Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !


PRIÈRE POUR UN FORÇAT

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Grand Dieu, qui de toute éternité es dans la béatitude et dans la gloire, et dont le Trône est environné d'Anges et de Séraphins, qui chantent continuellement tes louanges, tu vois ce pauvre affligé, ce misérable forçat accablé de tourments, et d’ignominie, qui crie à toi du fond de son cœur.

J’avoue, Seigneur, que quelque rude que soit le traitement que je reçois, je l’ai mérité: et que, quand il y aurait eu de l’injustice dans ma condamnation, je ne saurais me justifier devant toi, puis que véritablement je suis digne de la condamnation et de la mort éternelle.

Mais, ô Dieu tout bon, pardonne-moi je t’en supplie au nom précieux de Jésus Christ ton Fils et notre Rédempteur; tous mes péchés quelque grands qu’ils puissent être, donne-moi toute la patience, et la confiance qui m’est nécessaire.

Garde-moi de murmurer jamais, ni contre toi, ni contre ceux qui me font souffrir. Seigneur Jésus que l’exemple de ta douceur soit toujours devant mes yeux; lors qu’on te disait des outrages tu n’en rendais point, et tu n’usais point de menaces:

Fais Seigneur, que je regarde l’anneau de fer que je porte, comme un anneau nuptial, et les chaînes que je traîne, comme des chaînes de ton amour, puisque tu châties celui que tu aimes et que tu fouettes tout enfant que tu avoues (reconnais). Qu’il me souvienne toujours que bien heureux est celui qui endure tentation et qu’après avoir été éprouvé il recevra la couronne de vie.

Cependant, ô grand Dieu, accorde-moi la grâce de faire un bon usage de ces châtiments. Et particulièrement celle d’endurer patiemment tous mes maux et tous les coups qu’on me donnera comme autant de moyens pour mortifier mes passions, et pour m’en corriger sérieusement, que par là, j’apprenne à devenir plus humble, plus doux, et plus dévot. Et quand même tu aurais ordonné de me laisser plusieurs années dans cet esclavage, fais que je craigne encore de n’avoir pas assez de temps pour travailler à ma sanctification, me souvenant qu’il est très difficile d’entrer dans le Royaume des Cieux, qu’on ne peut y parvenir que par plusieurs afflictions, et que si nous ne souffrons pas avec Christ, nous ne régnerons point avec lui.

Garde mon âme, ô Dieu, de peur que je ne contracte les vices qui règnent parmi ces criminels. Sanctifie-moi tellement par ton Esprit que je me conduite comme un Lot dans Sodome, et lorsque j’entendrai quelqu’un de mes compagnons proférer des blasphèmes; que je lui dise comme le Brigand pénitent, au moins ne crains-tu point Dieu, vu que tu es sous la condamnation; et que j’aie tant d’horreur pour toute sorte de scandales, qu’il ne m’arrive jamais de me souiller parmi les abominables.

Et quant à la Sainte Religion que tu m’as enseignée, fais que non seulement j’en fasse une profession extérieure, mais aussi une profession intérieure et sainte jusqu’au dernier soupir de ma vie: que je ne te renie jamais quelque mauvais traitement que je reçoive, et qu’il me souvienne toujours au milieu de mes plus grands tourments que les souffrances du temps présent ne sont point a balancer contre la gloire qui est à venir.

Fais enfin que je pense sérieusement que quand j’aurai souffert plusieurs années, si je ne te suis fidèle jusqu’à la mort je n’aurai point de couronne.

Il est bien vrai, ô Dieu, que je ne saurais me réfléchir tout de bon sur ces pensées, sans le secours de ton Esprit: mais envoie-le-moi, je te supplie en une grande mesure; car dans la grande servitude où je suis réduit, j’ai besoin d’une assistance toute extraordinaire.

Console-moi, dans ce dur esclavage; mets-moi devant les yeux la gloire que tu as réservée à ceux qui auront attendu avec patience, et avec confiance ton apparition bien heureuse; et fais enfin que mon âme entièrement délivrée des liens du péché à l’heure de ma mort s'envole avec joie dans les Cieux très-hauts où elle fers mise en la liberté de tes Enfants, et où elle jouira des délices inénarrables de la gloire.

Ce sont là, Seigneur, les grâces que je te demande pour l’amour de ton Fils Jésus-Christ, qui m’a enseigné de te prier ainsi: Notre Père... etc.


 

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