Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

PRÈS DU PUITS DE SICHAR

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(Lisez Jean IV, 1-38.)

Combien il est précieux pour un cœur qui aime le Seigneur Jésus, de le suivre dans son chemin sur la terre et de voir briller, dans toutes ses paroles et dans tous ses actes, la gloire du Fils unique venu du Père!

Avec quelle sagesse II rencontrait les divers états d'âme qui se présentaient devant Lui, appropriant toujours ses paroles à la position de ceux auxquels II parlait. Nous en trouvons un exemple bien frappant en comparant le chapitre dont nous voulons nous occuper avec celui qui le précède.

Deux cas se présentent, complètement différents l'un de l'autre, et si notre intelligence naturelle avait été consultée, nous aurions pensé que la réponse faite à Nicodème aurait mieux convenu à la Samaritaine, et que les paroles adressées à celle-ci eussent été mieux comprises du docteur d'Israël. Mais non, notre adorable Sauveur, dans sa sagesse divine, savait ce qui convenait le mieux à chacun.

Dans le troisième chapitre, Jean nous raconte comment Nicodème, un des chefs des Juifs, un docteur d'Israël, un homme religieux et considéré, vient au Seigneur pour être enseigné de Lui, comme d'un «docteur venu de Dieu». Il reconnaît pleinement la puissance divine qui est en Jésus et qui opère par Lui. Il est vrai qu'il vient de nuit, mais cela même nous montre tout ce qui était en jeu pour lui en venant ainsi, combien il risquait sa réputation auprès du peuple.

Il vient cependant reconnaître avec respect que le Nazaréen méprisé était un «docteur venu de Dieu», et s'asseoir à ses pieds pour apprendre, lui le docteur d'Israël.

N'aurions-nous pas pensé qu'à un tel homme le Seigneur aurait aussitôt ouvert son cœur et qu'il l'aurait encouragé?

C'est tout le contraire!

Ses premières paroles à Nicodème sont pour lui dire qu'«il faut naître de nouveau».

Ce n'est point là la douce voix de l'Évangile.

L'Évangile ne dit jamais à l'homme «il faut».

Dès qu'il y a un «il faut», ce n'est plus l'Évangile.

Que peut faire un homme pour être rendu participant de cette nouvelle naissance?

Quelle valeur peut avoir toute sa vie passée?

Pas la moindre.

Que fera-t-il en vue de l'avenir?

Il lui faut tout recommencer de nouveau; comment le fera-t-il?

Pour pouvoir mener une vie nouvelle, il lui faut d'abord être né de nouveau.

Que peut-il pour cela?

Il n'a eu rien à faire pour naître dans ce monde, que pourrait-il faire pour naître spirituellement?

Rien, absolument rien.

L'homme se trouve ainsi devant une porte fermée.

Mais pourquoi le Seigneur place-t-il un homme comme Nicodème devant cette impossibilité?


Voici la réponse.

Nicodème était un pharisien, un de ces conducteurs d'Israël qui faisaient égarer le peuple; il était un homme qui, avec toute sa sincérité, son caractère honorable et son désir d'être instruit, ne savait en réalité pas, malgré les Écritures auxquelles le Seigneur le renvoyait, ce qu'il fallait pour entrer dans le royaume de Dieu.

Il appartenait à cette classe de personnes qui se présentent devant Dieu avec une certaine sincérité, bien qu'en se faisant de grandes illusions, et qui disent:

«Ô Dieu! je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont ravisseurs, injustes, adultères, ou même comme ce publicain. Je jeûne deux fois la semaine; je donne la dîme de tout ce que je possède» (Luc XVIII, 11,12).

Ce pharisien ne disait-il pas la vérité?

Certainement; le Seigneur ne dit pas un mot qui le contredise.

Et pourquoi ne l'aurait-il pas dit? Il ne prétend nullement être parfait; il ne dit pas avoir fait ces choses sans l'aide de Dieu. Au contraire, il en rend grâces à Dieu. Il n'était pas seulement un homme moral, mais aussi un homme religieux; il était libéral et savait renoncer à ses aises, puisqu'il donnait la dîme de tout ce qu'il possédait et jeûnait deux fois la semaine.

N'était-ce pas là un homme honorable, sérieux, moral et religieux? Et cependant la porte lui est encore plus entièrement fermée qu'à Nicodème.

«Le publicain, se tenant loin, ne voulait même pas lever les yeux au ciel, mais se frappait la poitrine, disant: 0 Dieu! sois apaisé envers moi, pécheur!» Et «celui-ci descendit en sa maison justifié plutôt que l'autre».

La porte, fermée au pharisien, fut ouverte au publicain!

Lecteur, comprenez-vous la différence?

Nicodème appartenait à cette classe de personnes, et le Seigneur lui dit précisément ce qu'il lui fallait. Il avait besoin d'apprendre que toute sa propre justice n'était devant Dieu qu'un vêtement souillé. C'est comme si le Seigneur lui disait: «Tu n'as pas même encore commencé à vivre; il te faut naître de nouveau.»

Et cette parole s'adresse à tous ceux qui veulent se présenter devant Dieu sur le fondement de leur propre justice.

«Que me faut-il donc faire?» vous écrierez-vous peut-être en voyant la complète inutilité de vos œuvres.

Rien, vous ne pouvez rien faire!

Ah! qu'il est dur à l'homme de reconnaître son absolue incapacité et de se trouver rejeté uniquement sur Dieu, pour n'attendre rien que de Lui. Quel coup pour son orgueil! N'est-il pas remarquable que ce soit la seule occasion où le Seigneur parle de la nécessité d'une nouvelle naissance, et cela en s'adressant justement à un pharisien? Il veut amener Nicodème dans un état où il sera capable de recevoir l'Évangile.

Au chapitre IV, nous trouvons une personne d'un tout autre caractère. C'est une femme solitaire; mais si elle est seule, c'est pour une raison tout autre que Nicodème.

Il vint de nuit pour ne pas se compromettre devant les hommes;

la femme vint seule de jour, parce que personne ne voulait rien avoir à faire avec elle.

L'un est un homme considéré, qui tient à conserver sa bonne réputation,

l'autre est une personne dont la compagnie pourrait compromettre la réputation de ceux qui iraient avec elle.

Elle vient seule, mais ce n'est pas pour rencontrer Jésus. Elle ne le cherche pas. Elle vient avec sa cruche, pour puiser de l'eau, comme elle l'avait fait tant de fois.

Aucun besoin de son âme ne la conduisait vers la fontaine;

comme tout homme dans son état naturel,

elle était spirituellement morte et insensible.

Sa triste vie passée, nous la connaissons. D'où vient donc que le Seigneur la traite tout autrement que Nicodème?

Précisément parce qu'elle était une pécheresse, car C'EST POUR LES PÉCHEURS QUE CHRIST EST MORT.

Dieu peut montrer sa grâce à des pécheurs.

Des pécheurs n'ont aucune propre justice dont ils aient d'abord à être dépouillés; ils n'ont aucune bonne réputation à perdre, il n'y a pour eux aucune de ces barrières qui les empêche de recevoir l'Évangile. Le Seigneur nous montre cela très clairement quand il disait aux pharisiens: «En vérité, je vous dis que les publicains et les prostituées vous devancent dans le royaume de Dieu,» Pourquoi?

Parce que Christ est mort pour des pécheurs.

L'amour de Dieu cherche des pécheurs perdus.

Et c'est pourquoi l'invitation de Dieu s'adresse au monde entier.

Elle n'exclut personne, mais JE PUIS M'EXCLURE MOI-MÊME.

Combien n'y en a-t-il pas qui le font en refusant d'accepter ce que Dieu déclare, savoir, qu'ils sont des pécheurs et rien d'autre.

L'invitation de Dieu s'adresse à TOUS les pécheurs, grands ou petits, riches ou pauvres, honorés ou méprisés du monde, honnêtes ou impies. La volonté de Dieu n'est pas qu'un seul périsse. Si Christ n'était venu que pour les justes, tous ne pourraient pas être appelés, mais Il EST MORT POUR LES PÉCHEURS, ET TOUS SONT INVITÉS À VENIR.

Mais comprenez bien, cher lecteur, que l'homme doit venir prendre la place qui lui appartient devant Dieu, celle d'un pécheur perdu et digne d'être condamné; il le faut avant que Dieu puisse le sauver et lui donner en Christ une place à sa droite dans le ciel.

Il faut qu'il reconnaisse son néant complet et prenne devant Dieu sa vraie place.

Dieu ne peut pas vous sauver avec un mensonge sur vos lèvres.

Si vous vous élevez vous-même, Il ne peut vous élever jusqu'à Lui. Dieu veut montrer au plus grand des pécheurs sa grâce, sa miséricorde et son amour; mais, hélas! l'homme s'exclut lui-même en voulant mettre ses conditions à la place de celles de Dieu.

Nicodème pensait pouvoir entrer dans le royaume de Dieu sur le terrain de ce qu'il était religieusement et moralement; voilà pourquoi le Seigneur est obligé de lui opposer un «il faut»; mais la femme samaritaine se trouvait comme pécheresse sur le terrain où le Seigneur pouvait la rencontrer et répondre à tous ses besoins.

Il lui dit:

«Si tu connaissais le don de Dieu, et qui est celui qui te dit: Donne-moi à boire, toi, tu lui eusses demandé, et il t'eût donné de l'eau vive» (verset 10).

Quelle assurance précieuse pour toute âme qui se trouve sur le même terrain que cette femme!

Oui, c'est une chose CERTAINE: si quelqu'un demande en vérité et sincérité au Seigneur Jésus, le Seigneur lui donnera. Il ne met dehors aucun de ceux qui viennent à Lui. Il est impossible que la demande de celui qui vient ainsi à Jésus soit repoussée. Le Seigneur donne.

Ah! si seulement l'homme voulait prendre sa place pour recevoir et regarder Dieu comme le Donateur!

Au contraire, l'homme voudrait plus volontiers donner à Dieu et le considérer comme son obligé.

La femme ne comprend pas ce que le Seigneur veut dire par «l’eau vive». Ses pensées ne s'élèvent pas au-dessus de sa cruche et de la fontaine où elle vient puiser, et elle demande: «Es-tu plus grand que notre père Jacob, qui nous a donné le puits? Et lui-même en a bu, et ses fils, et son bétail» (verset 12).

Elle est étonnée, et se demande quel peut être cet étranger qui s'élève au-dessus des préjugés juifs et lui demande un verre d'eau, à elle, une femme samaritaine. Elle ne sait que penser de ses paroles, du «don de Dieu», que Dieu présente si généreusement à l'homme.

Et combien n'y en a-t-il pas, de nos jours, pour lesquels c'est une chose toute nouvelle, inconnue, que Dieu est infiniment plus disposé à donner que l'homme ne l'est à recevoir, et que, dans son cœur, il y a de l'amour pour le pécheur, pour celui qui ne pense pas même à Lui, qui ne le cherche pas! Et cependant c'est la vérité.

La brebis perdue ne cherche pas le berger,

C'EST LE BERGER QUI VA À LA RECHERCHE DE LA BREBIS.

Oui, il la cherche jusqu'à ce qu'il l'ait trouvée, et alors la joie du ciel n'est que le rayonnement de la sienne. C'est ainsi qu'aujourd'hui encore, nous pouvons donner à boire au Seigneur, satisfaire l'amour qui nous cherche en le laissant accomplir ce qu'il désire pour nous.

Le cœur de la femme est touché, son intérêt est éveillé, et, ce qui est bien plus, Dieu est devant son âme. La lumière, dans laquelle elle doit apprendre à se connaître, luit sur elle.

Ce n'est que dans la présence de Dieu que nous apprenons ce que nous sommes. Cependant, écoutons quelle réponse le Seigneur lui fait:

«Quiconque boit de cette eau-ci aura de nouveau soif; mais celui qui boira de l'eau que je lui donnerai, moi, n'aura plus soif à jamais;

mais l'eau que je lui donnerai sera en lui une fontaine d'eau jaillissante en vie éternelle» (versets 13, 14).

Ici nous arrivons au tournant du chemin.

La femme, attirée par la douceur et la bonté du Seigneur, commence à prier: «Seigneur, donne-moi cette eau», dit-elle, «afin que je n'aie pas soif et que je ne vienne pas ici pour puiser.»

Toutefois, elle ignore encore ce que veut dire le Seigneur; ses paroles: «Afin que je n'aie pas soif», le montrent clairement.

Le Seigneur réplique, avec sa sagesse admirable, pour atteindre maintenant sa conscience: «Va, appelle ton mari, et viens ici.»

Il connaissait tous les secrets de son cœur, Il savait pourquoi elle venait à la fontaine, seule, à cette heure inaccoutumée; Il n'ignorait pas la raison de cet isolement; Il savait tout cela avant qu'il lui parlât du don de Dieu qu'il était prêt à lui communiquer, si seulement elle voulait le Lui demander. Et Il lui montre qu'il connaît toutes choses. Mais avec quelle délicatesse le fait-il! Comme le médecin expérimenté, il ne fait que toucher légèrement la partie malade, comme s'il lui disait: «N'y a-t-il pas là quelque chose qui n'est pas en ordre?» II ne dit pas ce que c'est, mais l'indique tout doucement, comme pour lui demander: «Ne veux-tu pas avoir confiance en moi?» Quelle grâce parfaite dans notre précieux Sauveur!

La question du Seigneur ne reçoit aucune réponse effective; Il doit aller plus loin et lui montrer que toute sa vie lui est connue. Mais Il le fait de la manière la plus simple, sans la juger, sans lui adresser de reproches.

Sa conscience peut lui en faire, et avec toute raison; mais le Seigneur s'applique uniquement à l'amener en la présence de Dieu et de son amour, afin que là elle puisse se juger dans la vérité.

Il s'efforce, avant tout, de gagner sa confiance et de la placer dans la lumière de Dieu, de sorte que, pour elle, la chose la plus simple et la plus naturelle soit de chercher son refuge auprès du Seigneur dès que le secret de sa vie aura été révélé.

Il est clair pour la femme que l'étranger qui lui parle n'est pas son ennemi; ses paroles montrent bien qu'il n'est pas contre elle. Certes, Il est contre le péché, mais non pas contre elle. Et il en est de même aujourd'hui:

Dieu n'est pas l'ennemi du pécheur.

Non, Il l'aime et va après lui pour le sauver. Bien que le Seigneur connût parfaitement toute la vie de cette femme, II lui avait montré qu'il était pour elle, car II l'avait invitée à accepter de Lui un don.

Comprendra-t-elle mieux maintenant ce qu'est l'eau vive? Nous ne le voyons pas encore, mais elle a reconnu qu'il sait toutes choses et qu'il est un prophète. Elle le voit et le confesse: «Seigneur, je vois que tu es un prophète», et cependant elle ne s'enfuit pas.

Elle l'a prié de lui accorder ce grand don mystérieux, cette eau qui désaltère à jamais, et elle a de Lui l'assurance qu'il la lui donnera.

Elle est attirée par son amour, et dans son esprit commence à poindre la pensée que l'étranger Lui-même et le don qu'il offre doivent être quelque chose de plus que ce qu'elle avait d'abord pensé.

Il vient de toucher du doigt un fardeau qui doit être enlevé avant qu'il n'y ait pour elle aucune bénédiction de la part de Dieu, et elle se tourne vers Jésus avec une question qui n'est nullement sans importance. Elle ne le fait pas pour échapper aux accusations de sa conscience. Non, elle a besoin de savoir comment l'on peut s'approcher de Dieu, et elle dit au Seigneur: «Nos pères ont adoré sur cette montagne, et vous, vous dites qu'à Jérusalem est le lieu où il faut adorer.»

Il est certain que souvent ces questions sur les formes du service divin sont pour plusieurs une ressource bienvenue pour échapper à ce qui presserait de trop près leur conscience. Mais ce n'était pas le cas pour la Samaritaine. Sa vie venait d'être dévoilée, elle venait de reconnaître le Seigneur pour un prophète, et le service divin ou le culte était pour elle, comme pour bien des âmes de nos jours, un moyen par lequel elle espérait se rendre propice un Dieu offensé.

La manière dont Jacob voulait se concilier le cœur de son frère Ésaü est toujours ce qui plaît à l'homme naturel, même lorsqu'il s'agit de Dieu. Jacob disait: «Je l'apaiserai par le présent qui va devant moi, et après cela je verrai sa face; peut-être qu'il m'accueillera favorablement.»

Combien de personnes tiennent ce langage à l'égard de Dieu!


Mais on reste ainsi, quant à son acceptation devant Dieu, dans la même incertitude que Jacob.

Un «peut-être», un «j'espère», est le plus que l'on attende.

À de telles personnes est absolument inconnue une certitude ferme et inébranlable quant à leur salut et à leur acceptation, et par conséquent elles ne jouissent point de la paix constante qui en est le fruit.

C'est avec crainte et tremblement qu'elles pensent à leur rencontre avec Dieu. En effet, comment savoir si l'on a jamais fait assez pour satisfaire Dieu?

Cher lecteur, si telle est votre religion, vous avez tout lieu d'être dans la crainte. Car supposez que ce que vous croyez suffisant pour satisfaire Dieu, ne soit pas accepté par Celui qui sonde les cœurs et les reins, et devant lequel les cieux mêmes ne sont pas purs, que ferez-vous?

Quelle certitude avez-vous qu'il ne demande pas davantage?

VOULEZ-VOUS FAIRE DÉPENDRE VOTRE ÉTERNEL BONHEUR D'UN «PEUT-ÊTRE»?

Ne restez pas dans ce chemin, je vous en supplie!

Votre incertitude même ne vous montre-t-elle pas que vous n'êtes pas encore entré dans le chemin de Dieu? Celui qui y marche jouit d'une vraie paix et d'un vrai repos.


* * *

Revenons à notre chapitre.

Le Seigneur répond à la femme d'une manière qui nous fait voir qu'il ne considère nullement sa demande comme insignifiante ou mal placée. L'heure approchait où il ne s'agirait plus d'adorer à Jérusalem ni dans aucun autre lieu spécial sur cette terre.

«L'heure vient, et elle est maintenant, que les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité.»

Pour pouvoir adorer Dieu, il faut le connaître.

Il est absolument impossible d'adorer vraiment Dieu si on ne le connaît pas, parce que l'adoration est une affaire du cœur.

Elle ne consiste pas à s'agenouiller ni à suivre certaines formes, ni à répéter des prières consacrées, mais elle est l'épanchement du cœur en louanges et en actions de grâces à Dieu.

Pour pouvoir adorer Dieu, j'ai besoin de voir en Lui quelque chose qui attire mon adoration; en un mot, il faut que je Le connaisse.

Des milliers de chrétiens de profession se figurent adorer Dieu, alors qu'ils récitent, peut-être avec sérieux, des prières apprises par cœur; ils pensent même être ainsi agréables à Dieu.

Hélas! ils n'ont pas la moindre idée d'une vraie adoration de Dieu!

Peut-être nomment-ils Dieu leur «Père», et s'adressent-ils à Lui sous ce nom; mais ils le font parce qu'ils ont été ainsi enseignés, et non parce qu'ils connaissent Dieu dans cette précieuse et intime relation.

Pour pouvoir adorer le Père en esprit et en vérité, une question doit d'abord avoir été réglée: c'est celle de notre acceptation. Comment, sans cela, un homme pécheur pourrait-il se sentir à l'aise en la présence d'un Dieu saint?

Il en est de lui comme du «fils aîné», dans la parabole (Luc XV); il avait servi son père durant de longues années, et pour lui cependant la mélodie et les danses dans la maison de son père étaient des choses complètement inconnues. Si l'on demandait à un tel homme: «As-tu la paix avec Dieu? Te réjouis-tu de l'amour de son cœur paternel et de toutes les choses glorieuses qu'il a préparées pour toi dans le Christ Jésus?» il ne pourrait que répondre, s'il était droit: «Non, ce sont des choses totalement inconnues pour moi.» Et comment donc, tu dis que tu as servi Dieu depuis si longtemps, et tu ne le connais même pas!

Lecteur, seriez-vous un de ces hommes?

«Vous adorez», dit le Seigneur, «vous ne savez quoi; nous, nous savons ce que nous adorons, car le salut vient des Juifs (C'est à ce peuple que Dieu avait confié sa parole.)»

Remarquez cela, mon cher lecteur.

Dieu est connu, le Père est connu par le salut.

SI DIEU N'EST PAS CONNU COMME UN DIEU SAUVEUR,

Il N'EST PAS CONNU DU TOUT.

Comment le connaissez-vous?

Est-ce comme un juge devant lequel vous devrez comparaître une fois, pour apprendre là, et là seulement, si vous êtes accepté ou rejeté?

Ce n'est pas là le salut!

Si vous devez paraître devant Dieu comme JUGE, vous êtes perdu, en dépit de toutes vos œuvres. LE SALUT VIENT DE LUI ET NON DE VOS EFFORTS.

L'homme ne peut se sauver; s'il échappe à la perdition, ce n'est que par l'intervention de Dieu, du Dieu Sauveur.

Dieu a pourvu à ce qu'il y eût un salut éternel.

Christ peut sauver pleinement ceux qui viennent à Dieu par Lui. Et non seulement cela, mais ce qui ajoute à ce salut un prix inestimable, c'est qu'il nous donne Dieu pour Père et nous rend capables de l'adorer en esprit et en vérité.

Que dut éprouver le cœur du fils perdu lorsque, approchant de la maison paternelle, au lieu d'un froid accueil auquel il pouvait s'attendre, au lieu des reproches ou même au lieu d'être reçu comme un mercenaire, il trouva l'amour débordant du cœur de son père, il sentit ses baisers sur son visage, il entendit ces paroles:

«Apportez la plus belle robe et l'en revêtez, et mettez un anneau à sa main et des sandales à ses pieds, et amenez le veau gras et le tuez; et mangeons et faisons bonne chère»? (Luc XV, 22, 23.)

C'est aujourd'hui encore l'expérience du pécheur qui se détourne de son mauvais chemin et qui vient chercher son refuge auprès de Dieu; il trouve que Dieu le rencontre justement où il est, dans sa misère, et que Dieu est pour lui, le perdu, et qu'il l'aime, lui digne de haine, d'un amour parfait, d'un amour ineffable. La connaissance et la jouissance de ce que Dieu est devient en lui cette fontaine d'eau qui jaillit en vie éternelle. L'âme est en paix, sa soif est apaisée pour jamais, car partout elle porte avec elle une eau vive et rafraîchissante.

Lecteur, vous demanderez peut-être quel est le lieu où Dieu et le pécheur se rencontrent ainsi?

Voulez-vous savoir ce que Dieu a fait pour pouvoir vous bénir?

Tournez vos yeux vers la croix.

C'est là que Dieu et l'homme se rencontrent: l'homme dans sa misère et sa ruine, «loin de Dieu et sans espérance dans ce monde» — Dieu dans sa grâce et son amour insondables, et en même temps dans sa justice et sa sainteté parfaites.

En fait, l'homme est sous la malédiction et la colère de Dieu reste sur lui; SANS CELA, AURAIT-IL ÉTÉ NÉCESSAIRE QUE LE SEIGNEUR JÉSUS FÛT FAIT MALÉDICTION?

Pourquoi, dans l'angoisse profonde de son âme, s'est-il écrié: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?»

II n'aurait pas été nécessaire qu'il prît cette place d'affreux abandon, s'il était vrai, comme certains le disent, qu'à la vérité l'homme n'est pas tout à fait assez bon pour le ciel, mais qu'il n'est pas non plus tout à fait assez mauvais pour l'enfer.

Pouvez-vous, cher lecteur, regarder à la croix et dire: «Là, Christ mourut pour moi»?

Ah! oui, il est mort pour tous, direz-vous peut-être.

Eh bien, s'il est mort pour tous, s'il a subi le jugement pour tous, que sont donc ces «TOUS»?

Y a-t-il quelque différence à faire entre des pécheurs pour lesquels II a dû souffrir une telle mort afin qu'ils puissent être sauvés et amenés à Dieu?

Voudriez-vous encore discuter le fait que vous n'êtes pas si mauvais que beaucoup d'autres?

Peut-être qu'en effet, par la grâce de Dieu, vous n'êtes pas tombé dans des péchés grossiers, mais à quoi cela vous servira-t-il?

«II N'Y A PAS DE DIFFÉRENCE» devant la justice de Dieu, «car tous ont péché et n'atteignent pas à la gloire de Dieu.»

Vous avez tout autant besoin du salut opéré sur la croix que le plus vil des pécheurs.

Pensez à ceci, cher lecteur.

Ce n'est pas quelqu'un qui est contre vous qui vous presse ainsi de reconnaître vos péchés et votre position d'homme coupable et perdu. C'est l'amour divin descendu ici-bas et qui, en s'offrant en victime pour vous, vous dit ce que vous êtes.

«L'amour de Christ nous étreint», disait l'Apôtre, «en ce que nous avons jugé ceci, que si un est mort pour tous, tous donc sont morts», c'est-à-dire se trouvent tous sous la sentence de mort.

Vous êtes justement le pécheur qui a rendu nécessaire la mort de Christ.

La croix est le lieu où vous pouvez rencontrer Dieu, et si aujourd'hui, en ce moment, vous dirigez vos regards vers la croix, vous y verrez comment Dieu a préparé là, pour vous, un salut parfait.

«Cette parole est CERTAINE et digne de toute acceptation, que le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs.»

Pouvez-vous ajouter avec l'Apôtre: «Dont moi je suis le premier»?

Alors vous avez le premier droit à l'œuvre de Christ!

Êtes-vous un pécheur?

C'est tout ce que Dieu demande.

Prenez simplement et sincèrement cette place devant Dieu, mais n'y ajoutez rien. Ne dites pas: «C'est vrai, mais je suis pourtant honnête, loyal, etc.»; non, Christ est mort pour les pécheurs, voilà tout.

Vous êtes pécheur, vous avez besoin de Christ. Dieu offre au pécheur grâce et pardon.

Le Père cherche au milieu des pécheurs ceux qui, étant venus à Christ, peuvent l'adorer en esprit et en vérité. C'est ce que le Seigneur dit à la femme. L'homme ne cherche pas Dieu, mais le Père cherche des adorateurs.

«Je sais», répondit la femme, «que le Messie, qui est appelé le Christ, vient; quand celui-là sera venu, il nous fera connaître toutes choses

«Jésus lui dit: Je le suis, moi qui te parle

Quelle parole pour cette pauvre femme!

La croix, il est vrai, n'était pas encore; mais le Messie, si longtemps attendu, était là. Il était assis sur le bord de la fontaine et parlait avec elle, la grande pécheresse, dont II connaissait tout le passé, et ses paroles n'étaient que bonté et douceur ineffables.

Il lui annonçait la grâce qui seule pouvait répondre aux tristes circonstances dans lesquelles elle se trouvait.

– Elle accepte cette grâce;

– elle croit la parole du Seigneur,

– elle boit l'eau vive qu'il lui présente, et cette eau devient en elle «une fontaine d'eau jaillissant en vie éternelle».

Quelle scène ravissante! La femme a trouvé Celui dont elle avait besoin.

Oui, mon cher lecteur, C'EST CHRIST QU'IL TE FAUT AUSSI.

– Te sens-tu offensé lorsque, ouvrant l'Évangile, tu trouves Jésus dans la société des pécheurs?

– Dis-tu avec les pharisiens: «Celui-ci reçoit les pécheurs et mange avec eux»?

– Ou bien le message qu'il est venu pour chercher et sauver ce qui était perdu, t'est-il plus précieux que l'eau d'une fraîche oasis pour le voyageur mourant de soif?

– Connais-tu ce Christ qui reçoit le pécheur et ne met dehors aucun de ceux qui viennent à Lui; bien plus, qui invite tous à venir à Lui, parce que tous sont pécheurs?

– Connais-tu Celui dont la voix a fait entendre ces paroles: «Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et je vous donnerai le repos»?

– Venez à Lui, quels que puissent avoir été votre vie, vos expériences, vos sentiments.

Le Seigneur avait parlé à la femme, bien qu'il sût tout ce qui la concernait, et cependant II était le Christ, l'expression vivante de ce qu'est Dieu.

Tout était là pour elle; elle avait reçu de Lui selon la plénitude de sa grâce. Et maintenant elle court dire aux gens de la ville, à ceux qui la connaissaient si bien, qu'elle a trouvé un homme qui lui a dit tout ce qu'elle a fait.

Elle ne pense plus à ce qui l'avait amenée à la fontaine, ni à ce que les gens pourront dire d'elle; une seule chose remplit son cœur: elle a trouvé un homme qui lui a dit tout ce qu'elle a fait.

Celui qui sait par expérience ce que c'est que d'avoir été devant Dieu avec tous ses péchés, comprendra les sentiments qui remplissaient le cœur de la femme. Quand une fois s'est posée, sans arrière-pensée, entre Dieu et moi, la question de mes péchés, je ne crains pas que devant les autres ma vie soit mise à nu. Peux-tu dire aussi, mon cher lecteur: «II m'a dit tout ce que j'ai fait»?

S'il en est ainsi, si tu as été avec tous tes péchés en la présence de Dieu, tu peux aussi ajouter: «II m'a tout pardonné, il a ôté mes perchés pour toujours, et à moi, pécheur, II n'a montré rien qu'amour.»

Un mot encore.

Si notre cœur est rempli d'une joie indicible, en connaissant sa grâce, sa joie à Lui est encore plus grande. Pensée merveilleuse! Quand II nous donne, nous Lui donnons aussi.

Les disciples, revenus de la ville, le prient de manger; mais II le refuse.

Le bon Berger a trouvé sa brebis perdue, cela Lui suffit: quand la joie a atteint un certain degré, on ne pense plus à boire ou à manger. Ainsi en était-il de notre précieux Sauveur.

Une pauvre pécheresse rencontrée et amenée au repos près du Père est pour Lui viande et breuvage, et remplit son cœur d'une joie profonde, ineffable. Et II est toujours le même, hier et aujourd'hui, et éternellement.

Ah! puissiez-vous, lecteur, venir aussi à Lui et apaiser votre soif à jamais en buvant l'eau vive qu'il vous présente. La paix et la joie rempliront votre cœur, et à votre bonheur, à votre salut, répondra la joie du ciel, la joie du cœur de Christ.




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