V
«LO-AMMI»
L'histoire du peuple d'Israël dans le pays de Canaan ne présente pas, en général, un tableau réjouissant, si ce n'est du côté de la fidélité de Dieu.
Quant au peuple, on est forcé de constater, par l'exemple qu'il donne, qu'en tout l'homme manque moralement. C'est ce que montrent partout les Écritures dans leur partie historique.
Aussi longtemps que les Israélites furent conduits par un homme tel que Josué, qui marchait dans la crainte de Dieu, il y eut de la bénédiction; mais du moment qu'ils furent laissés à eux-mêmes, ils ne tardèrent pas à manifester l'état réel de leurs cœurs.
Les deux premiers chapitres des Juges donnent le résumé de cette histoire et font ressortir les deux causes des calamités qui fondirent sur les Israélites;
– la première fut le tort de ne pas persévérer dans la conquête du pays, selon l'ordre qu'ils avaient reçu de Dieu;
– la seconde, c'était de s'être alliés avec les nations idolâtres et d'avoir servi les Baals en abandonnant le culte de l'Éternel.
Aussi, après avoir indiqué comment chaque tribu avait contribué, pour sa part, au déclin général, le récit continue dans ces termes (chapitre II):
«Et l'ange de l'Éternel monta de Guilgal à Bokim; et il dit:
Je vous ai fait monter d'Égypte, et je vous ai introduits dans le pays que j'avais promis par serment à vos pères, et j'ai dit: Je ne romprai jamais mon alliance avec vous; et vous, vous ne traiterez point alliance avec les habitants de ce pays; vous démolirez leurs autels: et vous n'avez pas écouté ma voix.
Pourquoi avez-vous fait cela? Et aussi j'ai dit: Je ne les chasserai pas devant vous, et ils seront à vos côtés, et leurs dieux vous seront en piège» (versets 1-3).
Il resta donc dans le pays une partie considérable des Cananéens, et souvent ils acquirent assez de puissance pour opprimer cruellement le peuple de Dieu. Car
«la colère de l'Éternel s'embrasa contre Israël, et il dit:
Puisque cette nation a transgressé mon alliance, que j'avais commandée à leurs pères, et qu'ils n'ont pas écouté ma voix, moi aussi je ne déposséderai plus un homme devant eux, d'entre les nations que Josué laissa quand il mourut, afin d'éprouver par elles Israël, s'ils garderont la voie de l'Éternel pour y marcher, comme leurs pères l'ont gardée, ou non.
Et l'Éternel laissa subsister ces nations, sans se hâter de les déposséder» (Juges II, 20-23).
Toutes les fois que les Israélites se détournèrent de l'Éternel pour servir les faux dieux, Il les châtia en les livrant aux mains de leurs ennemis.
«Partout où ils sortaient, la main de l'Éternel était contre eux en mal, comme l'Éternel avait dit et comme l'Éternel le leur avait juré; et ils furent dans une grande détresse.
Et l'Éternel suscita des juges; et ils les délivrèrent de la main de ceux qui les pillaient.
Mais, même leurs juges, ils ne les écoutèrent pas, car ils se prostituèrent après d'autres dieux et se prosternèrent devant eux; ils se détournèrent vite du chemin où leurs pères avaient marché en écoutant les commandements de l'Éternel: ils ne firent pas ainsi.
Et quand l'Éternel leur suscitait des juges, l'Éternel était avec le juge, et les délivrait de la main de leurs ennemis pendant tous les jours du juge; car l'Éternel avait pitié à cause de leurs gémissements devant ceux qui les opprimaient et qui les accablaient.
Et il arrivait que, lorsque le juge mourait, ils retournaient à se corrompre plus que leurs pères...» (Juges II, 15-19).
Les choses continuèrent de cette manière pendant bien des années, jusqu'aux jours de Samuel le prophète. Dans ce temps-là, le peuple, d'un commun accord, demanda un roi, désirant être comme les nations d'alentour et ne se souciant plus de rester dans la dépendance de Dieu.
L'Éternel leur accorda leur requête; mais le premier roi, Saul, ne marcha point dans l'obéissance, et, l'ayant mis de côté, l'Éternel choisit un «homme selon son cœur».
Malgré ses fautes, David trouva toujours en Dieu sa ressource, comme les Psaumes le montrent. Il confessa ses péchés à Dieu, et, par conséquent, reçut le pardon.
L'Éternel fut avec lui; par son moyen, Il délivra les Israélites de tous leurs ennemis de toutes parts, et leur accorda une très grande puissance vis-à-vis des nations environnantes.
Salomon, le fils de David, fut un homme de paix et éleva plus haut encore le prestige du royaume. En réponse à sa demande d'avoir de l'intelligence pour conduire le peuple, Dieu lui accorda d'être le plus sage de tous les hommes. Il lui donna aussi des richesses et de la gloire, en sorte qu'il n'y eut aucun roi comme lui pendant tous ses jours. Ce fut Salomon qui, d'après les plans de son père David, bâtit le temple pour le service de l'Éternel à Jérusalem.
Mais le déclin ne tarda pas à se faire sentir de nouveau.
Les richesses et la grandeur de Salomon étaient trop pour un cœur d'homme: il ne sut pas rester dans la dépendance de Dieu, comme l'avait fait son père David dans toutes les afflictions qu'il avait traversées, tant il est vrai que LA TRIBULATION A POUR EFFET DE NOUS TOURNER VERS DIEU.
Le cœur naturel se laisse séduire par la prospérité, et on oublie facilement «le Dieu qui nous donne toutes choses richement pour en jouir» (1 Timothée VI, 17).
Salomon ne fît pas attention aux avertissements donnés pour les rois dans la loi de Moïse (Deutéronome XVII, 14-20), et il tomba dans le piège indiqué dans ce même passage: ses femmes détournèrent son cœur, en sorte que lui, qui avait eu le privilège immense de bâtir la maison de l'Éternel, construisit aussi, pour ses femmes idolâtres, des hauts lieux pour y rendre culte aux dieux des nations; il les fit élever sur la montagne des Oliviers, en face de Jérusalem, et ils restèrent là comme une insulte pour le Dieu d'Israël et un opprobre pour la nation pendant plusieurs générations, jusqu'à ce que le pieux roi Josias les ôtât définitivement, peu de temps avant la prise de Jérusalem et la destruction du temple par les Chaldéens.
L'Éternel, à cause de la fidélité de David, avait promis de lui donner toujours une lampe à Jérusalem, en conservant ses fils successivement sur le trône; mais, après la mort de Salomon, Il enleva dix tribus à la maison de David, qui ne régna plus que sur les tribus de Juda et de Benjamin.
Ces dix tribus tombèrent aussitôt dans l'idolâtrie et allèrent de mal en pis, au point que le culte de Baal fut formellement établi par le roi Achab à Samarie, la capitale du royaume. À cause de cela, toute sa maison, jusqu'au dernier homme, fut exterminée par Jéhu; le culte de Baal fut alors aboli comme religion nationale, mais le peuple n'en resta pas moins idolâtre et continua d'adorer les veaux d'or qu'avait faits Jéroboam, fils de Nébath, pour empêcher ses sujets d'aller au temple à Jérusalem, et de rentrer ainsi sous la domination du fils de Salomon, roi de Juda.
Parmi les rois des dix tribus d'Israël, il n'y en eut pas un seul dont il ait pu être écrit qu'il fit «ce qui est droit devant l'Éternel».
Nous voyons cependant un certain relèvement sous Joash et Jéroboam, deux rois de la race de Jéhu, car le témoignage des prophètes Élie et Élisée avait donné de l'encouragement, et il y eut quelque bénédiction au milieu du peuple. Mais on garda toujours les deux veaux d'or établis par Jéroboam, fils de Nébath; celui de Dan fut emporté par le roi d'Assyrie lorsqu'il emmena captif tout le pays de Galaad et de Galilée, une vingtaine d'années avant la destruction complète du royaume d'Israël; et l'autre, celui de Béthel, fut détruit par Josias, roi de Juda, cent ans après cet événement (2 Rois XV, 29; XXIII, 15; Osée X, 6, 8).
Les rois de Juda présentent une grande variété de caractères: il y en eut quelques-uns de pieux, tels que Josaphat, Ézéchias et Josias, Sous leur conduite, le peuple retourna momentanément vers le Dieu de ses pères; mais, malgré ces réveils, le mal continuait: le père et le grand-père de Josias furent entre les plus méchants, et leur iniquité était d'autant plus grande qu'ils étaient plus responsables, — plus près de Dieu; les gardiens, en quelque sorte, de sa maison. Mais ils allèrent jusqu'à établir le culte de Baal et introduire leurs idoles dans le temple même à Jérusalem (2 Rois XXI, 2-9)
Le résumé de cette triste histoire nous est donné dans le chapitre XVII du 2e livre des Rois. L'Éternel fut très irrité contre Israël, et l'ôta de devant sa face. Il ne resta plus que la seule tribu de Juda, mais bientôt le royaume de Juda subit le même sort, car peuple et roi ne gardèrent pas les commandements de l'Éternel, leur Dieu, mais marchèrent dans les statuts qu'Israël avait établis.
L'Éternel avait livré les dix tribus entre les mains du roi d'Assyrie, qui les emmena captifs loin de leur terre et les remplaça par des gens tirés des diverses nations qu'il avait subjuguées.
Cent quinze ans plus tard, le royaume de Juda fut soumis à l'autorité de Nébucadnetsar, roi de Babylone, dans.la première année de son règne, et une grande partie des Juifs furent transportés à Babylone: alors commença la période connue sous le nom de «la captivité», qui dura soixante-dix ans.
Dans la dix-huitième année du règne de Nébucadnetsar, le temple, à Jérusalem, fut livré aux flammes et les vases saints du service de Dieu furent portés à Babylone. On emporta aussi tout ce qui avait de la valeur et on emmena ce qui restait du peuple, en sorte que le pays fut complètement désolé (2 Chroniques XXXVI, 5-21).
Bien que l'Éternel permît le retour d'une partie du peuple après la captivité, II laissa toujours les Juifs sous la domination des Gentils; le royaume ne fut pas rétabli; les «temps des Gentils» avaient commencé, et ils continueront jusqu'à la venue du Messie, quand l'iniquité de la terre sera arrivée à son comble.
Durant la période actuelle (1883), à cause du crime que les Juifs ont commis en rejetant Christ, Jérusalem est abandonnée, laissée désolée, livrée pour être foulée aux pieds des nations (Luc XIII, 35; XXI, 24; 2 Thessaloniciens II, 3-12).
C'est en rapport avec la captivité et la dispersion du peuple d'Israël que le nom de LO-AMMI, qui signifie «pas mon peuple», lui est donné par le prophète Osée:
«Et l'Éternel dit: Appelle son nom Lo-ammi, car vous n'êtes pas mon peuple, et je ne serai pas à vous».
Mais, au même moment, la parole divine fait ressortir la fidélité de Dieu, car il est ajouté, dans les versets suivants:
«Et le nombre des fils d'Israël sera comme le sable de la mer qui ne se peut mesurer ni nombrer; et il arrivera que, dans ce lieu où il leur a été dit: Vous n'êtes pas mon peuple, il leur sera dit: Fils du Dieu vivant» (Osée I, 9-10).
Mais, pour que cela ait lieu, il faut que Dieu agisse pour mettre son Esprit en eux et pour écrire sa loi dans leurs cœurs. C'est ce qui arrivera, en effet, selon les termes de la nouvelle alliance dont il est parlé au long dans le chapitre XXXI de Jérémie et ailleurs.
Ils seront tous convertis alors et retourneront de cœur vers Dieu, n'ayant plus besoin d'inviter chacun son voisin à revenir vers l'Éternel, car ils le connaîtront tous depuis le plus petit jusqu'au plus grand d'entre eux: II pardonnera leur iniquité et ne se souviendra plus de leur péché.
Nos lecteurs savent que le fondement de toute cette bénédiction, annoncée pour les derniers jours, est le précieux sang de Christ; c'est par ce sang, le seul capable de purifier du péché, que la nouvelle alliance avec la maison d'Israël et avec la maison de Juda est rendue possible. Il l'a dit, du reste, à ses disciples, en leur donnant la coupe lors du dernier souper: «Ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance qui est versé pour plusieurs en rémission des péchés» (Matthieu XXVI, 28).
L'œil de la foi peut donc déjà pénétrer à travers les sombres jours du rejet d'Israël, et saluer avec joie la bénédiction promise qui sera répandue sur le peuple juif et sur la terre entière lorsque le «Soleil de justice se lèvera» (Malachie IV, 2), c'est-à-dire quand le Seigneur Jésus reviendra pour établir son règne en gloire. Alors la terre sera remplie de la connaissance de la gloire de l'Éternel comme les eaux couvrent le fond de la mer (Nombres XIV, 21; Ésaïe XI, 9; Habacuc II, 14).
Si les grands traits de l'histoire du peuple élu, dont nous avons essayé de donner ici une courte esquisse, sont pleins d'instruction pour nous, les détails ne le sont pas moins; mais nous ne pouvons y entrer à présent.
La sentence du prophète présente la conclusion que nous avons à tirer de tout ce récit:
«Finissez-en avec l'homme dont le souffle est dans ses narines; car quel cas doit-on faire de lui?» (Ésaïe II, 22.)
D'un autre côté, combien n'est-on pas consolé et encouragé en voyant la fidèle bonté de Dieu qui accomplit les desseins de sa grâce à travers tous les manquements des hommes, et qui montrera, à la fin, que son propos arrêté d'avoir un peuple à Lui ne restera pas sans effet.
On dira à la fin, comme cela a été dit après la traversée du désert: «Selon ce temps, il, sera dit de Jacob et d'Israël: Qu'est-ce que DIEU a fait?» (Nombres XXIII, 23.)
Toutes les prophéties de l'Ancien Testament aboutissent là, en faisant voir la bénédiction finale sous le règne du Messie, après que l'iniquité de la maison d'Israël aura été ôtée.
Pour cela, il a fallu le sacrifice de Christ. Il s'est livré à la mort et a porté les péchés de son peuple, pour les sauver. Il est devenu homme dans ce but, entrant dans le monde, en disant: «Voici, je viens, ô Dieu, pour faire ta volonté» (Matthieu I, 21; Psaume XL, 6-8; Hébreux X, 9).
Et dès à présent, tous ceux qui croient en Lui reçoivent la rémission de leurs péchés (Actes X, 43). Quelle bonté infinie de Dieu!
L'homme a fait faillite sous tous les rapports,
mais Dieu est intervenu pour sauver,
et Il le fait par Lui-même et d'une manière digne de Lui.
N'oublions pas, chemin faisant, l'instruction morale que Dieu nous donne par ces récits divins, nous faisant voir les petits commencements du mal qui amènent de si terribles suites: le manque de persévérance dans la lutte contre Satan, en marchant dans la dépendance de Dieu, puis le manque de vigilance contre les séductions du monde. Il est écrit:
«Résistez au diable et il s'enfuira de vous»,
et aussi:
«N'aimez pas le monde, ni les choses qui sont dans le monde;
si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père n'est pas en lui»
(Jacques IV, 7; 1 Jean II, 15).
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