Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA CROIX DU CHRÉTIEN

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Viens, et me suis, ayant chargé la croix (Marc X, 21; version David Martin, Darby,)

Tout vrai chrétien pense beaucoup à la croix de son Sauveur. Il doit l’avoir toujours devant les yeux; car cette croix est le fondement de toutes ses espérances, la principale source de ses consolations et de ses joies.

Mais il est une autre croix qu’il est exposé à ne pas prendre en aussi sérieuse considération:

- c’est sa propre croix, la croix qui lui est destinée à lui-même, et à laquelle il ne peut pas se soustraire.

- Il faut qu’il la prenne et qu’il s’en charge, s’il veut suivre au Ciel son adorable Sauveur.

C’est de cette croix-là que le Seigneur parle dans les paroles qu’on vient de lire. L’ordre qu’il donne à l’égard de cette croix, fut adressé au jeune homme riche; mais cet ordre n’a rien qui lui soit particulier.

Notre Seigneur le donne également à quiconque désire devenir véritablement son disciple, ou professe de l’être déjà. Si quelqu’un veut venir après moi, dit-il, qu’il renonce à lui-même, qu'il se charge de sa croix et qu’il me suive.


I. Qu’est-ce que cette croix du fidèle?


Il est évident que c’est quelque chose de douloureux et d’humiliant.

Le mot de croix l’annonce d’une manière assez claire.

De toutes les morts infligées par les Romains, le crucifiement était la plus terrible, comme aussi la plus ignominieuse: on n’infligeait ce supplice qu’aux derniers des criminels, aux esclaves et aux étrangers. Le citoyen romain, quel que fût son crime, n’y était jamais condamné. C’est par cette raison que la honte et la croix sont associées dans la pensée de l’apôtre, lorsqu’il dit, en parlant du Seigneur: Il a souffert la croix, ayant méprisé l’ignominie!

- Ainsi la croix du chrétien, c’est la part d’opprobre et de souffrance que, comme enfant de Dieu, il est appelé à supporter dans le chemin de la vie éternelle.

- Car, comme Dieu avait préparé une croix pour son Fils bien-aimé sur le Calvaire, il en a préparé une pour chacun de ses enfants, en quelque lieu et en quelque temps qu’ils vivent.

Cette croix n’est pas la même pour tous les fidèles.

L’un est plus particulièrement appelé à endurer la haine et les mépris du monde: c'est le monde qui lui fait sa croix.

- Tel chrétien qui échappe plus ou moins à cette croix-là, en a une différente, dans sa famille: la maladie de quelqu’un des siens, le deuil, la pauvreté; ou ce qui est bien plus triste encore, un enfant pervers, un mari ou une femme sans coeur, un père ou un maître dur; peut-être, un triste, un complet isolement, point de parents, point d’amis dans sa demeure.

- Tel autre a une croix en lui-même: dans son corps, une santé profondément altérée; ou dans son âme, une disposition d’esprit soucieuse, maladive, susceptible à l’excès; ou, dans ses affaires, beaucoup d’embarras et de difficultés sans cesse renaissantes.

- La croix peut enfin se trouver dans la position où l’on est placé, un fardeau de devoirs pénibles qu’on ne peut pas bien remplir et dont on ne peut se débarrasser.

La croix de celui-ci est visible; chacun, autour de lui, s’en aperçoit.

La croix de celui-là est cachée; c’est une épine qui, sans cesse, déchire son cœur, à l’insu de tout le monde.

Il arrive aussi que nos croix changent: celle de mon prochain peut devenir la mienne. Et nous rencontrons notre croix à diverses époques de notre pèlerinage terrestre:

- celui-ci trouve la sienne sur son chemin, dès les premiers pas qu’il fait dans la voie étroite;

- celui-là arrive presque au terme de sa vie, en se demandant s’il y a eu pour lui une véritable croix.

Mais tôt ou tard elle se montre.

Plus d’un enfant de Dieu, déjà bien avancé dans le chemin qui conduit au Ciel, s’étonnait d’avoir échappé aux afflictions annoncées aux fidèles; et tout à coup il s’est trouvé dans un abîme.

Voilà, mes frères, notre croix.


II. Nous devons nous en charger, dit Jésus-Christ.

Que faut-il entendre par là?


L’ordre du Seigneur contient d’abord certaines défenses.

En nous commandant de nous charger de notre croix, il nous interdit de nous faire des croix à nous-mêmes; de nous attirer des souffrances par notre imprudence et notre folie, comme le fait le fanatique; ou de nous infliger nous-mêmes des douleurs physiques, comme le fait le bigot et le superstitieux, comme le faisaient les pharisiens par leurs austérités, comme le font encore beaucoup de pauvres païens par leurs tortures, ou de catholiques-romains par leurs pénitences.

- Nous faire des croix à nous-mêmes, c’est nous mettre à la place de Dieu; c’est faire l’office de sa Providence.

- C’est à Lui qu’il appartient de nous affliger, quand il le veut, et comme il le veut. Il nous fera trouver assez de croix sur notre chemin.

- Tout ce qu’il nous demande, c’est de nous charger de celles qu’il nous impose, sans les rendre plus pesantes, et sans en chercher d’autres de notre choix.

Et, comme nous ne devons pas nous faire des croix à nous-mêmes, nous ne devons pas non plus nous mêler de décider quelle croix le Seigneur doit nous envoyer.

C’est son affaire et non pas la nôtre.

Chacun doit être prêt à prendre la croix particulière que le Seigneur lui destine. Et cependant, ainsi qu’il nous arrive d’envier les joies de nos semblables, il nous arrive aussi de désirer leurs croix plutôt que les nôtres.

Nous nous imaginons volontiers que les afflictions de nos frères seraient moins difficiles à supporter pour nous.

- Sommes-nous pauvres, nous nous surprenons à penser qu’il serait moins triste pour nous d’être malades que de manquer de tout.

- Sommes-nous malades? nous disons; «Oh! si j’avais la santé, je pourrais tout supporter.»

- Souffrons-nous des douleurs aigües? nous nous persuadons qu’une maladie lente serait bien moins pénible; tandis que celui qui n’est jamais bien, voudrait quelquefois avoir une maladie grave, et pense qu’il la supporterait beaucoup mieux que cet état de souffrance habituelle.

Mais ce sont tout autant d’illusions par lesquelles nous nous trompons nous-mêmes. CES VŒUX SECRETS QUE NOUS FORMONS DANS L’ÉPREUVE, VIENNENT DU DÉSIR DE NOUS DÉBARRASSER DE NOTRE CROIX. Et quand ils n’en viendraient pas, ils seraient encore mauvais.

Nous ne nous connaissons pas nous-mêmes; nous ignorons jusqu’à un certain point nos maladies et nos dangers spirituels; nous ne savons pas de quelle discipline notre âme a besoin.

Nous ressemblons à des malades qui ne se feraient une idée juste ni des maux dont ils sont atteints, ni des remèdes qui leur conviennent.

Laissons-nous donc traiter par le Grand Médecin.

Ce serait être insensés de vouloir décider ce qu’il doit faire à notre égard.

D’ailleurs, nous saurons un jour, si nous ne l’avons pas encore compris, que le Seigneur charge d’ordinaire ses enfants des croix qu’ils craignent le plus de porter. Il frappe bien souvent à l’endroit le plus sensible, à l’endroit où nous ne voudrions pas qu’il touchât.

L’homme dont les affections sont vives, est froissé dans ses affections. Il voit mourir ceux qu’il aime le mieux dans ce monde; ou bien ses amis, ses enfants s’éloignent de lui; ou bien enfin, ils deviennent pour lui une source de terribles angoisses; tandis que l'homme froid conserve sa famille, mais il perd sa santé, ou sa fortune, ou sa réputation.

C’est pourquoi, demander au Seigneur toute autre croix plutôt que celle qu’il nous envoie, c’est lui demander de changer à notre égard les voies de cette sagesse et de cette bonté qui le portent à traiter ses enfants selon leurs vrais besoins et pour leur plus grand bien.

Le Seigneur nous défend aussi, dans les paroles qui nous occupent, de sortir du sentier du devoir pour éviter une croix que nous y rencontrons.

Nous nous trouvons quelquefois dans des circonstances où nous sommes tentés de nous dire: «De combien de difficultés, de souffrances, de pertes, cette petite faute ne me sauverait-elle pas?»

Et alors, peut-être, au lieu de faire à nos pieds un chemin droit, de prendre courageusement la croix qui est devant nous, MARCHANT SANS CRAINTE DANS LA VOIE DES COMMANDEMENTS DE DIEU, nous nous en détournons tant soit peu, dans le but d’éviter la croix qui se trouve sur notre route, et avec la ferme intention de rentrer plus tard dans la voie de la justice.

Mais agir ainsi, c’est PRÉFÉRER le péché à l’affliction, et nous en sommes TOUJOURS punis.

Il y a des croix dans le chemin du mal comme dans celui du bien, et des croix tout autrement lourdes.

Combien de nos semblables ne pourraient pas nous dire en pleurant que,

- s’il est facile de sortir des sentiers du Seigneur,

- il n’est pas toujours facile d’y rentrer sans souffrir beaucoup plus que nous n’aurions souffert en y marchant avec constance.

Quant à ceux qui marchent dans des voies obliques, dit David, le Seigneur les fera marcher avec les ouvriers d’iniquité; il les fera marcher au milieu de ses jugements. Il les punira visiblement et sévèrement.

Préparez-vous, vous qui êtes entrés dans la voie étroite, à avoir souvent à choisir entre le péché et l’affliction; et soyez prêts dans la force de Dieu, à préférer les croix les plus lourdes, les plus humiliantes, au plus petit péché. AUTREMENT VOUS SEREZ CONDUITS DE PÉCHÉ EN PÉCHÉ ET D’ABÎME EN ABÎME.

Voilà, chrétiens, ce que le Seigneur nous défend, quand il nous dit de nous charger de notre croix. Voyons maintenant ce qu’il nous commande dans ces paroles.

Il parle ici de notre croix, comme il parle souvent de la sienne.

La sienne lui avait été destinée de son Père; cependant il en parle souvent comme d’une croix qu’il a prise et volontairement portée. Je laisse ma vie, dit-il; je donne ma vie; personne ne me l'ôte.

Le fait est que, bien que sa croix, avec toutes ses souffrances et toutes ses humiliations, lui ait été préparée par son Père, il s’en est chargé comme si son Père ne l’en avait point chargé; il s’en est chargé lui-même, librement, volontairement.

Il nous a aimés, et il s’est donné lui-même pour nous.

Eh! bien, nous devons agir à l’égard de nos croix comme il a agi lui-même. Le Seigneur nous en enverra, s’il ne l’a pas déjà fait.

Elles sont prêtes pour nous: NOUS DEVONS ÊTRE PRÊTS À LES RECEVOIR.

Nous devons les accepter d’avance de bon cœur, à cause de la main qui nous les destine et qui nous les envoie.

Nous devons nourrir dans nos cœurs le sentiment d’une résignation filiale à toutes les afflictions que notre Père nous prépare.

Nous charger de notre croix, c'est, en outre, prendre cette croix de bon cœur, quand le Seigneur nous la fait rencontrer sur notre chemin; c’est accueillir l’épreuve quand Dieu l’envoie, et non pas nous en détourner.

C’est nous mettre à genoux humblement, comme le chameau, pour recevoir notre charge; et quand le fardeau est sur nos épaules, c’est le porter tranquillement sans nous plaindre, sans résister, tâchant de nous réjouir de ce que nous sommes jugés dignes de souffrir quelque chose pour Celui qui a tant souffert pour nous.

Nous devons encore porter notre croix avec patience.

Dans un autre endroit de sa Parole, le Seigneur nous exhorte à nous charger, CHAQUE JOUR, de notre croix.

Non pas que chaque jour apporte une croix nouvelle; mais nous avons peut-être une vieille croix à porter. Dans ce cas, nous devons l’accepter chaque jour tout de nouveau, la reprendre, recommencer volontairement à la porter, ne pas nous en fatiguer, nous en impatienter, comme si le Seigneur nous la laissait trop longtemps.


Et si, dans ce moment, nous ne sommes pas chargés d’une croix, nous devons en attendre une de jour en jour, nous souvenant que SI NOUS SOMMES DISCIPLES DE CHRIST, nous sommes appelés et destinés à souffrir, et devons y être préparés. Nous devons ressembler aux marins qui, dans le calme, attendent l’orage, ou aux commissionnaires qui, dans les grandes villes, sont stationnés aux coins des rues, attendant tranquillement le fardeau qu’on va mettre sur leurs épaules.


III. Mais, pourquoi devons-nous ainsi nous charger de notre croix?


Mes frères, parce que Jésus-Christ nous le commande!

Il a sûrement, pour nous le commander, des raisons pleines de bonté et de sagesse. Pouvons-nous en douter, nous qui le connaissons?

On pourrait croire, au premier abord, qu’il donne cet ordre au jeune homme riche pour l’éprouver, comme il lui a donné, dans ce but, l’ordre de vendre ses biens; mais nous avons déjà vu qu’il donne le même ordre à ses disciples dans d’autres occasions, dans les termes les plus clairs, les plus forts, et en même temps les plus généraux.

- Si quelqu’un, dit-il, veut venir après moi, qu’il se charge chaque jour de sa croix, et qu’il me suive.

C’est comme s’il eût dit: «Si vous voulez entrer dans ce ciel où je vais monter, il faut que vous marchiez dans la route qui y conduit; et vous n’y pouvez faire un pas, si vous n’êtes pas prêts, comme moi, à vous humilier et à vous charger de votre croix.»

Et il s’exprime ailleurs avec une force encore plus grande, quand il dit:

- Quiconque ne se charge pas de sa croix, et ne me suit pas, ne peut être mon disciple.

«Non seulement il ne peut pas entrer dans le ciel, mais je ne le reconnais pas même pour un de ceux qui marchent dans le chemin qui y conduit.»

- Il n’est pas digne de moi, dit-il encore.

«Il n’est pas mon disciple, celui qui n’est pas préparé à marcher, pour l’amour de moi, au milieu de la souffrance et de l’ignominie.»

Et il dit cela pour tout homme SANS EXCEPTION: Si quelqu'un veut venir après moi, qu’il se charge de sa croix, et qu'il me suive.

Chacun doit le faire.

Quelque timide et effrayé de la croix que puisse être un homme; quelque faible et incapable de porter la croix qu’il s’imagine être; par quelque raison qu’il soit porté à penser qu'il n’a pas besoin de croix; ou enfin, dans quelque position qu’il se trouve, quand il vivrait au milieu de ceux qui l’aiment trop lui-même, ou qui aiment trop le Seigneur pour penser à mettre une croix sur ses épaules, il doit se charger de la croix.

C’est la loi universelle de mon royaume, semble dire Jésus-Christ, et personne n’y peut entrer sans s’y soumettre!

Mais, tout en reconnaissant l’obligation où nous sommes de nous charger de notre croix pour être disciples de Christ, comprenons bien dans quel but nous devons le faire.

Ce but n’est point d’expier nos péchés.

On se l’imagine quelquefois; c’est l’idée du cœur naturel de l’homme qui veut toujours mériter quelque chose devant Dieu. Voilà pourquoi cette erreur se trouve, plus ou moins, dans toutes les fausses religions, et s’est même introduite dans l’Église romaine.

Cette église enseigne et professe hautement que les souffrances de l’homme sont méritoires et satisfont la justice de Dieu. Rien, cependant, n’est plus contraire à la Parole sainte. Cette idée nourrit l’orgueil; elle éloigne de la croix de Christ;

elle porte l’homme à s’appuyer devant Dieu sur ce qu’il souffre,

plutôt que sur ce que Christ a souffert.

Si donc noue vous exhortons à vous charger de votre croix, nous éprouvons le besoin de vous rappeler que ce n’est pas pour rien expier. Vos plus terribles épreuves ne sauraient effacer, devant Dieu, le plus petit de vos péchés.

Christ a fait lui-même, complètement et pour toujours, la propitiation du péché sur la croix. En lui, et en lui seul, le croyant a la rémission des péchés selon les richesses de sa grâce.

Son sacrifice a pour jamais aboli tous les sacrifices propitiatoires.

Si donc Dieu nous appelle à nous charger de notre croix,

- ce n’est pas pour expier nos péchés, mais c’est pour nous rendre conformes, dans nos dispositions, à celui qui les a expiés;

- ce n’est pas pour nous procurer la faveur de Dieu, mais pour nous amener à un état spirituel où nous en puissions jouir;

- ce n’est pas pour nous donner un titre à la félicité céleste, ni pour confirmer celui que nous y avons en Jésus-Christ, mais pour nous purifier et nous soumettre.

La croix de Christ nous a ouvert le royaume des Cieux.

Notre croix doit nous PRÉPARER à pouvoir en savourer les saintes joies.

Maintenant, lecteurs, soit que vous ayez déjà une croix, soit que vous en attendiez une, laissez-nous vous demander si vous êtes disposés à la porter, ou si vous êtes prêts à vous en charger dès que Dieu vous l’enverra?

De telles questions sont faites pour nous rendre sérieux.

Combien peu de chrétiens ressemblent au portrait que Christ lui-même fait de ses vrais disciples dans le passage que nous venons de méditer!

UN VRAI CHRÉTIEN est un homme renonçant à lui-même, chargé d’une croix, la portant volontairement, avec soumission, avec patience.

UN VRAI CHRÉTIEN est un homme crucifié avec Christ, souffrant comme son Maître, et souffrant de bon cœur.

Oh! qu’un tel homme est différent de milliers, de millions d’hommes qui s’appellent chrétiens!

Lui ressemblez-vous?

Si vous ne lui ressemblez pas, d’où cela vient-il?

N’est-ce pas, peut-être, de ce que tout en étant né en pays chrétien, tout en ayant été baptisés, et tout en communiant dans l’Église chrétienne, vous êtes encore complètement ignorants du vrai caractère du chrétien, et étrangers à ce caractère?

De ce qu’au lieu de marcher dans la voie étroite, vous marchez dans la voie large?

De ce qu’au lieu de suivre Christ, vous suivez le monde et le péché?

Oh! s'il en est ainsi, Dieu veuille vous ouvrir les yeux, vous montrer que vous n’avez point encore suivi Christ, que vous ne lui appartenez point, et vous faire la grâce de vous tourner, AVANT QU’IL SOIT TROP TARD, vers le grand Sauveur des pécheurs, pour être lavés dans son sang et renouvelés par son Saint-Esprit, et entrer ainsi dans une voie toute nouvelle.

Autrement, vous vous trouverez bientôt, non dans ce royaume où Christ attend les siens, mais dans un séjour qui en est aussi différent que les ténèbres le sont de la lumière, et l’enfer, du ciel.

Plusieurs d’entre vous ont maintenant une croix à porter. Qui vous l’a envoyée?

Dieu, direz-vous!

Mais pouvez-vous dire que, selon l’ordre de Christ, vous vous en soyez chargés, et que, si elle vous était ôtée, vous seriez prêts à la reprendre au moment où Dieu vous l’ordonnerait?

Portez-vous volontairement la croix?

La portez-vous en paix et avec sérénité?

Est-ce du moins votre sincère désir?

Oh! efforçons-nous de nous élever à la hauteur à laquelle notre Maître nous appelle par sa Parole et par son exemple.

Nous l’admirons au milieu de ses souffrances; nous y voyons sa gloire et sa grandeur. Eh! bien:

- «Soyez mes imitateurs, nous dit-il. Ne reculez pas, ne vous découragez pas devant la croix que mon Père vous présente. Chargez-vous-en, comme moi je me suis chargé de ma croix, et portez-la courageusement.

Votre croix est lourde, je le sais; mais qu’est-elle en comparaison de la mienne?

Quand elle serait plus lourde encore, je suis puissant pour vous donner la force de la porter. Regardez à moi, et ma force s’accomplira dans votre faiblesse. Vous pourrez tout en moi qui vous fortifie.»

Et puis, regardez en avant. La croix dont vous êtes chargés ne peut pas vous ouvrir la porte des cieux; mais quels transports vous éprouverez, quand il vous sera donné de l’y déposer!

Oh! direz-vous, que ne dois-je pas, par la bénédiction de Dieu, à cette pénible croix!

- Elle m’a fait sentir ma faiblesse;

- Elle m’a fait connaître par expérience cette force de mon Rédempteur qui suffit à tous mes besoins.

- Elle m’a détaché de ce pauvre monde dont je vais sortir; elle m’a aidé à m’affectionner à cette meilleure patrie où je vais entrer.

- Elle m'a fait haïr le péché que j’aimais;

- Elle m’a fait désirer et rechercher cette sanctification dont je ne faisais aucun cas.

- Elle m’a dépouillé de moi-même, afin que je fusse rempli de la plénitude de Dieu.

Je bénis le Seigneur de ce qu’il m'ôte ma croix; mais je le bénis encore plus de ce qu’il m’en avait chargé, car elle a été l’instrument béni de sa grâce envers moi.


 

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