L’ESPRIT DE VICTOIRE ET NOTRE PERFECTION EN CHRIST
L'Église de Colosses semble avoir été constituée, en majeure partie, de membres issus du paganisme qui furent, pour Paul, le sujet d'une grande joie:
«Nous rendons grâces à Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus, et nous ne cessons de prier pour vous, ayant été informés de votre foi en Jésus-Christ, et de votre charité pour tous les saints» (1/3).
Il est vrai que l'apôtre Paul avait pour principe, sans fermer les yeux sur les imperfections des Églises, de ne jamais oublier ce que Dieu avait fait positivement, et, dans l'Église la plus défectueuse, moralement ou spirituellement, il savait découvrir ce qui était bon et en rendre grâces à Dieu.
Au chapitre 2, verset 5, il confirme le bon état spirituel de cette Assemblée:
«Car, si je suis absent de corps, je suis avec vous en esprit, voyant, avec joie, le bon ordre qui règne parmi vous et la fermeté de votre foi en Christ».
Ainsi, cette Église procurait bien des joies à l'apôtre Paul, et pourtant, une menace pesait sur elle, comme sur les autres Églises d'Asie: L'INTRUSION DE FAUSSES DOCTRINES.
La vive sollicitude de l'apôtre pour ces âmes qui aimaient Jésus-Christ et le servaient s'en alarmait.
Il désirait qu'elles puissent être gardées du danger. Nous pensons que l'erreur qui menaçait l'Église de Colosses était celle que colportaient les chrétiens judaïsants qui s'efforçaient de replacer les chrétiens sauvés par grâce, sous ce qui avait été précisément une faiblesse au temps de la Loi.
Malgré ces conditions défavorables et ces sources d'inquiétude, l'apôtre Paul manifestait sa joie pour l'œuvre de Dieu dans l'Église de Colosses. Cependant, il parle de souffrances qui manquent «aux souffrances de Christ».
Je n'écris pas, ici, en faveur de l'erreur romaine qui pense que, jusqu'à la fin des siècles, il nous faudra expier, avec Jésus, les fautes de l'humanité; nous sommes tous bien d'accord pour croire que, sur la Croix du Calvaire, TOUT a été accompli.
Ainsi, ce qui manque aux souffrances de Christ ce ne sont pas les souffrances en vue de l'expiation, mais ces souffrances qu'il partage avec chacun de ses enfants et de ses serviteurs.
Je crois qu'il est important pour nous, mes frères et sœurs, de savoir que, lorsque nous sommes assaillis de toutes parts, nous le sommes parce que nous avons accepté, non seulement d'être sauvés par Jésus, mais aussi de le servir.
Ce sont des tribulations normales. Mais si nous partageons les siennes, Lui partage les nôtres parce que les nôtres, ce sont les siennes.
Ce que nous remarquons pour l'apôtre Paul, c'est qu'après Christ, l'Église est tout pour lui. Dans l’Épître aux Philippiens, il fait part du choix devant lequel il s'est trouvé: s'en aller avec Christ, ce qui, pour lui, serait le meilleur, ou rester avec l'Église à laquelle il pense. Il dit aux Philippiens:
«si pour moi, il vaudrait mieux que je m'en aille, pour vous, il vaut mieux que je reste. Et je crois qu'en définitive, je resterai pour votre avancement dans la foi».
C'est donc clair. Il y a chez lui un amour sans partage pour Jésus, mais il aime l'Église et l'Église qu'il aime, ce n'est pas l'Église parfaite après laquelle nous soupirons tous, mais c'est l'Église qui l'a tant fait souffrir, cette grande Église, au sujet de laquelle II disait que ses soucis l'assaillaient chaque jour.
Ce qu'est l'Église, il le rappelle dans les versets 26 et 27 du texte que nous avons lu: le temple du Dieu vivant. Nous savons que l'Église n'est ni une organisation, ni une société, ni une association, mais le temple du Dieu vivant, un organisme dont Christ est la Tête et qui bénéficie de la vie du divin ressuscité.
Il importe alors de connaître le fondement de la vie chrétienne. Lisons le verset 8 du chapitre 2:
«Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie, par une vaine tromperie, s'appuyant sur la tradition des hommes, sur les rudiments du monde et non sur Christ».
La vie chrétienne n'est pas une philosophie, pas davantage une soumission à des traditions, ni ces choses élémentaires, ces rudiments auxquels les religions semblent tellement attacher d'importance et qui concernent le manger et le boire.
Nous savons qu'il y avait beaucoup de prescriptions semblables au temps du peuple d'Israël... et de nos jours, encore, dans certaines religions. Mais l'apôtre dit que la vie chrétienne, ce n'est pas cela! La vie chrétienne est quelque chose de beaucoup plus grand, de plus élevé.
la vie chrétienne, c'est d'avoir
«Christ en soi, l'espérance de la gloire».
J'ai été aidé, un jour, en découvrant dans la Parole de Dieu, que le mot traduit dans la version Segond par «corps» dans l'expression «le corps et en Christ» pouvait être remplacé par le mot «réalité».
Je crois que nous ne devons pas perdre de vue que la réalité est en Christ et que le but du ministère de l'Esprit, ce n'est pas de nous ramener à une philosophie, à des traditions, à des choses rudimentaires, mais de diriger nos regards vers Christ, parce que tout est là.
Bien des chrétiens et des chrétiennes ont perdu de vue que «la réalité est en Christ» et ils sont revenus aux rudiments du monde.
Paul dit aux Colossiens:
«la vie chrétienne, c'est Christ qui est en vous: l'espérance de la gloire!»
Évidemment, si Christ est en nous.
– Il nous délivrera de toute passion.
– Il nous enseignera en ce qui concerne la tenue chrétienne.
– Il nous amènera à la tempérance.
Tandis que nous pourrions avoir toute l'apparence du chrétien et non la «réalité»: «Christ en nous, l'espérance de la gloire».
Ainsi, Paul ne courait pas comme à l'aventure; il ne frappait pas comme battant l'air; quand il exhortait, quand il enseignait, quand il prêchait, il n'avait qu'un but:
«que Christ soit en chaque chrétien», «l'espérance de la gloire».
Il désirait, dans la mesure de la charge qui lui était confiée, présenter à Dieu tout homme DEVENU parfait en Christ. «Tout homme» et non pas une élite, dans l'Église chrétienne, mais chaque chrétien.
Il exerçait son ministère, non pas en faveur de favoris, mais auprès de tout homme quelqu'il soit. Le verbe «devenir» montre bien qu'il attendait une croissance dans la vie de ces chrétiens auprès desquels il exerçait son ministère, soit verbalement, soit par écrit:
«Devenus parfaits en Christ!». Il n'est pas question d'impeccabilité, mais d'une progression, de telle sorte qu'on peut dire à un enfant de 8 ans qui va en classe: «ton travail est parfait», parfait pour son âge, parfait pour son cours, mais:
si, à 15 ans, il n’est pas capable de faire mieux qu'à 8 ans, on ne lui dira pas que c'est parfait; on lui dira que c'est très mal.
Paul considérait les chrétiens convertis depuis plusieurs années, puis ceux convertis depuis peu de mois, et selon que les uns et les autres avaient grandi normalement, il s'en réjouissait et son but était de présenter tout homme parvenu à la perfection en Christ.
Ainsi, si quelqu'un a reçu 5 talents, la perfection sera qu'il en rapporte 10, mais s'il n'en a reçu que 2, la perfection sera qu'il en rapporte 4.
Mais Paul n'oublie pas, évidemment, le complément nécessaire: «parfait en Christ» parce que le meilleur d'entre nous aura toujours besoin d'être «couvert» pour paraître devant Dieu, de Celui qui a été fait pour nous: «sagesse», c'est-à-dire, justice, sanctification et rédemption».
Et alors, Paul dit aux chrétiens de Colosses: «c'est ce à quoi je travaille», c'est-à-dire: «à présenter tout homme devenu parfait en Christ». Voilà mon but, voilà l'essentiel de mon ministère: «présenter tout homme devenu parfait en Christ».
Paul a donc connu bien des joies; il en a connues concernant l'Église de Colosses mais il a aussi connu l'équivalent en déceptions et en peines.
– Il parle de ceux qu'il a exhortés pendant des mois et des mois, avec larmes.
– Il a découvert, dans certaines Églises, des fautes morales graves au point qu'il dira aux Corinthiens: «Il se passe chez vous des choses qu'on ne connaît même pas chez les païens».
– Il a connu des Églises où des chrétiens se traînaient devant les tribunaux.
– Il a connu les divisions, ces querelles intestines qui opposaient les enfants de Dieu entre eux.
– Il a même connu des chrétiens qui voulaient dresser les conducteurs spirituels les uns contre les autres: «Moi, je suis de Paul, moi, je suis d'Apollos, moi, je suis de Céphas!» Il leur a dit: «Mais, vous n'y comprenez rien! J'ai planté, Apollos a arrosé, mais c'est Dieu qui fait croître».
Pour
Paul, c'était un fardeau, un souci, de voir ces gens qui se
querellaient sur leurs personnes.
– Il a connu des chrétiens devenus mondains.
– Il parle de Démas qui l'a abandonné par amour pour le siècle présent.
– Il a connu ceux qui avaient honte de lui, honte de ses chaînes: «Tous m'ont abandonné, personne n'a pris ma défense».
– Il a connu le problème de ceux qui, après avoir bénéficié de la Grâce, retournaient vers les exigences de la loi mosaïque.
Et malgré cela, nous trouvons cet homme tel un roc, et qui persiste, après des années d'épreuves semblables, à travailler «pour présenter à Dieu tout homme devenu parfait en Christ».
Évidemment, cela n'allait pas toujours tout seul. Non seulement, Paul travaille, mais il dit qu'il combat: «c'est ce à quoi je travaille en combattant».
Donc, il y a eu des résistances, des heures où la partie pouvait sembler perdue pour Christ, pour lui. Le terme «combat» employé ici est celui dont on se servait pour parler des jeux dans les stades.
Paul a donc engagé toute son énergie. L'état de l'Église ne le laissait pas indifférent.
Il sentait que la partie pouvait être perdue pour Christ et pour lui, alors, il luttait, combattait pour «présenter à Dieu tout homme devenu parfait en Christ».
Où trouvait-il cette possibilité de combattre?
Il le dit très simplement: «c'est ce à quoi je travaille en combattant avec SA force, la force de Christ qui agit puissamment en moi».
Ce qui était précieux pour l'apôtre Paul, c'est qu'il n'a jamais douté de sa vocation. Il était constamment conscient de la Grâce qui lui avait été faite, et il savait qu'il lui serait dur, sinon impossible, de regimber contre les aiguillons. Et nous pourrions reprendre à son profit, — puisqu'il dit: «J'ai combattu le bon combat, j'ai gardé la foi», — ce qui nous est dit de Moïse: «Il marchait comme voyant celui qui est invisible».
La
force
du Seigneur se manifestait dans sa faiblesse;
c'était dans les heures où il se sentait le plus faible qu'il
expérimentait, le plus et le mieux, la force du Seigneur.
Ceci est important pour tous ceux qui ont à passer très souvent par des moments de défaillance, où ils se sentent faibles, de savoir que jamais, le Seigneur n'abandonne ses enfants dans ces moments-là, mais que c'est précisément à l'heure où le chrétien, comme le serviteur de Dieu, sentent le plus leur faiblesse, que la force du Seigneur est à leur disposition et agit.
Ce qui est remarquable dans le Nouveau Testament, notamment dans les lettres de Paul, c'est que lorsqu'il est parlé de la Force du Seigneur, il n'en est jamais parlé, dans le texte original, comme d'une force d'inertie, mais toujours, comme d'une force active.
Le Saint-Esprit n'est pas en nous, et le Seigneur n'est pas en nous, pour que rien ne se fasse; c'est une force agissante, une force dans laquelle nous pouvons avoir parfaite confiance.
Pour conclure, nous relevons deux textes bien connus:
Daniel 10/17. — «Comment le serviteur de mon Seigneur pourrait-il parler à mon Seigneur? Maintenant, les forces me manquent, et je n'ai plus de souffle.
Alors, celui qui avait l'apparence d'un homme me toucha de nouveau et me fortifia, puis il me dit:
«Ne crains rien, homme bien-aimé, que la paix soit avec toi, courage, courage I»
Et comme il me parlait, je repris des forces et je dis: «que mon Seigneur parle, car tu m'as fortifié.»
Ce fut souvent notre expérience: «Les forces me manquent et je n'ai plus de souffle», mais l'expérience que fit Daniel j'ai cette confiance que, vous et moi, nous pouvons la faire.
Que Dieu nous touche à ce moment précis où nos forces nous abandonnent, pour que LUI, AVEC SA FORCE, nous rende capable de rester debout!
ET SI, JAMAIS, L'ORGUEIL VENAIT À S'EMPARER DE NOTRE CŒUR, et si, jamais, nous nous trompions en pensant que nous sommes debout parce que nous sommes mieux que les autres, le Seigneur permettra certainement que nous manquions de souffle, une fois de plus, pour nous rappeler que nous avons besoin de sa force!
Encore un texte semblable dans le livre de l'Apocalypse, mais la Parole de Dieu est bienfaisante:
Chapitre 1/17 — «Quand je Le vis, je tombai à ses pieds comme mort. Il posa sur moi sa main droite, en disant: Ne crains point, je suis le premier et le dernier et le vivant! J'étais mort et voici, je suis vivant aux siècles des siècles. Je tiens les clés de la mort et du séjour des morts».
Dieu n'est pas injuste et s'il permet que, pour son Corps, — c'est-à-dire pour l'Église, — nous ayons à passer par bien des tribulations, il nous offre à chacun, et en tout temps, sa Vie de Résurrection, sa Force qui agit puissamment. Le mot «puissant» est celui qui a donné «dynamite» en français, «dynamique», «dynamo». Voilà quelle force le Seigneur a mise en nous, et qui agit puissamment en nous.
Enfin, Paul puisait aussi sa force dans la communion fraternelle, tout Paul qu'il était. Le livra des Actes nous dît que: «Tandis qu'il se dirigeait vers Rome, au moment où il vit les frères, il reprit courage».
Souhaitons de tout notre cœur que toutes nos rencontres chrétiennes soient des occasions, pour nous, de reprendre courage, afin de poursuivre, les uns et les autres, la tâche que le Seigneur nous à confiée.
Roger COPIN
Rouen
Viens et Vois – 1965-12
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