DISCOURS DE ZINZENDORF

Le baptême de Jésus.

(MATTHIEU 3, 13-15.)

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3 Janvier 1746.

Le Sauveur a accompli de plusieurs manières, non seulement la loi, mais aussi plusieurs ordonnances.

On ne peut donner aucune autre raison de son baptême que celle qu’il a donnée lui-même, afin que toute justice fût accomplie, c’est-à-dire:

– Afin d’observer tout ce qui était alors en usage au milieu du peuple juif, surtout parmi la meilleure partie du peuple, parmi ceux qui honoraient la religion, qui craignaient Dieu et observaient son culte.

– Et comme les Juifs pieux d’alors se faisaient baptiser, et que c’était là le réveil de cette époque, le Sauveur voulut qu’il en fût de même pour lui.

C’est là un signe certain auquel on pourra toujours reconnaître un vrai enfant de Dieu, c’est qu’il se joindra aux réveils, aux manifestations d’une vraie vie qui se produiront au lieu et au temps auxquels il vivra.

C’est pourquoi le Sauveur nous a précédés lui-même dans cette voie, et s’est laissé baptiser d’eau au Jourdain, jusqu’à ce que sonnât l’heure dans laquelle il devait recevoir le baptême de souffrances après lequel il soupirait dès longtemps.

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3 Janvier 1747.

Il y a un profond mystère dans le séparatisme et le culte établi.

Quand le séparatisme apparaît au moment convenable, il est l’expression la plus noble et la plus grande du caractère du peuple de Dieu.

Sortez de Babylone, mon peuple, afin que vous ne participiez point à ses péchés, et que vous ne receviez point de ses plaies (Apoc. 18, 4); ou comme s’exprime l’apôtre Paul:

Puisque vous rejetez la Parole de Dieu, et que vous vous jugez vous-mêmes indignes de la vie éternelle, nous nous tournons vers les Gentils (Act. 13, 46).

Mais précisément parce que le séparatisme est une chose grande et admirable, (lorsqu’il se produit dans sa forme vraie) il devient par là même une chose déplorable lorsqu’il n’est plus que le fantôme de la réalité, fantôme inventé par Satan , et qui rend la nature humaine tout entière, les gens les plus pieux, les actes du culte, séditieux, obstinés, révoltés; qui indispose les âmes contre les plans du Sauveur encore voilés, et occasionne ainsi le plus grand dommage.

Le Sauveur n’a pas jugé convenable d’user de la liberté qu’il aurait eue de se retirer de ces choses, avant l’heure de son baptême de souffrances. Jusque-là il s’est accommodé à ce qui n’avait pas même la moindre signification à son égard. II s’est laissé purifier!

Quel sens cela pouvait-il avoir quant à l’innocent et pur Agneau de Dieu?

Pourquoi se rendre auprès de Jean , et se laisser baptiser?

Était-ce pour recevoir un cœur nouveau?

NON, c’étaient là sans contredit des actes qui n’avaient pour lui-même aucune signification, mais auxquels il s’est soumis uniquement parce que telle était alors la coutume.

C’est pourquoi il va au Jourdain et reçoit le baptême de Jean, c’est qu’il veut être compté au nombre des fidèles. Il ne voulait pas qu’on pût dire de lui:

«c’est un esprit fort; il n’a pas voulu être baptisé. Ce qu’il prêche est bon, mais puisqu’il n’a pas été baptisé par Jean, il faut qu’on puisse se passer de ce baptême; Jean n’est donc pas un prophète universel, puisque cet homme qui fait de si grands miracles n’a pas reçu son baptême.»

NON, dit le Sauveur, je n’ai pas la moindre envie d’être un séparatiste; on pourrait penser que je méprise l’ordre établi, que je ne me soumets pas aux ordonnances extérieures, et d’autres pourraient en prendre occasion de dire:

«Nous ne nous embarrassons de personne; nous n’avons à faire qu’avec Dieu.»

NON, je veux au contraire prendre garde aux autres, je ne veux avoir en moi rien qui puisse leur paraître suspect, et leur fasse dire: «il n’a pas fait comme nous.»

Il faut au contraire qu’on puisse rendre de moi ce témoignage:

«Cet homme qui s’est fait baptiser par Jean au Jourdain, et sur lequel le Saint-Esprit est descendu, cet homme fait des choses admirables; Jean est obligé de se courber jusqu’à terre devant lui, et cependant il s'est laissé baptiser par Jean; le baptême de Jean a donc une grande valeur.»

C’est ainsi qu’ils se sont rendu témoignage l’un à l’autre, Jean au Sauveur, et le Sauveur à Jean; ils travaillaient ensemble à l’œuvre commune.

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30 Décembre 1750.

C’est une chose capitale que d’accomplir toute justice. Si, d’un côté, l’homme ne doit pas rester sans éducation, et s’avancer étourdiment dans la vie, mais doit faire contraste avec les autres créatures qui vivent sans conscience d’elles-mêmes, il doit aussi, de l’autre côté, être préservé dès sa plus tendre enfance du DANGER DE S’ÉLEVER TROP À SES PROPRES YEUX, de se persuader qu’il est un esprit, et qu’il doit mépriser et haïr tout ce qui n’est pas en soi-même parfaitement spirituel. Car lorsque ce mépris et cette haine auraient duré un temps plus ou moins long, ils finiraient par disparaître pour faire place à la légèreté et à l’effronterie.

L’orgueil spirituel n’est pas le moins du monde un moyen d’arriver à la spiritualité.

Nul moyen, par contre, n’est plus efficace que de posséder le Sauveur.

Lui, était un véritable esprit, duquel personne ne pouvait dire qu’il marchât dans la sainteté des anges qu'il n'avait point vus (Col. 2, 18, version all.), puisque lui-même en est le créateur, et qu’il est l’Esprit le plus pur qu’on puisse imaginer.

Mais lorsqu’il lui a plu de devenir un homme, IL S’EST ACCOMMODÉ À LA POSITION HUMAINE EN TOUTE MANIÈRE, et n’a pas prétendu à la plus légère exemption de tout ce qui est humain; il a voulu se conformer à la faiblesse humaine en toutes choses, il a pris sur lui la sévère discipline imposée au genre humain, et le lourd fardeau de la loi cérémonielle.

C’est pourquoi nous pouvons nous tenir fermement attachés à cette assurance que nos membres et notre tente mortelle tout entière ont été sanctifiés par son corps mortel, la partie pécheresse mise à mort par sa mort (Rom. 7), la partie reçue en grâce rendue de jour en jour plus capable d’entrer en union intime avec lui, et de vivre toujours davantage en lui, et dans la foi en lui.