Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Chapitre XIII.

L'évangile et ses promesses.

***

Différence de l'évangile et de la loi.

La loi dénonçait la malédiction et la colère, alors que l’évangile prêche la grâce et la bénédiction (Deut.XXVII. 26.).

La loi a été donnée par Moïse, mais la grâce et la vérité est venue par Jésus-Christ (Jean I. 17), l’évangile est donc à cet égard opposé à la loi.


Les promesses évangéliques sont communes aux fidèles de tous les âges.

Il est cependant certain que ceux qui ont vécu avant la loi et sous la loi, n’ont point été privés de la douceur des promesses évangéliques:

Telles furent celles-ci:

la semence de la femme brisera la tête du serpent (Ge. III. 15.)

Toutes les nations seront bénies en ta postérité (Ge. XII.3; XXII. 18; Actes III. 25.)

Le sceptre ne sera point ôté de Juda, jusqu'à ce que le Fils soit venu (Ge. XLIX. 10.)

Le Seigneur vous suscitera un Prophète d’entre vos frères (Deut. XVIII. 15; Actes III. 22.).


Promesses de deux sortes; les pères en ont eu de spirituelles aussi bien que charnelles.

Nous reconnaissons par conséquent que les anciens Fidèles ont reçu deux sortes de promesses, qui leur ont été révélées aussi bien qu’à nous.

Les unes regardaient le temps présent ou des BIENS TEMPORELS: Telles sont les promesses du pays de Canaan et des victoires; et telles encore celles que nous avons aujourd’hui pour le pain quotidien.

Mais les autres regardaient alors comme aujourd’hui, les BIENS CÉLESTES ET ÉTERNELS, savoir la grâce de Dieu, le pardon des péchés et la vie éternelle par la foi en Jésus-Christ.

Ainsi les anciens Fidèles ont eu non seulement des promesses terrestres, mais aussi des promesses spirituelles et célestes en Jésus-Christ. Car comme le dit Saint Pierre:

Les Prophètes qui ont prophétisé de la grâce, qui devait nous être faite, ont recherché le même salut, ils ont, dis-je, recherché quand et dans quel temps l’Esprit prophétique de Christ, qui était en eux, rendant témoignage par avance, déclarait les souffrances, qui devaient arriver à Christ, et la gloire qui les devait suivre (1 Pierre I. 10-11.).

C’est pourquoi l’Apôtre Saint Paul dit aussi, que l’évangile de Dieu avait été promis auparavant par les Prophètes divins dans les saintes écritures (Rom. I. 2.). Il paraît donc clairement par là que les anciens Fidèles n’ont pas été entièrement privés des promesses de l’évangile.


Ce qu'est proprement l'évangile.

Quoique de cette manière nos pères aient eu dans les écrits des Prophètes un évangile par le moyen duquel ils ont obtenu le salut par Jésus-Christ, par la foi, cependant on appelle proprement l’évangile, cette heureuse nouvelle qui nous a été apportée lorsque Jean Baptiste a premièrement prêché au monde puis, après lui, le Fils de Dieu lui-même, ensuite ses Apôtres et enfin tous leurs successeurs.

Cet évangile nous révèle que Dieu a exécuté la promesse qu’il avait faite dès l’origine du monde, en envoyant dans le temps marqué ou plutôt EN DONNANT SON FILS UNIQUE, et en nous assurant PAR LUI la réconciliation, la rémission des péchés, la plénitude des grâces et la vie éternelle.

L’histoire qui a été écrite par quatre Évangélistes de tout ce que Jésus-Christ a fait et enseigné, pour assurer à ceux qui croient en lui cette plénitude de grâces, est appelée L’ÉVANGILE.

Par la même raison les écrits des Apôtres, dans lesquels ils nous exposent, comment le Fils nous a été donné par le Père et avec lui tous les moyens pour parvenir au salut, ces écrits, dis-je, sont appelés LA DOCTRINE ÉVANGÉLIQUE; et ces mêmes dogmes, s’ils sont prêchés aujourd’hui avec pureté, méritent également ce beau nom.


De l'esprit et de la lettre.

Cette même prédication de l’évangile est encore appelée par l’Apôtre Saint Paul L’ESPRIT ET LE MINISTÈRE DE L’ESPRIT, parce qu’elle devient efficace dans les Fidèles par l’illumination du Saint-Esprit, qui produit la foi.

La lettre, qui est opposée à l’esprit, désigne bien en général tout ce qui est extérieur, mais en particulier la doctrine de la loi, sans l’efficace de l’Esprit, et par là même sans la foi vive du cœur, qui est l’effet de cet Esprit saint, la doctrine, dis-je, de cette loi qui dénonce la colère.

C’est aussi par cette raison, que l’Apôtre l’appelle MINISTÈRE DE MORT, et qu’il dit que la lettre tue, mais que l’Esprit vivifie (2 Corinth. III. 6-7; Rom. VIII. 2.).


Condamnation des erreurs contraires.

De faux Apôtres prêchaient un évangile corrompu, en y mêlant les ordonnances de la loi, comme si Christ ne pouvait pas sauver les hommes sans la loi mosaïque.

Tels furent, à ce que l’on prétend, les disciples d’Ebion et les Nazaréens, qui étaient aussi appelés anciennement Minéens.

- Les Juifs convertis au christianisme, mais qui corrompaient la doctrine évangélique par des traditions et des opinions judaïques, furent appelés du nom de Nazaréens ou de Minéens. Ils s'élevèrent déjà du temps des Apôtres, comme on le voit dans le chapitre XV des Actes v. 1. et au XX v. 21.

Déjà Saint Paul les condamne dans divers endroits de son épître aux Romains et dans celle aux Galates. Ils prétendaient que pour être sauvé il fallait à la foi en Jésus-Christ joindre l’observation des ordonnances lévitiques.

Saint Jérome a cru qu’ils étaient les mêmes que les Ebionites, qui parlaient fort mal de Saint Paul, en le traitant d’apostat de la loi. On peut consulter la 74e lettre de saint Jérome écrite à Saint Augustin.

Nous condamnons et nous rejetons donc toutes ces opinions erronées. Attentifs à prêcher l’évangile dans sa pureté, nous enseignons que:


c’est par Jésus-Christ seul et non par la loi, que les Fidèles seront justifiés.


La doctrine de l’évangile n'est pas nouvelle, mais très ancienne.

La doctrine de l’évangile, comparée avec celle de la loi, telle que l’enseignaient les Pharisiens, a pu, il est vrai, paraître nouvelle la première fois que Jésus-Christ la prêcha. Aussi Jérémie avait-il prédit une nouvelle alliance (Jér. XXXI. 31.).

Cependant cette doctrine était la plus ancienne qu’il y ait eu dans le monde.

Si l’église Romaine traite encore de nouvelle notre doctrine, elle ne l'est qu’à leur égard, et si on la met en parallèle avec celle qui est reçue parmi eux.

Dieu avait en effet décrété DE TOUTE ÉTERNITÉ de sauver le genre humain par Jésus-Christ.

C’est par l’évangile qu’il a manifesté aux hommes ce dessein éternel.

Il suit de là que la doctrine évangélique est de toutes celles qui ont jamais été et qui sont et qui seront la plus ancienne.

C’est par là même s’abuser et parer d’une manière indigne du décret éternel de Dieu, que de regarder notre doctrine évangélique comme une nouveauté, en soutenant, que notre foi n’a commencé que depuis peu et à peine depuis trente ans.

Ne pourrait-on point appliquer ici ce qu’a dit le Prophète Ésaïe: malheur à ceux, qui appellent le mal bien, et le bien mal, qui traitent les ténèbres de lumière et la lumière de ténèbres, et pour qui l’amer est doux et le doux est amer (Ésaïe V. 20.).



- Table des matières -