Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LE COMPTE DE NOS JOURS

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En voyant approcher la fin d’une année, les enfants du siècle, qui, en général, ne manquent pas de prudence dans leurs affaires, cherchent à les mettre en ordre et à régler leurs comptes, désireux qu’ils sont de savoir à quoi s’en tenir sur l’état de leur fortune. Ceux-là mêmes qui aimeraient mieux rester dans le vague à cet égard, parce que l'examen de leurs affaires ne leur offre rien de satisfaisant, sont aussi forcés de régler leurs comptes; et ils le sont, parce que leurs créanciers l’exigent, et disent avec cet homme dont il est parlé dans l’Évangile: Paie-moi ce que tu me dois. (Matth. XVIII. 28.)

Eh bien! réglez vos comptes pour les affaires de cette vie qui passe; oui, réglez-les; car c’est un devoir prescrit par la sagesse d’en haut aussi bien que par celle de ce monde;

mais n’oubliez pas que vous avez à régler un compte tout autrement important; un compte qu’il faudra de toute nécessité régler une fois;

un compte que vous pouvez être appelés à régler dans peu, demain, cette nuit, aujourd’hui peut-être, et qui:

S’IL N’EST PAS RÉGLÉ À VOTRE AVANTAGE, ENTRAÎNE LA RUINE ÉTERNELLE DE VOS ÂMES.


Oh venez! venez, je vous en supplie, vous occuper quelques moments de ce compte solennel, et écouter les conseils d’un ami de vos âmes qui, au nom de Celui avec qui vous avez à faire, et sa Parole en main, vient vous enseigner à faire le compte de vos jours, de manière à ce que vous en ayez un coeur rempli de sagesse.

Mais comme Dieu seul peut faire pénétrer dans vos cœurs la lumière qu’il va mettre devant vos yeux, demandez-lui avec moi:

qu’il vous enseigne la sagesse dans le secret de vos cœurs (Ps. LI. 6.)

qu’il vous rende sages à salut par la foi qui est en Jésus-Christ; (2 Tim. III. 15.)

et qu’ainsi vous soyez retirés de cette multitude qui suit le chemin large, (Matth. VII. 13.) ayant les yeux fermés et le coeur occupé de folies (Eccl. IX. 3.) et qui meurt sans être sage! (Job. V. 2.)


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Pour compter ses jours de manière à en avoir un coeur rempli de sagesse, il faut:


Être bien pénétré de cette vérité QU’IL Y A UN COMPTE À RENDRE, et que Dieu a arrêté un Jour où il doit juger selon la justice le monde universel, (Actes XVII. 31.) et par conséquent VOUS AUSSI qui lisez ces paroles.

Oui, sachez qu'il y a un jugement. (Job XIX. 29.)

Sachez qu’un jour viendra où vous-mêmes ayant rendu le dernier soupir et quitté pour toujours la figure de ce monde, (1 Corth. VII. 31.) VOUS VOUS TROUVEREZ FACE À FACE AVEC LE JUGE DE TOUTE LA TERRE!


Dans ce grand jour, le Fils de l'homme viendra dans sa gloire avec tous les saints anges, et il s'asseyera sur le trône de sa gloire, toutes les nations seront assemblées devant lui, (Matth. XXV. 31.) et chacun rendra compte à Dieu pour soi-même. (Rom. XIV. 12.)

Dans ce grand jour:

nul ne sera oublié;

nul n’aura été assez grand pour être dispensé de rendre compte,

nul n'aura été assez petit pour être négligé.

Il nous faut TOUS comparaître, (2 Corinth. V. 10.) dit la Parole de Dieu; les rois de la terre, les grands, les riches, les officiers de guerre, et les puissants; tous les hommes esclaves et libres. (Apoc. VI. 15.)

Je vis, dit l’apôtre Jean, les morts grands et petits qui se tenaient devant Dieu; la mer rendit les morts qui étaient en elle, la mort et le sépulcre rendirent aussi les morts qui étaient en eux; et CHACUN FUT JUGÉ. (Apoc. XX. 13.)


VOUS LE SEREZ DONC AUSSI, je vous le répète, vous à qui je parle en ce moment; vous aussi, vous verrez le Fils de l’homme venant sur une nue, avec une grande puissance et une grande gloire; (Luc XXI. 27.) vos yeux le verront, et non un autre. (Job XIX. 27.)

C’est là une vérité sur laquelle il semble qu’un homme qui prend le nom de chrétien ne devrait pas élever le moindre doute, puisqu’elle est publiée avec tant de force dans la Parole de Dieu, et que la conscience en rend témoignage même aux Gentils, comme le déclare l’apôtre. (Rom. II. 15.)

Mais c’est là une vérité dont on aime douter, qu’on aimerait anéantir si on le pouvait, parce qu'elle condamne et qu’elle gêne.

Tandis que la conscience, d’accord avec l’Écriture, nous crie: Après la mort suit le jugement; (Héb. IX. 27.) le coeur incrédule et mauvais dit, avec les impies du temps jadis:

L’Éternel ne nous fera ni bien ni mal; l’accident qui arrive aux hommes et l’accident qui arrive aux bêtes, est un même accident; telle qu’est la mort de l’un, telle est la mort de l'autre. (Eccl. III. 19.)


Mangeons et buvons, car demain nous mourrons!

(1 Corth. XV. 32.)


EH BIEN! MANGE ET BOIS, HOMME INSENSÉ; marche comme ton coeur te mène et selon le regard de tes yeux, mais sache que pour toutes ces choses Dieu t'amènera en jugement. (Eccl. XII.1 et suiv.)

C’est la Parole de Dieu qui le déclare, cette Parole qui s'accomplira jusqu’à un trait de lettre, (Matth. V. 18.) et penses-tu, ô homme, que tu puisses échapper au juste jugement de Dieu? (Rom. II. 3.)

Non, toi-même tu ne le penses pas, tu n’as pas pu encore t'en persuader!

Le malaise que tu ressens en entendant résonner à tes oreilles l’annonce de ce grand jour, et les sommations qu’on t’adresse au nom de ton Juge;

Le mécontentement que te donne un discours sérieux,

L'éloignement que tu éprouves pour la pensée de la mort présentée avec force, et tenue devant tes yeux;

Le besoin que tu as de t’étourdir et de vivre hors de toi-même:

Ce sont là tout autant de preuves que tu trembles en secret à la pensée d’un jugement auquel tu es forcé de croire en dépit de toi-même, et dont tu ne te moques que par UNE FAUSSE BRAVADE, et POUR DISSIMULER LA FRAYEUR QU’IL T’INSPIRE.


Mais à quoi tout cela aboutira-t-il?

ANÉANTIRAS-TU LE JUGEMENT EN N’Y PENSANT PAS, ou renverseras-tu le trône de Dieu en le défiant?

Tous ceux qui, avant toi, ont suivi cette voie de légèreté et d'incrédulité, ont passé les uns après les autres; et chacun d'eux a comparu à son tour.

L'Éternel, assis sur son trône inébranlable, attend de même pour le jour marqué tous ces pauvres mortels qui, en traversant ce monde pour se rendre devant son tribunal osent l'outrager en passant; et par cette seule parole: Fils des hommes, retournez! Il abattra leur orgueil jusque dans la poussière.


Tu fais rentrer les hommes dans la poussière,

Et tu dis: Fils de l’homme, retournez!

(Ps. XC. 3.)


Les bouches les plus hardiment impies seront fermées, les langues les plus affilées deviendront muettes; alors glacé, immobile, et enfermé dans sa bière (son cercueil), le plus audacieux prendra un aspect bien chétif, et par ce spectacle criera d’une voix bien énergique:

Qui est-ce qui a résisté à Dieu et qui s’en est bien trouvé? (Job IX. 4.)

Dieu est sage de coeur et puissant en force, et nul ne peut délivrer de sa main. (Deut XXXII. 39)

TOI donc, pauvre mortel, qui jusqu'ici a bravé le jugement de Dieu; soit ouvertement, soit dans le secret de ton coeur;

TOI aussi qui t’en ai peu soucié et qui l'as mis en oubli:


PENSES-Y AVANT QU'IL SOIT TROP TARD; et déplorant l’incrédulité et la légèreté de ton coeur,

PRIE ce Dieu qui aujourd'hui t’adresse un miséricordieux appel,

PRIE-LE de te rendre la pensée de son jugement si vive et si présente, qu’elle soit pour toi un aiguillon contre lequel tu ne puisses regimber.


Ce pas est le PREMIER qu'il te faut faire, par sa grâce; pour appendre à tellement compter tes jours que tu en aies un coeur rempli de sagesse.


Pour bien compter nos jours, il faut ensuite EXAMINER COMMENT NOUS LES AVONS EMPLOYÉS JUSQU’À PRÉSENT, et faire le compte de notre vie comme Dieu le ferait si nous paraissions aujourd'hui devant son tribunal.

Mais ici encore, il faut que Dieu lui-même nous enseigne à avoir un coeur sage; il faut qu'il lève ce voile qui est sur nos yeux, et qui nous cache ce que nous sommes à ses yeux:


LUI QUI SONDE LES CŒURS

ET QUI NE JUGE PAS COMME JUGE L’HOMME MORTEL.


Hélas! livrés à nous-mêmes, nous nous méconnaissons de la manière la plus étrange.

Accoutumés à nous juger que sur des dehors trompeurs, et à croire que nous sommes ce que nous paraissons ou ce que nous voudrions paraître;

Accoutumés à nous repaître de la bonne opinion que nous pensons qu’on a de nous;

Ne nous mesurant que sur les maximes et les lois des hommes;

Ignorant l’étendue de la loi de Dieu et la corruption de notre coeur; nous croyons pouvoir, jusqu’à un certain point, nous justifier devant Dieu et lui rendre un compte satisfaisant.

Si nous confessons avoir des péchés, nous parlons aussi de nos vertus et nous croyons qu’en nous le mal est tout au moins compensé par le bien! Là-dessus, nous nous tranquillisons, et nous marchons tête levée, tandis qu’il faudrait trembler, et s’anéantir humilié jusque dans la poussière.

Oh qu’elles sont dures à la chair! qu’elles sont impossibles à recevoir, tant que le Saint-Esprit ne nous a pas convaincus de péché, ces déclarations humiliantes de la Parole de Dieu qui nous dit que:


le coeur est rusé et désespérément malin par-dessus toute chose, (Jér. XVII. 9.)

qu'en nous il n’habite point de bien, (Rom. VII. 18.)

que l’affection de la chair, c'est-à-dire notre inclination naturelle, est ennemie de Dieu, car elle ne se soumet pas à la loi de Dieu et elle ne le peut; (Rom. VIII. 7.)

qu'il n’y a personne qui ait de l’intelligence et qui cherche Dieu, (Rom. III. 11.)

que toute bouche sera fermée; que tout le monde sera reconnu coupable devant Dieu, (Rom. III. 19.)

c’est pourquoi personne ne sera justifié devant Lui par les œuvres de la loi car comment l’homme mortel se justifierait-il devant le Dieu fort? Rom. III. 19-20.)

Si Dieu veut plaider avec lui de mille articles il ne saurait lui répondre sur un seul. (Job IX. 2-3.)


Si on souffre ces déclarations comme de simples formules d’usage qu’on peut répéter dans certaines prédications et dans certaines circonstances; si on les souffre sans QU’ON NE LES PRENNE À LA LETTRE et qu’on ne se les applique pas sérieusement:

le coeur les repousse, il s'en scandalise, il s’en irrite, lorsque Dieu accorde à ses serviteurs de les faire parvenir avec force et avec vie jusqu’à notre âme, et lorsqu’en nous parlant de l’homme comme ennemi de Dieu (Rom. V. 10.), ils nous disent: TU ES CET HOMME-LÀ? (2 Sam. XII.7.)


Cependant, tout cela est vrai, ENTIÈREMENT VRAI, car tout cela est sorti de la bouche de ce Dieu qui nous sonde, qui nous connaît, et qui aperçoit de loin notre pensée, (Ps CXXXIX. 1-2.) de la bouche de ce Dieu qui n'a pas besoin qu’on lui rende témoignage d’aucun homme, parce qu’il sait lui-même ce qui est dans l’homme. (Jean II. 25.)

Il faut donc nous mettre en face de son jugement, EN PRENANT POUR NOUS EXAMINER LA RÈGLE SUR LAQUELLE IL NOUS JUGERA UN JOUR, savoir:

sa loi parfaite, (Ps. XIX. 7.)

son commandement qui est d’une grande étendue, (Ps. CXIX. 96.)

sa Parole sainte qui juge des pensées et des intentions du coeur, (Héb. IV. 12.)

qui tient pour meurtrier celui qui hait son frère, (1 Jean III. 15.)

pour adultère celui qui regarde une femme avec convoitise, (Matt. V. 28.)

pour idolâtre l’avare  (Col. III. 5).


Il faut se juger sur cette loi qui dit:

Maudit soit celui qui ne persévère pas dans les paroles de cette loi pour les faire, (Deut. XXV. 26.)

sur cette loi qui nous dit: si quelqu'un observe toute la loi, et qu'il vienne à pécher dans un seul commandement, il est coupable de tous; car celui qui a dit: Tu ne commettras point adultère, a dit aussi: Tu ne tueras point. Si donc tu ne commets pas adultère, mais que tu tues, tu es transgresseur de la loi. (Jacques II. 10-11.)

Il faut se juger sur cette loi qui ne permet pas de soustraire à l’obéissance de Dieu la moindre partie de notre vie et de notre être.

Sur cette loi qui nous fait nous envisager comme de simples dispensateurs de nos biens, de nos talents, de nos forces, de nos places, et qui NOUS MET TOUTE CHOSE EN MAIN COMME UN DÉPÔT QU'IL FAUT FAIRE VALOIR AU PROFIT DE NOTRE MAÎTRE, lequel un jour nous en fera rendre compte. (Matth. XXV.19.)

Il faut se juger enfin sur cette loi qui a pour premier commandement d’aimer Dieu de tout son coeur, de toute son âme et de toute sa pensée (Matth. XXII. 37.).

Il veut, en conséquence, que nous rapportions à Lui TOUTES nos actions, en sorte que, soit que nous mangions ou que nous buvions, où que nous fassions quelque autre chose, nous fassions tout pour la gloire de Dieu (1 Corinth. X. 31.).


À cette lumière de la loi de Dieu; repassez toute votre vie, calculer l’emploi que vous avez fait de tout ce que Dieu vous a confié, et dont vous devez lui rendre compte.

Il y a peut-être vingt, trente, quarante ans ou plus, que vous êtes au monde, chaque année renferme un grand nombre de jours, et chaque jour bien des heures. Et dans une seule heure:

combien de pensées et de sentiments peuvent se succéder dans une âme!

combien de paroles peuvent être prononcées!

combien d’actions peuvent être faites!


Cependant réfléchissez: chaque pensée, chaque sentiment, chaque action qui a un motif, est nécessairement:

contraire ou conforme, à la volonté de Dieu;

qu’elle est une désobéissance ou un acte de vertu;

une offense faite à Dieu ou un hommage rendu à Sa Majesté.

Maintenant, dites-nous combien vous croyez qu’il y ait eu de preuves, de sentiments, de paroles et d’actions parmi toutes celles dont votre vie se compose qui puissent être regardées comme purs, qui aient été faites VÉRITABLEMENT EN VUE DE DIEU, par amour pour Lui, et par zèle pour sa gloire?


PENSEZ que Celui, en présence duquel vous faites cet examen, est:

un Dieu qui ne peut être moqué (Gal. VI. 7.),

un Dieu qui connaît les desseins des coeurs et qui met en évidence les choses cachées dans les ténèbres (I Cor IV, 5.);

un Dieu qui vous a sondé et connu (Ps. CXXXIX. 1.) en tout temps et en tout lieu, qui vous a tenu serré par derrière et par devant, (Ps. CXXXIX. 5.) et dont l’œil a été ouvert sur tout votre train de vie qui ne lui est point caché.

PENSEZ que Dieu peut se rappeler toutes vos pensées les plus secrètes, répéter toutes vos paroles, et ranger par ordre toutes vos actions qui sont devant Lui comme si aujourd’hui même elles eussent été faites.

PENSEZ qu'en sa présence vous ne pouvez pas, comme en présence de l’homme mortel qui ne connaît ni votre coeur ni votre vie secrète, user de déguisement et vous montrer différent de ce que vous êtes.

Ce Dieu qui fouille Jérusalem avec des lampes (Soph. I. 12.) selon l’expression d’un prophète, peut dévoiler tous vos mensonges; il peut vous arrêter, au milieu de vos fausses justifications en vous disant comme à la femme d’Abraham: Cela n’est pas? Sara mentit, en disant: Je n’ai pas ri. Car elle eut peur. Mais il dit: Au contraire, tu as ri. (Ge. XVIII. 15)

Il peut vous nommer le jour, l’heure, le lieu:

où vous commîtes telle action contraire à sa loi;

où vous eûtes telle suite de pensées condamnables;

où vous dites tant de paroles répréhensibles;

où vous déchirâtes en secret la réputation de votre prochain;

où la légèreté, la folie, peut-être même la licence, souillèrent vos lèvres.


En présence de ce Dieu infiniment saint, et devant qui TOUTES CHOSES SONT NUES ET ENTIÈREMENT À DÉCOUVERT, (Héb. IV. 13.) qu’êtes-vous?

Que sont vos justices? et qu’auriez-vous à prétendre si dans ce moment il vous disait: Rends compte de ton administration (Luc XVI. 2)?


Je comprends que cet examen vous déplaît, que votre chair y répugne, qu’elle fera tout pour y échapper. Je sais que l’orgueil de l’homme repousse le miroir qu’on lui présente et qui lui montre son visage naturel (Jacques I. 23.).

Mais je sais que Dieu est puissant pour vaincre ces répugnances, pour porter sa lumière dans vos coeurs, pour vous donner le désir et la bonne foi de vous juger comme il vous jugera Lui-même.

Je sais que sans Lui vous ne le ferez jamais, et que si vous ne le faites pas, vous mourrez dans votre péché (Jean VIII. 24.).

Fléchissez donc devant Lui les genoux de votre coeur; demandez-Lui qu’à cet égard encore II vous enseigne à tellement compter vos jours, que vous en ayez un coeur rempli de sagesse.

Dites-Lui: Combien ai-je d’iniquités et de péchés! Montre-moi mon crime et mon péché. (Job XIII. 23.)


Après avoir examiné le passé et avoir vu combien il vous est impossible d’en rendre compte, calculez l’avenir pour en sentir l’incertitude, et comprendre que, SANS PERDRE DE TEMPS, vous devez régler votre compte avec Celui avec qui vous avez à faire.

Ici, le calcul est facile et bientôt fait.

Quel chiffre oseriez-vous mettre pour exprimer le nombre de jours que vous êtes assurés de passer encore sur cette terre?

Pas même celui qui exprime la plus petite unité! Le bois dont on doit faire votre cercueil est peut-être déjà prêt!

Notre souffle n'est pas en notre puissance, nos jours sont comptés (Job XIV. 5.) et leur nombre est un secret, dont le Père s'est réservé à lui seul la connaissance.

Quant au jour, personne ne le sait, sinon le Père (Matth. XXIV. 36.)

C'est en sa main qu'est l'âme de tout ce qui vit, et l'esprit de toute chair humaine. (Job XII. 10.)

Le riche disait: mon âme, tu as des biens en réserve pour plusieurs années, repose-toi, mange, bois, et te réjouis; mais Dieu lui dit: INSENSÉ, CETTE NUIT MÊME TON ÂME TE SERA REDEMANDÉE! (Luc XII. 19-20.)

Rien n'est si ordinaire que de voir mourir des gens que la mort surprend au moment où il s’y attendaient le moins:

dans la force de l’âge;

au sortir d’un repas;

en se préparant à une fête ou en en sortant;

en faisant leurs affaires;

au milieu de leurs projets.


L'incertitude de la vie est une vérité si communément avouée qu'elle en est devenue triviale.

Le monde, tout monde qu’il est, ne peut s'empêcher de répéter aussi quelquefois que la vie est courte; qu’elle est incertaine, qu’on ne sait quand on peut mourir, et il trouve sage que les affaires du temps présent soient réglées en conséquence.

Mais, hélas! ce pauvre monde ne sait pas tirer de ces vérités la seule conséquence vraiment utile; il n'en apprend pas à avoir un coeur sage, à FAIRE AU PLUS TÔT SA PAIX AVEC DIEU et à s'accorder avec sa partie adverse pendant qu'il est en chemin avec elle. (Matth. V. 25.)

Quand l'homme inconverti parle de la brièveté de la vie, c'est pour lui un discours mais non pas une conviction; ce sont des mots que l'on répète par habitude, sans en sentir toute la vérité, et surtout SANS EN FAIRE L'APPLICATION À SOI-MÊME.


ON PARLE D'UNE MANIÈRE; ON PENSE ET L’ON AGIT D'UNE AUTRE.


On dit que la vie est courte et incertaine, mais on s’en promet une longue.

On ne croit presque jamais mourir le jour ou l’on est, ni même dans la semaine, le mois, ou l'année que l’on parcourt; et dans un certain sens, le diable parvient à nous persuader comme à nos premiers parents, que nous ne mourrons nullement! (Gen. III. 4.)

Il faut donc encore ici que Dieu ôte l’illusion qui est sur nos yeux, et qu’il nous enseigne à tellement compter nos jours, que nous en ayons un coeur rempli de sagesse. (Ps. XC. 12.)

Il faut lui dire avec David:

Éternel! donne-moi à connaître ma fin, et quelle est la mesure de mes jours: fais que je sache de combien petite durée je suis. (Ps. XXXIX. 4.)


Pour bien compter ses jours, il faut encore calculer ce qu’est le temps de la vie, COMPARÉ À L’ÉTERNITÉ, afin de sentir la folie de sacrifier aux courtes jouissances du présent siècle, le salut éternel de son âme.

Il faut bien peser cette question sérieuse que Jésus-Christ adressa un jour à ceux qui le suivaient:


Que servirait-il à un homme de gagner le monde entier,

s’il faisait la perte de son âme?

Car que donnera l’homme en échange de son âme?

(Matth. XVI. 26.)


Qu’était pour le riche misérablement tourmenté dans les flammes une vie passée dans les festins, le luxe et la mollesse, et à laquelle avait succédé une éternité de malheur?

Au lieu des éloges qu’on donnait autrefois à sa magnificence, pendant qu’on le loue peut-être encore sur la terre de s’être fait du bien (Ps. XLIX. 18.), LA HONTE ET L'INFAMIE ÉTERNELLES lui sont échues en partage:

à la bruyante et folle gaieté ont succédé les pleurs et les grincements de dents; (Matth. VIII. 12.)

aux plaisirs sensuels et à la mollesse, le ver qui ne meurt point, le feu qui ne s’éteint point (Marc IX. 46.) et les tourments dont la fumée montera aux siècles des siècles. (Apoc. XIV. 11.)

Ceux qui croient à ces choses et qui se conduisent en conséquence, sont taxés d’exagération et de folie par un monde incrédule, pour qui le présent est tout, et qui limite à cette courte vie ses craintes et ses espérances.

Mais celui que Dieu a tiré des ténèbres de l’incrédulité; celui à qui il a donné de regarder non aux choses visibles qui ne sont que pour un temps, mais aux invisibles qui sont éternelles (2 Corinth. IV. 18.) celui-là, sentant profondément qu’une seule chose est nécessaire, (Luc X. 42.) regarde comme plongé dans la plus déplorable folie, un monde qui s’obstine à courir après des vanités d’un jour, tandis qu’il néglige le salut de son âme, et qu’il se joue de l'éternité.

Oui, enfant du siècle qui travaille uniquement pour ce monde; tu es habile, j’en conviens, dans tes calculs pour les choses de la vie présente; tu as bien concerté tes plans de fortune, d’élévation, d’établissement; tu es prudent dans tes affaires, (Luc XVI. 8.).


Mais je veux te demander À QUOI TOUT CELA ABOUTIRA-T-IL, et si tu as prévu quelle en sera la dernière fin?

N’est-il pas vrai qu’après avoir amassé et joui, il faut toujours arriver à un terme, et... MOURIR?

Et à la mort, que te restera-t-il, à part un cercueil et un drap mortuaire, de toutes les choses que tu auras aimées, poursuivies, et possédées?

De quelque manière que tu calcules TU NE PEUX ÉVITER D'EN VENIR LÀ, il n'y a point de pacte avec la mort; et ces mots: PUIS IL MOURUT, (Genèse V. 5 et suivants.) terminent l’histoire de tous ceux qui ont figuré sur cette terre, comme ils termineront aussi la tienne.


Arrivé à ce dernier terme, tu verras s’évanouir comme une fumée, tes biens, tes places, tes plaisirs, en un mot, le monde avec sa convoitise, (1 Jean II. 17.) ton cadavre deviendra un objet d’horreur pour ceux mêmes à l’affection desquels tu attachas le plus de prix, ton souvenir s’effacera bientôt de dessus la terre, et ton nom se perdra, avec le temps, dans le même oubli où tant d’autres se sont perdus avant toi.

Comme une montagne en tombant s’éboule, comme un rocher est transporté de sa place, comme les eaux minent les pierres, et entraînent par leur débordement la poussière de la terre, avec tout ce qu’elle a produit; ainsi, Ô Éternel! Tu fais périr l’attente de l'homme mortel.

Tu te montres toujours plus fort que lui, et il s’en va; et lui ayant fait changer de visage tu l’envoies au loin; ses enfants seront avancés et il n’en saura rien; ou ils seront abaissés et il ne s’en souciera point? (Job XIV 18-21.)

Où seront alors les choses que l’enfant du siècle aura attendues, et qui est-ce qui verra les choses qui ont été l’objet de son attente? (Job XVII 15-16.)

Elles descendront au fond du sépulcre et reposeront avec lui dans la poussière.

Tandis que tout ce qu'il croyait tenir lui échappe, son âme qui est la seule chose qui lui reste, son âme immortelle périt pour jamais; elle est pour jamais repoussée loin de Dieu:


L'AFFLICTION ET L'ANGOISSE (Rom. II. 9.) SONT POUR JAMAIS SON PARTAGE...


POUR JAMAIS! comprenez-vous bien la valeur de ces mots?

Plus d’espérance, plus de retour! Point de fin à la plus grande des misères! ...

Ah! si une telle pensée ne vous amène pas à faire quelque retour sérieux sur vous-mêmes, si elle ne produit pas quelque frémissement en votre esprit, quelque tremblement dans vos os; si le monde avec tout ce qu’il a de plus attrapant, ne vous paraît pas vanité des vanités (Eccl. I. 2.) en face des jours éternels; alors, en m'étonnant avec Jésus de votre incrédulité, (Marc VI. 6) je ne puis que m’écrier dans l'angoisse que j'éprouve pour vous:

«Mon Dieu! mon Dieu! éclaire ces pauvres aveugles, et que ta grâce touche et amollisse des coeurs si endurcis!»


Mais si quelque pensée vraiment sérieuse: est entrée dans votre âme en considérant des choses; si la pensée de l’éternité vous a saisis, et que vous sentiez maintenant l’importance du compte de vos jours; alors priez, priez ce Dieu de miséricorde, qui déjà en cela, a daigné bénir votre âme, de rendre cette impression et profonde et durable.

Priez-le de surmonter votre légèreté et votre incrédulité: dites-lui avec David:

Ô Éternel! transperce mes reins de ta crainte!

Ô Dieu! fais que la solennelle pensée de l’éternité reste si fortement imprimée dans mon âme, que je sente que tout est mal pour moi, tant que mon sort éternel n’est pas assuré, tant que je n’ai pas fait le compte de mes voies.


Enseigne-moi à tellement compter mes jours,

que je puisse en avoir un coeur rempli de sagesse.


Enfin, pour bien faire votre compte, il faut le conclure, et le conclure sagement; et voici comment vous le conclurez; si, encore ici, mon Dieu daigne vous enseigner  ; vous direz:

Puisqu’il y a un jugement, où je dois comparaître;

Puisqu’il décidera de mon sort éternel, qui est d’une importance infinie;

Puisque le jour de demain n’est pas en mon pouvoir;

Puisque le passé a été tel que je ne puis en rendre un compte satisfaisant à aucun égard;

AUJOURD’HUI MÊME, JE VEUX CHERCHER si ce grand Dieu que j’ai offensé daignerait m’ouvrir quelque moyen de rentrer en grâce avec Lui.


Ah! plaise à Dieu, chères âmes qui m’écoutez, oui, plaise au Dieu de toute compassion, que quelques-unes de vous tiennent en sincérité ce langage!

Car alors, j’aurai une bonne nouvelle à leur annoncer, une nouvelle qui est un grand sujet de joie pour tous ceux que Dieu appelle à être de son peuple, c’est que le Sauveur, qui est le Christ le Seigneur, leur est né. (Luc II. 10-11.)

C'est que Dieu nous a suscité un puissant Sauveur pour nous délivrer de la main de tous nos ennemis; (Luc I. 69. 74.)

UN SAUVEUR qui à tout accompli (Jean XIX. 30.) pour les siens;

UN SAUVEUR qui a été fait malédiction pour les racheter de la malédiction de la loi; (Gal. III. 13.)

UN SAUVEUR en qui Dieu leur a pardonné toutes leurs fautes, ayant effacé l’obligation qui était contre eux, et l’ayant entièrement annulée en l’attachant à la croix, (Col. II. 13-14)

Et ce SAUVEUR, il sauve pour toujours tous ceux qui s’approchent de Dieu par lui. (Héb. VII. 25.)


L’âme qui croit en Lui, l’âme qui regarde vers Lui pour être sauvée, l’âme qui reçoit le témoignage de Dieu quand il déclare qu’il donne la vie éternelle, et que cette vie est en son Fils; (1 Jean V. 11.) cette âme-là reçoit aussi du Père qui ne peut mentir, et qui parle par l’Esprit de vérité, cette consolante et ferme promesse: QUI A LE FILS A LA VIE. (1 Jean V. 12.)

Je vous écris ces choses à vous qui croyez au nom du Fils de Dieu, afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle. (1 Jean V. 13.).

Si donc il vous est donné par le Père d'aller à Jésus pour avoir la vie (Jean V. 40.); si vous dites sincèrement; À qui m'en irais-je qu’à lui. Il a seul les paroles de la vie éternelle (Jean VI. 68); alors, réjouissez-vous au Seigneur, je vous le dis encore, réjouissez-vous (Philipp. IV. 4.) Votre compte est réglé; la dette énorme que vous aviez devant Dieu est acquittée; C’EST LUI-MÊME QUI VOUS LE DÉCLARE:

Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu; parlez à Jérusalem selon son coeur, dites-lui que son temps marqué est accompli, que son iniquité est tenue pour acquittée, qu'elle a reçu de l'Éternel le double pour tous ses péchés. (Ésaïe XL 1-2.)

Vous pouvez donc vous appuyer sur les promesses de Dieu qui sont toutes OUI ET AMEN en Christ, à la gloire de Dieu par Lui, (2 Corinth. I. 20) avoir confiance pour le jour du jugement (1 Jean IV. 17.) et être assurés que puisque vous êtes en Christ, il n’y a plus de condamnation pour vous. (Rom. VIII. 1)


Non, plus de craintes, plus d’alarmes, plus de terreur en pensant au jugement


Lorsque la voix de l’archange et la trompette de Dieu auront donné le signal (1 Thess. IV. 16.), le Seigneur Jésus, venant du ciel, paraîtra avec les anges de sa puissance, pour être glorifié dans ses saints et pour se rendre admirable en ce jour-là en tous ceux qui auront cru; et en vous aussi, car vous avez ajouté foi au témoignage que nous vous en avons rendu. (2 Thess. I. 7, 10.)

Loin de fuir à la voix de ce glorieux Sauveur, vous serez comblés de joie lorsque sa gloire se manifestera (1 Pierre IV. 13.).

Vous vous écrierez: Viens, Seigneur Jésus, viens! (Apoc. XXII. 20.) et avec tous ses élus, vous serez tous enlevés ensemble dans les nuées au-devant du Seigneur en l'air, et ainsi nous serons TOUJOURS avec le Seigneur (1 Thess. IV. 17).

Maintenant donc, vous dirai-je avec l’apôtre, demeurez en Lui, afin que, quand II paraîtra, vous ayez de la confiance et que vous ne soyez point confus à son avènement. (1 Jean II. 28.)

Qu'à l'avenir le compte que vous ferez chaque jour de vos iniquités, vous ramène toujours à Jésus comme à Celui qui est toute notre justice, (1 Corinth. I. 30.) et dont la grâce suffit (2 Corinth. XII. 9.) à tout.

À l'avenir, NE COMPTEZ JAMAIS vos péchés qui n'abonderont encore que trop, SANS CALCULER AUSSI LES IMMENSES RICHESSES DE SA GRÂCE QUI ABONDE PAR DESSUS (Eph. II. 7; Rom. V. 20.).


Je suppose maintenant, qu’ayant été ainsi, amenés à Jésus, vos pas soient désormais conduits dans le chemin de la paix; (Luc I. 79.) et que vos âmes puissent se réjouir en Dieu qui est leur Sauveur (Luc I. 47.).

Dès lors commence pour vous un nouveau compte de vos jours, dans lequel l'Esprit de Christ sera votre guide et votre force.

Dès lors, bourgeois des cieux (Philip. III. 20.) et concitoyens des saints (Eph. II.19.), vous sentirez que vous devez vous préparer pour votre nouvelle patrie, et apprendre à faire sur la terre la volonté de votre Dieu, comme vous êtes destinés à la faire éternellement dans le ciel.

Rachetés de Christ, vous sentirez par son Esprit qui habite en vous (Rom. VIII. 11.) que vous n’êtes plus à vous-mêmes, et que vous devez glorifier Dieu dans vos corps et dans vos esprits qui lui appartiennent (1 Corinth. VI. 19-20.)

Appelés par votre Maître à être le sel de la terre et la lumière du monde (Matth. V. 13-14.) vous devrez, selon l'exhortation de l’apôtre, vous étudier à être sans reproche, sans tache, enfants de Dieu, irrépréhensibles au milieu de la race dépravée et perverse, parmi laquelle vous brillez comme des flambeaux dans le monde, y portant la Parole de vie (Philip II. 15.).

Votre tâche est importante, vos instants sont précieux; et plus que jamais vous devrez les compter avec sagesse.

Mais Dieu seul peut vous donner la force de les compter ainsi.


Quand sa Parole ne vous le dirait pas, l’expérience du passé devrait vous apprendre suffisamment, que par vous-mêmes vous êtes sans force, (Rom. V. 6.) et incapables d’aucune résolution ferme et durable; que du mauvais trésor de votre coeur naturel, vous ne pouvez tirer que de mauvaises choses; (Matth. XII. 35.) et qu'il faut recevoir de Dieu un esprit nouveau et un coeur nouveau, (Ez. XXXVI. 26.) pour pouvoir mener une nouvelle vie.

Fortifiez-vous donc au Seigneur, et par sa force toute-puissante, et revêtez-vous de toutes les armes de Dieu, afin que vous puissiez résister aux mauvais jours, et ayant tout surmonté, demeurer fermes. (Eph. VI. 10-13.)

Ce n’est qu'en faisant en tout temps, par l’Esprit, toutes sortes de prières et de supplications, et veillant à cela avec persévérance (Eph. VI. 18.).

Ce n’est qu’en disant habituellement avec David:

J’élève mes yeux vers les montagnes d’où me viendra le secours; mon secours vient de l’Éternel, qui a fait les cieux et la terre (Ps. CXXI. 1-2.)

Ce n’est qu’en répétant avec lui:

Éternel! détourne mes yeux, qu’ils ne regardent à la vanité (Ps. CXIX. 37.). Mon âme est attachée à la poudre, fais-moi revivre selon ta Parole (Ps. CXIX. 25.).

Ce n’est qu’en vous déliant continuellement de vous-mêmes et en recherchant en tout temps l'Éternel et sa force (Ps. CV. 4.) que vous pourrez compter vos jours avec un coeur rempli de sagesse.


Hélas! sachez-le bien, ce n’est pas tout à la foi que tombent toutes les illusions du péché et toute sa puissance sur notre âme. Il semble que Dieu ait dit de nos ennemis spirituels ce qu’il disait aux Israélites en parlant des peuples dont ils devaient posséder le pays:

L'Éternel ton Dieu arrachera peu à peu ces nations de devant toi et tu n'en pourras pas d'abord en venir à bout (Deut. VII. 22.)

L'enfant de Dieu a encore en lui la chair qui convoite contre l'Esprit, (Gal. V. 17.) et qui sans cesse tend à nous rattacher par quelque lien au monde et à ses vanités. Notre esprit, encore léger, se laisse facilement distraire et préoccuper par les objets terrestres; nous sommes encore portés à nous figurer la vie plus longue qu'elle ne l'est réellement, et à voir les choses éternelles dans un lointain qui en affaiblit l'impression, et en diminue à nos yeux la réalité.

Le diable qui nous a tenus longtemps sous son empire et qui connaît les endroits les plus faibles de notre coeur, nous tend avec une ruse et une persévérance déplorables, des pièges de toute espèce afin que la lassitude d'un combat tous les jours renouvelé nous jette dans l'abattement et le sommeil comme les apôtres qui, pendant l’agonie de leur Maître, dormaient de tristesse. (Luc XXII. 45.)

Pour vaincre, au milieu de tant de difficultés, pour compter sagement ses jours, il faut donc, je ne saurais trop le répéter, s'appuyer uniquement sur la force de son Dieu, sur sa fidélité à tenir ses grandes et précieuses promesses par lesquelles sa divine puissance nous a donné tout ce qui regarde la vie et la piété. (2 Pierre I. 3-4.)


il doit donc se dire à lui-même, en commençant chaque journée, que CE NOUVEAU JOUR QUI LUI EST DONNÉ APPARTIENT AU SEIGNEUR, et qu'il lui est donné, non pour faire sa volonté propre, mais pour accomplir celle de son Maître.

En conséquence, il doit examiner comment il pourra le mieux l’employer; il doit aussi, pendant la journée, être attentif à ses moindres démarches, et à tous les mouvements de son coeur; il doit se faire rendre compte, à lui-même, moment par moment, autant que cela est possible, de l’emploi du temps que Dieu lui; accorde; ne tenant pour bon que ce qui est fait selon la loi de son Dieu, et en vue. De lui, plaire; lui confessant chacune de ses chutes aussitôt qu’il s’en aperçoit, et cherchant auprès de Lui la force de s’en relever.

Le chrétien doit employer chacune de ses journées, COMME SI ELLE ÉTAIT LA DERNIÈRE DE SA VIE, ne renvoyant jamais à un lendemain incertain ce qui peut être fait aujourd’hui.

Le chrétien doit, en commençant une journée, en compter d’avance, autant que possible, tous les moments, pour les distribuer avec ordre et ainsi BIEN RÉGLER SA VIE.

C’est le moyen de ne pas perdre de temps, et de faire toute chose mieux et plus facilement. D’ailleurs, le Dieu du chrétien n'est pas un Dieu de confusion, (1 Corinth. XIV. 33.) et il veut que toutes choses se fassent avec ordre. (1 Corinth. XIV. 40.)

Enfin, un chrétien DOIT RÉGLER SES AFFAIRES TEMPORELLES, comme étant toujours dans la position d’un mourant, et obéir chaque jour à cet ordre qu’Ésaïe donna au roi Ézéchias de la part de l’Éternel: Dispose de ta maison, car tu t'en vas mourir. (Ésaïe XXXVIII. 1.)

J’insiste sur cette dernière direction, parce qu’un chrétien peut tomber dans un piège subtil à cet égard, et négliger de donner ses soins à ses affaires temporelles et de les mettre en ordre sous prétexte qu’il ne doit pas y donner son coeur.


Que l’enfant de Dieu se souvienne qu’il est dit dans la Parole de Dieu, que celui qui ne gouverne pas sa maison par ordre, aura le vent pour héritage, (Prov. XI. 29.) qu’il pense bien, que manquer à l’ordre, dans ses affaires temporelles, c’est s’exposer à commettre des injustices envers le prochain, et à lui donner des sujets de scandale; c'est se préparer bien des embarras et des difficultés, qui souvent amènent à leur suite l’emploi de mauvaises voies pour en sortir, qui troublent la paix de l’âme, et l’empêchent de s’élever librement vers les choses qui sont en haut.

Que le chrétien tende donc, à être, pour le corps aussi bien que pour l’âme, semblable à un voyageur, qui ayant mis tout en ordre, est prêt à partir quand on donnera le signal; que semblable à Israël quittant l’Égypte, il mange l’agneau, ayant les reins ceints, ses souliers à ses pieds, et son bâton à la main. (Exode XII. 11.)


APPLICATION.


Si en parlant du compte de nos jours, nous en avons parlé selon la sagesse de Dieu, et NOUS APPUYANT À CHAQUE PAS SUR SA PAROLE, il s’ensuit que tout homme qui ne les compte pas ainsi, marche dans une voie dont les issues tendent à la mort, quoiqu’elle puisse paraître droite à celui qui s'y complaît.

Maintenant je vous le demande, comptez-vous vos jours comme la Parole de Dieu vous l'enseigne vous qui marchez dans la voie qui suit la multitude des honnêtes gens, gens d'honneur, gens de probités, dont le monde est rempli?

Hélas! Pensez-vous seulement que vous ayez un compte à rendre; ou, si vous le croyez, si vous y pensez, n'est-ce pas pour vous faire à cet égard les plus funestes illusions?


Je ne fais tort à personne, dites-vous; je remplis bien mes devoirs, je suis ma «religion» Dieu est miséricordieux, et, à mon avis, il n’en demande pas davantage.

Voilà vos discours!

Voilà comment vous faites votre compte!

Voilà avec quoi vous allez au-devant de votre Juge!

Serait-ce donc là ce que l'Écriture appelle: COMPTER SES JOURS DE MANIÈRE À EN AVOIR UN COEUR REMPLI DE SAGESSE? (Ps. XC. 12.)


Serait-ce donc la voie étroite qui mène à la vie?

cette voie du monde dans laquelle vous marchez;

cette voie où l'on s'endort en se reposant sur sa propre justice et sur des idées vagues de la miséricorde divine;

cette voie dans laquelle, malgré la prétention à se sauver par ses oeuvres, on reste mort à tout amour pour Dieu et à tout zèle pour sa gloire;

cette voie qui consiste, après tout, à vivre en ce monde pour y faire sa volonté propre, pour y suivre ses penchants, pour plaire à sa chair autant qu'on le peut sans compromettre ses intérêts et sa réputation?


Ouvrez la Parole de Dieu et voyez vous-mêmes – je m'en rapporte à votre propre jugement – si ce n'est pas là ce qu'elle appelle:

se conformer au présent siècle, (Rom. XII. 2.)

suivre le train de ce monde, (Eph. II. 2.)

vivre selon la chair, (Rom. VIII. 12.)

marcher dans la voie large qui mène à la perdition, et où il y a beaucoup de gens qui passent? (Matth. VII. 13.)

Je sais qu’il est dans le monde des hommes qui s’imaginent être plus sages, et penser plus sérieusement que les autres, et qui croient sans doute compter leurs jours avec sagesse.

Une conduite régulière avec des aumônes plus ou moins abondantes, du respect pour les services religieux et des actes extérieurs de dévotion..., surtout à certaines époques de l'année, l'habitude de parler de bons principes, d'efforts, de bonnes résolutions et de mettre en avant dans leurs discours DES MAXIMES DE LA SAGESSE HUMAINE! Voilà ce qui les caractérise! Voilà avec quoi ils se font une justice et un appui!

Dans l'opinion qu'ils ont de leur sagesse, ils se félicitent d'être parvenus à tenir un juste milieu, à éviter les écarts de l'esprit humain et à se préserver également de l’impiété des uns et de l'exaltation des autres.

Hélas! Ils ne se doutent guère ces PRÉTENDUS SAGES qu'au jugement de la Parole, de Dieu, ILS NE SONT QUE DE PAUVRES INSENSÉS; car, dit Salomon, la voie du fou est droite à son opinion (Prov. XII. 15.) et lorsque l’insensé se met en chemin, il dit de chacun: Il est fou. (Eccl. X. 3.)

Oui, toute leur prétendue sagesse n’est autre chose que cette sagesse du monde qui est folie devant Dieu, (1 Corinth. III. 19.) parce qu’elle n’amène pas à ce Jésus en qui sont renfermés tous les trésors de la sagesse et de la science. (Col. II. 3.)

Dieu qui surprend les sages dans leurs ruses (1 Corinth. III. 19.), vous surprendra aussi dans les vôtres, sages du monde!

Vous avez dédaigné de savoir pour toute sagesse, Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié; (1 Corinth. II. 2.) vous avez voulu bâtir sur un autre fondement, quoiqu’il soit dit que nul n’en peut poser d’autre que celui qui a été posé, c’est-à-dire, JÉSUS-CHRIST. (1 Corinth. III. 11.)

Eh bien! un jour viendra où les vents et les torrents donneront contre votre édifice religieux fondé sur le sable de la sagesse humaine; alors il sera renversé, et sa ruine sera grande; (Matth. VII, 27.) alors se vérifiera cette sentence de la sagesse éternelle:


Malheur à ceux qui sont sages à leurs propres yeux, et intelligents en se considérant eux-mêmes. (Ésaïe V. 21.)


Alors il se trouvera, qu’avec toute votre prétendue sagesse, VOUS AUREZ MAL COMPTÉ VOS JOURS; alors vous serez comme ceux, dont il est parlé dans un Psaume, qui, après avoir cru monter aux cieux, descendent dans l’abîme; leur âme se fond d’angoisse, ils branlent, ils chancellent comme un homme ivre, et toute leur sagesse leur manque. (Ps. CVII. 26-27.)

Si vous n’étiez pas de ceux qui se croient plus sages que sept autres qui donnent de sages conseils; (Prov. XXVI. 16.) si je croyais que vous voulussiez recevoir par ma bouche un des conseils de la sagesse de Dieu; je vous prierais d’écouter ce sérieux avertissement que Jésus-Christ adressait au conducteur de l’Église de Laodicée, et qui s’adresse à tous ceux qui sont dans l’estime d’eux-mêmes et de leur propre sagesse:

Tu dis: Je suis riche, je suis dans l’abondance, je n’ai besoin de rien; et tu ne connais pas que tu es malheureux, misérable, pauvre, aveugle, et nu. Je te conseille d’acheter de moi de l’or éprouvé par le fou, afin que tu deviennes riche, et des vêtements blancs, afin que tu sois vêtu et que la honte de ta nudité ne paraisse point; et de mettre un collyre sur tes yeux, afin que tu voies. (Apoc. III. 17-18.)


Mais, que vous soyez disposés ou non, à prêter l'oreille aux avertissements que Dieu vous donne par ma bouche; comme l’Éternel dit: Tu leur parleras ainsi, soit qu’ils t’écoutent ou qu’ils n’en fassent rien; (Ez. II. 7.) comme il nous rend responsables du sang des pécheurs que nous n'aurons pas averti de sa part; je veux encore une fois vous adresser une déclaration franche et sérieuse à vous tous, qui que vous soyez, qui passez vos jours sans les compter comme la Parole de Dieu enseigne à le faire.


Vous prenant donc tous en masse, et frappant du glaive de la Parole tout homme inconverti; frappant, s’il le faut (par la parole de Dieu), comme Moïse l’ordonna aux Lévites, mon voisin, mon frère, ou mon intime ami; (Ex. XXXII. 27.) ne connaissant plus personne selon la chair; (2 Corinth. V. 16.): je vous déclare à tous, devant Dieu et comme en face de son jugement où bientôt nous comparaîtrons ensemble:

que si vous persévérez dans la voie où vous êtes, le compte le plus redoutable vous attend au sortir de ce monde;

que les peines éternelles, seront votre partage;

et qu’il vaudrait mieux pour vous de n'être jamais nés. (Matth. XXVI. 24.)


Que vous comptiez ou non vos jours, Dieu les compte,

et il les compte selon les règles de son éternelle justice

et non au gré de votre caprice ou de votre imagination.


Bientôt, oui bientôt, il faudra faire avec Dieu lui-même, et en présence d’un feu éternel (Matth. XXV. 41.) qu’il ne sera plus temps d’éviter, ce compte de vos jours que vous n’aurez pas voulu faire pendant que VOUS ÉTIEZ DANS LE TEMPS DE LA MISÉRICORDE.

Vous pouvez, il est vrai, vous rire de ces menaces et vous moquer de l'enfer; oui, vous le pouvez car vous avez encore à perdre un peu de ce temps de la patience de Dieu pendant lequel l'homme est libre de braver un Dieu fort qui retient sa colère et qui attend pour faire grâce. (Ésaïe XXX. 18.)

Oui, perdez-le;

Oui, méprisez-le, ce temps de la longue attente d’un Dieu qui ne veut point la mort du pécheur, mais qu'il se convertisse et qu’il vive. (Ez. XVIII. 23.)

Oui, comblez la mesure, (Matth. XXIII. 32.) irritez par mépris le Saint d’Israël (Esaïe I. 4.) Jusqu'à ce que sa fureur s’allume tellement contre vous qu'il n’y ait plus de remède. (2 Chr. XXXVI. 16.)

Pauvres mortels!

Ne vous abusez point; on ne se joue pas de Dieu; ce qu'un homme a semé, il le moissonnera aussi. (Gal. VI. 7.)

Si vous méprisez les richesses de sa bonté, de sa patience et de son long support, ne considérant pas que la bonté de Dieu vous convie à la repentance, sachez que par votre endurcissement et par votre coeur impénitent, VOUS VOUS AMASSEZ LA COLÈRE POUR LE JOUR DE LA COLÈRE et de la manifestation du juste jugement de Dieu. (Rom. II. 4-5.)

Au moment où vous direz PAIX ET SÛRETÉ; une ruine subite vous surprendra comme les douleurs surprennent une femme enceinte, et vous n’échapperez point. (1 Thess. V. 3.)

Si Dieu permettait que dans ce moment sa Parole vous ébranlât, et produisit en vous quelque impression salutaire, je vous supplierais de ne point laisser passer ce bon mouvement de ne point renvoyer au lendemain.


Ce jour même, tandis qu’il est dit:

AUJOURD’HUI écoutez la voix de Dieu, allez à Lui, réglez avec Lui la grande affaire du compte de vos jours.

AUJOURD’HUI même, dites: J’ai péché! que te ferai-je. Conservateur des hommes? Voici, je suis un homme vil, je mettrai la main sur ma bouche. (Job XL. 4.)

AUJOURD’HUI même, croyez en Jésus pour avoir la vie.

AUJOURD’HUI Aujourd’hui même, demandez à Dieu un nouveau coeur, afin de pouvoir le servir sans crainte, dans la sainteté et dans la justice, en sa présence, tous les jours de votre vie. (Luc I. 74-75.)

NE RENVOYEZ PAS AU LENDEMAIN, je vous en conjure de nouveau; peut-être n’y aura-t-il point de lendemain pour vous! Sur le minuit (Matth. XXV. 6.) l’Époux peut venir!

D’ailleurs, si vous renvoyez à demain, demain se passera probablement comme aujourd’hui en vaines résolutions pour le jour suivant, de jour en jour vous serez là, dupe de cet artifice du démon qui nous fait perdre l’aujourd’hui qui nous appartient, dans l’espérance de mieux employer le lendemain qui ne nous appartient pas.

Non, ne renvoyez pas à demain: c’est aujourd’hui le temps favorable, c’est maintenant le jour du salut; (2 Corinth. VI. 2.) aujourd’hui, si vous entendez la voix de Dieu, n’endurcissez point vos cœurs. (Hébr. III. 7-8.)

La lumière est encore avec vous pour un peu de temps, marchez pendant que vous avez la lumière de peur que les ténèbres ne vous surprennent. (Jean XII. 35.)

Quant à vous, mes frères, qui, ayant été enseignés de Dieu à compter vos jours avec sagesse, vous avancez vers l’éternité en suivant Jésus qui est la lumière du monde; vous n’êtes pas dans les ténèbres pour être surpris par ce jour-là, comme on le serait par un voleur; car vous êtes enfants de la lumière et du jour; ne dormez donc pas comme les autres, mais VEILLEZ ET SOYEZ SOBRES, étant revêtus de la cuirasse de la foi et de la charité, et couverts du casque de l’espérance du salut. (1 Thess. V. 4-6, 8.)

Quoique vous soyez instruits et affermis dans la vérité présente, je crois qu’il est de mon devoir que je vous réveille par mes avertissements. (2 Pierre I. 12-13.)

Quoique la grâce de Dieu vous ait réveillés de votre premier sommeil, quand elle vous a fait entendre avec efficace cette parole de vie: Réveille-toi, toi qui dors, et te relève d’entre les morts, et Christ t’éclairera; (Eph. V. 14.) il est toujours temps, il est toujours à propos de vous crier: Réveillez-vous pour vivre justement et ne point péché (1 Corinth. XV. 34.) car l'esprit est prompt, mais la chair est faible. (Matthieu XXVI. 41.)

Ah! Il serait bien présomptueux, il se connaîtrait bien mal lui-même le chrétien qui n'avouerait pas ce déplorable et continuel penchant de notre âme à retomber dans la langueur et l'engourdissement!

Le Sauveur excepterait-il quelqu’un dans ses exhortations à la vigilance quand il disait ces paroles: Ce que je vous dis, JE LE DIS À TOUS: VEILLEZ! (Marc XIII. 37.)

Ne nous apprend-il pas assez que le vrai chrétien n'est exempt de ce funeste penchant au sommeil lorsque dans la parabole des vierges il nous dit qu'elles s'endormirent toutes – les sages aussi bien que les folles – parce que l'Époux tardait à venir. (Matth. XXV. 5.)

Ne serait-il pas toujours à propos d'exciter l'enfant de Dieu à se réveiller?

Ne serait-il pas d'autant plus à propos de le faire que les années de son compte approchent davantage de leur fin et que le jour du Seigneur est plus près de lui?

Même, vu la saison, dit l'apôtre, parce qu'il est déjà temps de nous réveiller de notre sommeil, car le salut est maintenant plus près de nous que lorsque nous avons cru. (Rom. XIII. 11.)


Oui, il est temps de se réveiller tout de nouveau:

il est temps de contrôler ses lampes pour y mettre de l'huile de peur qu'elles ne s'éteignent;

il est temps d'avoir une foi plus vivante et plus opérante par la charité; (Gal. V. 6.)

il est temps de se contenter toujours moins de ce qui est extérieur, de devenir des chrétiens plus remplis de l'onction de l'Esprit, de se fortifier dans l'homme intérieur, tellement que Christ habite dans nos coeurs par la foi; (Eph. III. 16-17.)

il est temps d'ôter de son coeur tout vieux levain de méchanceté et de malice, (1 Corinth. V. 8.) de se garder surtout du levain des pharisiens qui est l'hypocrisie (Luc XII. 1.) et de dire à Dieu avec David:

Que mon coeur soit intègre en tes statuts, afin que je ne rougisse pas de honte, (Ps. CXIX. 80.) il est temps de nettoyer, de bander, et d'adoucir avec l’huile (Ésaïe I. 6.) de la grâce, des plaies qui peut-être n’ont jamais été pansées qu’à la légère ou qui se sont réouvertes tout de nouveau;

Il est temps de demander à Dieu, plus instamment, de rompre ces liens de péché que nous traînons encore et qui retardent notre course et qui nous rappellent, si tristement, notre ancienne servitude;

Il est temps de déclarer, plus ouvertement, la guerre au monde et à ses convoitises; (1 Jean II. 15-17.)

Il est temps de confesser le Seigneur PLUS FRANCHEMENT, et de sortir vers Lui hors du camp en portant son opprobre, car nous n’avons point ici-bas de cité permanente, mais nous attendons celle qui est à venir. (Hébr. XIII. 13-14.)

Il est temps, en un mot, de se mûrir pour l’éternité, car elle avance.

Le Seigneur est proche! (Philip. IV. 5.)

Encore un peu de temps, et Celui qui doit venir viendra, et il ne tardera point. (Hébr. X. 37.)


Que les enfants de Dieu s’excitent donc les uns les autres, à se réveiller de leur sommeil; qu’ils s’avertissent, qu’ils se reprennent, qu’ils s'exhortent; et cela d’autant plus qu’ils voient approcher le jour. (Hébr. X. 25.)

Exhortez-vous chaque jour les uns les autres, pendant qu’il est dit: AUJOURD’HUI; de peur que quelqu’un d’entre vous ne s’endurcisse par la séduction du péché. (Hébr. III. 13.)

Que, dans la confiance en Celui qui peut et qui veut les rendre accomplis en toutes sortes de bonnes œuvres, pour faire sa volonté, (Hébr. XIII. 21.) les chrétiens désireux de croître dans la Grâce, s’unissent fréquemment pour demander à leur Père céleste qu’il leur enseigne à compter toujours mieux leurs jours; à sentir toujours plus l'importance de l’éternité, ainsi que la brièveté et le néant de la vie; à user toujours plus de ce monde, comme n’en abusant pas; (1 Corinth. VII. 31.) à se revêtir toujours plus du Seigneur Jésus, (Rom. XIII. 14.) afin d’être trouvés vêtus et non pas nus; en un mot, à être comme des serviteurs qui attendent que leur maître revienne des noces, afin que, quand il viendra et qu’il heurtera, ils lui ouvrent aussitôt. (Luc XII. 36.)

Que pour obtenir ces grâces, les enfants de Dieu prient en tout lieu, levant leurs mains au ciel, sans colère et sans contestation, (1 Tim. II. 8.) qu’ils se souviennent qu’il faut toujours prier et ne point se relâcher, et que Dieu finira par exaucer ses élus qui crient à Lui, jour et nuit. (Luc XVIII. 7.)

Du reste, que celui qui se sent encore faible, mais qui désire avancer, ne se décourage pas; le Seigneur qui ordonne de supporter les faibles, (1 Thess. V. 14.) ne serait-il pas le premier à faire ce qu’il commande, et à les supporter?

Il ne brisera pas le roseau froissé, et n’éteindra pas le lumignon qui fume encore, jusqu’à qu’il ait rendu la justice victorieuse (Matth. XII. 20.) dans nos âmes.

Celui qui nous exhorte à compter nos jours, les a comptés aussi, et il sait combien il faut que sa grâce nous en accorde pour que nous puissions être préparés par Lui à la glorieuse éternité.

Quand le fruit sera dans sa maturité, alors seulement il y mettra la faucille (Marc IV. 29.) et en attendant celui qui plaide même pour l'arbre qui ne porte point de fruit, (Luc XIII. 8-9.) plaidera, à plus forte raison pour celui qui, par sa Grâce, a commencé à en porter et désiré en porter toujours davantage.

Encourageons-nous donc tous ensemble, nous les faibles du troupeau; réjouissons-nous en la gratuité du Seigneur qui n'est point défaillie, et qui achèvera ce qui nous concerne. Croyons que la longue patience du Seigneur est pour notre salut; il use de patience envers nous, ne voulant point qu’aucun périsse, mais que tous viennent à la repentance. (2 Pierre III. 15 & 9.)


Dieu ne nous a point destinés à la colère,

mais à la possession du salut par Jésus-Christ notre Seigneur.

(1 Thess. V. 9.)


Commençons donc dans un esprit de vigilance, mais de vigilance accompagnée de paix et de confiance au Seigneur, l'année que sa miséricorde ouvre devant nous; soyons persuadés que Celui que nous invoquons comme Père, (1 Pierre I. 17.) a compté d’avance les tentations de chaque jour, et que dans son amour il y sera pourvu. (Gen. XXII. 14.)

Si nous nous endormons, il aura soin de nous réveiller, car Celui qui garde Israël ne sommeillera point et ne s’endormira point; L'Éternel te gardera de tout mal. Il gardera ton âme; l'Éternel gardera ton entrée et ton issue, dès maintenant, et à toujours. (Ps. CXXI. 4, 7.)

Élevons donc, tous ensemble, nos cœurs à Lui par le Saint-Esprit, nous ses enfants; adressons-Lui tous en confiance cette prière qui termine le psaume d’où sont tirées les paroles que nous avons méditées aujourd’hui:

Rassasie-nous chaque matin de ta bonté, Et nous serons toute notre vie dans la joie et l’allégresse.

Réjouis-nous autant de jours que tu nous as humiliés, Autant d’années que nous avons vu le malheur.
Que ton oeuvre se manifeste à tes serviteurs, Et ta gloire sur leurs enfants!
Que la grâce de l’Éternel, notre Dieu, soit sur nous!
Affermis l’ouvrage de nos mains, Oui, affermis l’ouvrage de nos mains! (Ps. XC. 14-17. V. S.) Amen.


FIN


 

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