Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

DEUXIEME SERMON

SUR LES DÉFAUTS DES CHRÉTIENS

DANS LEURS PRIÈRES.

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BÉNÉDICT PICTET

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(Note de la bibliothèque «Regard»: nous avons modifié certaines constructions de phrase et changé certains mots afin de rendre le texte plus facile à comprendre; le texte original fut publié en 1708).


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SERMON

SUR

Jacques Ch. IV. 3


Vous demandez et vous ne recevez point, parce que vous demandez mal.

Qu’ai-je affaire de la multitude de vos sacrifices? dit l’Éternel. Je suis rassasié des holocaustes de béliers et de la graisse des veaux; Je ne prends point plaisir au sang des taureaux, des brebis et des boucs.

Quand vous venez vous présenter devant moi, Qui vous demande de souiller mes parvis?

Cessez d’apporter de vaines offrandes: J’ai en horreur l’encens, Les nouvelles lunes, les sabbats et les assemblées; Je ne puis voir le crime s’associer aux solennités.

Mon âme hait vos nouvelles lunes et vos fêtes; Elles me sont à charge; Je suis las de les supporter.

Quand vous étendez vos mains, je détourne de vous mes yeux; Quand vous multipliez les prières, je n’écoute pas: Vos mains sont pleines de sang.

Lavez-vous, purifiez-vous, Ôtez de devant mes yeux la méchanceté de vos actions; Cessez de faire le mal.

Apprenez à faire le bien, recherchez la justice, Protégez l’opprimé; Faites droit à l’orphelin, Défendez la veuve.

Venez et plaidons! dit l’Éternel. Si vos péchés sont comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige; S’ils sont rouges comme la pourpre, ils deviendront comme la laine. (Ésaïe 1: 11-18. V. S.)


C’est ainsi que Dieu parlait autrefois à son ancien peuple, par son Prophète Ésaïe.

Il est clair que par ces paroles il voulait lui faire comprendre que, quoiqu’il eût ordonné qu’on lui présentât des sacrifices, et qu’il eût promis d’écouter les prières qu'on ferait en lui égorgeant des victimes, il ne pouvait souffrir leurs oblations, s’ils ne changeaient de conduite, et s’ils continuaient de détruire, par des actions «criminelles», LEURS VAINES APPARENCES DE PIÉTÉ.

Il voulait lui faire comprendre qu’il n'exaucerait point leurs prières, s’ils les faisaient toujours dans de méchantes et de mauvaises dispositions; mais qu’il serait prêt à leur accorder leurs demandes, s’ils travaillaient à se sanctifier et s’ils le priaient comme il faut.


Mes Frères, ce que Dieu disait à son Ancien peuple, c’est ce qu’il dit encore aux Chrétiens.

Il est vrai qu’il n’exige plus de nous des béliers, des agneaux et des boucs, ou que nous lui fassions fumer de l’encens; les victimes qu'il nous demande, nos holocaustes, nos gâteaux et notre encens, CE SONT NOS PRIÈRES, ET NOS ACTIONS DE GRÂCES!

Ce sont là les sacrifices qui lui sont agréables; et pour nous engager à les lui offrir, il promet de nous exaucer:

Invoque-moi, au jour de ta détresse, je t'en tirerai, et tu m'en glorifieras.

Offre pour sacrifice à Dieu des actions de grâces, Et accomplis tes voeux envers le Très-Haut et invoque-moi au jour de la détresse; Je te délivrerai, et tu me glorifieras. (Ps. L. 14-15. V. S.)

Cherchez, dit Jésus-Christ, et vous trouverez, heurtez et il vous fera ouvert, demandez et vous recevrez. (Matth. VII. 7.)

Mais il ne veut pas qu'on se persuade qu’il nous écoute sans que l'on prenne garde à la façon dont nous l’invoquons!

Il nous fait connaître, dans ses Écritures, que nous devons tout attendre de sa bonté, en le priant dans de saintes dispositions.

Nous ne devons rien espérer de sa part, en l’invoquant sans respect, sans attention, sans humilité, et sans foi!

Ni rien espérer en lui demandant des choses qui soient contraires à sa volonté, ou pour en abuser afin de satisfaire nos convoitises.

C’est ce que Saint Jaques faisait comprendre aux Chrétiens de son temps lorsqu’il leur disait:

Vous demandez et vous ne recevez point, parce que vous demandez mal.

Nous vous lisons ce texte pour la seconde fois, parce que le temps ne nous permit pas d’en achever l’exposition.

Nous vous fîmes voir de nombreuses manières qui montrent comment nous demandons mal; et nous rapportâmes les principaux défauts que nous avions remarqués dans nos prières publiques et particulières.

Il nous reste maintenant à faire trois choses.

1. Nous vous parlerons encore de quelques défauts que nous n’eûmes pas le temps de vous indiquer.

2. Nous vous montrerons que c’est à cause de ces défauts que nous ne sommes pas exaucés.

3. Enfin nous vous apprendrons à bien prier.

Ce seront là les trois points de ce discours.


* * *


1. Il est certain qu’un des défauts de nos prières; c'est que nous demandons à Dieu plutôt ce qui nous regarde nous-mêmes, que ce qui regarde sa gloire!

Nous devrions toujours commencer par la gloire de Dieu, et l’avoir principalement en vue.

À la vérité, dans la prière dominicale, nous commençons par demander à Dieu:

- que son Nom soit sanctifié,

- que son règne vienne,

- et que sa volonté soit faite.

Tout cela AVANT même de lui demander qu’il nous donne notre pain quotidien.

La vérité est, que, ou NOUS NE FAISONS PAS ATTENTION À CES TROIS PREMIÈRES DEMANDES, ou que nous les proclamons simplement avec la bouche, par habitude, en insistant davantage sur les demandes qui nous concernent particulièrement.

C’est là renverser l’ordre naturel des choses. Ainsi c’est donc mal demander.


2. Un autre défaut; c’est que nous demandons bien plus facilement à Dieu qu’il nous délivre des maux dont nous souffrons dans nos corps, ou des inquiétudes que nous avons dans notre esprit, que d'être débarrassé de nos convoitises.

Cependant nous devrions demander avec beaucoup plus d’ardeur d’être délivrés de nos convoitises, que de nos maux corporels, ou de nos inquiétudes, car les maux dont nous souffrons peuvent nous être utiles pour détacher nos cœurs de la terre, pour nous faire penser à nos péchés et à notre fin, pour humilier notre orgueil.

- Nos convoitises font la guerre à notre âme et la rendent esclave.

- Elles troublent notre conscience,

- Elles aveuglent notre entendement,

- Elles souillent notre volonté.

Les maux que nous souffrons peuvent nous mettre dans un état agréable à Dieu qui nous conduira à un état d’humilité, de soumission, de sainteté; mais, l'entretien de nos convoitises sera toujours l’objet de sa haine et attirera sur nous ses jugements.


Les maux que nous souffrons ne peuvent pas nous entraîner dans la damnation,

mais nos convoitises peuvent nous perdre éternellement.


3. Un autre défaut dans nos prières particulières; c'est que nous prions rarement pour l’Église.

Ce défaut n’est pas général, car il y en a plusieurs qui le font, mais beaucoup n’y pensent même pas.

Il est certain qu’il n’y a presque point de prière qui soit plus agréable à Dieu que celle que nous lui présentons pour son Église, qui est l’Épouse de son bien-aimé, son corps mystique, celle pour laquelle il a envoyé son Fils au monde...

C’est une mauvaise attitude, quand on n’est point touché par les maux qu’elle souffre!


4. De ceux-là mêmes, qui prient pour l’Église affligée, il y en a trop qui ne pensent qu’aux avantages temporels, qu’ils retireraient, si l'Église était en paix.

Si tout allait bien, ils rentreraient dans leurs biens, ils auraient les commodités de la vie sans trop penser à la Parole de Dieu qu’ils y entendraient prêcher ni à l’avancement du Règne de Christ.

C’est là un grand défaut, qui fait que nos prières ne sont pas toutes agréables à Dieu.


5. Il y a un autre défaut; c’est que nous ne prions presque jamais pour les autres, pas même dans les prières publiques.

Nous prions pour nous-mêmes, et pour nos enfants, mais NOUS NE PENSONS QU’À NOUS, ce qui fait voir que nous n’avons POINT DE CHARITÉ, car si nous étions pénétrés de cette vertu, nous prierions pour nos frères en priant pour nous.

Il est vrai que nous disons, en suivant la prière que Jésus-Christ nous a enseignée, notre Père, Donne-nous notre pain, etc. Mais nous la récitons, comme si ce n’était que pour nous, alors que le but de Jésus-Christ a été d’unir nos cœurs, dans la prière.

- Nous demandons du pain pour nous, et nous ne pensons pas à tant de pauvres qui en sont privés;

- Nous demandons à Dieu la conservation de notre liberté, et nous ne pensons pas à ceux qui sont dans l’esclavage, à ces pauvres fidèles qui sont chargés de chaînes, dans des galères (nous sommes en 1708);

- Nous demandons à Dieu qu’il éloigne de nous les fléaux de la guerre, mais nous ne prions point pour ceux qui en sont affligés.


6. Nous prions bien rarement pour la conversion des pécheurs, c’est là un nouveau défaut.

Nous faisons rarement attention à ce qui est contenu dans les prières qu’on entend dans le Temple sur ce sujet.

Nous faisons des prières pour ceux qui sont dans l'affliction, pour les pauvres, pour les orphelins, pour les prisonniers, pour les malades, mais:

- Nous ne prions pas pour tous ces pécheurs qui s’égarent du chemin du ciel, qui se plongent dans le péché, et qui vivent dans le dérèglement;

- Nous ne prions pas pour ces avares qui disent à l’or, tu es ma confiance;

- Nous ne prions pas pour ces voluptueux qui vivent comme des pourceaux;

- Nous ne prions pas pour ces hommes du monde qui n’aiment que le monde, quoique l’amour du monde soit inimitié contre Dieu;

- Nous ne prions pas pour tous ces gens qui ne pensent point à leur mort et qui sont dans une sécurité «criminelle»,

- Nous ne prions pas pour ces lâches qui ont abandonné la vérité et qui s’endurcissent dans leur péché.

Nous ne pensons point à ces pécheurs, et cependant ils ont plus besoin de nos prières que ceux qui sont affligés, parce qu’ils sont EN DANGER DE PÉRIR ÉTERNELLEMENT; leur maladie est bien plus difficile à guérir, que celle de ceux pour qui nous prions, et leur état est infiniment plus triste!

Par ce comportement, nous faisons voir que le salut de l'âme de nos frères nous est peu à coeur, ce qui est un très grand défaut.


7. Nous ne prions point pour les peuples qui sont dans les ténèbres de Terreur et de l’ignorance; quoiqu’il y ait un article dans nos prières publiques, sur ce sujet; nous n’y faisons point de réflexion.

- Combien de peuples qui ne connaissent point le vrai Dieu?

- Combien qui écoutent plutôt Mahomet que Jésus-Christ?

- Combien qui sont idolâtres?

- Combien qui sont ennemis de la Croix de Jésus-Christ?

Ne devrions-nous pas, si nous étions pénétrés de l’amour de Dieu et zélés pour sa gloire, lui demander qu’il se fît connaître à toutes ces nations, qu’il dissipât leurs ténèbres et qu’il fît lever sur eux son Soleil de justice?

MAIS NOUS NE LE FAISONS PAS! C’est là un défaut très considérable!


8. Nous ne pratiquons pas l’exhortation de Jésus-Christ, qui veut que nous prions pour nos ennemis, et pour ceux qui nous persécutent.

C’est beaucoup pour nous déjà de ne pas faire des imprécations contre eux et de ne pas leur souhaiter toute sorte de maux; mais nous ne pouvons encore nous résoudre à prier pour eux.

Cette attitude de coeur fait voir que NOUS SOMMES ENCORE ANIMÉS D’UN ESPRIT DE VENGEANCE, qui déplaît souverainement à Dieu.

Il y a certains ennemis pour lesquels pourtant nous pourrions nous résoudre à prier, ceux qui ne sont pas plus nos ennemis que ceux de nos frères.

Mais il n’en est pas de même de nos ennemis personnels, surtout de ceux qui nous ont le plus vivement choqués ou qui nous méprisent: sur ce chapitre nous n'entendons pas souvent raison.


9. Lors que nous prions pour nos amis, nous demandons souvent des choses injustes; nous souhaitons qu'ils aient un heureux succès même dans des affaires qu'ils n’ont pas eu raison d’entreprendre ou dans lesquelles ils ne se sont pas sondés.

Nous ne prenons pas garde qu’en priant pour eux nous prenons le risque de demander à Dieu qu’il se déclare contre la justice, et qu’il protège l’iniquité.

Nous demandons aussi à Dieu qu'il leur accorde certaines choses qui peuvent leur nuire beaucoup, tout cela parce qu’il nous en arrivera quelque bénéfice.


10. Quand nous demandons à Dieu des choses corporelles, nous pensons quelquefois plus à celles qui nous sont superflues qu’à celles qui nous sont nécessaires.

Nous ne demandons pas à Dieu qu’il nous fasse la grâce d’en faire un bon usage.

C’est là encore un grand défaut.


11. Enfin quand nous prions Dieu, nous ne le remercions pas assez des grâces qu'il nous offre quand il nous demande de pardonner à nos ennemis, alors que nous sommes plus disposés à demander leur ruine et leur mort.

À ce sujet, je ne puis m’empêcher de rapporter ces paroles de Saint Augustin sur le Psaume 85.

- Examinez, dit-il, vos prières.

- Qu'est-ce que vous demandez à Dieu?

- Peut-être la mort de votre ennemi, et si en même temps votre ennemi demande la vôtre?

- Vous êtes homme, votre ennemi l'est aussi! et Dieu l'a créé aussi bien que vous!


IL EST VOTRE JUGE À L'UN ET À L'AUTRE!


Il vous écoute tous deux;

Il pèse et examine vos raisons, mais il ne peut pas vous exaucer tous les deux!

Vous vous attristez de ce qu’il ne vous exauce pas contre lui, en l'ôtant du monde, vous avez tort; vous devriez bien plutôt vous réjouir de ce qu’il ne l’exauce pas contre vous.

Lorsque Jacques et Jean demandèrent à Jésus-Christ, que le feu tombât du ciel pour consumer les Samaritains, qui ne voulaient pas les recevoir, il leur dit, vous ne savez de quel esprit vous êtes menés.

Jésus se tourna vers eux, et les réprimanda, disant: Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés. (Luc IX. 55. V. S.)


* * *


Serait-il juste que Dieu exauçât des méchants qui ne veulent pas l’écouter,

- qui veulent vivre dans l’impénitence,

- qui ne demandent point pardon des péchés qu’ils ont commis,

- qui disent bien, TON NOM SOIT SANCTIFIÉ, mais qui profanent ce nom sacré, par leurs parjures, et leurs blasphèmes,

- qui, même dans le temps qu’ils prient, ne pensent qu’à satisfaire leurs passions, et qui méditent de commettre des crimes!

Certainement, bien loin que ces gens doivent s'attendre d'être exaucés, ils ont sujet de craindre que leurs prières ne fassent tomber la foudre du Ciel pour les écraser.


Serait-il juste que Dieu exauçât des gens qui lui demandent, à la vérité, des choses bonnes en elles-mêmes; mais pour en faire un mauvais usage en les employant pour satisfaire leurs voluptés?

Dieu t’accorderait-il la santé, à toi, qui ne la souhaites que pour offenser Dieu et pour te plonger dans les plaisirs «criminels»?

Dieu te donnerait-il des richesses, à toi qui ne t’en servirais que pour augmenter ta vanité, et pour mieux contenter tes passions?


Serait-il juste, que Dieu accordât des grâces excellentes à des personnes qui les lui demandent avec froideur, comme si elles ne leur étaient pas absolument nécessaires ou comme si elles ne méritaient pas leur empressement?

Des gens, qui demandent froidement le ciel, méritent-ils d’y être élevés?

Des gens qui demandent froidement une félicité éternelle, ne sont-ils pas indignes de recevoir ce que nous avons reçu de Dieu quand l’Écriture joint toujours l’action de grâces à la prière.

Vous demandez et vous ne recevez point, parce que vous demandez mal.

On n’aura pas de peine à vous prouver que Dieu n’exauce pas ceux qui le prient mal!


Serait-il juste que Dieu exauçât des gens qui le prient, sans penser  à ce qu’ils font devant leur Juge et qui lui parlent avec beaucoup moins de respect, qu’ils ne feraient à un simple homme; non seulement à un homme, qui serait élevé au-dessus d’eux, mais à un de leurs égaux?

Où est le Roi, qui voulut recevoir des requêtes qu’on lui présenterait comme nous présentons à Dieu les nôtres?


Serait-il juste que Dieu exauçât des personnes, qui ne viennent le prier presque que par obligation; qui, au lieu de reconnaître l’honneur que Dieu leur fait de les supporter à ses pieds et de se faire un plaisir infini de s’entretenir avec lui, regardent la prière comme un fardeau, qui leur est imposé?


Serait-il juste que Dieu écoutât des gens, qui ne s’écoutent pas eux-mêmes, qui honorent Dieu de leurs lèvres, mais dont le coeur est bien éloigné de lui?

Des gens qui restent dans de continuelles dissipations et égarements d’esprit et qui s’y arrêtent volontairement, ou qui s’y plaisent lorsqu’ils s’en aperçoivent, comme si un criminel prosterné devant son Juge, pour lui demander la grâce, tournait la tête d’un autre côté et faisait des extravagances?


Serait-il juste que Dieu accordât des grâces à des personnes qui ne sentent pas qu’elles en ont besoin;

- qui demandent le pardon de leurs péchés, et qui se présentent devant lui, comme s’ils étaient innocents et saints,

- qui demandent les biens spirituels, mais qui ne pensent qu’aux biens temporels,

- qui prient, dans le même temps qu’ils disent en eux-mêmes, comme dans l’Église de Laodicée, Je suis riche, je suis abondant, je n’ai besoin de rien?

... tu dis: Je suis riche, je me suis enrichi, et je n’ai besoin de rien, et parce que tu ne sais pas que tu es malheureux, misérable, pauvre, aveugle et nu... (Apoc. III. 17. V. S.)


Serait-il juste que Dieu exauçât des gens qui osent lui demander des choses qui sont contraires à sa volonté?

Saint Jean nous dit expressément que si nous demandons quelque chose SELON SA VOLONTÉ, il nous exauce, mais lorsque nous osons lui faire des prières qui choquent cette volonté sainte, nous ne devons rien espérer.

Qui est-ce qui doit être obéi, est-ce Dieu ou l’homme?

Dieu ordonne que nous nous abstenions des convoitises de la chair, et nous voudrions les assouvir!

Il nous commande....

Pages manquantes

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On dit, qu’il est certain que Dieu accorde souvent aux méchants, ce qu’ils lui demandent, comme des richesses et des honneurs.


Il est vrai que Dieu accorde souvent dans sa COLÈRE,

ce qu’il refuserait dans sa MISÉRICORDE.


Dieu exauça les Israélites, qui demandaient de la chair; mais que dit l’Écriture?

Ils avaient encore la viande entre les dents, et la colère de Dieu s’alluma contre eux.

Comme la chair était encore entre leurs dents sans être mâchée, la colère de l’Éternel s’enflamma contre le peuple, et l’Éternel frappa le peuple d’une très grande plaie.

On donna à ce lieu le nom de Kibroth-Hattaava, parce qu’on y enterra le peuple que la convoitise avait saisi. (Nombres XI. 33-34.)

Les hommes regardent souvent comme des faveurs du ciel les richesses, mais ces richesses sont des épines qui étouffent en eux la bonne semence, et ce sont des obstacles pour eux au salut. Ce qui fait dire à Jésus-Christ, qu’il est plus aisé à un chameau de passer par le trou d’une aiguille, qu'à un riche d’entrer au Royaume des cieux. (Matth. XIX. 24.)

Lorsque le mauvais riche se vit en enfer et Lazare dans le sein d'Abraham, il aurait bien voulu alors n’avoir jamais été riche.

Ainsi Dieu ne les exauce pas pour les rendre heureux sur la terre puisqu’on les voit souvent malheureux dans leur abondance, et envier le sort des plus pauvres.

N’est-ce pas un grand malheur pour un avare d’avoir des biens, car ce sont là des idoles qu’il adore et devant lesquelles il se prosterne?

La possession de ces biens le tourmente autant que leur acquisition; et plus il en a, plus il voudrait en avoir.


On dit que Dieu, n'exauce pas toujours les fidèles, quoiqu’ils ne lui demandent que des choses justes; C’est ainsi que Saint Paul ne fut pas exaucé, lorsqu’il pria le Seigneur de le délivrer de son écharde. (2 Corinth. XII. 7-9.)

C'est vrai, mais Dieu en use ainsi pour de sages raisons.

1. À l’égard de Saint Paul, il est remarqué que Dieu ne l’exauça pas, de peur qu’il ne s’élevât par orgueil, à cause de l’excellence de ses révélations. Ainsi il était utile à cet Apôtre d'être affligé; de plus, si Dieu ne l’exauça pas en le délivrant de son écharde, il l'exauça en lui donnant sa grâce, et en accomplissant sa vertu dans son infirmité.

2. Souvent Dieu n’exauce pas ses enfants, parce qu’il veut éprouver leur foi et leur patience, et faire paraître leurs vertus.

3. Parfois, parce qu’ils ne le prient pas avec assez d’ardeur, aussi veut-il punir cette négligence de ne pas travailler à leur salut.

4. D’ailleurs on peut dire, que DIEU EXAUCE LES FIDÈLES SOUVENT, EN LEUR REFUSANT CE QU’ILS LUI DEMANDENT, parce qu’ils ne lui demandent rien que sous cette condition...


Serait-il juste, que Dieu accordât des biens à des gens, qui les lui demandent sans foi, et sans être fortement persuadés que Dieu peut faire, non seulement ce que nous demandons, mais infiniment plus?

Peut-on outrager plus la Divinité, que de douter, ou de la puissance qui paraît dans tout l’Univers, ou de la sagesse qui est incompréhensible, ou de sa bonté qui est infinie? N’est-ce pas là douter de la Divinité?


Serait-il à propos que Dieu, qui est infiniment sage et infiniment bon, nous donnât des biens qui nous seraient plus néfastes qu’utiles?

Quand nous demandons quelque chose à Dieu, nous supposons toujours que ce que nous demandons nous sera salutaire; car si nous croyions qu’il nous fut nuisible, nous ne le demanderions jamais.

Voudrions-nous que Dieu nous accordât ce qu’il sait devoir nous perdre?

Ne nous témoigne-t-il pas mille fois plus d’amour en nous le refusant?

Donnerions-nous à un homme une nourriture que nous saurions lui être funeste?

Mettrions-nous une épée dans les mains d’un homme furieux?

Pouvons-nous trouver mauvais que Dieu nous refuse ce que nous ne lui demandons pas comme il faut au nom de son cher Fils Jésus-Christ?


IL NE NOUS A RIEN PROMIS QU’EN SON NOM.


Ce n’est qu’étant couverts de sa Justice, et lavez dans son Sang, que nous pouvons lui plaire!

De toutes les prières que nous ne lui présentons pas en nous appuyant uniquement sur le mérite de ce Fils adorable, nous ne devons attendre aucun fruit.


HORS DE JÉSUS-CHRIST IL N’Y A POINT DE GRÂCE À ESPÉRER.


Pouvons-nous trouver étrange que Dieu nous refuse ce que nous ne lui demandons qu’une fois, nous qui renvoyons toujours au lendemain de faire ce qu’il nous commande? Ses grâces ne méritent-elles pas notre persévérance pour que nous les lui demandions jusqu'à ce que nous les ayons obtenues?

Pouvons-nous trouver étrange que Dieu nous refuse ce que nous lui demandons de bouche seulement, tandis que notre coeur lui demande une autre chose?

N’est-il pas certain que DIEU REGARDE PARTICULIÈREMENT AU COEUR, et qu’il n’a aucun égard aux prières que la seule bouche prononce?


Ne vous étonnez donc pas, ô hommes,

si vous demandez et ne recevez pas,

c'est parce que vous demandez mal.


Souvent encore Dieu n’exauce pas les prières que les fidèles lui font pour leurs frères, soit parce qu’ils demandent des choses désavantageuses au bien spirituel de ceux pour lesquels ils prient; soit parce que ces personnes s’en rendent indignes par leur négligence, ou par leur malice, et qu'ils ne travaillent pas suffisamment pour plaire à Dieu.

Mais, dit-on, ne semble-t-il pas que Dieu devrait exaucer les prières que l’on lui présente pour les pauvres fidèles qui sont depuis si longtemps dans les cachots, dans les galères (publié en 1708), et qui souffrent beaucoup.

Pour nous, il semble, à la vérité, que Dieu le devrait, mais nous devons savoir qu’il a de sages raisons pour ne le vouloir pas.

Il veut faire voir sa puissance en soutenant les illustres confesseurs de son nom au milieu même des plus grands maux.

Il veut faire paraître la fidélité de ses fidèles serviteurs que rien ne détourne de son service, ni la mort, ni la vie, ni les choses présentes, ni celles qui sont à venir.

Il veut montrer l’efficace de l’Évangile et de son Esprit dans les glorieux témoins de la vérité.

Mais ne croyez, pas qu’il les abandonne!

Jésus-Christ répand dans leurs âmes des consolations infinies, une joie inénarrable et il leur donne l'assurance de sa paix, il les rend plus que victorieux par celui qui les a aimés, et il leur accorde déjà les prémices de la vie à venir, etc.

On dira encore, qu’il est surprenant que Dieu n’exauce pas les prières qu’on lui fait pour son Église affligée, car ne semble-t-il pas que sa gloire soit intéressée dans le rétablissement de sa Sion?

Doit-il souffrir que les ennemis de sa vérité triomphent?

Mes Frères:


LES VOIES DE DIEU NE SONT PAS NOS VOIES,

NI SES PENSÉES, NOS PENSÉES.


Il semble quelquefois que Dieu ne se souvienne plus de sa Sion et qu’il l’a abandonnée, mais il en use ainsi;


- tantôt, parce qu’il veut châtier son Église, et l’abus qu’elle a fait longtemps de ses grâces,

- tantôt pour épurer son aire, et pour séparer le bon grain d’avec l'ivraie,

- tantôt pour exciter plus le zèle de ses enfants afin qu’ils redoublent leurs affections pour les pierres de Sion,

- tantôt parce qu’il veut transporter son chandelier ailleurs,

- tantôt parce qu’il laisse combler la mesure de ses ennemis, après quoi il fera son œuvre car si le jugement de Dieu commence par sa maison, comment seront traités les ennemis?

C’est le moment où le jugement va commencer par la maison de Dieu. Or, si c’est par nous qu’il commence, quelle sera la fin de ceux qui n’obéissent pas à l’Évangile de Dieu? (1 Pierre IV. 17.)

Ne nous étonnons donc point, si Dieu diffère son secours; car ne croyons pas qu’il laisse périr son Église.


Jamais cette arche mystique ne sera submergée,

jamais ce buisson ne sera consumé,

jamais cette maison ne sera abattue par les torrents, et par les vents,

jamais les portes de l’Enfer ne prévaudront jamais contre elle,

LE FONDEMENT DE DIEU DEMEURE FERME.


Mais je m’aperçois que vous attendez de moi que je vous prescrive maintenant la vraie manière de bien prier Dieu, nous en ferons notre application.


APPLICATION.


1. Premièrement donc, Mes Frères, mettons-nous bien dans l’esprit, que la créature ne peut pas être plus honorée que d’avoir la liberté de parler à Dieu, quand il lui plaît, et d’avoir ainsi un moyen infaillible d’obtenir tout ce qui peut contribuer à son salut: vous en serez convaincus, si vous faites réflexion sur l’infinie distance qu’il y a entre Dieu et nous.

On se sent fort honoré, lorsqu’un grand Prince nous permet seulement de l’approcher et lorsqu’il nous emploie pour son service, ou lorsqu’il nous admet dans son Conseil, quoiqu’en réalité, il n’y ait pas une grande différence entre le plus grand Roi du monde, et l’un de ses plus pauvres sujets.

Les Rois sont hommes comme tous ceux qui leur sont soumis, pécheurs comme eux, sujets à mille maux comme eux, et souvent davantage.

Comment donc ne nous sentirions-nous pas infiniment honorés, quand le plus parfait, le plus sage, le plus puissant et le plus saint de tous les Êtres, devant qui toutes les créatures ne sont rien, nous permette d’approcher de son trône, de lui parler comme un ami parle à son ami?

Ne devrions-nous pas être honorés quand il nous donne le privilège de lui montrer toutes nos plaies comme à notre médecin, et de lui confier tous nos secrets comme à notre Père, avec cette assurance qu’il nous exaucera, si ce que nous lui demandons nous est salutaire?

Ô Dieu, qu’est-ce que l’homme, que tu permettes qu’il prononce ton Nom sacré , qu’il te présente ses prières, et que tu daignes les écouter, les exaucer!

Pensons souvent à cet honneur que Dieu nous fait; mais surtout lorsque nous voulons prier Dieu, ne le prions jamais, sans faire cette importante considération, que tout ce que les hommes pourraient faire pour ceux qu’ils voudraient honorer n’est pas comparable à ce que Dieu fait en nous permettant de l’invoquer.


2. Toutes les fois que nous avons à prier Dieu, préparons-nous par cette première réflexion:

- Ne venons jamais prier Dieu à l’étourdie,

- ou lorsque nos yeux sont appesantis par le sommeil,

- ou lorsque notre esprit est dissipé par les plaisirs,

- ou qu’il est occupé par les affaires du monde.

Prépare-toi avant de prier pour ne pas ressembler à l’homme qui tente le Seigneur. Dans cette idée, j'apprécie beaucoup la coutume de ceux qui ne prient point avant qu’avoir lu un chapitre de l’Écriture ou du moins quelques partages choisis:

- pour exciter la piété,

- pour nous donner une grande idée de Dieu,

- pour nous faire bien connaître notre misère, et l’infinie bonté de notre Père Céleste.

Par exemple, voici quelques partages qui pourront beaucoup élever notre coeur.

Au Psaume XI v. 4: L'Éternel est au palais de sa Sainteté, l'Éternel a son trône aux cieux, ses yeux contemplent, et ses paupières sondent les fils des hommes.

L’Éternel est dans son saint temple, L’Éternel a son trône dans les cieux; Ses yeux regardent, Ses paupières sondent les fils de l’homme. (Ps. XI. 4. V. S.)

Au Psaume XXXIV v. 16-19: Les yeux de L’Éternel sont sur les justes, et ses oreilles sont attentives à leurs cris. La face de l'Éternel est contre ceux qui font mal. Quand les justes crient, l’Éternel les exauce et les délivre de toutes leurs détresses. L’Éternel est proche de ceux qui ont le coeur brisé, et délivre ceux dont le coeur est contrit.

- Les yeux de l’Éternel sont sur les justes, Et ses oreilles sont attentives à leurs cris.

- L’Éternel tourne sa face contre les méchants, Pour retrancher de la terre leur souvenir.

- Quand les justes crient, l’Éternel entend, Et il les délivre de toutes leurs détresses;

- L’Éternel est près de ceux qui ont le coeur brisé, Et il sauve ceux qui ont l’esprit dans l’abattement.

- Le malheur atteint souvent le juste, Mais l’Éternel l’en délivre toujours. (Ps XXXIV. 15-19. V. S.)

Au Psaume XXXVI. v 6-10: Éternel, ta bonté atteint jusqu'aux Cieux, et ta fidélité jusqu'aux nues. Ta justice est comme de hautes montagnes. Tes jugements sont un grand abîme. Tu conserves les hommes et les bêtes.

Ô Dieu, combien est précieuse ta bonté, aussi les fils des hommes se retirent à l’ombre de tes ailes, ils seront rassasiés, tant et plus de la graisse de ta maison, et tu les abreuveras au fleuve de tes délices. Car la source de la vie est par-devers toi et par ta lumière nous voyons la lumière.

Ta justice est comme les montagnes de Dieu, Tes jugements sont comme le grand abîme. Éternel! Tu soutiens les hommes et les bêtes.

Combien est précieuse ta bonté, ô Dieu! À l’ombre de tes ailes les fils de l’homme cherchent un refuge.

Ils se rassasient de l’abondance de ta maison, Et tu les abreuves au torrent de tes délices.

Car auprès de toi est la source de la vie; Par ta lumière nous voyons la lumière. (Ps. XXXVI. 6-10. V. S.)

Au Psaume CIII. v. 1-3: Mon âme, béni l’Éternel, et tout ce qui est dans moi, béni le nom de sa sainteté. Mon âme, béni le Seigneur  et n'oublie aucun de ses bienfaits.

C’est lui qui te pardonne toutes tes iniquités, qui guérit toutes tes infirmités.

Qui garantit ta vie de la fosse, qui te couronne de bonté, et qui rassasie ta bouche de biens.

Mon âme, bénis l’Éternel! Que tout ce qui est en moi bénisse son saint nom!

Mon âme, bénis l’Éternel, Et n’oublie aucun de ses bienfaits!
C’est lui qui pardonne toutes tes iniquités, Qui guérit toutes tes maladies;
C’est lui qui délivre ta vie de la fosse, Qui te couronne de bonté et de miséricorde;
C’est lui qui rassasie de biens ta vieillesse, Qui te fait rajeunir comme l’aigle. (Ps. CIII. 1-5. V. S.)

Il y en a plusieurs de cette nature; chacun peut donc choisir les textes qui sont capables de l'émouvoir le plus.

Il ne faut rien oublier pour exciter son zèle, pour bannir de son esprit les affaires du monde alors nous pourrons dire: MON COEUR EST DISPOSÉ, Ô MON DIEU; c'est alors qu'on peut se mettre à prier Dieu.

On dit que les Anciens Chaldéens demeuraient assis une heure entière pour se disposer à l’oraison.


3. Avant de demander à Dieu les choses que nous voulons qu’il nous accorde, je crois qu’il faut commencer par LUI DEMANDER L’ESPRIT DE PRIÈRE, et ensuite le prier de nous écouter, comme faisait David au Ps XXVII: Éternel, écoute ma voix, par laquelle je t’invoque, et aie pitié de moi et m’exauce, mon coeur me dit de ta part, cherche ma face, Je chercherai ta face, ô mon Dieu.

Éternel! écoute ma voix, je t’invoque: Aie pitié de moi et exauce-moi!

Mon coeur dit de ta part: Cherchez ma face! Je cherche ta face, ô Éternel! (Ps XXVII. 7. V. S.)


4. Lorsque nous voulons prier, nous devons nous considérer tels que nous sommes;

- comme de viles créatures, qui ne peuvent subsister que par le secours de Dieu,

- comme des pauvres qui n’ont rien à attendre que sa bonté et sa miséricorde,

- comme des «criminels», qui méritent la mort éternelle, et des supplices infinis,

- comme de malheureux pécheurs qui n’ont cesse de l'offenser, souillés de mille péchés, dont l’esprit est obscurci de ténèbres, la volonté corrompue; les passions déréglées.


Nous devons en même temps opposer à ce que nous sommes, ce que Dieu est:

- le Tout-Puissant,

- l’Éternel,

- le Juge de l’Univers,

- le Maître du monde;

Cette pensée nous obligera à nous anéantir devant lui et à le prier avec une profonde humilité.


5. Nous devons nous mettre dans l’esprit, que nous parlons à celui de qui dépend notre bonheur, au plus tendre Père, au plus fidèle Ami, au plus puissant Protecteur, qui ne fut jamais.

Nous trouverons dans la prière des douceurs ineffables, la délivrance de nos maux, des consolations infinies: ces considérations feront que nous nous mettrons à prier Dieu avec plaisir.


6. Après nous être ainsi préparés, nous devons nous abattre devant Dieu avec tout le respect et toute l’humilité, dont nous sommes capables;

- comme le Père des croyants, qui disait qu’il n’était que poudre et cendre;

- comme le pauvre publicain qui se battait la poitrine et qui se tenait loin;

- comme les Séraphins qui cachent leurs faces de leurs ailes.

Je ne prescris rien pour la posture, pourvu qu’elle soit humble, et qu’elle marque notre anéantissement devant Dieu.


7. Nos prières doivent être faites avec attention. Les Juifs écrivent aux parois de leur Synagogue, ces mots:


LA PRIÈRE, SANS ATTENTION,

EST COMME UN CORPS SANS ÂME.


Pour prier avec attention, mettons-nous bien dans l’Esprit, que c’est offenser gravement la Majesté de Dieu, que de lui parler sans savoir ce qu’on dit!

Celui que nous prions ne peut être moqué!

Il y va de notre salut d'être exaucé! Si Dieu n’agrée pas nos prières, nous serons infiniment malheureux; tâchons de nous effrayer nous-mêmes en nous disant que peut-être un jour nous ne serons plus en état de prier Dieu.

Et parce que nous sommes sujets à beaucoup de distractions, même dans les prières publiques comme dans nos prières particulières, faisons ce que nous pourrons pour fixer notre attention.

À l’égard des prières particulières.

- Si nous remarquons que dans les prières que nous connaissons par coeur ou que nous avons l'habitude de présenter, nous sommes distraits, apprenons à en utiliser d’autres; Il n’y a personne qui ne sache pas demander ce qui lui est nécessaire sous différentes formes.

- Si nous nous apercevons qu’en ne parlant pas nous sommes plus distraits, prononçons nos prières à haute voix.


FAISONS DES PRIÈRES COURTES, ET PRIONS SOUVENT.


À l’égard des prières publiques.

Lorsque le Pasteur lit des prières et que nous remarquions que nous avons moins de distractions en lisant aussi, lisons-les avec le Pasteur.

Si ce sont des Prières qu’il récite, faisons autant d’effort que nous pourrons pour suivre le Pasteur; mais si nous ne pouvons pas, faisons plutôt d’autres prières plutôt que de penser aux affaires du monde.


8. Que nos prières soient ferventes; qu’il ne soit pas dit que nous désirons moins ardemment le ciel que la terre, les biens éternels, que les périssables, Dieu que le monde.

Concevons bien quel serait notre malheur si Dieu ne nous accordait, ni le pardon de nos péchés, ni la paix de l'âme, ni le repos de la conscience, ni la sanctification, ni la félicité, parce que nous serions éternellement coupables, souillez, troublés dans nos consciences et malheureux.


9. Que nos prières soient faites au nom de Jésus-Christ. NE NOUS CONTENTONS PAS DE LE DIRE, À LA FIN DE NOS PRIÈRES, mais reconnaissons que nous n’avons rien sans Jésus-Christ!

Sans lui nous ferions l’horreur du Père céleste et des saints Anges. Bien loin d’obtenir des grâces de sa part, nous n’attirerions que les Jugements.

Opposons le sang de ce divin Sauveur à tant de péchés que nous avons commis, et demandons continuellement grâce à Dieu par ce Fils en qui il a pris tout son plaisir.


10. Que nos prières partent d’un coeur purifié. Mettons-nous bien dans l'esprit:


QU’IL N’Y A QUE LA PRIÈRE DU JUSTE,

QUI SOIT DE GRANDE EFFICACE,

et

QU’IL FAUT QUE NOTRE COEUR NE NOUS CONDAMNE PAS,

AFIN QUE NOUS AYONS DE L'ASSURANCE DEVANT DIEU,

(1 Jean III. 21.)


Quoi que ce soit que nous lui demandions, ajoute-t-il, nous le recevrons de lui, parce que nous gardons ses commandements, et que nous faisons ce qui lui est agréable. (1 Jean III. 22.)

Renonçons aux péchés dont nous voulons demander le pardon; n’élevons que des mains pures au Ciel. Les prières d’un homme qui veut continuer dans son péché, retombent en foudres sur sa tête.


11. Surtout ne nous présentons point devant Dieu avec des désirs de vengeance contre nos frères.

S’il nous arrive d’avoir ces désirs, sans avoir pû nous en défaire, prions Dieu avant toutes choses:

- qu’il les arrache de nos cœurs,

- qu’il fasse en nous ce que nous ne pouvons pas faire,

- et qu’il opère si puissamment par son Esprit dans nos cœurs, que nous n’ayons plus que des pensées de charité pour nos frères,

Nos prières lui seront agréables; si nous faisons ces prières avec une sainte ardeur.


12. Prions, le plus souvent qu’il nous est possible, non seulement le matin et le soir, avant et après notre repas, mais:

- toutes les fois que nous sortons de nos maisons, et que nous y rentrons;

- toutes les fois que nous commençons quelque chose, ou que nous entreprenons quelque projet;

- toutes les fois que nous voyons des objets qui nous élèvent vers Dieu, comme nous en trouvons sans cesse.

Ne me dites pas que cela ne peut pas se faire, car je ne vous demande pas de longues prières, je ne parle que des élévations de nos cœurs, qui peuvent se faire en tout temps.


13. Ne demandons jamais rien à Dieu, qui ne soit pas conforme à sa volonté, et rien qui ne convienne pas à notre situation.

- Demandons-lui les choses spirituelles, AVANT les temporelles; celles qui regardent la gloire, AVANT celles qui nous regardent.

- Demandons avec beaucoup plus d’ardeur d’être délivrés de nos péchés, que d’être délivrés de nos maux; d’être saints, que d’être heureux.

- Demandons les biens célestes avec persévérance, jusqu’à ce que nous les ayons obtenus.

- Luttons avec Dieu..., mais à l’égard des biens de la terre, ne les demandons jamais, que SOUS LA CONDITION qu’ils nous seront utiles.


14. Prions avec foi, et avec cette ferme assurance que Dieu est tout-puissant pour faire au-delà de ce que nous lui demandons, et pensons, non seulement qu’il est sage pour adresser toutes choses à sa gloire, et à notre salut, mais encore qu’il est souverainement bon pour nous accorder ce qui nous sera nécessaire et qu’il nous l’accordera, QUAND IL EN SERA TEMPS.


15. Prions pour la conversion de tant de peuples qui sont dans l’ignorance, et dans l’erreur, de tant de pécheurs qui se perdent, tant de personnes qui ne pensent point à leur salut.


16. Prions pour tous les hommes – même pour nos ennemis – afin que Dieu les fléchisse à notre égard, et surtout qu’il les convertisse.


17. Surtout, prions pour l’Église, et prions toujours.

Ne nous étonnons pas, si Dieu ne nous exauce pas tout d’un coup, il nous exaucera quand il en sera temps.


AUCUNE DES PRIÈRES DES ENFANTS DE DIEU,

NI AUCUNE DE LEURS LARMES, NE SE PERD.


Que j’aurais de joie, mes Frères, si je pouvais vous inspirer à tous le désir de bien prier Dieu, et de le prier fréquemment!

Que nous serions heureux, si Dieu nous faisait bien connaître À TOUS, combien on goûte de plaisirs dans la prière, et lorsque l’âme, par de saints transports, s’élève dans le Ciel!

Chrétiens, ne nous lassons point de demander à Dieu son Esprit afin qu’il prie en nous, par des soupirs qui ne peuvent s'exprimer et qui montent vers le Tout-Puissant.

De même aussi l’Esprit nous aide dans notre faiblesse, car nous ne savons pas ce qu’il nous convient de demander dans nos prières.

Mais l’Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables; et celui qui sonde les coeurs connaît quelle est la pensée de l’Esprit, parce que c’est selon Dieu qu’il intercède en faveur des saints. (Rom. VIII. 26-27.)

Sollicitons sans cesse sa miséricorde, afin qu’il répande sur cet État, sur cette Église, sur nos Magistrats, sur nos Pasteurs, sur nous tous, toutes ses plus précieuses bénédictions, jusqu’à ce qu’il nous élève dans cet heureux séjour, où nous n’aurons plus besoin de prier, parce que nous serons dans SA présence. AMEN.


FIN



 

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