TÉMOIGNAGE
J'étais irrécupérable pour la société
J’EUS une enfance assez difficile, mais relativement heureuse au sein d’une famille d’ouvriers. Mon père, bien que d'origine juive polonaise, était un athée convaincu et avait fait partie durant sa jeunesse d’organisations pro-communistes.
Dès mon enfance, je souffris de problèmes psychologiques: dépressions, crises de nerfs, tendance à la paranoïa et envies suicidaires étaient monnaie courante chez moi, et c’est dans cet état d’esprit que je rentrai à l’école secondaire à l'âge de 13 ans.
J’étais très malheureux en classe et peu intéressé par les cours, étant inattentif à ce que le professeur essayait vainement de m’apprendre. Pourtant, j’étais très brillant dans certaines branches et bien des personnes me prédisaient un bel avenir dans le domaine littéraire.
C’est à ce moment-là que ma vie bascula complètement. Je me mis à lire des ouvrages traitant des religions orientales et de la philosophie hippie; je commençai à goûter à des drogues douces dès 14 ans et demi.
Très rapidement, je passai au L.S.D. et aux amphétamines, trouvant dans la drogue un dérivatif à mon mal de vivre, espérant obtenir ainsi une solution à mes problèmes. En fait, je m’enfonçai de plus en plus dans ma solitude et ma marginalité, devenant insociable, agressif, vivant au jour le jour, fréquentant des milieux où régnaient la drogue et la criminalité.
Je fis bientôt le grand pas vers le gouffre et commençai à consommer des drogues dures, particulièrement l’héroïne et la morphine que je m’injectais dans les veines de plus en plus souvent, en arrivant bientôt à me piquer 10 à 15 fois par jour.
Je me mis à voyager, sans domicile fixe, me livrant au trafic de la drogue, participant à des vols et à des cambriolages. Ma vie n’était plus basée que sur la drogue; je pensais déjà à la piqûre suivante alors que je venais à peine de m’injecter de l’héroïne. J’arrivai bientôt à consommer plus d’un gramme d’héroïne par jour, étant dans l’obligation de me procurer quelque 100000 F belges par mois pour assouvir mon vice, frôlant l’overdose à chaque injection.
Ma vie devenait un enfer, plusieurs fois je fus amené d’urgence à l’hôpital. À 19 ans, je fus arrêté par la brigade des stupéfiants, inculpé de trafic de drogue et incarcéré à la prison de Forest. Je subis une cure de désintoxication à la prison, ne pouvant me lever de mon lit pendant 15 jours, tant je souffrais du manque de drogue à peine atténué par les doses énormes de valium qui m’étaient prescrites par le médecin.
C’est en prison que j’eus, pour la première fois, l’occasion d’entendre la parole de Dieu par la bouche de l’aumônier du culte protestant. Je me pris bientôt d’amitié pour le pasteur qui me venait en aide lorsque j’étais pris de mes violentes crises de cafard.
La veille de mon procès, le pasteur me dit de mettre tous mes péchés aux pieds du Seigneur et de demander pardon, me promettant la libération le lendemain.
Pendant la nuit, pris par une réelle peur panique, je parlai à Dieu en lui disant: «Dieu, je ne sais pas si tu existes, mais si tu existes je te demande pardon.»
Le lendemain, contre l’attente générale, je fus libéré; mais le soir de ma délivrance, je retombai dans mon vice et recommençai à me piquer à l’héroïne durant un mois et demi.
Après quoi, à bout de résistance physique, je dus retourner en cure de désintoxication dans un hôpital près de Gand. Cette cure dura 9 mois, durant lesquels j’eus la possibilité de réfléchir longuement à ma situation, et je pris la résolution d’arrêter de me droguer.
Durant ces 9 mois, je fis quelques courtes apparitions à l'église que fréquentait l’aumônier de la prison et qui se trouve à Braine-l’Alleud (Belgique). À ma sortie d’hôpital, les jeunes de l’assemblée me prirent en charge et m’entourèrent de leur affection au sein d’une famille chrétienne. C’est là que je me convertis, il y a bientôt six mois, en pleine nuit, durant une réunion de prière.
Depuis, je me sens un homme nouveau. Je connais enfin le bonheur de vivre, je travaille dur, j’ai envie de réussir dans la vie.
Dieu m’a guéri de nombreux vices: la drogue, l’alcool, la cigarette. Il m’a donné la joie du baptême dans l’Esprit.
Maintenant, je veux suivre notre Seigneur jusqu’à la fin de ma vie et je le lui ai promis dans les eaux du baptême.
Je ne peux m’empêcher de me rappeler les paroles d'un éminent psychiatre dont j’étais le client qui, en guise de conclusion à un entretien, me dit: «Vous êtes irrécupérable pour la société.»
Puisse mon témoignage apporter de l’aide à d’autres jeunes en détresse. Rien n’est impossible à Dieu. Il me l'a prouvé en me sauvant de l’emprise de la drogue.
Toute la gloire lui en revient!
Daniel (22 ans)
Viens et Vois 1981 06
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