JUGER LES AUTRES
J.R. Miller
* * *
L'un des conseils du Seigneur à ses disciples est le suivant: «Ne jugez pas, afin de ne pas être jugés».
Nous ne pouvons pas juger les autres de manière équitable.
Par exemple, nous ignorons quelles peuvent être les causes des défauts que nous condamnerions chez les autres.
Les infirmités de certaines personnes sont héréditaires.
Il se peut aussi que leur situation ou leur expérience soit à l'origine des particularités que nous sommes enclins à critiquer. Nous ignorons les troubles cachés des gens, leurs chagrins secrets.
Longfellow a dit quelque part:
«Si nous pouvions lire l'histoire secrète de nos ennemis, nous trouverions dans la vie de chacun suffisamment de chagrin et de souffrance pour désamorcer toute hostilité!»
Si nous savions tout ce que Dieu sait de la vie des gens, notre censure se transformerait en pitié!
Nous risquons aussi de mal juger les actes et le caractère des autres, parce que nous ne voyons qu'un fragment de leur vie. La plupart des choses et des gens ont deux faces, et nous n'en voyons généralement qu'une.
Un jour de Noël, le poète Whittier reçut d'un ami une fleur pressée entre deux vitres. L'une des faces ne montrait qu'une masse floue de feuilles et de tiges, sans beauté. L'autre face révélait toute la beauté de la fleur telle qu'elle se présentait sous le verre.
M. Whittier accrocha son cadeau à sa fenêtre et tourna le beau côté vers l'intérieur. Ceux qui passaient à l'extérieur ne voyaient qu'un «disque gris de verre trouble» et s'étonnaient que le poète ait accroché une chose aussi disgracieuse à sa fenêtre. Mais lui, assis à l'intérieur, voyait toute la beauté exquise de la fleur. D'autres choses que les fleurs pressées ont deux faces, et Whittier écrit:
«Des réflexions plus profondes me viennent,
Ma fleur à moitié immortelle, de toi;
L'homme juge à partir d'une vue partielle;
Personne n'a jamais rien su de son frère.
L'œil éternel qui voit le tout
Peut mieux lire l'âme obscurcie,
Et trouver le sens extérieur nié,
La fleur vue de l'intérieur.»
Trop souvent, nous ne voyons que le côté flou des gens – et la plupart des gens ont un côté flou. Cependant, derrière leur extérieur rugueux, il peut y avoir un vrai cœur, doux et aimable.
Nous connaissons un homme dans le monde, parmi les hommes, et il semble dur, sévère, sans douceur. Mais un jour, nous le voyons à la maison, auprès de son enfant malade, et là, il est un autre homme – attentionné, patient, presque maternel. Nous aurions été bien injustes si nous nous étions contentés de le juger de l'extérieur.
Un jeune homme a été sévèrement critiqué par ses collègues pour son avarice. Il recevait un bon salaire mais vivait chichement, sans même le simple confort qu'il aurait pu facilement s'offrir – pensaient ses collègues.
Il ne dépensait pas un sou pour le luxe et évitait les dépenses que d'autres jeunes hommes jugeaient nécessaires. C'était là un aspect de la vie du jeune homme, et il y avait ceux qui le jugeaient d'après cet aspect.
Mais il y avait un autre côté.
Il avait une sœur unique – ils étaient orphelins – qui souffrait énormément. Elle était confinée dans sa chambre et son lit, une invalide sans défense. Son frère subvenait à ses besoins. C'est pourquoi il vivait si modestement, épargnant et se privant de tout.
Il faisait ces sacrifices personnels pour que sa sœur, dans sa solitude et sa douleur, puisse trouver du réconfort.
C'était l'autre côté de sa personnalité, celui qui avait semblé si peu attrayant aux amis du jeune homme.
Il existe d'innombrables cas de ce genre.
Nous observons les actions d'une personne et nous forgeons une opinion défavorable, sans en connaître le véritable motif ou la raison.
Les pharisiens jugeaient Jésus et le condamnaient amèrement pour avoir mangé avec les publicains et les pécheurs, et pour s'être montré l'ami de ces classes marginalisées.
Ils ne le voyaient qu'à travers leurs propres préjugés, et ils en déduisaient qu'il n'était pas un homme pieux, sinon il n'aurait pas choisi de tels compagnons.
Mais nous savons qu'il est allé parmi ces personnes méprisées et déchues, afin de les sauver.
Le jugement de ses ennemis était erroné, car il ne reposait que sur une partie de la vérité.
Nos propres imperfections nous empêchent également de juger équitablement.
– Celui qui n'a pas de goût pour l'art ne peut pas être un critique juste des œuvres d'art.
– Avec notre nature morale entachée et imparfaite, nous ne pouvons pas juger avec justesse le travail et le caractère d'autrui.
Les défauts mêmes que nous condamnons chez nos voisins existent souvent en nous-mêmes sous une forme encore plus grave!
Jésus l'enseigne en disant:
«Pourquoi regardes-tu la paille qui est dans l'œil de ton frère, et ne regardes-tu pas la poutre qui est dans ton propre œil?»
Tandis que nous trouvons chez les autres de petits défauts, que nous les jugeons et les condamnons à cause de ces petits défauts, NOUS AVONS NOUS-MÊMES DES DÉFAUTS PLUS GRAVES!
Nous ne sommes pas dignes de juger les autres, car nous avons les mêmes défauts que ceux que nous voyons en eux.
De plus, tandis que nous nous occupons des défauts des autres,
nous risquons de négliger le soin de notre propre vie!
«Mais toi, pourquoi juges-tu ton frère? ou toi, pourquoi méprises-tu ton frère? puisque nous comparaîtrons tous devant le tribunal de Dieu.
Car il est écrit:
Je suis vivant, dit le Seigneur, Tout genou fléchira devant moi, Et toute langue donnera gloire à Dieu.
Ainsi chacun de nous rendra compte à Dieu pour lui-même.
Ne nous jugeons donc plus les uns les autres; mais pensez plutôt à ne rien faire qui soit pour votre frère une pierre d’achoppement ou une occasion de chute.» (Romains 14:10-13 v. Segond)
Fin
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