UN LIEU DE SÉCURITÉ

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Les vastes prairies de l'Amérique, dont un long été sans pluie a desséché l'herbe, présentent parfois un phénomène singulier et effrayant aussi: le gazon, échauffé, s'embrase comme de la paille, parfois même, dit-on, spontanément; d'autres fois, peut-être, c'est l'imprudence de quelque chasseur qui cause l'incendie. Les flammes alors s'élèvent à une hauteur prodigieuse et s'étendent avec une rapidité à laquelle nul être ne saurait échapper. Les animaux sauvages périssent ainsi consumés, et le meilleur cheval serait vaincu dans cette course qui n'est égalée que par celle du vent qui la règle.

Il y a cependant un moyen d'échapper au péril imminent dont le feu menace les chasseurs ou les caravanes qui se sont aventurés dans ces solitudes. Aussitôt qu'il peut voir les flammes, le chasseur ou le voyageur allume l'herbe là même où il se trouve, et aussitôt que le feu a consumé l'herbe, il a une place où désormais il ne reste aucun élément pour le feu et où il sera en parfaite sécurité. Les flammes vont dans tous les sens, ravageant tout sur leur passage, et, de sa retraite sûre, l'homme entendra les cris d'effroi des animaux chassés de leurs retraites qui ne sont point suffisantes, et le rugissement des flammes qui ne l'atteindront point lui-même: le feu a déjà fait son œuvre là où il est, il n'y trouverait plus rien à consumer.

Cela n'offre-t-il pas une figure frappante de la place que peut prendre maintenant et pour toujours le croyant qui met sa confiance sans réserve en Celui qui a subi déjà, une fois pour toutes, le jugement de Dieu contre le péché?

Il l'a subi à notre place.

Il a souffert une fois pour les péchés, le juste pour les injustes, pour nous amener à Dieu.

Par conséquent, Dieu ne trouve plus de péchés en ceux qui croient,

«il n'y a aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus» (Romains VIII, 1).

Le jugement est passé pour eux, car le Seigneur dit:

«En vérité, en vérité, je vous dis que celui qui entend ma parole et qui croit celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle et ne viendra pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie.»

Puis encore nous lisons:

«En ceci est consommé l'amour, afin que nous ayons toute assurance au jour du jugement; c'est que comme II est, Lui, nous sommes, nous aussi, dans ce monde» (Jean V, 24; 1 Jean IV, 17).

Combien il est précieux pour nous d'avoir une telle retraite! Dieu place le croyant en Christ, et désormais le voit en Christ, en Celui sur qui a passé tout le jugement de Dieu contre le péché.

J'ai parfois l'occasion de juger de l'effet que produit sur des personnes malades ou blessées l'idée d'une opération chirurgicale: la pensée de souffrir les tourmente, il est vrai; mais il y a souvent une autre préoccupation qui découle du fait qu'ils seront endormis artificiellement pendant la durée de l'opération. «Vous allez, disent-ils, m'endormir; mais si je ne me réveillais plus?»

Cette crainte devient quelquefois une véritable terreur, et on entend les malheureux crier pendant leur sommeil: «J'ai peur de ne plus me réveiller! Oh! réveillez-moi ! réveillez-moi!»

Quelle est donc la cause de cette terreur!

Ah! cher lecteur, c'est justement la crainte de ce jugement qui suit la mort (Hébreux IX, 27), et qui sera plus terrible encore que le feu des plaines de l'Ouest.

Toutefois, comme là il y a un moyen d'échapper, il y a aussi pour tout pécheur un moyen de salut.

Comme nous l'avons vu, c'est JÉSUS-CHRIST.

Car, n'ayant pas connu le péché, II a été fait péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en Lui. En sorte qu'il est dit, au sujet des croyants:

«Or, vous êtes de Lui dans le Christ Jésus, qui nous a été fait sagesse de la part de Dieu, et justice et sainteté, et rédemption, afin que, comme il est écrit, celui qui se glorifie se glorifie dans le Seigneur» (1 Corinthiens I, 30, 31; 2 Corinthiens V, 21).

Réveillez-vous, chères âmes endormies dans une fausse sécurité:

le lieu de refuge, le moyen de salut,

le seul donné aux hommes pour qu'ils soient sauvés,

C'EST JÉSUS.

– Venez à Lui, âme inquiète, et vous trouverez la paix;

– venez à Lui, vous qui pleurez, et vous serez consolée;

– venez à Lui, vous qui avez faim et soif de la justice, et vous serez rassasiée;

– venez à Lui, vous aussi qui, trompés par l'ennemi de vos âmes, croyez être tranquilles tandis que le jugement demeure sur vous.

La sécurité de l'âme de celui qui se confie en Christ est plus parfaite encore que celle du malheureux que les flammes menaçaient et qui a trouvé un refuge, puisqu'il est dit (Romains VIII, 1):

«Il n'y a donc maintenant aucune condamnation POUR CEUX QUI SONT DANS LE CHRIST JÉSUS;

car la loi de l'Esprit de vie dans le Christ Jésus m'a affranchi de la loi du péché et de la mort; car ce qui était impossible à la loi, en ce qu'elle était faible par la chair, Dieu, ayant envoyé son propre Fils en ressemblance de chair de péché, et pour le péché, a condamné le péché dans la chair, afin que la juste exigence de la loi fût accomplie en nous qui ne marchons pas selon la chair, mais selon l'Esprit.»