LES PLEURS AU DERNIER JOUR
Edward Griffin
(1770-1837)
* * *
«Là, il y aura des pleurs et des grincements de dents, quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob et tous les prophètes dans le royaume de Dieu, mais vous-mêmes jetés dehors!» Luc 13:28
Un jour, quand les hommes seront plongés dans la folie comme avant le déluge, alors qu'ils mangeront et boiront, se marieront et donneront en mariage, le signe du Fils de l'homme apparaîtra au ciel.
Le son de la dernière trompette réveillera le monde, ressuscitera les morts et appellera l'univers au jugement! Les cieux passeront avec fracas; la terre sera en feu; la mer brûlera comme de l'huile.
Le Fils de l'homme, revêtu de la gloire de son Père et entouré de saints et d'anges, établira son trône de jugement. «Devant lui seront rassemblées toutes les nations; et il séparera les uns des autres, comme un berger sépare les brebis des boucs.»
Les livres, où sont consignées toutes les actions des hommes, seront ouverts.
– Les secrets de tous les cœurs seront révélés;
– toute parole vaine sera jugée;
– chaque recoin sombre de la vie sera dévoilé;
– la honte des pécheurs sera exposée à tous!
Le Juge dira alors à ceux qui sont à sa droite:
«Venez, vous qui êtes bénis de mon Père, recevez en héritage le royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde.»
Mais à ceux qui sont à sa gauche, il dira:
«Retirez-vous de moi, maudits, pour aller dans le feu éternel, préparé pour le diable et ses anges. Ceux-ci s'en iront dans le châtiment éternel, mais les justes dans la vie éternelle.»
En ce jour, il y aura des pleurs et des grincements de dents lorsque les méchants Juifs, les enfants de l'alliance, qui se vantaient de descendre d'Abraham, verront Abraham, Isaac et Jacob dans le royaume de Dieu, et qu'eux-mêmes en seront chassés!
Ces paroles nous amènent à réfléchir sur les malheurs des méchants au dernier jour.
Ce sera le moment de la SÉPARATION DÉFINITIVE des amis proches et chers.
La
ligne
de démarcation séparera beaucoup de maisons paternelles.
– Un parent sera d'un côté et un enfant de l'autre;
– un mari d'un côté et une femme de l'autre;
– un frère sera séparé de son frère et une soeur de sa soeur.
Quand les pécheurs regarderont au-delà du gouffre et verront au Ciel leurs anciennes connaissances, leurs compagnons de jeunesse, leurs voisins, ceux qui les rencontraient de sabbat en sabbat dans la maison de Dieu, qui s'asseyaient sur le même siège et se tenaient à leurs côtés pour prier;
Quand ils lèveront les yeux et verront les membres de leur famille, ceux qui ont été nourris au même sein et ont partagé leurs jeux de jeunesse;
Quand ils verront un père, une mère, une femme, un enfant, séparés à jamais d'eux, et admis à ce banquet dont ils sont éternellement exclus;
Alors, ce seront les pleurs et les grincements de dents!
Leur chagrin sera accru par le souvenir des occasions et des privilèges qu'ils ont perdus.
Ce souvenir s'éveillera chez les Juifs lorsqu'ils verront Abraham, Isaac et Jacob dans le royaume de Dieu.
Quand les pécheurs se souviendront des sabbats qui les éclairaient d'une lumière céleste,
Quand ils se souviendront des moments passés dans la maison de Dieu sous des sermons édifiants,
Quand ils se souviendront des jours où ils pouvaient avoir fréquemment accès aux réunions de prière, des années où leur Bible moisissait sur une étagère;
Quand ils se souviendront des jours où l'Esprit de Dieu agitait leur esprit, des heures où leurs âmes étaient éveillées à la prière par le sentiment des réalités éternelles, et où leurs mains semblaient saisir le seuil même du Ciel;
Quand ils se souviendront des jours de puissance divine où Jésus de Nazareth est passé, où des multitudes se sont pressées dans le royaume des cieux et les ont presque portées sur leurs épaules;
Quand ils réfléchiront à quel point ils ont été proches du Ciel et pourtant ont échoué; Alors ils se lamenteront enfin, lorsque leur chair et leur corps seront consumés, et ils diront:
«Comment ai-je haï l'instruction et méprisé la réprimande?»
«J'avais une âme, mais je n'y accordais pas de prix, et maintenant mon âme est damnée.»
En ce jour:
Ils imploreront la pitié de tous ceux qui ont des oreilles pour qu'ils les plaignent et les soulagent, (comme le riche cria à Abraham), mais ils les trouveront tous sourds à leurs prières.
Ils supplieront Dieu d'atténuer sa colère et de leur accorder un peu de répit, mais ils ne recevront que cette réponse:
«Parce que j'ai appelé et que vous avez refusé, je ne vous ai pas laissé faire:
Parce que j'ai crié et que vous avez refusé, que j'ai tendu la main et que personne n'y a prêté attention, et que vous avez méprisé tous mes conseils et ignoré mes réprimandes, moi aussi je rirai de votre calamité, je me moquerai quand vous serez dans la crainte.»
Ils imploreront leurs parents, leurs frères, leurs enfants, par tout leur amour d'autrefois, d'envoyer quelqu'un pour «tremper le bout de son doigt dans l'eau et rafraîchir leur langue», et il n'y aura pas assez de compassion dans tout le Ciel pour accorder ce petit soulagement.
Ils crieront aux rochers et aux montagnes pour qu'ils les couvrent, mais les rochers et les montagnes auront disparu.
Ils déverseront leurs lamentations aux oreilles de l'enfer, mais ils n'en retireront que des gémissements et des reproches.
Ils ne trouveront pas un seul ami dans les limites de l'univers.
Ils verront un ennemi dans chaque créature qu'ils rencontreront.
ILS N'AURONT D'AUTRES COMPAGNONS QUE LES DÉMONS et les effrayants fantômes de l'enfer, qui ne feront que les tourmenter.
Dix mille fois ils souhaiteront passer leur éternité seuls; mais même cette bénédiction leur sera refusée. Sur terre, ils pensaient qu'en cas de malheur, ils auraient assez de compagnie; mais maintenant, ils découvrent que plus il y a de combustible, plus il y a de feu!
Ils désespéreront totalement de tout bien – de revoir une autre heure agréable ou une autre chose agréable pour toute l'éternité.
Ils désespéreront complètement d'avoir un moment de répit de la douleur, ou la moindre atténuation.
Tout bonheur se sera envolé pour toujours. Si un seul jour de réconfort pouvait venir après dix mille âges de misère, ils auraient quelque chose à attendre avec impatience; mais maintenant ils n'ont rien d'autre que la noirceur des ténèbres POUR TOUJOURS, s'assombrissant encore plus à mesure que les âges de l'éternité tournent!
Ils sont complètement anéantis, et leur cri constant sera:
«Ô si je n'étais pas né! Si je pouvais sombrer dans le néant et ne plus exister!»
Leur culpabilité et leur honte seront une aggravation indicible de leur misère.
Lorsque leurs yeux s'ouvriront pour voir l'amour éternel contre lequel ils ont toujours été en armes,
la majesté infinie qu'ils ont insultée et défiée,
la compassion mourante de Jésus qu'ils ont foulée aux pieds,
et ce bien incommensurable qu'ils ont cherché à détruire,
ils seront écrasés sous la culpabilité et la honte, au-delà de la portée de la pensée.
Le remords sera le ver qui ne mourra jamais et qui rongera leurs organes vitaux. Aussi épouvantable que soit la damnation éternelle, et aussi égoïstes et orgueilleux qu'ils resteront, ils estimeront qu'ils méritent tout cela.
Avec toute l'arrogance de leur orgueil qui se déchaîne sans retenue, le fait d'être exposés au mépris public, si pollués, si dégradés, si maudits, les remplira d'un sentiment de honte indescriptible.
Le mépris avec lequel ils seront considérés par leurs anciennes connaissances, leurs anciens dépendants, leurs anciens admirateurs, l'infamie de vos prisons d'État, c'est de la gloire comparée à cela.
Les passions des damnés seront déchaînées.
Leur égoïsme et leur orgueil, leur malice et leur envie, se déchaîneront sans retenue.
Une tempête de passion les déchirera avec la fureur des tourbillons.
Il
y
aura des pleurs et des grincements de dents.
– Ils grinceront contre Dieu,
– ils grinceront contre ses saints,
– ils grinceront contre leurs bourreaux.
Ceux qui ont connu l'agonie qu'une seule de ces passions peut provoquer, peuvent juger du tourment qu'elles produisent toutes, une fois toute entrave levée.
Mais ce qui anéantira et flétrira toutes leurs puissances, c'est la colère d'un Dieu infini, d'un Dieu aux mains duquel nul ne peut les délivrer.
En ce monde, la colère de Dieu est moins considérée que le mécontentement des hommes; mais ce jour-là, ils préféreront voir toute la création s'enflammer contre eux, plutôt que Dieu seul.
Lorsqu'ils se réveilleront et découvriront que Dieu est leur ennemi, Lui dont l'être et la puissance dépassent toute pensée créée; lorsqu'ils tomberont entre ses mains et seront fouettés et brisés par sa force toute-puissante, combien seront-ils consternés et accablés!
Le nuage qui obscurcit la terre et qui éclate en coups de tonnerre sur la ville effrayée, le tremblement de terre qui éclate soudain avec un énorme fracas sur la ville stupéfaite, tout cela réveille des terreurs qui ne peuvent être décrites.
Mais ni le tonnerre qui ébranle le monde, ni le tremblement de terre qui soulève le sol agité, ni le cri de milliers de personnes en train de sombrer ne peuvent susciter autant de terreur que la colère d'un Dieu courroucé!
Quand les damnés, accablés de culpabilité, verront Dieu leur ennemi – leur ennemi infini – leur ennemi éternel – un ennemi dont nul ne peut les délivrer – et verront toutes les énergies de sa justice engagées pour les écraser comme un ver sous un rocher qui s'écroule – la terreur les saisira!
Mais le langage fait défaut; je laisse à l'imagination le soin de fournir le reste.
Dois-je mentionner des souffrances corporelles pour rendre leurs souffrances complètes? MAIS DIEU A DIT QU'ILS SERONT JETÉS DANS UN ÉTANG DE FEU!
Il l'a dit souvent et ne l'a jamais démenti.
Il n'a jamais laissé entendre qu'il s'agissait d'une représentation figurée, et je ne connais aucune considération tirée de l'Écriture ou de la raison qui s'oppose à l'interprétation littérale de ces nombreux textes.
Si vous dites: c'est trop terrible pour être cru.
Je réponds:
Si ce n'est pas du feu, ce doit être quelque chose d'aussi terrible, ou alors les Écritures nous ont grandement trompés.
Et si c'est quelque chose d'aussi terrible, pourquoi ne pourrait-il pas s'agir aussi bien de feu que d'autre chose? xx
D'ailleurs, s'il y a un endroit où les figures ne sont pas employées, c'est bien au tribunal, lorsqu'il s'agit de prononcer une sentence judiciaire.
C'est certainement le cas dans les affaires humaines.
Celui qui doit être le juge nous a dit exactement quelle sera la sentence:
Il dira alors à ceux qui sont à sa gauche:
«Retirez-vous de moi, maudits! Allez dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges!»
ET CE LANGAGE JUDICIAIRE, ISSU DU TRIBUNAL, N'EST-IL QUE POÉSIE?
Pour couronner le tout, la misère sera éternelle.
Sur terre, peu de cas sont si mauvais qu'ils n'admettent pas l'espoir d'une amélioration. Les personnes les plus malheureuses se réjouissent à l'idée que leur détresse prendra fin.
Mais en Enfer, il ne reste plus aucune chance d'espoir.
Tout n'est que désespoir, tout n'est que misère éternelle.
S'ils pouvaient s'échapper après avoir souffert autant de millions d'années qu'il y a d'étoiles dans le ciel, ajoutées à tous les sables de la mer et à toutes les feuilles de la forêt, l'œil de l'enfer pourrait s'illuminer d'espoir.
MAIS L'ENFER EST ÉTERNEL!
Ce seul mot anéantit toutes leurs espérances et les cloue à un désespoir infini! Et si leur misère doit éternellement s'accroître, au point que ce qu'ils endurent maintenant ne soit rien comparé à ce qu'ils espèrent, alors c'est un désespoir infini multiplié en désespoir infini.
Si
je
me retrouverais parmi cette foule désespérée, mille siècles plus
tard, et je leur demanderais:
– Que pensez-vous maintenant de la Bible?
– Des occasions de prier?
– Du jour de grâce dont vous avez bénéficié dans l’au-delà?
– Que pensez-vous maintenant de votre folie passée, qui a consisté à délaisser la religion et à négliger vos âmes?
Je recevrais une réponse unanime et un gémissement général!
Mais, Dieu soit béni, je m'adresse à une assemblée différente, à une assemblée d'hommes vivants, dans un monde d'espérance.
Mais ne suis-je pas en train de parler aussi à certains qui finiront par se retrouver dans cette situation? ? Dieu le sait. Je crains qu'il n'y en ait quelques-uns dans cette maison.
Combien d'entre vous ont vécu vingt, trente, quarante ans sans religion, et sont encore enfoncés dans la bêtise du péché!
Dans cet état d'abrutissement, la plupart de ceux qui ont passé le milieu de leur vie mourront, selon toute probabilité.
Ils continueront à trouver mille excuses et à espérer une conversion future, jusqu'à ce qu'ils ouvrent les yeux dans les tourments éternels!
C'est ainsi que les hommes ont agi dans tous les temps passés; c'est ainsi qu'ils agiront probablement encore.
Et pourquoi cette assemblée serait-elle exemptée?
Je ne cacherai pas mon anxiété.
Mon âme est affligée par la crainte de voir un jour certains de mes auditeurs implorer les rochers et les montagnes de les couvrir, maudissant le jour où ils auront entendu un sermon évangélique!
– Toutes les supplications de Dieu et des hommes ne peuvent les inciter à prier en famille, ni même dans leur chambre.
– Toute la lumière qui les entoure ne peut les empêcher de trouver des excuses et de rejeter sur Dieu la responsabilité de leur impénitence.
Nous pouvons pleurer sur eux jusqu'à ce que nos cœurs se brisent, et pourtant ils n'auront pas une pensée anxieuse pour leur bien-être dans tous les âges futurs; et pourtant beaucoup d'entre eux ont déjà passé la période de conversion probable.
S'ils croyaient fermement que la tombe mettrait fin à leur existence, je ne m'en étonnerais pas. Mais peut-être croient-ils tous qu'ils vivront aussi longtemps que durera le trône de Dieu.
Avec un tel credo, se préoccuper de prévoir la vieillesse et ne pas penser à toutes les années entre soixante-dix et mille, entre mille ET une époque que les chiffres ne peuvent atteindre, c'est de la folie, c'est une folie sans nom.
Mes chers auditeurs, ayez compassion de vos âmes éternelles.
Ayez pitié de vous-mêmes: ayez pitié de moi.
Ô pitié, pitié, pitié! Je vous implore, comme un mourant, pour obtenir du soulagement.
Ma prière est pour cette seule bénédiction: QUE VOUS SOYEZ HEUREUX POUR L’ÉTERNITÉ.
Accordez-moi cela et je ne vous en demande pas davantage.
Je vous implore par cette compassion qui «a regardé du haut du Ciel pour entendre les gémissements du prisonnier et libérer ceux qui étaient voués à la mort».
Je vous implore par cet amour qui a versé son sang au Calvaire, par cette patience qui vous appelle depuis votre enfance.
Je vous avertis:
par tout le poids terrible de la culpabilité,
par les terreurs d'un lit d'agonie,
par les solennités du jugement dernier!
Au nom et par l'autorité du Dieu éternel,
je vous ordonne de ne pas faire votre lit en Enfer!
Fin
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