Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

«MON PEUPLE»

***

IV

UNE CONDITION ATTACHÉE A LA JOUISSANCE DE LA BÉNÉDICTION


Le pays de Canaan, — type des bénédictions spirituelles dont nous sommes bénis en Christ, — a été, pour les enfants d'Israël, un don de Dieu.

Pour les y introduire, DIEU NE POSA AUCUNE CONDITION; II ne faisait qu'accomplir sa promesse faite à leurs pères, à Abraham, à Isaac et à Jacob.

Mais il y avait pour eux une condition pratique ATTACHÉE À LA JOUISSANCE DU PAYS: c'était de s'en rendre maîtres, l'arrachant aux mains des nations iniques qui le possédaient.

Les versets 24, 25 du chap. XI du Deutéronome parlent de cela:

«Tout lieu que foulera la plante de votre pied sera à vous:

votre limite sera depuis le désert et le Liban, depuis le fleuve, le fleuve Euphrate, jusqu'à la mer d'Occident.

Personne ne pourra tenir devant vous; l'Éternel, votre Dieu, mettra la frayeur et la crainte de vous sur la face de tout le pays que vous foulerez, comme il vous l'a dit.»

Une telle assurance ne devait-elle pas suffire pour engager le peuple à avancer hardiment et à chasser les ennemis de devant eux?

Pour le faire, cependant, il leur fallait toujours regarder à Dieu, non pas à eux-mêmes, car les difficultés étaient grandes et nombreuses. Le combat, une fois engagé, devait se poursuivre sans relâche; et ainsi les Israélites pouvaient montrer s'ils avaient profité des leçons de dépendance que Dieu leur avait données pendant la traversée du désert.

L'obéissance, la foi, la patience, la persévérance étaient à la fois requises pour prendre possession du bon pays.

Puis, une fois établis, il fallait persévérer dans la même voie pour jouir de la bénédiction dont Dieu se proposait de combler son peuple, comme nous l'avons déjà vu dans les versets 11-15 de ce même chapitre.


Le culte du peuple s'y rattachait: voyez le chapitre XXVI.

Comment se présenter devant le sacrificateur avec une corbeille pleine des prémices de tous les fruits de la terre tirés du pays que Dieu avait donné, si on n'avait pas d'abord fait l'expérience de ses soins fidèles qui chassaient les ennemis et qui donnaient régulièrement les pluies du ciel?

Mais quelle joie pour le cœur de l'Israélite fidèle de pouvoir dire, en présentant devant l'autel de l'Éternel sa corbeille de fruits exquis: «Je déclare aujourd'hui à l'Éternel, ton Dieu, que je suis arrivé dans le pays que l'Éternel a juré à nos pères de nous donner!»

Quelle joie aussi pour le sacrificateur de voir ainsi la preuve évidente, d'un côté, de la fidèle bonté de Dieu, et, de l'autre côté, de l'obéissance du peuple qui avait gardé ses commandements!

L'Israélite n'avait pas besoin d'entrer dans une longue explication: sa corbeille pleine disait déjà plus qu'il ne pouvait dire quant aux détails de la bénédiction qu'il avait reçue de Dieu, et, comme il la posait devant l'autel, il exprimait la conscience qu'il avait d'être l'objet des soins de Dieu.

Avec un débordement de joie, il pouvait alors repasser son histoire et raconter une fois de plus ce que Dieu avait fait pour lui et pour ses pères:

«Mon père était un Araméen qui périssait, et il descendit en Égypte avec peu de gens, et il y séjourna et y devint une nation grande, forte et nombreuse.

Et les Égyptiens nous maltraitèrent et nous humilièrent, et nous imposèrent un dur service; et nous criâmes à l'Éternel, le Dieu de nos pères, et l'Éternel entendit notre cri et vit notre humiliation, et notre labeur, et notre oppression;

et l'Éternel nous fit sortir d'Égypte à main forte et à bras étendu, et avec une grande terreur, et avec des signes et des prodiges; et il nous a fait entrer dans ce lieu-ci et nous a donné ce pays, pays ruisselant de lait et de miel.

Et maintenant, voici, j'ai apporté les prémices du fruit de la terre que tu m'as donnée, ô Éternel!» (Deutéronome XXVI, 1-11.)

On le voit, les relations avec Dieu, dans lesquelles le peuple était entré, devaient s'exprimer, dans les détails de la vie religieuse, par des rapports constamment maintenus.

Dieu eut soin de dire tout cela d'avance à son peuple, pour lui faire comprendre ce qu'il était pour eux et pour le stimuler dans l'accomplissement de sa tâche.

De son côté, Dieu ne pouvait faire défaut: il y avait donc tout encouragement pour le peuple à compter sur Lui.

L'Éternel fit plus encore; car au moment où le peuple, après avoir traversé le Jourdain, s'apprêtait pour le combat, II se présenta à Josué comme le Chef de l'armée de l'Éternel, avec son épée nue dans sa main, pour lui faire comprendre qu'il ne le laisserait pas aller seul, et que la chose essentielle, pour Josué comme pour Moïse, était de se rappeler constamment la sainteté qui convenait à la présence de Dieu. En réponse à la question de Josué:

«Qu'est-ce que mon Seigneur dit à son serviteur? le chef de l'armée de l'Éternel dit à Josué: Ote ta sandale de ton pied, car le lieu sur lequel tu te tiens est saint.»

Si Dieu marchait ainsi avec son peuple, la sainteté de sa présence devait caractériser le peuple, et la conscience de tous devait être exercée à cet égard.

– Sans Dieu, les Israélites ne pouvaient rien faire;

– avec Lui, la victoire leur était toujours assurée,

mais ils avaient besoin de maintenir au milieu d'eux la sainteté de Dieu en marchant dans l'obéissance en toutes choses. Comparez Josué V, 13-15, avec Exode III, 2-5.


Quel intérêt toute cette divine histoire n'a-t-elle pas pour nous lorsque nous apprenons qu'elle n'a pas été écrite pour les Israélites seulement, mais pour nous!

Dieu parle à chacun de nous individuellement, en nous faisant voir ce qu'il est pour nous et de quelle manière nous pouvons faire des progrès dans la vie spirituelle en jouissant de sa bénédiction.

Notre lutte, il est vrai, «n'est pas contre le sang et la chair, mais contre les principautés, contre les autorités, contre les dominateurs de ces ténèbres, contre la puissance spirituelle de méchanceté dans les lieux célestes», — ou, en d'autres termes, contre toute la puissance et tous les artifices de Satan.

Les nations de Canaan n'étaient que le type de cette puissance.

Or il est écrit: «Résistez au diable et il s'enfuira de vous» (Jacques IV, 7), en sorte que NOUS AVONS LA MÊME ASSURANCE QUE LES ENFANTS D'ISRAËL; mais, pour pouvoir résister au diable, il nous faut prendre toute l'armure de Dieu, afin que, au mauvais jour, nous puissions résister, «et, APRÈS avoir tout surmonté, tenir ferme» (Éphésiens VI, 10-13).

Le Saint-Esprit nous exhorte à nous fortifier dans le Seigneur et dans la puissance de sa force: et les détails de l'armure de Dieu sont indiqués dans la suite du passage.

Le combat s'engage précisément dans le lieu de notre bénédiction, c'est-à-dire, «dans les lieux célestes où nous sommes bénis de toute bénédiction spirituelle» (Éphésiens I, 3).

Il en est de nous comme des enfants d'Israël qui avaient à chasser les ennemis du pays ruisselant de lait et de miel.

Satan fait tous ses efforts pour priver le chrétien de la jouissance des privilèges que Dieu nous a donnés en Christ; par ce moyen, il espère séparer nos âmes de Christ et détruire en pratique notre témoignage, car il sait très bien qu'il ne peut arracher aux bras du Sauveur une seule de ses brebis qu'il a acquises au prix de son précieux sang (Jean X, 11, 27-30).

Le Seigneur Jésus leur a donné la vie éternelle, et personne ne peut les ravir de sa main, ni de la main du Père.

Quelle assurance infiniment précieuse pour nous!

Mais Satan cherche à nous ôter nos privilèges en pratique, afin que nous ne les réalisions pas, et afin que la mondanité entre dans nos cœurs, dans nos maisons et dans nos rapports de la vie journalière, pour que nous n'ayons pas le caractère d'un peuple céleste, ayant notre bourgeoisie dans les cieux, d'où aussi nous attendons le Seigneur Jésus-Christ comme Sauveur (Philippiens III, 20, 21).

À ce point de vue, l'histoire de la conquête Israélite du pays de Canaan est remplie d'instruction pour nous, car nous voyons, dans les détails, sur quels points portent spécialement les efforts et la ruse de l'ennemi. Il ne nous est pas possible, dans notre espace limité, de suivre cette histoire avec détail, mais nous pouvons prendre l'exemple frappant d'un homme de foi, et puis considérer d'une manière générale la manière dont le peuple s'est acquitté de sa tâche.

L'homme dont nous parlons est Caleb. Il paraît sur la scène en deux occasions mémorables, la première, dans les chapitres XIII et XIV des Nombres; la seconde, dans le chapitre XIV de Josué.

Le premier passage nous fait assister au moment où les enfants d'Israël, étant arrivés au bord du pays, ont envoyé douze espions pour le reconnaître. Caleb était du nombre, ainsi que Josué, qui devint, après la mort de Moïse, le conducteur du peuple. De ces douze, quoiqu'ils fussent tous obligés de reconnaître la richesse du pays, dix reculèrent devant les difficultés et firent murmurer toute l'assemblée d'Israël en faisant ressortir leur impuissance pour s'en rendre maîtres:

Caleb et Josué seuls exhortèrent le peuple à monter hardiment contre les ennemis, en s'appuyant sur l'Éternel.

Le peuple cependant parla de les lapider et de se faire un chef pour retourner en Égypte.

Qu'est-ce qui donna à Josué et à Caleb un tel courage dans ce moment de crise?

C'est que, seuls des douze, ils regardèrent à Dieu et non pas aux difficultés qui se présentèrent sur leur chemin.

La parole de l'Éternel agissait dans leur cœur, et ils parlèrent, non pas d'après ce qu'ils avaient vu, mais SELON CE QU'ILS AVAIENT ENTENDU DE DIEU.

C'était LA FOI: ils savaient que Dieu accomplirait sa parole.

Caleb le dit plus tard: «Je rapportai la chose comme elle était dans mon cœur», c'est-à-dire, comme Dieu la lui avait fait comprendre; il s'attachait simplement à sa divine parole (Josué XIV, 7).

Or, dans le premier chapitre du Deutéronome, nous apprenons un détail de plus: c'est que LE DÉSIR D'EXPLORER LE PAYS VENAIT DU PEUPLE LUI-MÊME (vers. 22).

Dieu permit cela, assurément, pour nous apprendre une autre leçon bien importante:

lorsqu'on marche avec Dieu, on n'a pas besoin de se rendre compte des difficultés des circonstances;

on trouve qu'il est avec nous pas à pas, et à mesure que les difficultés et les dangers se présentent, II est là pour nous les faire traverser d'une manière digne de Lui, en sorte que toute la gloire Lui revient, et nous jouissons de sa bénédiction.

En voulant voir d'avance, qu'est-ce que le peuple gagna en fait d'intelligence réelle du caractère du pays et de ses habitants?

Pouvaient-ils donner un résumé plus saisissant que celui que Dieu donna à Moïse en Égypte: «un pays ruisselant de lait et de miel, le lieu d'habitation des nations» qu'ils devaient en chasser, et qui étaient plus grandes et plus fortes que le peuple d'Israël? (Comparez Deutéronome, IV, 38-40 avec Exode III, 7-8.)

Dieu avait tout dit d'avance pour ceux qui avaient des oreilles pour entendre.

Et ceux qui voulaient voir par eux-mêmes, que gagnaient-ils en fait de force pour combattre?

Rien du tout; au contraire, le peu de courage qu'ils avaient leur fut ôté, et ils montrèrent qu'ils pensaient à eux-mêmes, non pas à Dieu.

Et combien de chrétiens ont fait une semblable expérience!

En voulant examiner les circonstances, les suites possibles de telle ligne de conduite, on perd tout courage pour se mettre en route, et ON OUBLIE QUE DIEU SERA TOUJOURS AVEC LES SIENS, et qu'il ne permettra pas que nous soyons tentés au delà de ce que nous pouvons supporter (1 Corinthiens X, 13); puis, au lieu d'avancer hardiment, appuyé sur Dieu et sa parole, on recule.

Dieu ne nous a pas caché les difficultés de la route, ni la puissance, ni les ruses de Satan;

mais Il nous a assurés qu'il est pour nous et qu'il sera toujours avec nous.

Douter de la présence du Seigneur, c'est «le tenter» (Exode XVII, 7).

La foi compte sur Lui et va en avant, marchant dans l'obéissance rendue d'un cœur joyeux, sans réserve et sans retard; elle fait son devoir et laisse tous les résultats entre les mains de Dieu. C'est ainsi que fit Caleb.

Dans l'autre passage auquel nous avons fait allusion (Josué XIV), on reconnaît bien le même homme de foi.

Les circonstances étaient bien différentes: Israël avait déjà combattu pendant sept années dans le pays de Canaan, avait pris possession d'une grande partie du terrain, et le temps était venu de le partager entre les tribus.

Caleb vient alors avec les enfants de Juda, et, se tenant devant Josué, demande la ville même qui avait d'abord épouvanté les dix espions; les terribles géants, fils d'Anak, à la vue desquels leurs cœurs avaient été remplis de frayeur, y demeuraient toujours; Josué et les Israélites ne les avaient pas encore détruits.

Or Caleb avait conservé dans son cœur l'image de cette ville d'Hébron, pleine de terreurs pour celui qui ne connaissait pas Dieu; mais entourée des souvenirs les plus précieux pour celui qui pensait à ce que Dieu avait déjà été pour ses pères, Abraham, Isaac et Jacob: ils avaient tous séjourné là (Genèse XXXV, 27); et dans le voisinage il y avait la caverne de Macpéla, qui contenait leurs os.

Caleb donc, exerçant le droit que Dieu lui avait donné, demande Hébron, disant que, comptant sur l'Éternel, il en chassera les géants; mais il la demande tout d'abord, ne craignant nullement les dangers du combat qui était devant lui, car il voyait toujours Dieu entre lui et les circonstances extérieures. Et Josué la lui donne en le bénissant. (Comparez Josué XIV, 9-15, avec Nombres XIV, 24.)

Caleb ne craint pas d'entreprendre ce que Josué avec tout Israël n'avait pas encore fait.

Il savait que Dieu accomplirait sa parole.

Quel noble courage dans la crainte de Dieu!

Et combien ce récit nous fait du bien. Béni soit Dieu de ce qu'il nous l'a donné, car sa parole nous parle à nous aussi.

Puissions-nous suivre cet exemple mémorable de foi et de persévérance, connaissant le Dieu de Caleb d'une manière personnelle et intime, afin que nous soyons remplis de courage pour la marche chrétienne; le connaissant aussi, comme Caleb n'a pas pu le connaître, je veux dire comme Il s'est révélé dans la personne de son Fils, notre Seigneur Jésus-Christ.

Caleb ne l'a connu que comme l'Éternel, le Dieu d'Israël, nous pouvons le connaître comme le Père, en rapport avec la position actuelle de notre Seigneur et Sauveur dans la gloire.

«II nous a donné une intelligence pour que nous connaissions le Véritable;

et nous sommes dans le Véritable,

savoir, dans son Fils Jésus-Christ:

lui est le Dieu véritable et la vie éternelle»

(1 Jean V, 20).



 

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