu’à la frontière suisse, mendiant mon pain.


C'est par des malheureux que j’entendis parler de l’Armée du Salut et du Mas-de-la-Ville où, disait-on, on recevait pour les relever les vagabonds sortant de prison. J'eus alors l'idée de me faire arrêter et, vers la fin d’avril dernier, j’allai me livrer au Commissaire de police de Tarascon. Je fus condamné à 1 mois de prison pour vagabondage. À ma sortie, je passai au Mas, mais n'eus pas le courage de me présenter et revins à Marseille, où je fus reçu d'office, comme sortant de prison, à l'assistance par le travail.

Je vécus ainsi quelques jours, gagnant quotidiennement 20 sous et faisant 4 heures de travail... Puis, de nouveau à la rue, je me fis mettre en prison pour purger les procès-verbaux dont je ne pouvais payer le montant. Je fis 48 heures pour une contrainte et crois en avoir d'autres; mais, travaillant un peu maintenant, je reste tranquille tant qu’on ne me dit rien. À ma sortie de la prison de Marseille, je fus attiré à la réunion de l'Armée du Salut.

C'était la seconde fois que j’assistais à ces sortes de réunions. Mon cœur fut un peu atteint; je priai à haute voix, cela me fit du bien, et je résolus de partir le lendemain pour le Mas-de-la-Ville...


L’homme propose, mais Dieu dispose.

Au Mas, on ne put pas m’occuper. Je me rends en route pour Marseille, toujours à pied, mais ma confiance en Dieu, loin de diminuer, augmentait sans cesse, et je me disais que Dieu voulait me faire faire ma pénitence à Marseille et non ailleurs, puisque c’était à Marseille que j'avais péché ...

Oh! jour heureux et inoubliable pour moi que celui où je vins de tout mon coeur demander pardon à Dieu de ma vie passée.

Depuis ce jour, Dieu m'a toujours exaucé; ma confiance est tout entière en Lui pour mon avenir et j’ose me dire un de ses fidèles et dévoués serviteurs dans son Armée.

L. Pansier

En avant 1899 01 28


 


Table des matières