Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LE PRODIGUE ET SON FRÈRE AÎNÉ

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L'homme naturel est exactement comme le prodigue: il dissipe son bien dans le pays éloigné et se ruine lui-même.

Un homme qui a 5,000 francs de rente et qui en dépense 20,000, paraîtra pour un temps riche, mais quelle est sa fin? C'est un homme ruiné.

Du moment que l'homme s'éloigna de Dieu, il se vendit à Satan; et depuis, il dépense son âme et son cœur loin de Dieu; même ce que Dieu lui a donné, il le dépense contre Dieu; et quand il a tout dissipé et qu'il n'a plus rien pour vivre, il commence à être dans le besoin.

Ensuite nous lisons: «Et une grande famine survint dans ce pays-là»: tout le monde est sensible à un pareil état de choses.

Tous les pécheurs ne s'enfoncent pas au même degré dans cette misère qui désirait se nourrir des gousses que les pourceaux mangeaient; mais ils sont tous dans le même état de ruine.

Tout homme a tourné le dos à Dieu, quoique tous n'aient pas poussé leurs excès au même point et qu'ils ne soient pas tombés dans la même dégradation.

La famine ne fait pas remonter vers la maison du père. Le prodigue se joignit à l'un des habitants de ce pays-là, non pas à quelqu'un du pays de son père. «Il désirait de remplir son ventre des gousses que les pourceaux mangeaient, et personne ne lui donnait rien.» Satan ne donne jamais; on ne donne que là où est l'amour de Dieu, qui n'épargna pas son propre Fils.

Quand le prodigue pense à la maison de son père, quoiqu'il ne soit pas encore de retour là, l'œuvre est moralement faite dans son âme.

Il revient à lui-même: son cœur était changé, et ainsi tout le désir de son âme est de rentrer dans la maison de son père qu'il avait abandonnée.

Il n'était pas encore arrivé à la pleine liberté de la grâce, de manière à être en paix et heureux, et il se dit à lui-même:

«Je me lèverai et je m'en irai vers mon père, et je lui dirai: Mon père, j'ai péché, traite-moi comme l'un de tes mercenaires.»

II est amené au sentiment de son péché, et qu'est-ce que c'était que son péché?

De manger de ce dont les pourceaux mangeaient?

SA MISÈRE ÉTAIT LE FRUIT DE SON PÉCHÉ;

mais ce dont il était coupable, C'ÉTAIT D'AVOIR ABANDONNÉ LA MAISON DE SON PÈRE, SE DÉTOURNANT DE DIEU.

Quand il revint à lui-même, il désira de retourner chez son père, et c'était là, assurément, un désir juste et bon; mais la forme que ce désir prenait dans son esprit, par le fait qu'il ne connaissait pas encore la grâce, était légale: «Je ne suis pas digne d'être appelé ton fils; traite-moi comme l'un de tes mercenaires.»

Mais le père ne le laisse pas dire ainsi; quand il paraît, il n'est plus question de mercenaires; — car, «lorsqu'il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion, et, courant à lui, se jeta à son cou et le couvrit de baisers».

Il n'eût pas pu être un mercenaire avec les bras de son père autour de son cou: les sentiments du père en eussent été dénaturés, sinon ceux du fils. C'était la joie du père de recevoir ainsi le pécheur, et c'est la connaissance de cela qui apporte la paix dans l'âme, — et rien d'autre.

Si quelqu'un ne connaît pas l'amour, il ne connaît pas Dieu, car Dieu est amour (1 Jean IV, 7-10).

La pleine révélation de Dieu nous est donnée en Christ: «Je suis depuis si longtemps avec vous, et tu ne m'as pas connu», dit-Il à Philippe.

Dieu agit d'après la joie et la satisfaction qu'il a en Lui-même à recevoir le pécheur à Lui; c'est pourquoi Il ne pense pas aux haillons, mais au fils qu'il a retrouvé.

Quel droit l'homme a-t-il de douter de Dieu, quand Dieu satisfait son propre cœur en laissant déborder son amour vers le pécheur?

Vous ne trouverez jamais la paix par le simple fait que vous revenez en arrière; mais vous la trouverez en apprenant à connaître la pensée du Père à votre égard.

Le prodigue aurait-il pu trouver la paix quand il montait vers son père, si celui-ci n'était pas venu au-devant de lui et ne s'était pas rencontré avec lui? Non.

Tout le long du chemin, il se serait demandé:

Comment me recevra-t-il?

Sera-t-il irrité contre moi?

Me repoussera-t-il loin de lui?

Et, s'il le fait, que deviendrai-je?

«Mais comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion, et, courant à lui, se jeta à son cou et le couvrit de baisers.»

S'il n'en eût pas été ainsi, le prodigue eût tremblé même en heurtant à la porte. Quand les bras du père entouraient le fils, le père était-il souillé par les haillons qui couvraient celui-ci?

Non, et il ne veut pas que le fils apporte des haillons dans la maison, mais il en fait apporter la plus belle robe pour le revêtir lorsqu'il est encore en dehors.

Dieu envoie son propre Fils du ciel et revêt le pécheur; et, ainsi vêtu, le jeune homme pouvait faire honneur à la maison de son père.

Si nous sommes revêtus de Christ de cette manière, nous apporterons, de l'honneur à Dieu, et «dans les siècles à venir il montrera les immenses richesses de sa grâce par sa bonté envers nous en Jésus-Christ» (Éphésiens II, 7).

Le père veut que le prodigue repentant partage sa joie: «... Et mangeons et faisons bonne chère.» Le père ne dit pas: Qu'il mange et qu'il se réjouisse! comme si c'était à lui de se réjouir tout seul. Non, il veut que son fils entre dans la joie de son cœur paternel; et il redit encore une fois: «II fallait faire bonne chère et se réjouir...»

Combien cela est précieux!

Il n'y avait qu'une exception à la joie de la maison.

Le frère aîné, l'homme à propre justice, était irrité, et il ne voulait pas entrer.

Par son Fils, Dieu avait montré ce qu'il était en Lui-même, en recevant ainsi le prodigue, et maintenant Il montre ce que les hommes à propre justice étaient en eux-mêmes.

Les pharisiens, nous le savons, murmuraient depuis le commencement, et le frère aîné n'avait aucune communion de pensée avec le père; car si le père était heureux, pourquoi n'était-il pas heureux, lui?

Il était en colère et ne voulait pas entrer.

Si un être aussi vil que ce publicain entre, toute ma justice, pensait-il, est anéantie. Et cela est vrai, car là où est la joie de Dieu, la propre justice ne peut pas entrer.

Si Dieu est bon envers le pécheur, de quel profit est ma justice?

Le frère aîné n'avait point de sympathie avec son père. Ce n'est pas qu'il aurait dû dire: Mon père est joyeux, il faut donc que moi je sois joyeux; — non, mais il aurait dû y avoir communion dans la joie. «Ton frère est revenu:» voilà ce qui aurait dû résonner dans son cœur; — mais il n'en était pas ainsi, et il ne veut pas entrer.

La parfaite patience de Dieu apparaît ici: le père sort et le prie. N'est-ce pas là ce que nous voyons tout le long du livre des Actes, — Dieu suppliant les Juifs d'être réconciliés, bien qu'ils eussent crucifié son Fils?

Ainsi Paul (1 Thessaloniciens II, 15-16) dit que les Juifs ont comblé la mesure de leurs péchés en défendant aux apôtres de parler aux nations afin qu'elles fussent sauvées. Tout est égoïsme dans le fils aîné:

«Tu ne m'as jamais donné un chevreau pour faire bonne chère avec mes amis.»

À quoi le père répond:

«Mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi.»

Les oracles de Dieu, les alliances, les promesses, Dieu les donna aux Juifs; mais Dieu ne veut pas renoncer au droit qu'il a de montrer sa grâce à des pécheurs, à cause de l'égoïsme et de la propre justice des Juifs ou de quelqu'un d'autre, quel qu'il soit.

(Extrait.)


Pourquoi tarder, prodigue, à revenir au Père?

Dans le monde égaré, trop longtemps tu l'as fui.

Ah! veux-tu donc périr au loin, dans la misère,

Quand le Père t'attend? Lève-toi, cours à Lui.


Ils sont ouverts pour toi, les trésors de sa grâce;

Il veut tout oublier, te serrer dans ses bras:

Son pardon est à toi; viens lire sur sa face

L'amour dont son cœur brûle et dont tu jouiras.


Dans sa maison, pour toi, la place est déjà prête;

La robe du salut est là pour son enfant;

Et sa grâce divine a préparé la fête,

Célébrant le retour de son fils repentant.


Viens donc, ne tarde plus; réponds à sa tendresse!

Près de Lui seul se trouve et repos et bonheur;

Et tu partageras la divine allégresse

Qui remplit tout le ciel quand revient un pécheur.



 

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