Le 22 octobre 1882, un mécanicien du chemin de fer de la Pennsylvanie sauva la vie d'environ six cents voyageurs par un acte d'héroïsme extraordinaire. Le chauffeur, pour mettre du charbon, avait ouvert la porte du foyer pendant que le train marchait à toute vitesse. Les flammes sortirent avec tant de force, que le support de la locomotive prit feu et que le mécanicien et le chauffeur furent obligés de se réfugier par dessus le tender, dans le wagon des voyageurs, laissant la machine sans direction. La vitesse augmentait et les flammes s'étendaient vers le train. Il y avait un danger imminent que les wagons prissent feu et que tout fût consumé. Les voyageurs, frappés de stupeur, ne savaient que faire. Sauter hors du train, c'était s'exposer à une mort certaine; rester, c'était s'exposer à être brûlés vifs.
Pour sauver toutes ces personnes, il fallait que quelqu'un se dévouât. Joseph Sieg, le mécanicien le fit. Sans un moment d'hésitation, franchissant le tender brûlant, traversant la flamme et la fumée, il s'efforça d'arriver jusqu'à la machine pour arrêter le train. Pendant quelques moments, on le perdit de vue. Tout à coup, l'angoisse qui remplissait les cœurs cessa, la vitesse diminuait, et, enfin, le train s'arrêta. Le danger avait cessé, sauf celui d'une explosion.
Le chauffeur s'élança pour voir ce qu'était devenu son courageux camarade. Il était encore vivant, mais brûlé d'une manière atroce. Pour calmer ses terribles souffrances, il s'était réfugié dans le réservoir d'eau où il avait réussi à se jeter. Il avait sauvé les six cents voyageurs en donnant sa vie.
On éteignit les flammes, on put gagner la station voisine, et aussitôt on porta l'homme dévoué, Joseph Sieg, à l'hôpital, où son état fut jugé désespéré. En effet, après quelques jours de souffrances, il mourut.
Cher lecteur, le récit qui précède m'a frappé en me rappelant le grand salut opéré en faveur des pauvres pécheurs par le Seigneur Jésus-Christ mourant sur la croix.
Quelle frappante image de l'état du monde nous présente ce train rempli de voyageurs! Le monde se précipite avec une vitesse croissante dans cette carrière du péché qui aboutit à la mort, «et après cela le jugement» (Hébreux IX, 27).
Il y avait là des personnes de tous les rangs, riches et pauvres, vieux et jeunes, occupés des mille plaisirs et soucis de la vie, emportés rapidement, dans une entière sécurité, ne pensant nullement au danger qui les menaçait, quand tout à coup la terrible nouvelle se répandit d'un bout à l'autre du train.
Quel moment! se trouver face à face avec la mort, sous l'une de ses formes les plus redoutables!
Et le monde insensé, combien peu il pense à la fin vers laquelle il se précipite!
Le feu menaçait de dévorer ces voyageurs; il ne semblait pas qu'il y eût aucun moyen d'échapper, et de fait, s'ils eussent dû se sauver eux-mêmes, il n'y avait point d'espérance.
Et maintenant le jugement éternel, l'étang de feu, menace d'engloutir le monde entier
«qui gît dans le méchant» (Jean V, 19);
«la colère de Dieu est révélée du ciel» (Romains I, 18);
mais retenus dans une fatale sécurité par l'ennemi des âmes, les hommes songent peu au sort qui les attend.
Oh! pécheurs, avez-vous été réveillés pour voir le danger qui vous menace?
Avez-vous prêté l'oreille au cri d'alarme?
Avez-vous pensé au fait que vous êtes un de ceux qui composent ce monde coupable et perdu, qui va, avec une vitesse plus grande que celle du train le plus rapide, vers les flammes éternelles de l'enfer?
Vous trouvez ces paroles importunes; mais ne vaut-il pas mieux que vous soyez réveillés au sentiment de votre position qui à chaque instant devient plus périlleuse, que d'aller aveuglément vers la mort et vous réveiller quand il sera trop tard?
Avez-vous découvert que vous êtes perdu?
Comment échapperez-vous?
Que pouvez-vous faire?
Ah! pauvre pécheur! vous ne pouvez rien faire.
Que pouvaient faire ceux qui étaient dans le train?
Ils ne pouvaient ni l'arrêter, ni éteindre les flammes, ni sauter dehors sans être tués.
Et vous, lecteur, pouvez-vous arrêter le cours du temps, éteindre les flammes de l'enfer, ou échapper au jugement, par quoi que ce soit que vous imaginiez ou que vous fassiez?
Qu'y a-t-il donc à faire? Écoutez.
Juste au moment où tous ceux qui étaient dans le train semblaient livrés à une mort certaine, sa course commença à se ralentir et bientôt il s'arrêta.
Comment cela arriva-t-il?
Nullement par les efforts des voyageurs, mais par le dévouement héroïque du mécanicien. Un seul homme donna sa vie pour tous.
Pour délivrer, il fallait s'exposer à la mort, et, sans hésiter, il se précipita dans les flammes. Et quelle pleine et parfaite délivrance! Personne ne reçut aucun dommage. Tout ce que les voyageurs eurent à faire, ce fut de profiter de la délivrance opérée par un autre et de sortir des voitures. Du moment qu'ils furent dehors, ils étaient en sûreté.
Tel est l'Évangile, la bonne nouvelle qui annonce la délivrance de la mort et du jugement.
De même que le mécanicien descendit dans la mort pour sauver le train chargé de voyageurs, ainsi Jésus, le Fils de Dieu, s'exposa à la mort terrible de la croix pour délivrer ce monde de pécheurs de l'éternelle destruction.
C'était le seul moyen par lequel les pécheurs pouvaient être sauvés, et Jésus donna sa vie pour tous.
Le redoutable jugement de Dieu que méritait le pécheur,
tomba sur l'Agneau de Dieu sans défaut et sans tache.
Là, sur la croix, Dieu a fait Celui qui n'avait pas connu le péché être péché pour nous (2 Corinthiens V, 21); là, la malédiction est tombée sur le Christ de Dieu (Galates III, 13).
«Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?» C'était là le cri douloureux du Seigneur Jésus, quand Lui, le Saint et le Juste, voyait se cacher pour Lui la face de Dieu (Matthieu XXVII, 46).
Précieux Sauveur! son œuvre est accomplie!
Oui, cher lecteur, Il a achevé l'œuvre que le Père Lui avait donnée à faire (Jean XVII, 4). «C'EST ACCOMPLI», telles furent ses paroles avant qu'il expirât (Jean XIX, 30).
Et Dieu l'a ressuscité d'entre les morts (Actes II, 24).
Ainsi, il a opéré un salut plein et parfait. Christ est la propitiation pour tout le monde (1 Jean II, 2). Il est mort pour tous. Et quel en est le résultat? De même que les voyageurs du train profitèrent immédiatement de la délivrance opérée, ainsi tout pauvre pécheur n'a maintenant qu'à croire au Seigneur Jésus, le seul Sauveur donné de Dieu; et croire, c'est accepter pour soi-même ce salut gratuit.
Qu'eussiez-vous pensé d'une personne qui aurait négligé de sortir du train une fois arrêté?
Ne l'auriez-vous pas tenue pour insensée?
Quoi! rester dans un train qui brûlait?
Je suis sûr que chacun s'est hâté de descendre!
Aucun voyageur ne fut aussi insensé que vous l'êtes, lecteur, si vous restez là où vous êtes, dans vos péchés.
Voici, le Juge est à la porte (Jacques V, 9).
Attendre est dangereux.
Sauvez-vous maintenant hors d'un monde condamné (Genèse XIX, 17), car c'est maintenant le jour du salut (2 Corinthiens VI, 2).
Christ est l'unique Sauveur, oh! croyez en Lui pour être délivré du jugement et de l'étang de feu.
«Sauvez-vous de cette génération perverse,», car Dieu a assigné un jour où II jugera en justice le monde par l'Homme qu'il a établi pour cela, de quoi II a donné une preuve certaine à tous, l'ayant ressuscité d'entre les morts (Actes II, 40; XVII, 31).
Vos propres efforts ne peuvent servir de rien pour écarter le jugement qui pèse sur votre tête. Vous êtes sans force.
«Mais quand nous étions sans force,
CHRIST, AU TEMPS CONVENABLE, EST MORT POUR DES IMPIES»
(Romains V, 6).
Acceptez donc la délivrance qui se trouve en Lui, car comment échapperez-vous, si vous négligez un si grand salut? (Hébreux II, 3.)
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