Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

TU AS LE TEMPS!

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C'était samedi. Un vieux prédicateur de l'Évangile était assis dans son cabinet de travail et réfléchissait à son sermon du jour suivant. Il se savait messager de Dieu, il sentait le sérieux de sa responsabilité, et les questions suivantes le préoccupaient:

«Comment pourrais-je le mieux gagner des âmes à Christ?

Comment pourrais-je réveiller la conscience des indifférents et des endurcis et les engager à fuir la colère à venir?»

S'endormit-il là-dessus? Eut-il une vision? — Je ne sais. Mais le fait est qu'il lui sembla tout à coup être environné d'une bande d'esprits malins réunis pour discuter des moyens de perdre les âmes.

Quel contraste entre le but de ses efforts et celui des leurs! Il eut un frisson d'horreur, mais ne put s'empêcher de prêter l'oreille.

Un esprit après l'autre fit part de son idée tandis que l'un d'eux, qui paraissait avoir une certaine autorité sur ses compagnons, était chargé de la critiquer.

«J'irai dire aux hommes qu'il n'y a point de Dieu», fit l'un.

«Tu peux t'épargner cette peine, répondit l'esprit supérieur, ils sont trop bien informés pour te croire. La terre, le ciel et la mer donneraient le démenti à tes paroles.»

«Je veux persuader les hommes qu'il n'y pas de jugement dernier, dit un autre.»

«Cela aussi serait inutile, fut la réponse, l'homme a une conscience dont il ne peut pas étouffer complètement la voix. Quoi que tu puisses lui dire, il sait au fond de son coeur que Dieu l'appellera à rendre compte de ses actes.»

Un troisième éleva alors la voix: «Je lui enseignerai qu'il peut gagner le ciel par ses bonnes oeuvres.»

«Non, reprit l'autre, il n'ajouterait pas non plus foi à ceci, il sait que les fautes ne sont pas si facilement réparées. Ses bonnes oeuvres ne le satisfont pas lui-même. Comment croirait-il qu'elles suffisent à Dieu?»

«Je sais une meilleure ruse, remarqua un quatrième. Je lui dirai qu'il y a un Dieu, une vie à venir, je le laisserai croire qu'il n'y a qu'un moyen d'échapper à l'enfer et de gagner le ciel. Je lui ferai entendre toute la vérité, je n'y glisserai qu'un petit mensonge:

Je lui dirai qu'il a le temps, qu'il n'a pas besoin de se hâter, qu'il pourra s'occuper plus tard sérieusement de sa conversion, que ce n'est pas encore le moment d'y penser.»

«Tu as raison, dit l'esprit qui présidait, va, tu réussiras. Tu attireras ainsi un nombre inouï d'âmes dans L'abîme.»

Le pieux pasteur eut un soubresaut..... la vision avait disparu.

Le dimanche, il prêcha sur le danger de renvoyer au lendemain et il parla avec une éloquence qu'il n'avait jamais eue auparavant.

Oh! si seulement tous prenaient à coeur cet avertissement de ne pas remettre à plus tard leur conversion!

E. TURNIN. (1895)