Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

28f «MON PEUPLE»

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VI

LA VIGNE


L'épreuve morale à laquelle Dieu soumit l'homme, et dont nous trouvons les détails dans l'histoire du peuple d'Israël, est exprimée dans les Écritures par une similitude, — celle de «la vigne».

Nous disons bien l'épreuve de l'homme, mais il faut nous rappeler que ce n'est qu'une partie de son histoire et des voies de Dieu envers lui; toutefois, c'est la partie qui occupe la plus grande place dans la parole de Dieu.

L'homme fut d'abord mis à l'épreuve comme innocent dans le jardin d'Éden, au seul point de vue de l'obéissance, et il tomba aussitôt que Satan lui présenta la tentation.

Comme seconde épreuve, il fut abandonné à lui-même dans le monde où il devait gagner son pain à la sueur de son front, et il devint tellement méchant, que Dieu dut exterminer toute la race humaine par le déluge.

Pendant tout ce temps, cependant, Dieu eut des témoins fidèles, afin que les hommes ne fussent pas laissés sans moyen de connaître la vérité.

Adam vécut assez longtemps pour être témoin, pendant 243 ans, de la vie sainte de Hénoc, et ne mourut que 57 ans avant son enlèvement.

Seth vécut encore 55 ans après cet événement, et ne mourut que 14 ans avant la naissance de Noé, qui, comme Hénoc, marcha avec Dieu; ainsi, le témoignage des hommes de foi a été maintenu, on peut dire, sans interruption par les fidèles soins de Dieu pendant toute la période des 1656 ans qui s'écoulèrent avant le déluge. Dieu seul sait qui en profita.

L'important, pour nous, est de savoir qu'il y eut constamment des témoins pour la vérité.

Après le déluge, l'homme fut de nouveau laissé à lui-même pendant un certain, temps, dans des conditions un peu différentes, toutefois encore sans loi.

Noé mourut cinq ans seulement avant la naissance d'Abraham, et Sem, le fils de Noé, vécut jusqu'après le mariage d'Isaac.

Il y avait donc toujours un témoignage pour Dieu ici-bas, et, en faisant des siens des pèlerins sur la terre, Dieu fit en sorte que ce témoignage fût porté en divers lieux.

Mais les hommes avaient déjà pris leur parti; ils ne voulaient pas garder la connaissance de Dieu (C'est alors en effet que l'idolâtrie prit naissance. Lisez le premier chapitre de l'Épître aux Romains.): ils avaient pleinement démontré à Babel leur intention arrêtée d'avoir la terre pour eux et d'arranger tout à leur guise, sans que Dieu fît intervenir son autorité, et la confusion des langues fut la conséquence de leur orgueil.

Dieu ne permit pas que leur dessein réussît; ils furent obligés de se séparer les uns des autres, et accomplirent malgré eux l'ordre divin en se répandant sur la face de la terre.

L'appel d'Abraham et les communications successives que Dieu lui fit commencèrent une nouvelle époque dans laquelle Dieu soumit l'homme à la loi, pour l'éprouver au point de vue de sa capacité de jouir des bénédictions promises sur le principe de la justice et de la responsabilité de l'homme.

C'était de fait l'épreuve du jardin d'Éden répétée sous une autre forme, appliquée cette fois non à des êtres innocents, mais à des hommes déchus nés et élevés dans le péché (Psaume LI, 5), et qui, par là même, étaient incapables de porter un jugement juste sur leur état moral.

La loi de Moïse ne fut pas le point de départ des voies de Dieu dans cette époque.

Celle-ci commença par des promesses de bénédiction à laquelle Dieu ne posa aucune condition à remplir par les hommes; la loi fut ajoutée dans la suite pour faire ressortir ce qu'il y avait dans le cœur humain, — une racine invétérée de mal dont les hommes, dans leur vain orgueil, ne soupçonnaient pas l'existence.

L'apôtre traite ce sujet tout au long dans l'Épître aux Galates, chapitre III, versets 15-26; comparez aussi Romains III, 19 à IV, 25; VII, 7-12; X, 1-13; XI, 5, 6.

La différence entre la promesse faite à Abraham, une alliance sans condition, et la loi donnée à Moïse, jette un trait de lumière divine sur beaucoup de passages de l'Ancien Testament.

Ces deux choses correspondent aux deux arbres du jardin d'Éden, l'arbre de vie que Dieu avait placé au centre, et l'arbre dont Ève parlait comme étant au centre, celui de la connaissance du bien et du mal. C'est celui-ci qui occupe toujours la grande place dans le cœur de l'homme, car nous sommes flattés par tout ce qui s'adresse à notre responsabilité. En effet, cela suppose, chez nous, une certaine rectitude et une capacité morale pour le bien.

Nous avons de la peine à saisir les voies de Dieu en rapport avec la manifestation de la vie et de sa grâce souveraine qui ne fait pas de différence entre les hommes, les envisageant tous comme étant «sous le péché», dans les ténèbres, c'est-à-dire sans la connaissance de Dieu, et «coupables» devant Lui (Romains III, 9-20; Éphésiens II, 1, 12; V, 8).

C'est dans cet état que la grâce de Dieu nous rencontre et nous fait apprendre que le même Seigneur de tous est riche envers tous ceux qui l'invoquent (Romains X, 11-13).

Le principe de l'appel d'Abraham n'est pas autre chose: Dieu lui fit des promesses sans condition.

La loi, donnée quatre cents ans plus tard, mit l'homme à l'épreuve au point de vue de la responsabilité.

C'est à cela que se rapporte la parabole de la vigne dont parlent plusieurs passages des Écritures, tels que le Psaume LXXX, Ésaïe V, et d'autres.

Israël était la vigne du Seigneur, tirée d'Égypte, plantée sur un coteau fertile, entourée de tous les soins possibles et dans les meilleures conditions. C'était «un cep exquis», comme dit Jérémie (II, 21); mais, au moment de la récolte, elle ne produisit que des grappes sauvages, elle était «changée en sarments dégénérés d'une vigne étrangère». C'est pourquoi Dieu adresse à son peuple cet avertissement solennel:

«Et maintenant, habitants de Jérusalem et hommes de Juda, jugez, je vous prie, entre moi et ma vigne.

Qu'y avait-il encore à faire pour ma vigne que je n'aie pas fait pour elle?

Pourquoi, quand j'espérais qu'elle donnerait de bons raisins, a-t-elle produit des raisins sauvages?

Et maintenant, je vous apprendrai ce que je ferai à ma vigne: j'ôterai sa haie et elle sera broutée; j'abattrai sa clôture et elle sera foulée aux pieds; et je la réduirai en désert; elle ne sera pas taillée, et elle ne sera pas sarclée, et les ronces et les épines monteront, et je commanderai aux nuées qu'elles ne laissent pas tomber de pluie sur elle.

Car la vigne de l'Éternel des armées est la maison d'Israël, et les hommes de Juda sont la plante de ses délices. Et il s'attendait au juste jugement, et voici, l'effusion de sang! — à la justice, et voici un cri!» (Ésaïe V, 3-7.)

La sentence divine a été exécutée à la lettre, et la nation se trouve encore aujourd'hui sous le coup du jugement en attendant qu'elle se repente, recherchant la présence de Dieu dans le sens du Ps. LXXX, Ésaïe LXIV, Zacharie XII, et autres passages semblables.

Mais, dans l'intervalle, Dieu, dans sa bonté, a répondu d'une autre manière à la prière du Psaume LXXX, verset 17:

«Que ta main soit sur l'homme de ta droite, sur le fils de l'homme que tu as fortifié pour toi.»

II a envoyé dans ce monde son bien-aimé Fils Jésus, Fils de Dieu et Fils de l'homme en même temps, qui a dit:

«JE SUIS le vrai cep, et mon Père est le cultivateur.»

Puis, s'adressant à ses disciples, il ajoute: «Moi, je suis le cep, vous, les sarments» (Jean XV, 1-8).

Dieu ne répète pas l'épreuve qu'il a faite une fois avec la nation d'Israël; II introduit à la place de la vigne mauvaise quelque chose de parfait.

L'homme a été démontré incapable d'aucun bien. Placé dans les circonstances les plus favorables, il n'a fait que mettre d'autant plus en évidence la méchanceté invétérée, la rébellion de son cœur. Mais le Seigneur Jésus remplace le peuple d'Israël comme témoin de Dieu sur la terre, et maintenant, en tant qu'on demeure en Lui, il y a moyen de porter du fruit pour Dieu ici-bas: c'est le principe de l'Évangile.

«Comme le sarment ne peut pas porter de fruit en lui-même à moins qu'il ne demeure dans le cep, de même vous non plus vous ne le pouvez pas», dit le Seigneur,

«à moins que vous ne demeuriez en moi. Moi, je suis le cep, vous, les sarments. Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit; car, séparés de moi, vous ne pouvez rien faire».

Il n'y a pas plusieurs vignes plantées à côté de celle de Dieu; il n'y a maintenant qu'une seule vigne: c'est Christ; II est le cep, et le croyant est un sarment du vrai cep.

En dehors de Lui, il n'y a pas de vie; le sarment sèche, on les met au feu et ils brûlent. Ce n'est qu'en tant qu'on est attaché à Christ, qu'on demeure en Lui, qu'il est possible de porter du fruit pour Dieu.

À ce point de vue, nous trouvons une fois de plus la place de la loi. Aussi longtemps que le peuple d'Israël était sous l'épreuve comme étant la vigne de l'Éternel, la loi démontrait, de la part de Dieu, ce que le fruit aurait dû être, et, de fait, ce qu'il n'était pas.

La question se posait sans cesse: «Le fruit est-il bon ou mauvais?»

Or, dans le chapitre XV de Jean, il ne s'agit plus de cela:

le vrai cep ne peut porter que du bon fruit;

mais les soins du cultivateur céleste sont exercés à un autre point de vue;

II a l'œil sur les sarments pour voir s'ils rapportent peu ou beaucoup:

«Tout sarment en moi qui ne porte pas de fruit, il l'ôte, et tout sarment qui porte du fruit, il le nettoie, afin qu'il porte plus de fruit.»

La loi ne donne aucune force pour faire le bien, au contraire, elle plonge dans le désespoir l'âme droite qui se tourne vers Dieu; mais Christ donne de la force, et II est l'objet du cœur.

«Le péché ne dominera pas sur vous», est-il écrit, «parce que vous n'êtes pas sous la loi, mais sous la grâce». — «Tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus» (Romains VI, 10, 11, 14).

Dans cette sphère bénie, celle de la foi, le cœur s'occupe de Christ, et on marche dans la dépendance de Dieu, éprouvant le secours de son Esprit et jouissant de la relation avec le Père, dans laquelle Christ nous a fait entrer; de cette manière aussi, — Dieu ayant condamné le péché dans la chair, — la juste exigence de la loi est accomplie! par ceux qui ne marchent pas selon la chair, mais selon l'Esprit (Romains VIII, 1-4).

La venue de notre Seigneur Jésus-Christ et l'accomplissement de son œuvre de rédemption ont fait que les croyants, qu'ils soient Juifs ou Gentils, trouvent déjà miséricorde et deviennent dès à présent le peuple de Dieu, devançant ainsi le temps heureux où le Messie établira son peuple en bénédiction, sous son règne, dans la terre que Dieu donna à Abraham.

Cette relation actuelle avec Dieu ne comporte cependant pas de promesse quant à la terre; car même ceux du peuple terrestre qui croient sont avertis que l'héritage leur est réservé dans les deux, non pas dans le pays de Canaan (1 Pierre I, 4, 5; II, 9, 10).

C'est que le Seigneur Jésus a été rejeté de la terre et est assis dans le ciel à la droite du Père. C'est là qu'il a préparé des places pour ceux qui se confient en Lui.

De là nous attendons qu'il vienne pour nous prendre et nous rendre conformes à son image glorieuse.

Mais nous attendons aussi de nouveaux cieux et une nouvelle terre, dans lesquels la justice habite, et où l'habitation de Dieu sera avec les hommes, où ils seront sou peuple et où Dieu Lui-même aéra avec eux, leur Dieu (2 Pierre III, 13; Apocalypse XXI, 3).

Ce sera la consommation des desseins de Dieu, déjà révélés, mais qui attendent pour leur accomplissement que ses voies avec les hommes soient terminées.

Que cette attente glorieuse agisse continuellement sur nos cœurs, afin que nous marchions d'une manière digne de Celui qui nous a appelés à son propre royaume et à sa propre gloire (1 Thessaloniciens II, 12; 2 Pierre III, 14-15).



 

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