Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

DISCOURS DE ZINZENDORF

Le nom d'Emmanuel, Dieu avec nous.

(MATTHIEU 1, 22, 25.)

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19 Décembre 1745.

Il existe entre le nom de Jésus et celui de Jéhovah, entre le Nom de Jésus et celui d’Emmanuel, un rapport si intime, et le nom d’Emmanuel réunit si étroitement en un ceux de Jésus et de Jéhovah, qu’il en ressort, lorsqu’on y réfléchit, les choses les plus admirables.

Mais il est plus facile d’y réfléchir que d’en parler.

Cependant les cœurs bien préparés par le Saint-Esprit et par la grâce, peuvent, jusqu’à un certain point, se faire une idée de la grandeur inouïe de l’acte par lequel la sainte Trinité a revêtu Dieu de notre pauvre chair, la personne divine dans laquelle se trouve renfermée la plénitude de la Divinité, de notre nature humaine, afin qu’elle parût dans le temps, pour accomplir son œuvre et rendre sur la croix son âme sainte. Ce sont certes des choses incompréhensibles, mais qui nous rendent le Sauveur infiniment précieux, lorsque nous les méditons dans leur ensemble, et que notre cœur les goûte.


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19 Décembre 1747.

Quiconque croit simplement que le bienheureux Créateur de toutes choses a pris la forme d’un pauvre serviteur, s’est revêtu de notre chair et de notre sang, qu’il est devenu os de nos os, et chair de notre chair, celui-là meurt inévitablement au péché, et vit à la justice;


IL REÇOIT, AVEC LA FOI EN LA MORT ET LES MEURTRISSURES DE JÉSUS,

LA PUISSANCE DE DEVENIR ENFANT DE DIEU,


de se déclarer enfant de Dieu, et de porter le nom d’enfant de Dieu; car personne ne peut donner à Jésus le nom de Dieu, sinon par le Saint-Esprit.


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19 Décembre 1745.

Les hommes ont encore la vieille méthode de craindre Dieu, depuis le paradis où nos premiers parents se sont cachés de devant la face de leur Créateur. Sous la loi, Dieu n’a pas jugé nécessaire de leur ôter cette crainte ou de les en punir. Il les a bien plutôt tenus éloignés par les éclairs et les tonnerres, et avait même fait élever une barrière autour de la montagne pour tenir le peuple à distance, afin que personne ne s’en approchât.

Nul n’osait entrer dans le Lieu saint où Dieu avait établi sa demeure, sinon un seul homme, une seule fois dans l’année, et encore n’osait-il point y entrer sans y porter du sang.

Il y avait un abîme entre la Divinité et l’humanité.

Elles sont opposées l’une à l’autre:

l’une est puissante, l’autre infirme;

l’une dans les lieux très-hauts, l’autre en bas, tremblante devant la majesté de Dieu, et néanmoins pleine de mauvais vouloir et de mauvais desseins, toujours prête, partout où elle le peut, à faire disparaître l’idée de Dieu.

D’où provient donc le grand changement qui s’opère chez plusieurs, pour lesquels le Seigneur ne vient jamais mal à propos, qui n’éprouvent plus aucune frayeur en sa présence, mais se réjouissent en lui, tellement que l’âme et le corps s’égaient et tressaillent d’allégresse. Où faut-il chercher la cause d’une différence si tranchée?

C’est que Dieu n’est plus seulement au milieu de nous avec sa puissance, sa protection, son Esprit, sa Parole, mais qu’il a planté sa tente au milieu de nous; c’est que LE VRAI DIEU EST DEVENU PARTICIPANT DE NOTRE NATURE HUMAINE, de notre faiblesse humaine, de la mort humaine, et de tout ce qui est la misère humaine, en tant que cette misère n’est pas la chute, mais les conséquences de la chute, de sorte que NOUS SAVONS MAINTENANT QUE DIEU N’EST PLUS ÉTRANGER AUX HOMMES.

Dieu, à la vérité, est un être différent, il est esprit; mais il est uni si étroitement, si complètement, si réellement à notre nature humaine, qu’il nous appelle sa propre chair et son propre sang, et que nous l’appelons os de nos os, et chair de notre chair.

Il est impossible de posséder cette conviction par la foi, sans qu’elle amène inévitablement à sa suite cette conséquence: c’est que tous ceux qui croient ainsi sont renouvelés et rendus semblables au Sauveur, transformés en la nature divine de Jésus-Christ.

Celui qui croit ces choses avec simplicité, devient un nouvel homme en Christ.

On ne peut alors rester tel qu’on est,

on ne peut demeurer dans son état de nature,

on ne peut plus mettre sa raison à la place de l’Esprit de Dieu,

on ne peut se sentir l’objet de la colère divine; cela est impossible!

La certitude que Jésus s’est fait homme, nous fait naître de nouveau quant au cœur, aux sentiments, à la volonté, à toutes les forces de notre être, et fait de nous en réalité des hommes de Dieu.

Il en est de ces choses pour l’âme comme de la nourriture pour le corps; on ne peut, en état de santé, manger sans être rassasié, et sans que la nourriture se change en notre chair et en notre sang. Il est de même impossible qu’on entende de ses oreilles, et qu’on comprenne du cœur que l’Agneau de Dieu s’est fait homme semblable à nous, sans que cette bienheureuse nouvelle ne devienne UNE NOURRITURE POUR L’ÂME, à moins que celle-ci ne se refuse à prendre cette nourriture.

En un mot, nous ne pouvons pas être perdus, SI nous avons la confiance, la certitude, la foi, que JÉSUS, VRAI DIEU, est venu à nous, a pris sur lui notre humanité, a vécu trente ans pauvre et méprisé, et a donné sa vie comme rançon pour nous et pour le monde entier.

Il est donc parfaitement inutile d’exhorter les âmes en leur disant: «Il ne suffit pas de croire, il faut encore prouver sa foi par sa vie;», car celui qui pèche, ne l’a point encore connu.

TOUT HOMME QUI RESTE DANS SON ÉTAT NATUREL, DANS SA CORRUPTION NATURELLE, tout homme chez lequel on ne sent ni vie, ni grâce, ni pardon des péchés:

N’a jamais cru encore à un Sauveur;

Christ ne lui a jamais encore été manifesté dans son humanité;

Celui qui a donné sa vie pour le salut du monde, n’est jamais encore devenu la vie et la nourriture de son âme;

il n’a jamais cru encore que son Créateur soit devenu son Sauveur.

Car dès l’instant où il le saura, où il le croira de la foi toute ordinaire avec laquelle on croit toute autre chose, avec laquelle on croit que noir est noir et que blanc est blanc, avec laquelle on croit que son ami intime porte tel ou tel nom, a telle ou telle figure, habite tel ou tel endroit, dès l’instant où il le croira de cette manière, il sera né de nouveau; il vivra dans la foi au Fils de Dieu qui l’a aimé et qui s’est donné lui-même pour lui; il ne sera plus seul dans ce monde; il aura cessé d’être abandonné à lui-même; JÉSUS LE PORTERA.

C’est pourquoi l’apôtre Jean déclare avec une telle certitude que tout esprit qui croit ces choses, et confesse franchement que Jésus, qui est le Seigneur, et qui est appelé le Maître de toute la terre, est venu en chair, que cet esprit est véritablement de Dieu (1 Jean 4, 2).


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20 Février 1744.

Il s’appelle Emmanuel, Dieu avec nous, car il sauvera son peuple de leurs péchés.

Son peuple n’est point le peuple juif, mais bien SES enfants, SES rachetés, SES bien-aimés, à l’égard desquels il dit:

Dieu ne vengerait-il pas ses élus, qui crient à lui jour et nuit? Je vous dis que bientôt il les vengera (Luc 18, 8. 9).

S’il est un point important que nous devions maintenir comme le fondement de notre doctrine, et s’il est jamais indispensable de suivre avec simplicité l’Écriture sainte, tout en laissant le Sauveur prendre soin des conséquences, c’est sans contredit à l’égard de la doctrine de l’amour pour le Sauveur.

Il faut être assuré dans son cœur qu’on l’aimera jusqu’à la mort, et il faut pouvoir s’appuyer sur cette assurance dans les moments même où le cœur est le plus misérable. La chose essentielle pour chacun de nous, ce n’est pas la sainteté et la pureté, mais c’est QUE NOTRE CŒUR SOIT INDISSOLUBLEMENT ATTACHÉ À SON SAUVEUR.

Mais si une âme qui aime Jésus ne fait pas usage de la grâce qu’elle a reçue, des privilèges qui sont siens, ne profite pas de l’inépuisable charité de son Sauveur qui veut lui donner tout, lui pardonner tout, la garder toujours, la rendre victorieuse de tous ses ennemis du dedans et du dehors, la faute en est à elle seule, et elle ne peut accuser personne de la vie agitée et sans joie qu’elle est réduite à mener; cependant elle ne fera pas pour cela la perte de la vie éternelle.


 

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