Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

«MON PEUPLE»

***

II

UN LIEU  DE BÉNÉDICTION


En examinant les termes dans lesquels Dieu s'adresse à Moïse lorsqu'il l'envoie pour retirer le peuple d'Israël du pays d'Égypte, on voit qu'il y a deux choses très distinctes dont II entretient son serviteur.

L'une se rapportait à la position douloureuse du peuple actuellement dans un état d'esclavage, ce dont nous avons déjà parlé;

l'autre avait trait aux promesses que Dieu avait faites aux pères bien longtemps avant que Jacob (surnommé Israël) fût descendu en Égypte, et qui, par conséquent, n'avait rien à faire avec les circonstances survenues plus tard.

Car la réalisation d'une promesse dépend de la fidélité de celui qui l'a faite; et, dans ce cas-ci, c'était DIEU qui avait confirmé sa parole par un serment, jurant par Lui-même, car il n'y avait pas de plus grand par qui II aurait pu jurer (Hébreux VI, 13-18).

Dieu s'était déjà révélé à Abraham comme le Tout-Puissant, nom qui, à lui seul, présentait la meilleure des garanties que rien ne saurait empêcher l'accomplissement des promesses.

Elles avaient d'ailleurs été faites SANS CONDITION, venant gratuitement du cœur du Tout-Puissant qui avait appelé un homme du milieu des idolâtres pour le bénir (Genèse XII, 1-3; Josué XXIV, 2-3; Ésaïe LI, 2-3).

Aussi, en parlant à Moïse, l'Éternel a-t-Il soin de rappeler, à plusieurs reprises, la promesse qu'il avait faite à Abraham, à Isaac et à Jacob (voyez Exode III, 6, 13, 15; VI, 4, 8, etc.). Il se nommait «leur Dieu» (Hébreux XI, 16); et l'accomplissement des promesses qu'il leur avait faites était maintenant assuré parle nouveau nom, «Jéhovah», par lequel Dieu se révéla à Moïse.

Ce nom, rendu habituellement en français par «Éternel», est expliqué dans le chapitre III de l'Exode, versets 13-15:

«Et Moïse dit à Dieu: Voici, quand je viendrai vers les fils d'Israël, et que je leur dirai: Le Dieu de vos pères m'a envoyé vers vous, et qu'ils me diront: Quel est son nom? que leur dirai-je?

Et Dieu dit à Moïse: JE SUIS CELUI QUI SUIS.

Et il dit: Tu diras aussi aux fils d'Israël: JE SUIS m'a envoyé vers vous.

Et Dieu dit encore à Moïse: Tu diras ainsi aux fils d'Israël: L'Éternel, le Dieu de vos pères, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob, m'a envoyé vers vous: c'est là mon nom éternellement, et c'est là mon mémorial de génération en génération.»

D'après cela, il est évident que Dieu voulait fixer l'attention de son peuple sur le fait qu'il ne changeait jamais de dessein, qu'il était le même qui s'était révélé déjà à leurs pères comme le Tout-Puissant, et...

que les choses promises restaient devant Lui dans leur intégrité,

attendant seulement le moment convenable pour que le peuple élu en jouît.

Dans le temps passé, le premier nom avait soutenu la foi des pères, car ils croyaient que ce que Dieu avait promis, II était puissant aussi pour l'accomplir (Romains IV, 21); et maintenant, lors de la délivrance du peuple, le nouveau nom suffit pour soutenir le cœur des fidèles à travers toutes les difficultés qui pourraient se présenter devant eux, provenant de la haine et de l'opposition des ennemis aussi bien que de l'incrédulité du cœur humain.

Il donnait l'assurance de la part de Dieu, que Celui qui avait promis était toujours le même pour donner suite à ses promesses, et pour les maintenir en faveur de son peuple.

Aussi trouvons-nous que cette expression «le Même» était usitée plus tard comme nom de Dieu, faisant ressortir aussi, sous l'une de ses formes, l'acceptation par le croyant de la révélation que Dieu fit à Moïse (comparez Deutéronome XXXII, 39 avec 2 Rois XIX, 15; Néhémie IX, 6; Psaume CIl, 27).

L'importance de cette nouvelle révélation ne peut être exagérée, car elle était la base de toutes les voies de Dieu avec son peuple. Dieu insiste là-dessus auprès de Moïse dans une communication subséquente (Exode VI, 2-8), lorsqu'il lui parle avec plus de détail de ce qu'il voulait faire pour le peuple en le délivrant du pays d'Égypte pour l'introduire dans le pays où les pères avaient séjourné comme étrangers:

«Et Dieu parla à Moïse, et lui dit:

Je suis l'Éternel (Jéhovah).

Je suis apparu à Abraham, à Isaac et à Jacob comme le Dieu Tout-puissant; mais je n'ai pas été connu d'eux par mon nom d'Éternel (Jéhovah).

Et j'ai aussi établi mon alliance avec eux, pour leur donner le pays de Canaan, le pays de leur séjournement, dans lequel ils ont séjourné.

Et j'ai aussi entendu le gémissement des fils d'Israël, que les Égyptiens font servir, et je me suis souvenu de mon alliance. C'est pourquoi dis aux fils d'Israël:

Je suis l'Éternel, et je vous ferai sortir de dessous les fardeaux des Égyptiens, et je vous délivrerai de leur servitude, et je vous rachèterai à bras étendu et par de grands jugements; et je vous prendrai pour être mon peuple, et je vous serai Dieu; et vous saurez que je suis l'Éternel, votre Dieu, qui vous fais sortir de dessous les fardeaux des Égyptiens.

Et je vous ferai entrer dans le pays au sujet duquel j'ai levé ma main, pour le donner à Abraham, à Isaac et à Jacob, et je vous le donnerai en possession. Je suis l'Éternel.»

II est de toute évidence que la délivrance du peuple et leur introduction dans le pays de l promesse était et devait être l'œuvre de Dieu seul.

L'Éternel ne pose aucune condition, ni n'établit aucune limite à la bénédiction qu'il avait en vue pour son peuple.

Il avait fait la promesse, et l'accomplissement aussi dépendait de Lui seul.

En appelant Abraham, Il lui avait dit:

«Va-t'en de ton pays, et de ta parenté, et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai; et je te ferai devenir une grande nation, et je te bénirai, et je rendrai ton nom grand, et tu seras une bénédiction, et je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront; et en toi seront bénies toutes les familles de la terre» (Genèse XII, 1-3).

Lorsque Abraham, obéissant à l'appel divin, arriva dans le pays où Dieu le conduisait, l'Éternel lui apparut et lui dit: «Je donnerai ce pays à ta semence» (vers. 7).

L'immense portée de cette expression apparaît seulement dans la suite; mais la promesse était définie, et, en la faisant, Dieu n'y attache aucune condition.

C'était à la promesse, à la parole divine, que le cœur du patriarche devait se fier; tout en n'en voyant pas de son vivant l'accomplissement, il pouvait ainsi rester dans le pays comme un étranger, y jouissant des fidèles soins de Dieu et sachant que sa postérité en aurait la pleine possession.

L'équilibre de la foi était ainsi maintenu dans son âme, car «la foi est l'assurance des choses qu'on espère et la conviction de celles qu'on ne voit pas» (Hébreux XI, 1).

Il ne devait pas s'établir dans le pays, mais, avec ses fils, y rester «sous des tentes», gardant le caractère du pèlerin voyageur;

d'un autre côté, il ne devait pas quitter le pays: ç’aurait été faire le désaveu des promesses dont il jouissait de la part de Dieu, les renier de fait en montrant qu'il ne s'attendait pas à en voir l'accomplissement.

Abraham, Isaac et Jacob sont ainsi devenus pour nous de précieux témoins de la marche de la foi.

Par eux, Dieu nous fait voir ce que c'est que de jouir des choses qu'on ne voit pas actuellement, mais dans lesquelles on a, de sa part, la certitude d'être introduit.

Le cœur est, de cette manière, détaché des choses périssables, et les pieds sont affermis dans le chemin de la foi,

«les regards n'étant pas fixés sur les choses qui se voient, mais sur celles qui ne se voient pas; car les choses qui se voient sont pour un temps, mais celles qui ne se voient pas sont éternelles» (2 Corinthiens IV, 18).

Rappelons encore ici, en passant, que ni la délivrance du pays d'Égypte, ni l'introduction dans la terre de la promesse ne constituaient en elles-mêmes le point culminant, le but final des pensées et des voies de Dieu envers son peuple.

Il y avait pour le cœur du croyant, même alors (cela se voit dans le cas de Moïse), une jouissance infiniment plus grande que tout ce qui se voyait en dehors: c'était LA RELATION DIRECTE AVEC DIEU, relation dont les choses extérieures n'étaient que l'occasion.

Ainsi, quant à la délivrance, le grand point n'était pas que le peuple sortait d'un dur esclavage, mais bien plutôt le fait merveilleux que Dieu était descendu pour le délivrer, et qu'en le délivrant, Il l'amenait à Lui-même.

Tout cela n'était que le type de ce que le Seigneur Jésus a accompli pour nous par sa mort. Car «II a souffert une fois pour les péchés, le juste pour les injustes, afin qu'il nous amenât à Dieu» (1 Pierre III, 18).

De même, l'introduction dans le pays de Canaan n'était que l'occasion pour montrer le genre de soins dont Dieu entoure son peuple, le genre de bénédictions dont Il le comble.

Pour en tirer l'instruction voulue de Dieu, il faut les comprendre spirituellement, étant dirigé pour cela par l'Esprit de Dieu dans l'étude de sa parole. Le chapitre IV de l'Épître aux Hébreux montre clairement que le repos dans le pays de Canaan n'était nullement celui que Dieu avait eu en vue dès le commencement: ce n'était qu'un type, servant en effet pour le temps d'alors, et plein de précieux encouragements pour nous aussi, mais subordonné à un accomplissement d'une manière infiniment plus excellente, dans «la patrie céleste»Abraham aussi, avec nous, jouira des choses meilleures qui sont encore en réserve.

Car «il reste un repos sabbatique pour le peuple de Dieu» (Hébreux IV, 8-9; XI, 14-16).

Nous avons donc à pénétrer au delà des simples faits de l'histoire pour saisir la portée morale de ce que signifie le pays de Canaan et l'héritage que Dieu y avait destiné à son peuple élu.

Dès le moment que Dieu envoie Moïse vers le peuple d'Israël en Égypte (toujours dans ce chapitre III de l'Exode), deux faits sont établis, et ils sont souvent rappelés dans la suite:

1. c'est un pays ruisselant de lait et de miel;

2. c'est le lieu d'habitation du Cananéen, du Héthien, de l'Amoréen, du Phérézien, du Hévien et du Jébusien, des ennemis formidables qu'il s'agissait de déposséder.

– C'est-à-dire que, d'un côté, on devait s'attendre à une bénédiction extraordinaire sous le rapport de la terre et de ses produits;

– de l'autre côté, il y aurait un combat à livrer, dont on ne pourrait sortir victorieux qu'en s'appuyant constamment sur Dieu.

Plus loin, dans le livre du Deutéronome, nous trouvons d'autres détails:


«Le pays où tu entres pour le posséder n'est pas comme le pays d'Égypte d'où vous êtes sortis, où tu semais ta semence et où tu l'arrosais avec ton pied comme un jardin à légumes.

Mais le pays dans lequel vous allez passer pour le posséder est un pays de montagnes et de vallées; il boit l'eau de la pluie des cieux,

un pays dont l'Éternel ton Dieu a continuellement les yeux, depuis le commencement de l'année jusqu'à la fin de l'année» (Deutéronome XI, 10-12).

La différence morale établie dans ce passage entre les deux pays est très significative.

En Égypte, le peuple jouissait des avantages naturels qui caractérisent ce pays remarquable, unique dans son genre. Fertilisé périodiquement par le magnifique fleuve qui le traverse, et arrosé à volonté avec l'eau tirée de la même source par les soins de ceux qui le cultivaient, le pays était indépendant des pluies qui, pour les autres pays, sont la première condition de la vie.

L'Égypte est, moralement, une figure du monde enrichi par les soins de Dieu de toutes les bénédictions qui sont mises gratuitement à la disposition de l'homme (voyez Matthieu V, 45; VI, 25-30; Luc XV, 12; Actes XIV, 17; XVII, 25-28).

Nous savons comment les hommes ont profité de ces dons variés de Dieu:

de même que le prodigue, ILS SE SONT SERVIS DE TOUT POUR FAIRE LEUR PROPRE VOLONTÉ EN VIVANT LOIN DE DIEU, se disputant à l'envi la possession de ce que Dieu avait partagé entre tous; puis, lorsque le Fils de Dieu, le Créateur de tout, est venu dans le monde, ils ne l'ont pas connu, mais ils l'ont crucifié entre deux brigands.

C'est le monde, cher lecteur, c'est vous, c'est moi, c'est le cœur naturel éloigné de Dieu. C'est ce monde que Dieu a tant aimé qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas, mais ait la vie éternelle.

Le pays de Canaan présente un autre état de choses.

Là on devait vivre dans la dépendance directe de Dieu. Point de fleuve là pour fertiliser et arroser! Mais la bénédiction venait d'en haut: Dieu en prenait soin, toujours fidèle pour la donner; le pays «buvait l'eau de la pluie des cieux». C'est le tableau de l'état de communion dans la dépendance de Dieu, état où Il introduit le croyant (voyez Jacques I, 16-18).





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