Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

«MON PEUPLE»

***

III

LA BÉNÉDICTION SELON LE CŒUR DE DIEU


Le contraste établi entre le pays d'Égypte et le pays de Canaan fait clairement ressortir le genre de relation dans lequel Dieu introduisait son peuple.

Il se chargeait de tout ce qui concernait leur bénédiction; pour réaliser celle-ci, par conséquent, le peuple devait rester dans la dépendance de Dieu. Or, la dépendance n'est pas une chose naturelle ou facile pour le cœur de l'homme; car, étant pécheur, il ne cherche que l'indépendance; pour donner libre cours à sa volonté propre, il met les droits de Dieu de côté. «La pensée de la chair est inimitié contre Dieu», est-il dit (Romains VIII, 7).

En sorte que nous avons besoin d'apprendre en pratique ce que c'est que de compter sur Dieu. Le peuple d'Israël a dû être instruit dans ce sens, et le moyen dont Dieu s'est servi pour cela a été de le conduire dans le désert, le terrible désert où il n'y avait rien pour attirer le cœur ni pour le satisfaire, mais, au contraire, tout pour le repousser.

Pensez un instant, cher lecteur, à ce que cette expérience a dû être, pour un peuple habitué à la fertilité de l'Égypte! Dans le désert, il n'y avait rien à manger, rien à boire, rien qui pût répondre à l'énergie de l'homme ou l'inviter à y prodiguer ses soins. Les poissons du Nil, les produits des champs, tout y faisait défaut, et le souvenir des choses dont ils avaient joui en Égypte rendait plus amer pour les Israélites le contraste pénible du désert aride.

Il fallait cela pour que le peuple détournât ses regards et ses pensées de lui-même et les fixât sur Dieu, afin de connaître les ressources de sa grâce toute-puissante.

Ne pouvant rien faire pour eux-mêmes dans de telles conditions, ils étaient dans l'obligation d'apprendre ce que Dieu pouvait faire pour eux.

Il y avait par devers Lui de quoi répondre à tous leurs besoins: Il fit descendre la manne du ciel tous les matins; Il dit à Moïse de frapper le rocher, et il en sortit des eaux en abondance. Et, de cette manière, II les garda pendant quarante ans, en sorte que Moïse a pu leur dire à la fin (Deutéronome XXIX, 5-6):

«Je vous ai conduits quarante ans par le désert: vos vêtements ne se sont pas usés sur vous, et ta sandale ne s'est pas usée à ton pied. Vous n'avez pas mangé de pain, et vous n'avez bu ni vin ni boisson forte, afin que vous connussiez que moi, l'Éternel, je suis votre Dieu.»

Dieu était toujours fidèle. Il dirigeait constamment son peuple dans le désert où il n'y avait pas de chemin, et leur faisait voir qu'il ne les laisserait manquer de rien.

Nulle part ailleurs ils n'auraient pu découvrir au même degré quelles étaient pour eux les ressources de la puissance de Dieu, toujours au service de son amour en faveur de son peuple!

Pendant quarante ans, Il les avait gardés sains et saufs par des moyens merveilleux, qui étaient évidemment au-dessus du pouvoir et de l'intelligence des hommes. Il n'avait pas retiré d'eux sa bonté ni démenti sa fidélité (Psaume LXXXIX, 33).

Comment ne pas saisir cette vérité précieuse qu'il y a en tous temps et de toutes manières une ressource pour le cœur dans le Dieu vivant?

Cette assurance intime était de première nécessité pour pouvoir jouir, dans le pays de la promesse, de toutes les bénédictions que Dieu y avait mises en réserve pour son peuple.

Mais pour être ainsi béni de Dieu, il fallait Lui être obéissant.

Sur ce point également, le peuple devait être éprouvé.

Condition du bonheur dans la communion de Dieu, inséparable d'avec la dépendance du Créateur, l'obéissance était indispensable pour la créature.

La première épreuve de l'homme dans le jardin d'Éden avait porté sur cela: LE PREMIER PÉCHÉ FUT LA DÉSOBÉISSANCE.

Dorénavant les enfants d'Adam, tout en étant «fils de la désobéissance» (Éphésiens II, 2), étaient moralement incapables de se rendre compte de leur état vis-à-vis de Dieu, et avaient besoin d'apprendre ce qui était dans leur cœur. Car la connaissance du mal, acquise en même temps que la connaissance du bien, empêche de connaître celui-ci d'une manière pleine et entière.

La conscience existe: l'homme l'a acquise dans sa chute; Dieu l'a voulu, et que son nom soit béni de ce qu'il en est ainsi; car c'est par la conscience que la vérité peut atteindre l'homme déchu, c'est par elle qu'il peut être saisi; mais elle n'est d'un secours réel qu'en tant que la lumière agit sur elle.

Elle n'est pas la lumière, bien qu'elle soit le canal par où la lumière peut entrer, — vérité importante et trop souvent oubliée de nos jours!

Vouloir donc se diriger par la conscience serait se méprendre sur un point fondamental: c'est du rationalisme.

La conscience a besoin d'être éclairée, et Dieu seul peut faire cela. Il le fait par son Esprit et par sa parole, en conduisant l'âme dans des circonstances où elle est comme forcée de se servir de la parole divine, étant rejetée sur Dieu pour apprendre en pratique ce qu'il est, ce qu'est sa grâce.

Les circonstances par où nous passons (figurées par le désert pour le peuple d'Israël) sont l'occasion dont Dieu se sert pour donner une prise réelle à sa parole sur nous, ou plutôt pour que nous soyons formés par elle d'après ses pensées et ses intentions à notre égard.

Nous apprenons l'obéissance par les choses que nous souffrons.

Il est dit même, au sujet du Seigneur Jésus, qu'il l'a apprise ainsi; avec cette différence toutefois entre Lui et nous qu'il l'a apprise comme homme en souffrant, n'ayant jamais été auparavant dans une position qui comportait l'obéissance; nous l'apprenons parce qu'étant par nature désobéissants, nous ne la connaissons pas. Mais combien il est précieux pour l'âme qui souffre de retrouver dans la souffrance le chemin où le Seigneur Jésus a marché dans la perfection devant Dieu, et de connaître par ce moyen la communion avec le Fils de Dieu dans le sentier de la lumière divine. Il a été l'homme obéissant par excellence, et n'a jamais dévié de la dépendance complète de Dieu, nous laissant ainsi l'exemple afin que nous suivions ses traces.

Dans sa grâce parfaite, Il a pris humblement et simplement cette place, citant contre Satan Deutéronome VIII, 3, comme une direction pleinement suffisante de la part de Dieu.

Quant à nous, la conscience éveillée ne rend-elle pas témoignage que nous avons besoin d'apprendre en pratique ce qui est dans notre cœur?

Combien de choses s'y élèvent contre la direction de Dieu et nous empêchent de vivre de sa parole?

Les épreuves de la vie sous le gouvernement de Dieu sont le moyen de nous discipliner, comme la traversée du désert a été, pour les enfants d'Israël, l'occasion favorable pour que Dieu accomplît en eux cette œuvre nécessaire.

Tout était en vue de la bénédiction à venir!

N'est-ce pas là notre cas aussi, comme nous le voyons, du reste, dans le chap. XII de l'Épître aux Hébreux?

Avec quel intérêt donc ne pouvons-nous pas lire le récit divin des choses qui arrivèrent à Israël comme types de ce qui nous concerne, afin que nous profitions des instructions de la parole.

Voici en quels termes Moïse, à la fin de la traversée, résume pour le peuple les expériences du désert:

«Tu te souviendras de tout le chemin par lequel l'Éternel, ton Dieu, t'a fait marcher ces quarante ans dans le désert, afin de t'humilier et de t'éprouver, pour connaître ce qui était dans ton cœur, si tu garderais ses commandements ou non.

Et il t'a humilié et t'a fait avoir faim; et il t'a fait manger la manne que tu n'avais pas connue et que tes pères n'ont pas connue, afin de te faire connaître que l'homme ne vit pas de pain seulement, mais que l'homme vivra de tout ce qui sort de la bouche de l'Éternel.

Ton vêtement ne s'est point usé sur toi, et ton pied ne s'est point enflé pendant ces quarante ans.

Connais dans ton cœur que, comme un homme châtie son fils, l'Éternel, ton Dieu, te châtie; et garde les commandements de l'Éternel, ton Dieu, pour marcher dans ses voies et pour le craindre.

Car l'Éternel, ton Dieu, te fait entrer dans un bon pays, un pays de ruisseaux d'eau, de sources et d'eaux profondes qui sourdent dans les vallées et dans les montagnes; un pays de froment, et d'orge, et de vignes, et de figuiers, et de grenadiers, un pays d'oliviers à huile, et de miel; un pays où tu ne mangeras pas [ton] pain dans la pauvreté, où tu ne manqueras de rien; un pays dont les pierres sont du fer, et des montagnes duquel tu tailleras l'airain. Et tu mangeras, et tu seras rassasié, et tu béniras l'Éternel, ton Dieu, à cause du bon pays qu'il t'a donné.

Prends garde à toi, de peur que tu n'oublies l'Éternel, ton Dieu, pour ne pas garder ses commandements, et ses ordonnances, et ses statuts, que je te commande aujourd'hui; de peur que, quand tu mangeras, et que tu seras rassasié et que tu bâtiras de bonnes maisons et y habiteras, et que ton gros et ton menu bétail se multipliera, et que l'argent et l'or te seront multipliés, et quand tout ce qui est à toi se multipliera, alors ton cœur ne s'élève et que tu n'oublies l'Éternel, ton Dieu, qui t'a fait sortir du pays d'Égypte, de la maison de servitude; qui t'a fait marcher dans le désert grand et terrible, désert de serpents brûlants et de scorpions, une terre aride où il n'y a point d'eau; qui a fait sortir pour toi de l'eau du roc dur; qui t'a fait manger dans le désert la manne que tes pères n'ont pas connue, afin de t'humilier et afin de t'éprouver pour te faire du bien à la fin, et que tu ne dises dans ton cœur: Ma puissance et la force de ma main m'ont acquis ces richesses.

Mais tu te souviendras de l'Éternel, ton Dieu, que c'est lui qui te donne de la force pour acquérir ces richesses, afin de ratifier son alliance qu'il a jurée à tes pères, comme [il paraît] aujourd'hui. Et s'il arrive que tu oublies en aucune manière l'Éternel, ton Dieu, et que tu ailles après d'autres dieux, et que tu les serves et que tu t'inclines devant eux, je rends témoignage contre vous aujourd'hui que vous périrez entièrement; comme les nations que l'Éternel fait périr devant vous, ainsi vous périrez, parce que vous n'aurez pas écouté la voix de l'Éternel, votre Dieu» (Deutéronome VIII, 2-20).

Ces paroles nous expliquent clairement le but que Dieu avait en vue en conduisant son peuple dans le désert; c'était une occasion précieuse pour connaître Dieu, tout en faisant l'expérience de ce qui était dans leur propre cœur; mais, comme l'histoire le démontre, la plupart de ceux qui sortirent d'Égypte sous la conduite de Moïse n'en profitèrent pas.

Il n'y en eut parmi eux que quelques-uns, tels que Caleb, qui persévérèrent à suivre l'Éternel (voyez Josué XIV, 8).

CEPENDANT DIEU FAISAIT SON ŒUVRE, et Il a écrit sa parole pour nous, afin que nous comprenions ses voies à notre égard.

Dieu éprouve les siens par les circonstances de la vie, afin de leur apprendre l'obéissance et la dépendance.

Puissions-nous en profiter comme Caleb!

Très souvent on se laisse dominer par l'épreuve, laissant Dieu de côté et oubliant l'œuvre qu'il opère en vue de la gloire à venir (Romains VIII, 28-30), oubliant aussi que les circonstances qui nous accablent sont l'occasion dont Dieu se sert pour nous faire connaître les ressources de sa grâce.

C'était pour un peuple affamé qu'il faisait descendre la manne du ciel, pour un peuple altéré qu'il faisait jaillir l'eau du rocher.

Voyez le cas de l'aveugle-né dans le chap. IX de l'Évangile de Jean; qui, si ce n'est le Seigneur Jésus, aurait donné une raison semblable pour une telle infirmité?

«C'est afin que les œuvres de DIEU soient manifestées en lui» (vers. 3).

Les disciples étaient occupés de tout autres considérations.

Combien il est précieux pour le cœur de savoir que Dieu agit de cette manière, et de pouvoir toujours compter sur Lui! Puis Il nous encourage en dirigeant nos cœurs vers la gloire à venir, comme II plaçait les richesses du pays de Canaan devant les Israélites.

Dieu avait la pensée d'introduire son peuple dans un lieu où Il pourrait les bénir selon son propre cœur, et où le peuple, instruit dans sa dépendance; devait continuellement s'attendre à recevoir toutes choses directement de sa main toute-puissante. C'était une figure du repos sabbatique qui reste pour le peuple de Dieu et dont il est parlé dans le chap. IV de l'Épître aux Hébreux.

La foi, conduite par le Saint-Esprit, saisit ces choses dès à présent, et le chrétien devient ainsi un témoin pour Christ dans ce monde où II a été rejeté, ayant son cœur arrêté sur les choses qui sont en haut, là où le Christ est assis à la droite de Dieu (Colossiens III, 1-3).

Bientôt Christ sera manifesté et alors les siens seront manifestés avec Lui en gloire.

Mais il y a plus encore pour le chrétien: c'est qu'il est déjà introduit, dans la personne de Christ, dans la jouissance spirituelle des bénédictions célestes; il est «assis dans les lieux célestes dans le Christ Jésus» (Éphésiens II, 6). En sorte que, pour lui, les expériences du désert, qui forment le cœur pour jouir de ces bénédictions spirituelles, ont lieu en même temps que le développement de la vie dans la communion du Fils de Dieu en rapport avec les bénédictions elles-mêmes.

Pour nous servir de la figure, il est, pour ainsi dire,

dans le désert et dans le pays de Canaan en même temps: dans le désert, par les circonstances de la vie extérieure dans ce monde, pour apprendre l'obéissance et la dépendance sous le gouvernement de Dieu;

dans le pays de Canaan, pour jouir en communion avec le Seigneur Jésus de toutes les bénédictions spirituelles dont il est déjà béni en Christ (1 Corinthiens 1, 9; Éphésiens 1,3).

Et c'est dans «ces lieux célestes» aussi que le combat qui est propre au chrétien s'engage,

«car notre lutte n'est pas contre le sang et la chair, mais contre les principautés, contre les autorités, contre les dominateurs de ces ténèbres, contre la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes» (Éphésiens VI, 12).

De cela, le combat des Israélites contre les nations idolâtres qui habitaient le pays de Canaan est encore la figure.

Le chrétien n'est pas seul pour combattre: Dieu est avec lui.

Et, par les expériences de la vie, il apprend à compter sur Dieu dans la lutte contre Satan, tout en jouissant des précieuses bénédictions dont il participe en Christ et avec Lui, comme enfant et héritier du Dieu vivant.



 

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