Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

SOUVIENS-TOI DE LOT

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«Il tardait.» (Gen., XIX, 16.)


Quel est-il cet homme qui tardait? C'est Lot, le neveu du fidèle Abraham.

Et quand tardait-il? Le matin même où Sodome fut détruite.

Et où se trouvait-il? Dans l'enceinte même de Sodome.

Et en présence de qui était-il? Il était sous les yeux des deux anges envoyés pour le retirer de cette cité maudite.

Quel est-il cet homme qui tardait? C'est Lot, le neveu du fidèle Abraham.


Lecteur, ces paroles sont solennelles, et fournissent une abondante matière à réflexions; réfléchissez-y donc. Qui sait si ces paroles ne sont pas celles dont votre âme a besoin? La voix de Jésus même vous crie de vous souvenir de la femme de Lot (Luc, XVII, 32), et la voix d'un de ses ministres vous dit aujourd'hui: Souvenez-vous de Lot.

Je me propose de vous montrer:

Ce qu'était Lot.

Ce que le texte que j'ai choisi vous dit de lui.

Quels sont les motifs qui expliquent son irrésolution.

Quelle espèce de fruits produisit son irrésolution.


***

I.

Qui était Lot. — C'est un point des plus importants, si je le laissais de côté, je perdrais peut-être l'occasion de faire du bien à cette classe de chrétiens de profession que j'ai particulièrement en vue. Peut-être essayerez-vous de dire, après avoir lu cet écrit: «Ah! Lot était un pauvre homme encore dans les ténèbres, — un cœur inconverti, — un enfant de ce monde; — il n'est pas étonnant qu'il fût irrésolu.» Mais, non! Lot n'était point un homme de cette espèce, c'était un véritable enfant de Dieu, une âme justifiée, un vrai fidèle, un juste.

Quelqu'un de vous a-t-il la grâce dans son cœur et l'espérance du salut? — Lot l'avait aussi.

Quelqu'un de vous est-il une nouvelle créature? est-il dans ce chemin étroit qui mène à la vie? — Lot l'était pareillement.

Et ne pensez pas que je parle d'après mon sentiment personnel et ma propre imagination, sans m'appuyer sur les Écritures. Non! je ne vous demande pas de me croire sur ma seule autorité. Le Saint-Esprit a dissipé tout doute à cet égard, en le nommant deux fois juste (2 Pierre, II, 7, 8 et s’il a délivré le juste Lot, profondément attristé de la conduite de ces hommes sans frein dans leur dissolution, car ce juste, qui habitait au milieu d’eux, tourmentait journellement son âme juste à cause de ce qu’il voyait et entendait de leurs oeuvres criminelles;), et en vous fournissant la preuve de la grâce qui était en lui.

Or, cette preuve, la voici: C'est qu'il vivait dans une ville corrompue, «voyant et entendant le mal tout autour de lui (2 Pierre, II, 8),» sans être méchant lui-même. Or, pour être un Daniel à Babylone, un Hobadja dans la maison d'Achab, un Abijah dans la famille de Jéroboham, et un saint à la cour de Néron, un homme doit avoir la grâce de Dieu.

Une autre preuve, c'est «qu'il affligeait son âme à cause des méchancetés» qu'il voyait commettre autour de lui. Il était affligé, peiné, blessé, par la vue du péché. Il éprouvait ce qui faisait dire à David: «J'ai été affligé de ce qu'ils n'observaient point ta Parole. — Mes yeux se sont fondus en ruisseaux d'eau, parce qu'on n'observe point ta loi (Ps. CXIX, 158, 136).» Et rien autre, que la grâce de Dieu, ne peut produire de semblables effets.

Une autre preuve, c'est qu'il affligeait son âme tous les jours, à cause des méchancetés qu'il voyait. Il ne devint pas à la longue froid et indifférent pour le péché, comme c'est si souvent le cas; l'habitude n'avait pas émoussé ses sentiments, comme cela se voit si fréquemment. Bien des gens sont frappés et scandalisés à la première vue de la perversité, qui s'y accoutument et finissent par l'envisager ensuite avec une espèce d'indifférence. C'est spécialement le cas de ceux qui vivent dans de grandes villes. Mais ce n'était pas celui de Lot, et c'est un signe évident de la grâce qui était en lui.

Tel était Lot, un juste, un homme justifié, déjà scellé et élu, comme un héritier des cieux, par le Saint-Esprit lui-même.

Lecteur, avant de passer outre, rappelez-vous qu'un vrai fidèle peut avoir beaucoup de taches, de défauts et bien des infirmités, sans cesser d'être chrétien. Il ne faut pas rejeter l'or, parce qu'il y a de l'alliage. — Vous ne devez pas mépriser la grâce, parce qu'elle est accompagnée de beaucoup de misères.

Continuez cette lecture, et vous verrez que Lot paya chèrement son irrésolution. — Mais, tout en lisant quelles en furent les tristes suites, n'oubliez pas que Lot était cependant un enfant de Dieu.


***

II.

Passons maintenant au second point, et voyons ce que le texte que j'ai choisi nous apprend sur la conduite de Lot.

Ces mots, il tardait, surprennent et confondent l'imagination. Et plus vous envisagerez les temps et les circonstances dans lesquelles se trouvait Lot, plus votre étonnement augmentera.

Il agissait avec lenteur, quand il aurait dû agir avec promptitude; il était négligent, quand il aurait dû être actif; paresseux, quand il aurait dû être diligent; hésitant, quand il aurait dû se hâter; froid, quand il aurait fallu être tout de feu. — Cela paraît étrange et presque incroyable, presque trop étonnant pour être vrai. Mais l'Esprit l'a écrit pour notre instruction, et la chose s'est passée de cette manière.

Et cependant, lecteur, combien il y a d'enfants de Dieu qui ressemblent à Lot.

Faites-y bien attention, et je le répète ici, afin qu'il n'y ait point de méprise à l'égard de ce que j'avance. Je vous ai montré Lot qui hésitait, Lot qui tardait; et je dis qu'il y a encore aujourd'hui beaucoup de chrétiens, hommes et femmes, qui sont semblables à Lot.

Il y a beaucoup de vrais enfants de Dieu qui paraissent connaître plus de choses, et voir plus loin que la pratique de leur vie ne semble l'annoncer, et qui restent cependant dans cet état pendant un grand nombre d'années. — On est étonné, pouvant faire ce qu'ils font, de ne pas les voir faire davantage. Ils tiennent à Christ, leur chef, à la vérité; ils aiment une prédication fidèle, et donnent leur assentiment à chaque article de la doctrine évangélique, quand ils y sont appelés.

Mais il y a encore quelque chose d'indéfinissable en eux, qui fait qu'on ne peut pas être tranquille sur leur compte. Ils font sans cesse des choses qui trompent l'attente de leurs pasteurs et de leurs amis chrétiens les plus avancés. On est tout surpris de les voir penser si bien et agir si peu.

On est surpris, étant ce qu'ils sont, de ne pas les voir faire de plus grands progrès.


Et que dirons-nous de ces gens? Ils inquiètent souvent leurs parents et leurs amis chrétiens, excitent en eux des doutes et des angoisses à leur sujet. Et la seule explication qu'on puisse donner de leur conduite est celle-ci: Ils sont des frères et des sœurs de Lot; ils tardent.

Ce sont ceux qui se sont mis dans l'esprit qu'il est impossible à tout croyant d'acquérir une sainteté et une spiritualité parfaites; ils reconnaissent qu'une éminente sainteté est une belle chose; ils admirent ce qu'ils en trouvent dans les livres et même les exemples qu'ils en voient occasionnellement dans les autres; mais ils ne pensent pas que tous puissent viser si haut. À certains égards, ils rabaissent la portée de leurs capacités.

Ce sont ceux qui se font de fausses idées de la charité, comme ils l'appellent. Ils voudraient plaire à chacun, convenir et être agréables à tous; mais ils oublient, avant tout, de s'assurer s'ils plaisent à Dieu.

Ce sont ceux qui répugnent aux sacrifices et qui reculent devant le renoncement. Ils ne paraissent jamais s'appliquer ce commandement de Dieu, «de se couper la main droite ou de s'arracher l'œil droit (Matth., V, 29, 30).» Ils passent leur vie à chercher à rendre la porte plus large et la croix plus légère sans y réussir jamais.

Ce sont ceux qui essaient toujours de rester en rapport avec le monde; ils s'ingénient à trouver des raisons plausibles pour ne pas s'en séparer tout à fait, pour se permettre d'assister à des amusements suspects et de conserver des liaisons douteuses. — Vous entendez dire un jour d'eux qu'ils lisent assidûment leur Bible, et le jour suivant vous apprendrez peut-être qu'ils ont été au bal. Ils cherchent sans cesse à se persuader à eux-mêmes qu'il est bon quelquefois de se mêler avec les mondains sur leur propre terrain. Cependant, dans leur cas particulier, il est évident qu'ils ne font aucun bien aux autres et qu'ils se font du mal à eux-mêmes.

Ce sont ceux qui ne se font point un cas de conscience de combattre leur péché d'habitude, que ce soit la paresse, l'indolence, l'humeur, l'orgueil, l'égoïsme, l'impatience ou tout autre. Ils le laissent tranquillement habiter dans leurs cœurs sans l'inquiéter. Ils l'attribuent à leur santé, à leur constitution, à leur caractère, à leurs épreuves. Leur père, leur mère ou leur grand-mère, étaient comme eux, et ils sont sûrs qu'ils n'y peuvent rien; et quand vous les retrouvez, après une absence d'une ou de plusieurs années, vous les entendez toujours tenir le même langage.

Mais tous, tous sont d'une même famille; ce sont des frères et les sœurs de Lot: ils tardent.

Ah! lecteur, si vous tardez comme eux, vous ne devez pas être heureux, et vous le savez bien. Il serait en effet surprenant qu'il en fût autrement. Le doute, l'hésitation, l'irrésolution, sont la ruine de tout christianisme joyeux. Avec eux, aucune conscience ne jouira de la paix intérieure.

Il fut peut-être un temps où vous couriez bien; — mais vous avez renoncé à votre premier amour, vous n'avez plus senti dès lors les mêmes consolations et vous n'êtes plus retourné à vos premières œuvres. Vous imitez Pierre, qui suivait de loin son Maître quand il fut arrêté; aussi trouverez-vous, comme lui, que c'est un chemin rude et fâcheux.

Venez et regardez à Lot, observez son histoire, considérez son irrésolution, et devenez sages.


***

III.

Considérons les motifs qui expliquent l'irrésolution de Lot.

C'est une question d'une grande importance, et je vous demande ici votre plus sérieuse attention. Connaître la racine d'un mal, c'est avoir déjà fait un pas vers la connaissance du remède. Celui qui est averti d'avance est armé d'avance.

Quel est celui d'entre vous qui se croit certain de ne pas tomber dans la faute de Lot; qu'il vienne écouter quelques traits de son histoire. Faites comme lui, et, à moins d'un miracle, vous verrez à la fin votre âme tomber dans le même état que la sienne.

Notre première observation est celle-ci: Lot avait fait un mauvais choix dans les premières années de sa vie.

Il fut un temps où Abraham et Lot vivaient ensemble. Étant devenus riches tous deux, ils durent se séparer. Abraham , quoique le plus âgé, par un esprit d'humilité et de courtoisie, donna à son neveu le choix du pays qu'il préférait. Au moment de le quitter, il lui dit: «Si tu choisis la gauche, je prendrai la droite; et si tu prends la droite, je m'en irai à gauche (Gen., XIII, 9)

Et que fit Lot? II nous est dit qu'il vit que toute la plaine du Jourdain, près de Sodome, était riche, fertile et bien arrosée; que c'était un pays bon pour le bétail et plein de pâturages. — Comme il avait beaucoup de troupeaux, c'était justement ce qui lui convenait le mieux; et ce fut le pays qu'il choisit, simplement parce qu'il était riche et bien arrosé.

Il est vrai que ce pays était voisin de Sodome! mais il ne s'en inquiéta pas. Les habitants de Sodome qui allaient devenir ses voisins étaient méchants! il s'en soucia peu. Ils étaient excessivement pécheurs devant Dieu! il n'en prit aucun ombrage.

Les pâturages étaient abondants. Le pays était bon; c'était celui qui convenait à son bétail et à ses moutons. Devant cet argument, tous ses scrupules et ses doutes, s'il en eut quelqu'un, s'évanouirent.


Mais j'observe de plus que Lot se mêla avec des pécheurs, quand il pouvait s'en dispenser.

Il est dit d'abord «qu'il dressa ses tentes jusqu'à Sodome (Gen., XIII, 12),» et cela, comme je l'ai observé, fut déjà une grande faute.

Mais, peu de temps après, nous le trouvons vivant dans Sodome même. L'Esprit dit expressément: «Il demeurait dans Sodome (Gen., XIV, 12);» il avait levé ses tentes, abandonné la campagne, et il occupait une maison dans les rues même de cette méchante cité.

Nous ne connaissons pas les raisons de ce changement, ni à quelle occasion il eut lieu; mais nous sommes sûrs que ce ne fut pas par le commandement de Dieu.


Les hommes ne manquent jamais de raisons pour se décider en faveur de ce qu'ils préfèrent. Mais une chose est très claire, c'est que Lot demeura au milieu de Sodome sans bonne raison.

Lecteur, quand un enfant de Dieu fait les deux choses que j'ai mentionnées, ne soyez point surpris si vous entendez de temps en temps quelque rapport défavorable sur l'état de son âme. Ne vous étonnez pas s'il devient sourd à la voix des avertissements donnés par le malheur, comme ce fut le cas de Lot (Gen., XIV, 12), et s'il devient irrésolu, au jour de l'épreuve et du danger, comme Lot le fut.

Faites un mauvais choix, un choix contraire aux enseignements de la Parole. — Établissez-vous, sans qu'il y ait une indispensable nécessité, au milieu de gens mondains, et je ne connais pas de moyen plus sûr


C'est par là que vous rendrez troubles les yeux de votre jugement spirituel, au point de ne pouvoir presque plus discerner le bien du mal et de trébucher à chaque pas; c'est ce qui fera tomber sur vos membres comme une paralysie morale, qui ne vous permettra de marcher qu'en chancelant sur la route de la Jérusalem céleste.

C'est le plus sûr moyen pour donner tout l'avantage du terrain au démon, votre plus grand ennemi, pour enchaîner vos bras dans le combat, pour tarir les sources de votre force, pour brider votre énergie. — C'est couper votre propre chevelure comme Samson et vous livrer vous-même entre les mains des Philistins, qui vous crèveront les yeux, vous feront moudre le grain et vous réduiront en esclavage.

Lecteur, éveillez-vous et faites attention à ce que je vous dis; gravez ces choses dans votre esprit et ne les oubliez pas; souvenez-vous-en le matin, et rappelez-les le soir à votre mémoire. — Si vous voulez éviter la faute de Lot, gardez-vous de tout mélange qui n'est pas absolument obligatoire avec les mondains. Gardez-vous de l'imiter dans le choix qu'il fit, si vous ne voulez pas tomber dans un état d'âme desséché, endormi, charnel, lourd et languissant.

Souvenez-vous-en lorsque vous serez dans le cas de choisir une habitation ou un lieu d'établissement. Il ne suffit pas que la maison soit confortable, — la situation bonne, — l'air sain, — le voisinage agréable, — les dépenses petites, — la vie à bon marché; il y a d'autres choses à considérer.

Vous devez songer à votre âme immortelle et vous demander


Je vous en supplie, si vous aimez la vie, gardez-vous du choix de Lot.

Rappelez-vous-le, en choisissant une femme ou un époux, si vous n'êtes pas encore marié. — Ce n'est pas assez que votre oeil soit satisfait, — que vos goûts se rencontrent, — que vos esprits aient du rapport, — qu'il y ait amabilité et affection, — qu'il y ait un intérieur confortable. — Il faut quelque chose de plus que tout cela. Il y a en outre une vie à venir, à chercher.

Pensez à votre âme immortelle.


Je vous prie, au nom de toutes vos espérances à venir, de peser ces considérations avant de vous décider.

Réfléchissez, réfléchissez beaucoup avant de vous donner vous-mêmes; «ne vous unissez point avec des infidèles (2 Cor., VI, 44).» Le mariage n'est nulle part dans l'Écriture indiqué comme un moyen de conversion. — Souvenez-vous du choix de Lot.

Souvenez-vous-en aussi, vous qui êtes dans le cas de chercher un emploi, soit comme domestique dans quelque maison, soit comme ouvrier dans une fabrique. — Il ne suffit pas d'obtenir de bons gages, un emploi régulier, de posséder la confiance des maîtres ou des chefs, et d'avoir l'espérance d'un avancement prochain. Ces choses sont bonnes, sont très bonnes sans doute, dans leur temps et à leur place, mais elles ne sont pas tout.

Informez-vous si le dimanche est respecté dans la maison ou dans la fabrique dans laquelle vous avez l'intention d'entrer; si l'on vous y accordera le temps nécessaire pour entendre la prédication de l'Évangile. Car, si on vous la refuse le dimanche, quel autre jour aurez-vous dans la semaine pour rendre à Dieu le culte qui lui est dû? — Pensez-y bien. Il ne vous servira de rien de remplir votre bourse, si votre âme s'appauvrit. — Gardez-vous de vendre le jour du Seigneur pour une bonne place, ce serait une faute pire que celle d'Esaü. — Gardez-vous du choix de Lot.

Lecteur, peut-être pensez-vous qu'un croyant ne doit rien craindre, — qu'il est une brebis de Christ, — qu'il ne périra jamais, — qu'il ne peut lui arriver aucun dommage, — qu'il n'est pas possible que de petites choses de cette nature puissent avoir beaucoup d'importance pour lui.

Soit! vous pouvez penser ainsi; mais je vous avertis, moi, que, si vous n'en tenez pas compte, votre âme ne prospérera jamais. Un vrai croyant ne sera certainement pas rejeté, quoiqu'il tarde; mais s'il tarde, c'est en vain qu'il espérera que sa religion lui profite.

La grâce est une plante délicate. — À moins que vous n'en preniez soin, que vous ne la cultiviez avec intelligence, elle deviendra bientôt malade dans ce monde mauvais; elle peut se flétrir, quoiqu'elle ne puisse pas périr.

L'or le plus brillant deviendra bientôt terne, s'il reste exposé à une atmosphère humide.

Le fer le plus brûlant ne tarde pas à se refroidir; il faut du travail et de la fatigue pour le faire devenir rouge de nouveau; et si on l'abandonne, ou si on jette dessus quelque peu d'eau, il redevient bientôt noir et froid.

Vous pouvez être aujourd'hui un chrétien zélé et vivant. Vous pouvez dire, comme David dans sa prospérité: Je ne serai jamais ébranlé (Ps. XXX, 7). — Mais ne vous faites pas d'illusion, vous avez seulement commencé à marcher comme Lot le fit dans les premiers pas de sa vie; et si vous faites un choix comme le sien, l'état de votre âme sera bientôt ce que devint celui de l'âme de Lot. — Faites ce qu'il fit, et soyez sûr que vous vous apercevrez bientôt que vous n'êtes qu'un misérable tardeur comme lui. — Vous trouverez, comme Samson, que la présence du Seigneur n'est plus avec vous. — Vous éprouverez à votre propre confusion, quand l'heure de la tentation viendra, que vous n'êtes plus qu'un homme irrésolu et chancelant. — Ce sera comme un ulcère dévorant, qui rongera votre religion et minera sa vitalité sans que vous vous en doutiez.

Votre force spirituelle déclinera insensiblement, et à la fin vous vous réveillerez, quand vos mains ne pourront plus que difficilement faire l'ouvrage du Seigneur, que vos pieds ne seront presque plus capables de marcher dans ses voies, que votre foi ne sera pas même aussi grosse qu'un grain de moutarde, et cela vous arrivera peut-être au moment où l'ennemi sera prêt à faire irruption chez vous.

Ah! lecteur, si vous ne voulez pas devenir un homme indécis en religion, faites-y attention, gardez-vous d'imiter Lot.


***

IV.

Examinons maintenant quelle espèce de fruits produisit par la suite l'esprit irrésolu de Lot.

Je ne voudrais pas négliger ce point pour plusieurs raisons, et tout spécialement à cause des temps où nous vivons.

Il y a bien des gens qui se sentiront disposés à dire: «Après tout, Lot fut sauvé.» — Il était justifié, — le ciel lui était acquis. — Je n'en demande pas davantage. Si je peux seulement gagner le ciel, que m'importe le reste?

Lecteur, si c'est là la pensée de votre cœur, attendez un peu, et accordez-moi votre attention pendant quelques instants encore. Je vous montrerai dans l'histoire de Lot une ou deux choses qui méritent d'être prises en considération par vous et qui modifieront peut-être votre opinion.

J'attache une grande importance à m'arrêter sur ce sujet. Je soutiendrai toujours qu'une éminente sainteté et une éminente utilité sont étroitement unies ensemble; — que le bonheur marche toujours côte à côte avec l'amour du Seigneur, — et que, si des fidèles sont inconstants et irrésolus, ils ne doivent pas s'attendre, ni à être utiles dans cette vie, ni à jouir de bonheur et de paix dans leur foi.

Observez d'abord une chose: C'EST QUE LOT NE FIT AUCUN BIEN AU MILIEU DES HABITANTS DE SODOME.

Lot habitait Sodome depuis plusieurs années. Il est hors de doute que, pendant ce temps, il eut de nombreuses et précieuses occasions de parler des choses de Dieu et de chercher à détourner les hommes de la voie du péché. — Cependant, il ne paraît pas qu'il ait produit le moindre effet à cet égard, ni qu'il ait acquis aucune influence parmi la population qui l'entourait. Il ne possédait nullement ce respect et cette vénération, que même les hommes du monde accordent quelquefois à un serviteur distingué du Seigneur.

Aucun juste ne put être trouvé hors de l'enceinte de la maison de Lot;


Parmi tout ce peuple, aucun ne faisait le moindre cas de son opinion; quand il chercha à les arrêter dans leurs méchants desseins, ils dirent: «Cet homme seul est, venu pour habiter ici comme étranger, et il nous jugera (Gen., XIX, 3)


Et, vraiment, doit-on s'en étonner? — En général, les âmes flottantes et indécises ne font aucun bien au monde et discréditent au contraire la cause de Dieu. — Leur sel a trop peu de saveur pour empêcher la corruption de ceux qui les entourent. Ils ne sont pas des lettres de Christ qui puissent être connues et lues de tous (2 Cor., III, 2). Il n'y a rien en eux qui sympathise, qui attire et qui réfléchisse Christ. — Souvenez-vous-en.


Faisons une autre remarque: LOT N'AVAIT AMENÉ AUCUN DES MEMBRES DE SA FAMILLE AU SEIGNEUR.

Nous ne savons point quel était le nombre des membres de la famille de Lot; — mais, ce que nous savons, c'est qu'il avait une femme et deux filles au moins, au jour où il fut invité à sortir de Sodome; s'il avait d'autres enfants, nous l'ignorons.

Mais que la famille de Lot ait été grande ou petite, il n'en reste pas moins clairement établi que, parmi tous ses membres, il n'y en avait pas un seul qui craignît Dieu. «Quand il sortit pour parler à ses gendres, qui devaient épouser ses filles,» — et qu'il les avertit de fuir la colère à venir, il nous est dit: «qu'il semblait à ses gendres qu'il se moquait (Gen., XIX, 14).» — Que ces paroles sont sérieuses I elles équivalent à celles-ci: «Qui se soucie de ce que vous dites?» Aussi longtemps que le monde subsistera, ces paroles seront un triste témoignage du mépris avec lequel est regardé tout homme qui est irrésolu et inconséquent en religion.

Et qu'était la femme de Lot? Elle sortit, il est vrai, de la ville avec lui, mais elle ne fut pas loin; — elle n'avait pas la foi et ne pouvait pas comprendre la nécessité d'une prompte fuite; — elle avait laissé son cœur à Sodome quand elle commença à fuir, et, ayant regardé en arrière, malgré le commandement exprès du Seigneur, elle fut changée en une statue de sel (Gen., XIX, 17, 26 — Sauve-toi, pour ta vie; ne regarde pas derrière toi, et ne t’arrête pas dans toute la plaine; sauve-toi vers la montagne, de peur que tu ne périsses. — La femme de Lot regarda en arrière, et elle devint une statue de sel).

Et les filles de Lot, qu'étaient-elles? Elles échappèrent à la vérité, mais enfin seulement pour faire l'œuvre du démon. — Elles devinrent les séductrices de leur père, — et l'amenèrent à commettre le pire de tous les péchés!

Enfin, Lot resta seul de sa famille, SANS AVOIR TROUVÉ MOYEN D'ARRACHER UNE SEULE ÂME DES SIENS DES PORTES DE L'ENFER.

Et devons-nous en être surpris? Les âmes flottantes et irrésolues n'ont aucun crédit sur leur propre famille, et n'obtiennent d'elle que du mépris. — Leurs parents les plus proches, alors même qu'ils ne comprennent rien en religion, comprennent toutefois très bien leur inconséquence. Ils en tirent cette triste, mais assez naturelle conclusion: «Certainement, s'il croyait ce qu'il fait profession de croire, il ne ferait pas ce qu'il fait.»

Les parents irrésolus dans leur religion ont rarement des enfants pieux. L'œil d'un enfant est beaucoup plus pénétrant que son oreille. — Un enfant observera toujours ce que vous faites beaucoup mieux que ce que vous dites. — Souvenez-vous-en.


Faisons une troisième remarque: LOT NE LAISSA APRÈS LUI AUCUN TÉMOIGNAGE DE SA FOI QUAND IL MOURUT.

Nous savons peu de choses de Lot postérieurement à sa fuite de Sodome; mais tout ce que nous en savons est peu satisfaisant. — Son plaidoyer en faveur de Tsohar, parce que c'était une petite ville, — son départ de Tsohar peu après, — et sa conduite dans la caverne, tout, tout cela répète la même histoire, c'est toujours le même homme; — tout démontre la faiblesse de la grâce en lui et l'état d'abaissement dans lequel son âme était tombée.

Nous ne savons pas combien de temps il vécut après qu'il eut échappé; — nous ne savons ni où il mourut ni quand il mourut; — s'il revit Abraham; — de quelle manière il finit; — ce qu'il dit et ce qu'il pense à son dernier moment. — Ce sont tout autant de choses cachées pour nous. — Nous connaissons les derniers moments d'Abraham, d'Isaac, de Jacob, de Joseph; mais pas un mot de Lot. Oh! quel triste lit de mort dut être celui de cet homme!

L'Écriture semble avoir à dessein tiré un voile sur lui. Ce silence sur sa fin est pénible. Il semble s'en être allé comme une lampe qui s'éteint et qui laisse après elle une mauvaise odeur; et si le Nouveau Testament ne nous avait dit que Lot était un homme juste, je crois vraiment que nous aurions mis en doute si son âme avait été sauvée ou non.

Mais cette triste fin étonne peu. Les fidèles vacillants et irrésolus moissonneront, en général, ce qu'ils auront semé.

Leurs hésitations et leurs doutes les suivent jusqu'au moment de leur départ de ce monde. Ils ont peu de paix à la fin. — Ils vont au ciel, sans doute; mais ils y vont au milieu de l'obscurité et de la tempête. Ils sont sauvés, mais comme au travers du feu.


***

Lecteur, faites attention à mes trois dernières réflexions, et ne vous méprenez pas sur leur signification; car on ne peut trop s'étonner avec quelle facilité les gens cherchent à se faire illusion à eux-mêmes dans les choses qui concernent leurs âmes.

Je n'entends pas vous dire que les croyants qui ne sont pas indécis comme Lot sont toujours et nécessairement des instruments pour faire beaucoup de bien dans le monde. Noé, «ce prédicateur de la justice (2 Pierre, II, 5),» prêcha cent vingt ans, et personne ne crut à ce qu'il disait. Le Seigneur Jésus ne fut pas estimé des Juifs qui étaient son peuple.

Je ne vous dis pas non plus que ces mêmes fidèles convertissent toujours leurs familles et leurs parents. — Plusieurs des enfants de David étaient des impies. Le Seigneur Jésus lui-même n'était pas cru de ses propres frères.

Mais, ce que je dis, c'est qu'il est presque impossible de ne pas voir une connexion entre le choix de Lot et son irrésolution, et entre celle-ci et l'incapacité dont fut frappée son action sur sa famille et sur le monde. Je crois que l'Esprit nous l'enseigne; je crois que l'Esprit nous le signale comme un phare pour avertir tous les chrétiens de profession, et je suis sûr que les réflexions que j'ai essayé de tirer de toute cette histoire méritent une sérieuse attention.

J'ajouterai quelques paroles d'adieu à tous ceux qui ont lu cet écrit, et principalement à ceux qui s'appellent fidèles en Christ.

Je n'ai point envie d'attrister vos cœurs ni de vous présenter la vie chrétienne sous un point de vue sombre. Mon seul but est de vous donner un avertissement d'ami. Je désire votre paix et votre consolation; je voudrais vous voir heureux aussi bien que sauvés, et joyeux aussi bien que justifiés; je n'ai en vue que votre bonheur, en vous parlant comme je le fais.

Vous vivez dans un temps où une piété chancelante comme celle de Lot abonde; le courant de la religion est plus large qu'il ne le fut jadis, mais il est à beaucoup d'égards moins profond. Il y a aujourd'hui un certain christianisme qu'on peut dire à la mode.


toutes ces manifestations sont aujourd'hui comparativement faciles et s'obtiennent sans une grande peine. Elles ne donnent plus à personne un caractère de singularité; elles n'entraînent que peu ou point de sacrifices; elles n'attirent plus que peu d'opprobre.


***

Lecteur, je vous donne aujourd'hui un bon conseil; ne le repoussez pas, et pardonnez-moi si je vous parle ouvertement.

Je vous prie de donner toute votre attention à assurer votre vocation et votre élection, — à ne pas vous contenter d'une petite mesure de grâce,

à ne pas trouver qu'il vous suffît d'être un peu meilleur que tout le monde. Je vous avertis solennellement de ne pas tenter ce qui est impossible, savoir: de servir Christ et de demeurer attaché au monde. Je vous en conjure, au nom de vos espérances éternelles et de la gloire qui vous est réservée, — ne soyez pas une âme partagée.


Voulez-vous savoir ce que demandent les temps où nous vivons? — L'ébranlement des nations, — la destruction des choses anciennes, — le bouleversement des empires, — l'agitation et l'inquiétude des esprits. Tout, tout cela vous crie: Chrétien, ne tarde pas.
Voulez-vous être préparé pour le second avènement de Christ, — avoir vos reins ceints, votre lampe allumée, — vous-même être prêt à aller d'un pas ferme à sa rencontre? Alors, ne tardez pas.

Voulez-vous goûter les plus douces consolations dans votre religion, — sentir le témoignage du Saint-Esprit au-dedans de vous, — savoir en qui vous avez cru, — et ne pas avoir un christianisme sombre et mélancolique? Alors, ne tardez pas.

Voulez-vous jouir d'une ferme assurance de votre propre salut dans les jours de maladie et à votre lit de mort?

Voulez-vous voir avec les yeux de la foi les cieux ouverts et Jésus se levant pour vous recevoir? Alors, ne tardez pas.

Voulez-vous laisser derrière vous, après votre mort, des témoignages certains que vous avez été avec Christ?

Voulez-vous que, lorsque nous vous accompagnerons au sépulcre, nous ayons une espérance pleine de consolation et que nous puissions parler avec certitude de votre état futur? Alors, ne tardez pas.

Voulez-vous être utile dans ce monde pendant votre vie?

Voulez-vous retirer les hommes de leur péché et faire paraître la cause de votre Maître brillante à leurs yeux? Alors, ne tardez pas.

Voulez-vous aider vos parents et vos enfants dans leur route vers la Jérusalem d'en haut? — voulez-vous qu'ils disent: «Nous irons avec vous,» et ne pas contribuer à en faire des infidèles et des contempteurs de toute religion? Alors, ne tardez pas.

Voulez-vous recevoir une belle couronne au jour de la venue de Christ, — ne pas être la moindre et la plus petite étoile en gloire, — et ne pas vous trouver vous-même le dernier et le plus petit dans le royaume de Dieu? Alors, ne tardez pas.

Oh! qu'aucun de vous ne tarde! — Le temps, la mort, le jugement, le démon et le monde ne tardent pas, — et les enfants de Dieu ne doivent pas non plus tarder.


***

Lecteur, êtes-vous un de ceux qui tardent comme Lot? Avez-vous senti un poids sur votre coeur, — et votre conscience a-t-elle souffert pendant que vous lisiez ces pages? a-t-elle fait murmurer à vos oreilles ces mots: «Je suis cet homme-là?» Dans ce cas, écoutez la question que je vous adresse: Dans quel état est votre âme?

Si vous avez tardé jusqu'ici, — allez promptement à Christ pour être traité par lui, — allez à cet ancien remède et usez-en, — baignez-vous dans cette ancienne fontaine, — retournez à Christ, et soyez guéri. Le meilleur moyen pour faire une chose à propos, c'est de la faire de suite.

Ne vous imaginez pas que le temps de la guérison soit passé pour vous, que vous avez vécu trop longtemps dans un état d'âme sec et endurci; ne croyez pas qu'il n'y a plus pour vous d'espoir de rétablissement.

Notre Seigneur Jésus-Christ n'est-il pas tout spécialement le médecin des âmes? N'a-t-il pas guéri toute espèce de maladie? chassé toute espèce de démon? N'a-t-il pas relevé Pierre, ce pauvre apostat, et mis dans sa bouche un nouveau chant de triomphe? Oh! ne doutez pas, mais croyez fermement qu'il fera revivre son œuvre au-dedans de vous. — Seulement, cessez vos tergiversations, confessez votre folie, et allez, allez tout de suite à lui. Oh! que ces paroles du prophète sont des paroles bénies: «Reconnais ton iniquité. Enfants rebelles, convertissez-vous et je remédierai à vos rebellions (Jér., III, 13 et 22)

Enfin, lecteur, rappelez-vous, non seulement de votre propre âme, mais aussi de celle des autres. Si vous voyez de temps en temps un frère ou une sœur qui tarde, — cherchez à les réveiller, à les exciter, à les mettre en mouvement.

Exhortons-nous tous, les uns les autres, quand nous en trouvons l'occasion; excitons-nous à l'amour et aux bonnes œuvres; ne craignons pas de nous dire l'un à l'autre: Mon frère, ma sœur, avez-vous oublié Lot? — Réveillez-vous, et souvenez-vous-en! Réveillez-vous, et ne tardez plus.

FIN.

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