Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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SANS RIDE

PAR LE BRIGADIER ROUSSEL-SCHOCH


L’Apôtre St-Paul emploie quelque part une expression qui m’a beaucoup frappé depuis quelques années.

Décrivant aux Éphésiens l’œuvre merveilleuse que Christ fait pour l’Église, il dit qu’après l’avoir purifiée par le baptême d’eau, il veut la sanctifier par sa parole, afin de la faire paraître devant lui, glorieuse, sans tâche, ni rides, ni rien de semblable.

Sauver ne lui suffit pas;

Sanctifier est encore trop peu;

Il veut lui donner ce qui, dans l’antiquité déjà, était le rêve de l’humanité: la jeunesse éternelle!

Non seulement ses mains ne doivent pas se souiller dans le péché, non seulement ses vêtements doivent rester plus blancs que la neige, mais son front doit être SANS RIDES: l’Église est la fiancée de Jésus-Christ. Pourrait-elle vieillir?

Le banquet des noces de l’Agneau est encore à venir. Ce qui est vrai de l’Église, l’est forcément de chacun de ses membres:


L’ÉTERNELLE JEUNESSE EST POUR CHACUN D’ENTRE EUX

LE CADEAU DE NOCE QU’IL DOIT RECEVOIR.


Et qu’est-ce en somme que la Jeunesse?

C’est la vie dans son expression la plus parfaite, la vie dans sa période croissante. Toute autre période de la vie, que la jeunesse, contient en effet déjà des éléments de mort. À peine un être animé est-il arrivé à l’âge mûr que déjà le déclin commence.

La rose épanouie d’aujourd’hui, est demain la rose fanée; et l’homme de notre siècle n’atteint guère son complet développement avant d’avoir commencé à compter ses premiers cheveux blancs, qui indiquent déjà le commencement de la décadence de son être physique.

Toute vie, à l’exception d’une seule — LA VIE DIVINE — a un terme, et a donc forcément une période ascendante, puis un déploiement maximum, puis enfin une période descendante.

Mais la vie divine, la vie éternelle se distingue de toute autre en ce que, n’ayant point de fin, elle ne peut avoir non plus de développement maximum, ni de déchéance, elle est donc toujours dans sa période croissante, elle est donc la jeunesse éternelle.

Rien de ce qui vieillit ne vient de Dieu car:


LA VIEILLESSE C’EST LA DÉCADENCE,

ET LA DÉCADENCE C’EST LE CHEMIN DE LA MORT.


Mais, dira-t-on, St-Paul ne dit-il pas à ces mêmes Éphésiens qu’ils doivent parvenir  «à l'état d'homme fait» et n’être plus «des enfants.»


Certes, mais l’état d’homme fait, la maturité n’est pas la vieillesse, il n’est même pas ce développement maximum dont je disais plus haut qu’il est presque le commencement de la décadence.

Le poirier le plus jeune porte les fruits les plus délicieux, et les Isaacs nés de parents centenaires n’ont pas en général la vigueur du fils d’Abraham qui était à proprement parler non son fils, mais CELUI DE LA PROMESSE.

Le fruit mûr lui-même n’est pas arrivé au terme de son développement, il n’est au contraire que la graine du nouvel arbre, le moyen du rajeunissement perpétuel de l’espèce.

L’enfant de Dieu peut donc arriver à la maturité, porter des fruits mûrs d’âmes sauvées et conduites dans le chemin de la sanctification, sans pour cela rien perdre de son éternelle jeunesse.


SANS RIDES! Voilà ce que Dieu veut de toi, soldat de Jésus-Christ.

Ne vas pas te réclamer de tes longues années de guerre, de tes expériences multiples pour excuser la disparition du feu des premiers jours. Je ne connais rien de si beau que le guerrier qui tout en ayant perdu ses illusions premières n’en a pas moins conservé l’impétueuse énergie qu’elles lui donnaient autrefois.

Autrefois il croyait que son témoignage aurait vite fait d’amener une âme au salut, et il témoignait en temps et hors de temps, dans la salle, sur la rue, dans le train.

Maintenant, l’illusion a fait place à une connaissance profonde de la méchanceté du cœur de l’homme et de la résistance désespérée ou indifférente qu’il oppose aux appels de Dieu.

S’arrête-t-il pour cela de témoigner?

Non, mille fois non; CE SERAIT DE LA VIEILLESSE.

Il connaît mieux la méchanceté de l’homme, mais il ne l’aime que plus de l’amour compatissant du Calvaire; il sait maintenant que la porte ne s’ouvrira pas à ses premiers coups, mais il n’en frappe que plus fort et plus souvent: voilà la maturité, voilà l'éternelle jeunesse.

À peine parti dans sa course sur l’arène de la vie nouvelle, il se croyait néanmoins tout près du but: c’était L’ILLUSION DE L'ENFANCE.

Quand il aura appris à compter quelques-unes des longues étapes qui le séparent encore du but, se fatiguera-t-il et abandonnera-t-il la partie? ce serait LA MORT DANS L'ENFANCE!

Ou bien deviendra-t-il sceptique, renoncera-t-il à posséder à tout prix la victoire, dira-t-il: Ah! j’en suis bien revenu de votre cœur pur? Non, non, ce serait LE DÉCOURAGEMENT DE LA VIEILLESSE, dont l’Ecclésiaste dit: «Temps où l’on redoute ce qui est élevé, où l’on a des terreurs en chemin, où la sauterelle devient pesante.»


Que fait au contraire l’enfant de Dieu resté jeune?

En mûrissant, il s’écrie avec l’auteur de l’épître aux Hébreux:

«Nous, nous ne sommes pas de ceux qui se retirent POUR SE PERDRE, mais de ceux qui ont la foi pour sauver leur âme.

Cette foi qu'ont su garder tous ces héros de la foi, qui sont morts sans avoir obtenu les choses promises, mais qui les ont vues et saluées de loin.»

Cette foi qui rajeunit Abraham et lui donna une postérité dans ses vieux jours;

cette foi qui rajeunit Joseph mourant et fit donner des ordres au sujet du retour de ses os dans le pays de la promesse.

Même mort, il voulait se joindre aux jeunes guerriers de sa descendance pour conquérir le pays de la promesse.

Tous ces héros du Chapitre XI de l’épître aux Hébreux, sont, jusque dans leur vieillesse et jusqu’à leur mort, RESTÉS JEUNES DANS LEUR FOI,

«et ont conservé leur ferme espérance, malgré les moqueries, le fouet, les chaînes et la prison. Ils furent lapidés, sciés, torturés, ils moururent tués par l’épée, ils allèrent çà et là, vêtus de peaux de brebis et de peaux de chèvres, dénués de tout, persécutés, maltraités»....


AVEC TOUT CELA, ILS RESTÈRENT JEUNES

ET CONSERVÈRENT INÉBRANLABLE

LA FOI DE LEURS PREMIERS DÉBUTS.


Et nous, camarades, vieillirions-nous dans notre foi, parce que le but ne nous paraît plus aussi facile à atteindre qu’il semblait autrefois?

Non; mais voyant que la route est pénible, nous sentirons plus qu’autrefois le besoin de rejeter toute entrave, afin de pouvoir courir sur cette pente ardue. Nous n’avons pas encore résisté jusqu’au sang en luttant contre le péché!


* * *


SANS RIDE! Mais c’est trop tard pour cela, dites-vous, les rides sont déjà là. Plus de vie de Dieu m’en aurait sans doute garanti, mais cette vie m’a manqué, et les soucis, les luttes, les déceptions m’ont vieilli, et je n’en suis plus, hélas! à compter mes rides!

Courage, camarade!

Si la vie de Dieu garde jeune, elle rajeunit aussi ce qui a vieilli, elle relève le roseau froissé, elle attise la flamme du lumignon fumant.

«Je chercherai la brebis perdue, je ramènerai celle qui était égarée, je panserai celle qui est blessée et je fortifierai celle qui est malade.» 


Qui est l’Éternel?

C’est Celui «qui pardonne toutes tes iniquités — CŒUR RÉTROGRADE —

qui guérit toutes tes maladies....

c’est Lui qui te fait rajeunir comme l'aigle.» (Ps. 103) 


Qui est l’Éternel? — cœur fatigué! écoute la réponse d’Ésaïe, le prophète dont les derniers chapitres sont plus jeunes et plus enthousiastes que les premiers.

«Ne le sais-tu pas? ne l’as-tu pas appris?

«C’est le Dieu d’Éternité, l’Éternel; Il ne se fatigue point, Il ne se lasse point, Il donne de la force à celui qui est fatigué,

Il augmente la vigueur de celui qui tombe en défaillance.

Les adolescents se fatiguent et se lassent, Et les jeunes hommes chancellent; Mais ceux qui se confient à l’Éternel renouvellent leur force. Ils prennent le vol comme les aigles, Ils courent et ne se lassent point! Ils marchent et ne se fatiguent point!»

Te faut-il d’autres promesses, camarade, pour reprendre courage?

Et même, si tu étais plus que fatigué, plus que vieilli, si tu étais mort et que tes ossements jonchâssent la vallée comme ceux que vit Ezéchiel en vision, alors encore au souffle de l’Esprit de l’Éternel, l’Esprit rentrerait dans ces os, ils se rapprocheraient les uns des autres, ils se couvriraient de nerfs, de chair et de peau (Ezéchiel, 37) et ils reprendraient vie. Et qui fera ces merveilles? Voici la réponse de l’Éternel:


«Je mettrai mon Esprit en vous et vous vivrez,»


* * *


Camarade, veux-tu voir revivre en toi l’esprit qui t’animait autrefois?

Veux-tu redevenir un soldat bouillonnant de jeunesse?

Veux-tu garder jusqu’à la fin ta fraîcheur et ta jeunesse?

Cherche jusqu’à ce que tu l’aies trouvé, un baptême du Saint-Esprit, plonge-toi dans ce torrent qu’Ezéchiel vit dans la vision sublime (Chap. 47) et dont il est dit que les arbres plantés sur ses bords ne flétriront jamais.

«Leur feuillage ne flétrira point, et leurs fruits n’auront point de fin, ils mûriront tous les mois, parce que les eaux sortiront du sanctuaire. Leurs fruits serviront de nourriture et leurs feuilles pour remède.»


VOILÀ LE SORT BÉNI DE TOUTE ÂME QUI RESTE SANS «RIDES.»

En avant 1899 06 10



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