Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LE TRESOR DES ANCIENS SENTIERS

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LE PROLOGUE DE JEAN


Bien des attaques sont lancées contre la personne de Jésus-Christ, tant en ce qui concerne sa préexistence que sa divinité.

Plus que jamais le peuple de Dieu doit se tenir en garde contre les fausses doctrines qui circulent un peu partout.

Aussi avons-nous jugé utile de demander à un frère helléniste d'étudier à partir du texte original le prologue de l'évangile de Jean.

R. COPIN


Dans son évangile, l'apôtre Jean, sous l'inspiration du Saint-Esprit, souligne particulièrement la messianité et la divinité de Jésus. Son but est clairement explicité dans le chapitre 20, au verset 31:

«Ces choses ont été écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le fils de Dieu, et qu'en croyant, vous ayez la vie en son nom».

Partant, le prologue, constitué par les versets 1 à 18 du Chapitre 1er, s'inscrit pleinement dans le contexte de cet évangile.


LA PERSONNE DU LOGOS (v 1 à 5)

Le premier verset rappelle le commencement de la Genèse: «Au commencement Dieu...», et nous présente comme une affirmation l'éternité de la parole.


Il ne saurait être question d'interpréter ce commencement comme celui de la prédication évangélique, selon l'hypothèse des Sociniens. Voici ce que déclare à ce sujet F. Godet, dans son commentaire sur l'évangile de Jean:

«Ce sens est évidemment incompatible avec tout ce qui suit; personne ne le défend plus aujourd'hui.»


Il s'agit donc bien du commencement de l'existence des choses créées.

L'imparfait «était», que l'on pourrait traduire aussi par «existait», est le temps le plus apte à signifier l'éternité: s'il indique en effet, une existence passée, il ne pose pourtant aucune limite à cette expérience.

L'antériorité et la préexistence de la parole sont corroborées par la triple répétition de «parole» et de «était».

Il est à noter également que, dans la 3eme proposition «la parole était Dieu», l'attribut, dans le texte grec, se trouve placé en tête, et se détache avec insistance; on pourrait presque traduire: «Et elle était Dieu, la parole

D'aucuns voient en cet attribut «theos» un adjectif, et traduisent «la parole était divine», ou «la parole était dieu» (avec une minuscule). Ils s'appuient sur le fait que dans la 2e partie du verset 1er, Dieu (Theos) est écrit avec l'article (ton theon) ce qui n'est pas le cas dans la dernière proposition de la phrase.

S'il est vrai qu'il est écrit tantôt avec l'article tantôt sans article, en fait, rien ne s'oppose grammaticalement, à ce que le mot «theos» sans article soit un nom. D'abord, l'attribut n'admet pas d'article en Grec; ensuite, l'adjectif signifiant «divin» (grec theios), aurait pu être employé à la place de «theos».

Remarquons, à partir du verset 3, le changement de temps; l'aoriste se substitue à l'imparfait: présentant un contraste entre les choses créées dans le temps et la «permanence» du créateur.

Si le verset 3 mentionne la participation active du «logos» dans la création en général (cf Col 1/16-17, Héb 1/2-3), les versets 4 et 5 mettent en relief ses rapports avec les hommes en particulier: la parole leur communique la vie et la lumière (cf Jean 6/48 et 8/12).


L'ACCUEIL FAIT A LA PAROLE (v 6 à 13)

Dans la 2e partie du prologue, allant des versets 6 à 13, l'évangéliste évoque courtement le ministère de Jean-Baptiste, dont la mission essentielle est de rendre témoignage à la lumière:

«cette lumière était la véritable lumière»: on retrouve l'adjectif véritable (aléthinos) dans 1 Jean 5/20: «celui-ci (Jésus) est le Dieu véritable».

À noter à propos de ce verset qu'il existe en grec plusieurs pronoms démonstratifs. Celui qui est utilisé dans ce passage: «outos», se rapporte toujours au sujet le plus rapproché, c'est-à-dire ici, à Jésus-Christ.

Le verset 12 nous fait part de la merveilleuse possibilité qui est donnée à ceux qui croient: ceux qui ont reçu la lumière, ce sont ceux qui s'en sont «emparés» (grec: élabon), et qui ainsi sont devenus miraculeusement enfants de Dieu.


LA RÉVÉLATION DE LA PAROLE INCARNÉE (v 14 à 18).

La dernière partie du prologue s'ouvre sur le mystère de l'incarnation; «La parole a été faite chair» (littéralement: La parole devint chair). Le verbe à l'aoriste «égénéto» laisse supposer le passage d'une forme d'existence à une autre, ce qui fait ressortir clairement la préexistence de la parole.

Cela est d'autant plus remarquable, que le verbe employé dans la 2e partie de ce verset 14, et traduit par «habiter» dans notre version Segond, signifie «vivre sous une tente», «dresser une tente».

Dans cette expression nous est suggéré le caractère temporaire de la venue de Jésus sur la terre, et, comme jadis. Dieu résidait dans le tabernacle au milieu de son peuple, Jésus «a dressé une tente» au milieu des êtres humains, (cf Jean 2/18-22).

De même, si la présence glorieuse de l'Éternel pouvait autrefois se manifester au travers de la nuée, la gloire de la parole s'est manifestée au milieu des hommes, dans son enseignement, ses miracles, sa transfiguration, et sa résurrection: «nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du fils unique venu du père».

«Comme» (grec ôs), n'est pas ici une conjonction de comparaison, mais d'identité. Le sens en est le suivant: «...en tant que la gloire du fils unique...» (cf Matth 7/29, Rom 6/13).

Le verset 15 réaffirme avec force la préexistence du Christ, et les trois derniers versets constituent le témoignage de l'évangéliste Jean: «nous avons tous reçu de sa plénitude».


Ainsi, nous ne pouvons connaître Jésus-Christ, la parole incarnée que par l'expérience de sa grâce. Il est venu nous apporter «la grâce et la vérité», et c'est par Lui que Dieu peut être connu des êtres humains: «Personne n'a jamais vu Dieu; le fils unique (certains manuscrits comportent la leçon «Dieu fils unique», monogénès théos) qui est dans le sein du père, est celui qui l'a fait connaître».

En Jésus-Christ, nous sommes instruits sur Dieu par Dieu lui-même, qui seul se connaît parfaitement.

Ce n'est donc pas sans raison que le Saint-Esprit a inspiré à Jean son prologue: nous avons besoin d'être au clair sur la véritable nature de Jésus.

Croyons simplement ce que nous dit la bible, et conservons dans notre cœur la conviction de la divinité du fils de Dieu

D. G.

Viens et Vois - 1977-04


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