Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L’ÉGLISE

BÉNIE SOUS LA CROIX

***

Méditation donnée en 1848 – révolution française


MÉDITATION

SUR HÉBREUX, XII,10.

Dieu nous châtie pour notre profit, pour nous rendre participants de sa sainteté.


* * *

Note de la Bibliothèque Regard:

De nombreux paragraphes de cette méditation pourraient fort bien nous concerner alors que nous sommes «en guerre» contre le Coronavirus; sachons reconnaître ces paragraphes et en tenir compte pour notre vie comme nos frères et soeurs dans la foi étaient invités à le faire autrefois.

Coronavirus

* * *


C’est là une vérité dont tout fidèle est convaincu. Il la voit annoncée de mille manières dans la Parole de son Dieu.

Les bénédictions spirituelles que les chrétiens de tous les temps et de tous les lieux ont recueillies dans le creuset de l’épreuve, la confirment avec une grande force. Et qu’aurions-nous appris nous-mêmes à l’école du Seigneur si, jusqu’à un certain point, nous n’avions pas appris cela?

Et si nous ne pouvions pas mettre le sceau de notre propre expérience à cette réjouissante parole:

Dieu nous châtie pour notre profit, pour nous rendre participants de sa sainteté?

Nous n’avons donc pas à établir cette vérité. Mais nous n’en éprouvons pas moins le besoin de vous la rappeler aujourd’hui pour votre consolation et votre encouragement;

d’abord parce que, au premier moment, l’angoisse ou le trouble produit dans l’âme par l’épreuve en obscurcit quelquefois la lumière, en affaiblit quelquefois l’évidence;

ensuite, parce que, pour retirer des châtiments du Seigneur le bien qu’il nous destine quand il nous frappe, il faut que nous soyons ouvriers AVEC lui.

Ce n’est pas malgré nous, ce n’est pas sans notre concours, que l’affliction produit en nous ses fruits paisibles de justice. Il faut

que nous écoutions la verge et Celui qui l'a assignée,

QUE NOUS CHERCHIONS À BIEN COMPRENDRE LES ENSEIGNEMENTS QUE DIEU NOUS DONNE PAR L’ÉPREUVE;

que nous nous en formions une idée aussi claire, aussi juste, aussi complète que possible, afin de travailler ensuite, avec l’assistance divine, à réaliser ces enseignements dans nos cœurs et dans notre vie.

C’est ce que nous voudrions vous aider à faire aujourd’hui, afin que ces jours d’adversité ne soient pas perdus pour notre église; que la malédiction prononcée contre ceux qui n’écoutent pas la voix de Dieu dans ses jugements ne tombe, si possible, sur aucun de nous (Prov. I, 23-31); mais que nous recueillions, au contraire, les grandes et précieuses bénédictions promises a ceux qui souffrent pour la justice.

Il nous semble d’abord, chers frères, que par la situation dans laquelle Il nous place, le Seigneur veut nous rappeler quelle est la vraie condition de l’Église de Christ dans ce monde.


La prospérité extérieure dont nous avons joui pendant longtemps

peut nous l’avoir fait perdre plus ou moins de vue.


Nous avons pu jusqu’à un certain point CONFONDRE L’ÉGLISE AVEC LE MONDE, pendant ces années où le monde semblait honorer l’Église, et même en quelque sorte en faire partie.

L’opposition qui existera toujours entre la lumière et les ténèbres a pu paraître s’évanouir en quelque degré, alors que les ténèbres semblaient rendre à la lumière un hommage dont nous pouvons aujourd’hui apprécier la valeur.

Mais maintenant l’illusion à cet égard n’est plus possible.

Nous voyons clairement que quoique

l’Église aime le monde en tant qu’elle travaille à le gagner à Jésus-Christ,

le monde hait l’Église et travaille à sa ruine.

Le monde ne veut de christianisme que celui qu’il peut mondaniser à son aise, en le convertissant à son image, en lui enlevant les traits de sa divinité, en détruisant autant qu’il le peut son efficace, en le réduisant pour ainsi dire à néant.

Il l’embrasse pour l’étouffer et lui donner ainsi la mort.

Comprenons donc bien que l’Église pour autant qu’elle est vivante et fidèle, est et sera toujours, ainsi que ses vrais membres, une étrangère sur la terre, et que le monde lui sera toujours plus ou moins contraire.

Ce n’est pas seulement par ce qui se passe au milieu de nous que le Seigneur nous donne cette grande leçon; il nous la donne de partout, si nous avons des yeux pour voir et des oreilles pour entendre.

Partout, en effet, la lutte commence, si elle n’est pas déjà engagée.

Partout l’opposition du monde à l’Église qui confesse Jésus-Christ et qui vit de sa vie, se manifeste avec plus ou moins de clarté et de force.

L’Église redevient sous ce rapport ce qu’elle était dans les temps apostoliques.

Elle reprend peu à peu sur la terre la position de son divin Chef.

Comme lui, et à proportion qu’elle reproduit fidèlement sa vérité, elle devient la rejetée et la méprisée des hommes.

Prenons-en notre parti.


Ce qui était bon pour Jésus-Christ est bon pour nous.

Ne soyons pas plus difficiles et plus exigeants que le Fils de Dieu.

Ne repoussons pas, ne méprisons pas, ne dédaignons pas même une position qu’il a cherchée, voulue, acceptée, honorée.


C’est dans cette position que Jésus-Christ, que l’Église ont triomphé.

C’est encore dans cet abaissement extérieur, que, par la bénédiction de son divin Chef, l'Église fera les conquêtes qu’elle doit faire, manifestera sa vraie grandeur et sa vraie force, qui sont toutes morales, redeviendra une lumière et un salut, pour un monde qui s’égare et qui se perd: car

IL EST TOUJOURS VRAI que Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes, et qu’il a choisi les choses viles du monde et les plus méprisées, et même celles qui ne sont point, pour anéantir celles qui sont.

Sachons donc vouloir, quant à notre position extérieure, ce que Dieu veut.

Elle changera, elle s’adoucira quand il le voudra; et il le voudra probablement quand nous aurons recueilli les fruits de l'épreuve qu’il nous envoie.

Mais, chers frères, notre paix, notre sûreté, notre salut, ne dépendent pas essentiellement de notre position extérieure, ou de celle de l’église à laquelle nous appartenons; elles dépendent de NOTRE ÉTAT INTÉRIEUR.

En nous attachant à l’Église libre, nous avons voulu nous placer dans des conditions favorables au salut; mais nous ne devons jamais oublier que ce seul fait ne nous rend pas participants du salut.

Notre église ne prétend pas scruter les cœurs.

Elle ne donne pas de brevets de conversion.

On y entre librement, spontanément, en adhérant de soi-même et sans examen d’autrui à ses institutions et à sa confession de foi.

On ne peut donc rien conclure quant à l’état de l’âme, de ce qu’on s’y est joint. Et cependant notre paix, notre sûreté, notre salut sont, pour nous, l’essentiel.

C’est pourquoi nous croyons que, par ses dispensations envers nous, le Seigneur nous appelle bien directement et avec beaucoup de force à examiner, chacun pour nous, SI NOUS SOMMES DANS LA FOI, SI JÉSUS-CHRIST EST EN NOUS? (2 Cor. XIII, 5).

Toute épreuve a en partie pour but de nous porter à sonder nos voies et à rentrer en nous-mêmes.

Combien plus une épreuve si générale, si prolongée, si vive, une guerre que l’on fait à Dieu et à l’Évangile dans nos personnes. À l’approche de l’orage et à plus forte raison au fort de l’orage, il importe beaucoup de s’assurer si l’on est préparé à le supporter et à lui résister.

Or l’orage a commencé pour nous; il gronde tout autour de nous, il menace de devenir toujours plus violent!

De quelle importance n’est-il pas dans une telle situation de bien examiner

Si notre nacelle est fermement attachée au rocher de notre salut,

Si nous sommes unis à Jésus-Christ?

Si nous avons son Esprit?

S’il nous reconnaît pour ses rachetés?

Car il serait profondément triste d’être enveloppé dans la persécution du peuple de Dieu sans appartenir réellement à ce peuple. On se rassurerait, parce que l’église à laquelle on s’est uni est sous la croix; mais la tranquillité qu’on puiserait à cette source, serait fatale; on se dirait paix, là où il n’y a point de paix; et l’on serait d’autant plus à plaindre et d’autant plus malheureux, qu'on souffrirait sans consolation, sans espérance, sans bénédiction, puisque,

N’étant pas réellement à Jésus-Christ, on ne pourrait pas jouir de celles qu’il assure à ses disciples qui souffrent pour lui.

On aurait une lourde croix sur les épaules, et l’on ne pourrait ni la porter chrétiennement, ni en profiter.

Et enfin, si la persécution devenait plus sérieuse, si l’on était appelé à de grands sacrifices pour le Seigneur, on en serait incapable, parce qu’on ne serait pas soutenu par lui, et très probablement on serait entièrement éloigné de lui par ses châtiments; on lui deviendrait infidèle extérieurement, après lui avoir été infidèle intérieurement; on finirait par faire naufrage quant à la foi, quant à l'espérance, quant au salut; et par là non seulement on réjouirait les ennemis de l’Évangile, on scandaliserait les fidèles, mais on se plongerait dans une ruine spirituelle et morale, dont toutes les ruines terrestres ne sauraient même donner une idée.


Selon le langage énergique de Jésus-Christ, on ferait la perte de son âme! Et que donnerait l'homme en échange de son âme? À quoi servirait-il à un homme de gagner le monde entier, s'il faisait la perte de son âme?

En face de toutes ces terribles éventualités, probables au plus haut degré pour l’âme qui ne serait pas vraiment renouvelée, il y a de quoi porter chacun à se demander devant Dieu, le plus sérieusement possible, s’il appartient à Jésus-Christ par cette foi vivante qui purifie le cœur, qui surmonte le monde, et qui est opérante par la charité!


IL FAUT ABSOLUMENT SAVOIR CE QU’IL EN EST.


Dieu vous y appelle fortement; puissiez-vous entendre sa voix! Car il y aurait de la ressource pour celui qui découvrirait, ensuite de cet examen, qu’il n’est pas réellement dans la foi. Il pourrait, réveillé de son sommeil, fuir, au pied de la croix, la colère à venir.

Mais il n’y aurait aucune ressource pour celui qui, n’étant pas dans la foi, voudrait absolument se persuader qu’il y est.

Il mourrait avec un mensonge dans sa bouche, et une telle mort est le plus affreux des malheurs.

Rappelons-nous que «L’ENFER, C’EST LA VÉRITÉ VUE TROP TARD.»

Nous avons encore à considérer, chers frères, que notre position toute pénible qu’elle est à la chair, et par là même qu’elle est pénible à la chair, est bonne pour l’âme, non-seulement, comme nous venons de le montrer, parce qu’elle tend à la réveiller si elle dort, à la ramener à Dieu si elle s’égare, mais encore parce qu’elle est infiniment propre à développer et à fortifier dans les fidèles le caractère chrétien tout entier.

Dans les temps où l’Église de Christ jouit d'un état apparent de prospérité extérieure, elle ne vit que d’une demi-vie.

Elle en vient facilement à marcher par la vue, à s’endormir plus ou moins, quelquefois à s’enorgueillir.

Le bien-être tend à corrompre, à énerver l’âme, à la faire vivre pour la terre plus que pour le ciel; et les sentiments chrétiens qui doivent se trouver et se manifester dans le fidèle, se développent peu ou point, sous le soleil de la prospérité, parce que les circonstances favorables de l’Église, le calme et l’honneur dont elle jouit, ne les exercent et ne les affermissent pas.

Voilà pourquoi les jours paisibles où l'hostilité du monde sommeille, sont presque toujours fatals à la vie spirituelle.

Mais maintenant, avec quelle force l’inimitié du monde ne vient-elle pas ranimer tout ce qu’il peut y avoir dans nos cœurs de dispositions chrétiennes!

Quel appel à une foi vivante, simple, ferme, hautement confessée, qu’une situation où tous les appuis terrestres nous font défaut, où la plupart des influences extérieures tendent à nous détourner de la vérité, où nous ne pouvons absolument compter que sur le Seigneur!

Naguère nous n’avions presque rien à endurer de la part du monde.

L’opprobre qui s’attache toujours plus ou moins à la profession franche de la piété, était comprimé.

L’Évangile était plus ou moins honoré.

Il y avait peu à supporter, à pardonner.

Mais maintenant que la confession du nom de Christ expose à la contradiction, aux injures, au mépris, aux mauvais traitements, avec quelle force Dieu ne nous prêche-t-il pas la patience, la charité, la douceur, le support, le pardon! avec quelle force ne nous met-il pas en garde contre toute irritation, toute amertume, tout ressentiment!

Naguère, il n’était pas très difficile de persévérer dans la profession de l’Évangile; il y avait peu d'obstacles extérieurs qui pussent en détourner; on n’avait guère à souffrir pour le Seigneur; on pouvait l’honorer ouvertement sans danger. Mais maintenant que les disciples du Sauveur sont environnés de malveillants et d’ennemis plus ou moins acharnés qui font la guerre à l’Évangile par tous les moyens en leur pouvoir; maintenant qu’il y a tout à risquer et à perdre selon le monde en suivant les voies du Seigneur; maintenant que les plus simples manifestations de piété en dehors des formes permises, peuvent attirer de grands maux; maintenant que la foi peut seule soutenir le courage et l’espoir des serviteurs de Jésus-Christ, avec quelle force notre divin Maître ne nous crie-t-il pas:

Prenez toutes les armes de Dieu, afin qu’ayant tout surmonté, vous demeuriez fermes.

Celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé, mais si quelqu'un se retire, mon âme ne prend point de plaisir en lui.

Donnez-y tous vos soins, chers frères, si cette crise ne vous fait pas beaucoup de bien, elle vous fera beaucoup de mal.

Si elle ne vous rend pas plus croyants, plus fermes, plus doux, plus patients, plus courageux, elle aura sur vous une influence toute contraire et portera un coup fatal à la vie de vos âmes.

Mais, pour que notre caractère chrétien se développe dans l’épreuve, nous avons besoin d’être sans cesse édifiés; et comment le serons-nous, direz-vous, privés que nous sommes en partie de ce culte public qui est le plus puissant moyen d’édification?

Nous le serons, chers frères, si nous voulons, si nous savons pourvoir plus que précédemment à notre édification par nous-mêmes.

Et tel est assurément l’un des enseignements les plus importants et les plus clairs que le Seigneur nous donne aujourd’hui.

Le culte public est sans doute un précieux moyen de grâce, en général indispensable à la vie spirituelle des âmes.

Le ministère des pasteurs, exercé en toute liberté, est sans doute à l’ordinaire nécessaire.

Le ministère est une institution voulue, établie par le divin Chef de l’Église.

MAIS QUAND IL PERMET QUE L’UN ET L’AUTRE NOUS SOIENT PLUS OU MOINS ÔTÉS, ou que nous n’en jouissions plus avec la même liberté et la même facilité qu’autrefois, il a, dans cette dispensation, des vues qui sont d’accord avec cet amour infini et incompréhensible dont il aime chacun de ses enfants.

Quelles sont-elles?

Il n’est pas très difficile de le découvrir.


En général, quand Dieu nous ôte une chose,

c’est parce que nous n’en avons pas assez senti le prix,

ou parce que nous en avons abusé.


Tel est sans doute en partie son motif maintenant.

Quant au passé, il veut nous faire comprendre et sentir

que nous n’avons pas assez apprécié le ministère de ses serviteurs et la liberté de le servir publiquement,

que nous n’en avons pas été assez reconnaissants envers Dieu,

que nous ne lui en avons pas assez rendu grâce,

que nous avons trop considéré ces privilèges extérieurs comme des choses toutes naturelles, au lieu de les regarder comme de précieux dons de la bonté divine.

Et, en même temps, il veut nous faire comprendre et sentir que, par une étrange contradiction, nous en avons plus ou moins abusé, c’est-à-dire que nous n’en avons pas fait l’usage pour lequel le Seigneur nous les avait accordés, mais un usage différent, excessif, exclusif, préjudiciable à la vie de nos âmes.

Nous avons, en général, trop bâti sur l’homme et sur la parole de l’homme, l’édifice de notre foi et de notre piété, et nous ne l’avons pas assez bâti sur Dieu et sur sa Parole.

Nos faibles pasteurs ont été trop pour nous: le grand et souverain Pasteur trop peu.

Au lieu de nous fonder et de nous affermir en Lui, par eux, nous nous sommes trop appuyés sur eux.

Il en résulte que quand ils viennent à nous manquer plus ou moins, quand nous ne sommes plus sous l’influence de cette excitation que nous trouvons dans un culte nombreux et animé, il semble à plusieurs que tout est perdu, et la plupart sont abattus et découragés comme s’il ne leur restait presque rien, tandis que la sainte Bible, Dieu, Jésus-Christ, le Saint-Esprit, la croix, le trône de grâce, les promesses, leur restent dans toute leur réalité et leur puissance.

Il y a là, chers frères, un grand sujet d’humiliation devant Dieu. Reconnaissons-le, sentons-le avec repentance, et en recourant de tout notre cœur à la divine et inépuisable miséricorde.

Et quant à l’avenir, aussi longtemps que durera notre épreuve, comprenons bien que le Seigneur veut que nous apprenions à mieux satisfaire par nous-mêmes aux besoins de nos âmes; que nous devenions, chacun en particulier, plus fidèlement le pasteur de notre propre âme, sous la direction et la bénédiction du grand et souverain Pasteur.

L’abondance des secours extérieurs, la multiplicité des prédications évangéliques ont, par la grâce de Dieu, fait un grand bien; mais, comme l'homme abuse de tout, elles ont pour plusieurs été l’occasion d’un mal réel, celui de les empêcher de donner assez de temps, assez de soin, à ce culte particulier, individuel, qui est le plus important de tous, parce qu’il peut être le plus fréquent de tous, et le plus complètement en rapport avec les besoins de chacun.

Le culte public, qui devait être un moyen supplémentaire d'édification, a été pour plusieurs le moyen principal.

On a beaucoup nourri son âme le dimanche; on l'a peu nourrie habituellement.

On a trop vécu sur le sermon du pasteur, pas assez sur l’Évangile journellement médité.

Il faut, chers frères, que cela change.

Le Seigneur veut nous apprendre à aller davantage à lui journellement; à devenir plus réellement des hommes de prière, saisissant toutes les occasions de nous approcher de Lui, et de puiser pour tous nos besoins individuels, de famille, d’église, dans ce trésor inépuisable de grâces qui, en Christ, nous est toujours ouvert.

Il veut que la prière de la foi devienne moins une simple habitude du matin et du soir, et plus une grande et solennelle réalité de tous les moments en quelque sorte, une constante communion de notre âme avec l’Auteur de tout don parfait et de toute grâce excellente.

Luther priait jusqu’à quatre heures par jour: quelle place occupe la prière dans notre vie?

Le Seigneur nous appelle aussi maintenant à étudier mieux et davantage sa Parole, non en théologiens, mais en petits enfants; à y chercher chaque jour avec plus de soin, de sérieux, d’application d'esprit et de cœur, la lumière et la nourriture spirituelle; à en acquérir ainsi une connaissance plus vivante, plus complète, plus solide, qui puisse mieux servir de base à notre foi et à notre vie chrétienne, nous éclairer et nous soutenir continuellement dans les difficiles sentiers où Dieu nous conduit.

On a beaucoup lu la Bible au milieu de nous, on l'a peu étudiée; on connaît les doctrines du salut, mais on ne connaît pas assez dans son ensemble et dans ses détails ce trésor des révélations divines qui suffit à tous les besoins de l’âme.

Il faut apprendre à en exploiter les richesses et à méditer pour soi-même le Livre de vie comme on aime à l’entendre méditer par les pasteurs.

Il faut du moins tendre à en faire un tel usage.


IL SERA BIENTÔT PEUT-ÊTRE NOTRE UNIQUE RESSOURCE SPIRITUELLE.


Vous me direz: Comment le pourrons-nous?

Qui est suffisant pour ces choses parmi nous, qui n’avons pas fait les études du saint ministère et qui ne possédons pas les connaissances de nos pasteurs?

Sans doute, vous ne pourrez jamais remplacer tout à fait vos pasteurs, et cela ne nous paraîtrait pas même être dans les plans de Dieu.

Mais quelque peu éclairés que vous puissiez être dans les sciences humaines, plus vous étudierez la Parole de Dieu dans un esprit d’humilité et de prière, mieux vous la comprendrez et vous enrichirez de ses richesses; car LA BIBLE EXPLIQUE LA BIBLE. On a vu souvent des esprits non cultivés, des cœurs simples, en acquérir, par une étude journalière et consciencieuse, une connaissance surprenante, et laisser bien loin d’eux sous ce rapport de savants théologiens.

Vous pourrez, chers frères, être beaucoup plus les pasteurs de votre propre âme que vous ne le pensez, si, pour la prière et pour l’étude de la Bible, vous recourez plus fidèlement, avec plus de confiance, à l’assistance continuelle de ce Saint-Esprit de Dieu qui vous est si positivement promis.

Dieu lui-même veut, par lui, vous expliquer sa Parole, vous en nourrir, la faire germer et fructifier au dedans de vous, avec toute sa puissance de lumière et de vie.

C’est l’Esprit de Dieu qui est le vrai Docteur, le céleste Avocat de la vérité divine dans l’âme humaine.

Nul ne peut le remplacer. Il peut, à lui seul, tout remplacer.

Tout ce que vous avez reçu et senti de l’Évangile, vous l’avez reçu et senti par lui. Nul prédicateur, nul livre, nul discours chrétien ne vous aurait fait un bien réel, si l’Esprit de Dieu ne l’avait béni.

Sentez-en donc profondément le besoin.

Bénissez Dieu de vous l’avoir promis.

Désirez-le de tout votre cœur: appelez-le beaucoup à votre secours par la prière de la foi, quand vous vous présentez devant le trône de grâce et quand vous ouvrez la sainte Parole de Dieu; et sa lumière et sa vie se répandront abondamment dans votre âme. Votre foi s’éclairera et s’affermira, et les fruits de l’Esprit se manifesteront en vous avec puissance.

Si vous nourrissez ainsi vos âmes du pain de vie, vous comprendrez sans peine et presque sans réflexion que, par l’état dans lequel il nous place, le Seigneur veut encore vous détacher du monde, vous en séparer spirituellement et de cœur, et tourner plus réellement, plus sérieusement vos affections et vos espérances vers les choses qui sont en haut, vers Lui, notre souverain Bien, vers l’adorable Auteur de notre salut, vers les nouveaux cieux et la nouvelle terre où la justice habite.

Par la persécution, Dieu désenchante plus ou moins pour nous le séjour d’ici-bas, afin d’en déprendre nos cœurs et de nous faire soupirer après cette maison de notre Père où Jésus-Christ est allé nous préparer une place.

Il trouble, il altère le bonheur que nous sommes toujours trop portés à chercher sur la terre, afin de nous faire chercher et goûter davantage la félicité pure et vraie qui se trouve dans une communion avec Dieu plus intime, plus sensible, plus habituelle.

Il flétrit l’une après l’autre nos espérances terrestres, afin de faire fleurir et fructifier en nous l’espérance qui ne confond point.

Il nous montre par tout ce qui nous arrive, que nous n'avons point ici-bas de cité permanente, afin de nous faire chercher celle qui est à venir.

Il nous fait sentir avec force, par les vicissitudes et l’instabilité de notre état, que nous sommes étrangers et voyageurs sur la terre, afin de nous apprendre à nous conduire plus réellement comme bourgeois des cieux.

Il nous montre sans cesse autour de nous des sujets de tristesse, de deuil, de crainte, pour nous enseigner à regarder non aux choses visibles qui ne sont que pour un temps, mais aux invisibles qui sont éternelles.

Cet enseignement est si évident, il ressort si directement, si naturellement, si fortement des circonstances par lesquelles le Seigneur nous fait passer, qu’il n’est besoin que de nous le présenter pour que nous en comprenions la justesse et que nous en sentions la force.

Qu’il soit donc gravé dans nos cœurs; que rien ne puisse nous le faire oublier; que tout au-dehors et au-dedans nous le rappelle sans cesse; et surtout que, par la grâce de Dieu, il soit mis à profit par chacun de nous.

Que toute notre sollicitude, que nos efforts les plus habituels, dans la force de Dieu, soient d’user de ce monde comme n’en usant point, et de vivre dans ce monde comme n’en étant point.

Oh! si nous pouvions ne plus tenir à la terre que par le besoin d’y glorifier notre Dieu et d’y être utiles à notre prochain!

Oh! si la gloire de Dieu, le règne de Christ, la vie éternelle, pouvaient devenir notre vie! si nous y savions tout rapporter, tout subordonner! si la vie cachée avec Christ en Dieu pouvait réellement prospérer en nous! si nous voulions entrer pleinement dans cette grande pensée de l’apôtre: Affectionnez-vous aux choses qui sont en haut, et non à celles qui sont sur la terre! si tout ce qui compose en nous l’homme terrestre pouvait être mortifié, et tout ce qui compose l’homme spirituel et céleste vivifié et affermi! si la convoitise des yeux, la convoitise de la chair et l’orgueil de la vie pouvaient s’éteindre en nous, et toutes les affections spirituelles et saintes qui nous unissent a Dieu, a Christ, au royaume de gloire, pouvaient prendre en nous une nouvelle vie, une nouvelle force, une nouvelle activité! Travaillons-y, mes frères, dans la force du Seigneur, et nous n’y travaillerons pas en vain.


Nous avons parlé jusqu’ici des principaux avertissements que Dieu nous donne par nos épreuves relativement à notre foi et à notre salut final, parce que ce point de vue est sans contredit le plus grand, le plus important de tous, PUISQUE, APRÈS TOUT, UNE SEULE CHOSE EST NÉCESSAIRE.

Mais dans les événements qui menacent si directement l’église à laquelle nous appartenons, le Seigneur ne nous apprendrait-il rien, ne nous rappellerait-il rien relativement à nos devoirs envers cette église qui nous est si chère?

Il est impossible de le penser. Et vous ne nous pardonneriez pas, chers frères, de ne rien vous dire relativement à cette institution chrétienne dont la situation est peut-être une des choses qui vous préoccupent aujourd’hui le plus sérieusement et le plus vivement.

Notre église est opprimée, attaquée de diverses manières. Son existence semble compromise.

Dieu voudrait-il nous faire comprendre par là que nous devons nous en séparer?

Nous croyons, chers frères, qu’il veut, au contraire, nous faire comprendre par là que nous devons nous y attacher toujours davantage, et la soutenir par tous les moyens en notre pouvoir.

Et d’abord nous avons, pour lui demeurer fidèles, les mêmes motifs que nous avons eus pour la fonder, avec cette différence encore que ces motifs, tout graves, tout sérieux, tout légitimes qu’ils étaient à l’époque où nous l’avons fondée, ont acquis, à nos yeux, par tout ce qui s’est passé dès lors, une nouvelle clarté, une nouvelle force, une nouvelle autorité, et qu’ils nous paraissent maintenant devoir être plus irrésistibles que jamais aux yeux de toute conscience éclairée.


Il nous faut absolument:

UNE ÉGLISE dont Jésus-Christ soit vraiment le Chef et sa Parole vraiment la règle,

UNE ÉGLISE dont la politique ne puisse pas envahir le sanctuaire,

UNE ÉGLISE qui possède une certaine liberté d’action et de culte,

UNE ÉGLISE où nous puissions servir Dieu selon notre conscience, là où nous le désirons et quand nous le désirons,

UNE ÉGLISE enfin où le ministère de l’Évangile soit encore honoré, comme une institution divine, où la trouverons-nous cette église, sinon dans l’Église libre?

La persécution dont elle est l’objet (méditation donnée en 1848 – révolution française), bien loin de nous en détacher, doit, chers frères, nous y attacher toujours davantage: car elle nous montre toujours plus clairement que cette église est de Dieu; si elle était du monde, le monde la laisserait tranquille.

En la frappant, comme il le fait, malgré tout ce qu’elle a d'inoffensif, de paisible, de modeste, d’exclusivement religieux, le monde y met en quelque sorte le sceau du Seigneur.

Les traits que décochent incessamment contre elle les maîtres tireurs de flèches qui sont devenus ses ennemis, nous disent que le Seigneur l’aime, qu’il la reconnaît, qu’il l’approuve, qu’il la bénit, malgré toutes ses imperfections et ses faiblesses.

Ils doivent donc nous la rendre d’autant plus chère, d’autant plus sacrée en quelque sorte.

Que ceux qui ne se seraient pas joints à elle par un sentiment de devoir chrétien, se laissent chasser dans l’Église nationale par le fouet de la persécution, nous les plaindrons de céder à un pareil motif; mais certes nous ne les imiterons pas.

Nous demeurerons d’autant plus fermement attachés à l'Église libre, malgré l’opposition formidable qui s’élève contre elle, que nous sommes persuadés que le Seigneur ne la laissera pas périr, et qu’après tout c’est de Lui et de Lui seul que dépend son sort.

Si elle est à Lui, elle ne saurait être détruite.

Si elle l’honore, par sa confiance en Lui, il l’honorera, en se montrant son appui et son libérateur.

Si elle le confesse, quoi qu’il lui en puisse coûter, il la couvrira de son bouclier.

Si elle fait partie de la vraie Église, les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle.

Le Seigneur pourra permettre, afin de l’épurer et de la purifier, qu’elle soit encore plus entravée; il ne permettra pas qu’elle soit anéantie. Telle est notre confiance et notre espoir. Nous désirons que vous les partagiez.

Mais si Dieu vous fait la grâce de croire comme nous et avec nous que notre église sera soutenue et délivrée par Lui, rappelez-vous toutefois, chers frères, que vous devez être ouvriers AVEC lui dans cette bonne œuvre, c’est-à-dire d’abord, y rester. Si ses membres l’abandonnaient, ils lui donneraient la mort autant qu’il serait en eux.

Mais,

S’ils lui demeurent fidèles;

S’ils la remettent en toute confiance,

S’ils la recommandent beaucoup par la prière de la foi, à son divin Chef;

S’ils se serrent les uns contre les autres dans l’affection fraternelle;

S’ils se réunissent autant qu’ils le pourront pour s’édifier ensemble;

Si surtout ils glorifient Dieu dans leur vie habituelle par leur patience, leur douceur, leur paix, en même temps que par leur courage et leur fermeté chrétienne,

ils auront la joie de contribuer en quelque chose, dans sa main puissante, à maintenir cette église, qui est au milieu de nous, en quelque degré, la colonne et l’appui de la vérité.


Nous n’avons pas reçu de révélation de Dieu, relativement au sort qui attend l’Église libre; mais nous croyons pourtant pouvoir dire d’elle, comme Saint Paul de ses compagnons de voyage pendant une violente tempête: Nous avons cette confiance en Dieu qu’elle ne périra point.

Mais précisément parce que nous avons cette douce espérance, nous devons ajouter ainsi que Saint Paul le fit quand il vit les matelots effrayés par la fureur de l'orage se préparer à quitter le vaisseau: Si ceux-ci ne demeurent dans le navire, vous ne pouvez être sauvés.

Demeurez donc dans le navire de l’Église, chers frères; remplissez-y chacun en particulier fidèlement votre tâche, et quoique battus par les flots et les vents, nous serons délivrés par la puissance du Seigneur.

Amen.

SI mon peuple sur qui est invoqué mon nom

s’humilie, prie, et cherche ma face,

et s’il se détourne de ses mauvaises voies,

je l’exaucerai des cieux,

je lui pardonnerai son péché,

et je guérirai son pays.

2 Chroniques VII: 14




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