DORMIR
Arthur Pink
juillet 1950
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(Cet article et celui qui l'accompagne, Réveil, ne sont pas écrits pour divertir les curieux, mais dans le but de donner à Dieu sa véritable place, en amenant son peuple à être plus reconnaissant pour ce que l'on appelle vulgairement «Ses miséricordes communes»).
Il semble étrange que l'homme moyen passe au moins un tiers de sa courte vie dans l'état de sommeil. Comparée à l'éternité, la durée de notre existence mortelle est extrêmement brève! Pourtant, l'âme qui craint Dieu ne peut douter que son Créateur ait sagement ordonné qu'une telle proportion de cette durée soit passée dans l'inconscience.
Le Sauveur lui-même, dont la vie était infiniment plus importante que la nôtre, n'a pas fait exception, puisqu'on nous dit qu'il dormait (Mat 8:24) – bien qu'il ait souvent passé les heures d'obscurité à prier, alors que d'autres dormaient (Mar 1:35; Luc 6:12).
Le sommeil a été défini avec justesse comme «l'infirmier de la nature fatiguée».
Quel motif de gratitude avons-nous de voir les nerfs usés et les muscles fatigués rafraîchis et renouvelés par quelques heures de repos!
Quelle joie pour celui qui, tout au long de la journée, est accablé de douleurs, d'obtenir quelques heures de répit dans l'inconscience de la nuit! Le sommeil est en effet une disposition miséricordieuse de Dieu, qu'aucun d'entre nous n'apprécie autant qu'il le devrait.
Aussi commune que soit cette miséricorde, elle n'en reste pas moins un élément de mystère, car personne ne peut définir exactement ce qu'elle est. Personne ne peut non plus la produire par un simple effort de volonté.
Il n'est pas suffisamment reconnu que celui qui nous a donné l'existence nous endort également chaque nuit.
Oui, même fatigués par le dur labeur de la journée, nous devenons inconscients presque aussitôt que notre tête repose sur l'oreiller.
Un jour ou l'autre, la majorité d'entre nous prend douloureusement conscience du fait que nous ne pouvons pas nous endormir.
– Lorsqu'une toux rauque refuse de se taire,
– lorsqu'un cerveau suractif ou un esprit perturbé refuse de se détendre,
– lorsque ce que l'on appelle «l'insomnie» nous affecte, plus;
nous cherchons le sommeil, plus il nous échappe.
«L'Éternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur Adam, et il dormit» (Gn 2:21) est la première référence à notre sujet dans les Écritures; et bien que ce cas soit extraordinaire, il illustre un principe d'application universelle – notre sommeil est «causé» par notre Créateur, et n'est pas provoqué par nous-mêmes.
Avant d'aller plus loin, permettez-nous de vous mettre en garde contre les tentatives visant à produire un sommeil artificiel ou à guérir l'insomnie par l'utilisation de médicaments.
Toute tentative de forcer la «nature» est dangereuse et conduit généralement au désastre.
Dans les neuf dixièmes des cas, l'effet est, en fin de compte, d'augmenter le trouble. La plupart des narcotiques et des sédatifs doivent être pris à des doses de plus en plus importantes pour produire un effet continu, et le patient devient souvent l'esclave de ses habitudes narcotiques.
Il vaut mieux passer la nuit à se retourner sans cesse que de recourir à ce qui risque d'aboutir à une dépression complète.
Mieux encore, il faut chercher la cause.
De même, aucune forme de stimulant n'est exempte de risque. Quiconque tente de faire par la force artificielle ce qui ne peut être fait par la force naturelle – fournir par l'utilisation d'un stimulant une énergie temporaire pour une activité à laquelle on ne serait pas capable de se livrer sans lui – s'expose à des ennuis. Il y a toujours une réaction proportionnelle, et parfois un effondrement.
Des millions de personnes souffrent aujourd'hui de troubles nerveux EN RAISON DE LA PROFANATION DU SABBAT, se privant ainsi des bienfaits physiques et mentaux que procurent le repos des tâches séculières et l'occupation de l'esprit par les choses divines.
D'autres passages de l'Écriture Sainte, en plus de Genèse 2:21, enseignent que le sommeil n'est pas seulement une disposition miséricordieuse du Créateur, mais aussi un don divin, provoqué par Lui.
À une occasion, le psalmiste a dit: «Tu tiens mes yeux éveillés» (Psaume 77:4). Le mot hébreu pour «tenir» est ici très fort, puisqu'il est rendu par «attaché» dans Esther 1:6. Asaph ne pouvait pas fermer les yeux, le sommeil lui étant refusé.
Un autre exemple où le sommeil fut divinement refusé est celui d'Assuérus, dont nous lisons: «Cette nuit-là, le roi ne put dormir» (Est 6:1); ou, comme le rend plus littéralement la marge, «le sommeil s'enfuit» – tout le contexte montrant qu'il s'agissait d'une interposition divine qui l'empêcha de s'endormir.
Parfois, l'Éternel empêche le sommeil pour nous donner «des chants dans la nuit» (Job 35:10); parfois, pour que nous puissions «méditer sur lui pendant les veilles de la nuit» (Psaume 63:6); parfois encore, pour nous rappeler nos péchés, afin que nous les confessions à lui.
La prochaine fois que le lecteur souffrira d'insomnie, qu'il se souvienne de cette nuit terrible où le Sauveur fut traqué de tribunal en tribunal et privé de tout repos.
Bien que l'on ne puisse être dogmatique sur ce point, il nous semble que l'Écriture enseigne que le sommeil n'est pas seulement destiné à rafraîchir notre corps, mais qu'il est aussi un temps pour l'instruction de notre esprit.
Les personnes énergiques et ambitieuses ont tendance à considérer les heures de sommeil comme autant de temps perdu, mais cette conception est peut-être plus erronée que beaucoup ne le pensent.
Qui peut dire dans quelle mesure les choses qui font une profonde impression sur notre conscience pendant la journée, deviennent les sujets des cogitations de la subconscience pendant l'état de sommeil?
David n'a-t-il pas déclaré: «Mon coeur m'instruit aussi pendant les heures de la nuit» (Psaume 16:7)? Nos pères (tellement plus sages à bien des égards que leurs fils), lorsqu'ils étaient appelés à prendre une décision importante, avaient l'habitude de dire: «Je vais y réfléchir et, si Dieu le veut, je vous le ferai savoir demain», ayant à l'esprit quelque chose de plus qu'une délibération dans la prière.
Cet
auteur
peut témoigner, par une expérience répétée, que «lorsqu'un
profond
sommeil tombe sur les hommes», l'Éternel «ouvre» les
oreilles et les yeux spirituels, et «scelle leur instruction».
(Job
33: 15)
(Il parle par des songes, par des visions nocturnes, Quand les hommes sont livrés à un profond sommeil, Quand ils sont endormis sur leur couche. Alors il leur donne des avertissements Et met le sceau à ses instructions... Segond)
Pour conclure, un mot d'avertissement:
Si le sommeil est à la fois nécessaire et souhaitable – car sans lui, nous ne pourrions ni vaquer à nos occupations ni jouir des bienfaits de la providence –, il peut cependant être perverti par le péché.
C'est pourquoi il nous est recommandé: «N'aime pas le sommeil, de peur que tu ne tombes dans la misère» (Pro 20, 13).
Hélas, quelles créatures nous sommes, susceptibles d'abuser de tous les dons de Dieu!
Que sa grâce nous préserve de lui donner l'occasion de dire: «Jusqu'à quand dormiras-tu, paresseux? Quand te lèveras-tu de ton sommeil?» (Pro 6:9).
La paresse ne doit pas être considérée comme une infirmité, mais comme un péché qui affecte tout le corps et qui, si l'on n'y prend garde, se développe en nous avec une puissance insoupçonnée!
Fin
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