(I)
Dans le chapitre III de l'Exode, on rencontre pour la première fois ces mots qui ont une signification si profonde et pleine de bénédiction pour les descendants d'Adam déchu.
Le premier livre de la Bible nous apprend la chute de l'homme et fait voir ce qu'il est devenu loin de Dieu, ne voulant pas connaître ses voies ni obéir à ses paroles. «Fils de la désobéissance», ils cherchaient à s'emparer de la terre, en y vivant sans Dieu et méconnaissant son autorité; puis, méprisant les avertissements qu'il leur donna par Hénoc et par Noé, ils coururent au-devant du jugement qui vint les surprendre dans leur péché. Le déluge mit fin au «monde d'alors».
Dieu conserva une famille dans l'arche pour repeupler la terre, «la terre de maintenant» (2 Pierre III, 7);
mais II eut soin de dire que...
LE JUGEMENT DU DÉLUGE N'AVAIT PAS PORTÉ REMÈDE À LA CHUTE MORALE DE L'HOMME, NI RENDU SON CŒUR MEILLEUR;
ses pensées intimes étant encore, comme auparavant, mauvaises dès sa jeunesse.
Aussi Dieu fait-Il commencer l'ère nouvelle avec un sacrifice: II agrée l'holocauste offert par son serviteur Noé qui marchait avec Lui: «L'Éternel flaira une odeur d'apaisement et dit en son cœur: Je ne maudirai plus la terre à l'occasion des hommes, quoique l'imagination du cœur des hommes soit mauvaise dès leur jeunesse, et je ne frapperai plus toute chose vivante, comme j'ai fait» (Genèse VIII, 21).
De cela, il ressort on ne peut plus clairement que la raison de l'exercice de la bonté de Dieu envers les hommes était le sacrifice offert sur l'autel, non un changement quelconque opéré chez l'homme.
Pour que l'homme marchât avec Dieu, jouissant de la paix avec Lui, il fallait une intervention spéciale de la grâce de Dieu, comme nous le voyons dans l'histoire d'Abraham et de ses enfants.
Ce sacrifice, il est vrai, n'était qu'un type d'un autre, d'un meilleur, que Dieu avait en vue, celui de son bien-aimé Fils; mais il suffisait pour établir le principe divin d'après lequel la grâce peut agir, et pour montrer comment, l'homme étant pécheur, la justice et la paix peuvent s'entre-baiser (Psaume LXXXV, 10).
Le fondement moral de la grâce ayant été posé selon la justice dans le sacrifice, Dieu va plus loin, et montre comment un homme peut recevoir la justice et marcher devant Lui comme un juste, jouissant de la vie dans la présence et dans la communion d'un Dieu qui ne change jamais.
Je dis «recevoir la justice», car la justice vient de Dieu, sur le principe de la foi; ce n'est nullement une justice que Dieu cherche ou trouve chez l'homme.
C'est Dieu qui justifie, qui rend juste; Il justifie celui qui est de la foi de Jésus (Romains III, 26; VIII, 33). L'Écriture est très claire sur ce point.
Or, la foi est nécessairement une chose individuelle!
Je ne puis croire pour mon ami ou mon frère; je puis lui présenter la vérité, si je le crois dans l'erreur, mais je ne puis lui communiquer la foi qu'il n'a pas; Dieu seul peut faire cela, et Il le fait par sa parole qui est «vivante et opérante».
La foi vient de l'ouïe et l'ouïe par la parole de Dieu (Hébreux IV, 12; Romains X, 17).
Lorsque la foi est en activité, on comprend que l'on a un intérêt personnel dans les choses que Dieu annonce par sa grâce, en sorte que l'attention et le cœur se portent en effet sur elles; mais, en s'y attachant, on découvre que l'on est entré dans une relation personnelle et intime avec Dieu Lui-même, étant pleinement persuadé que ce qu'il a promis II est puissant aussi pour l'accomplir.
Les bénédictions, quelque grandes qu'elles soient, tiennent encore moins de place dans le cœur que le Donateur infini et éternel, que l'on apprend à connaître par les choses qu'il a données.
C'est Dieu Lui-même, et non pas ses dons, qui devient dans le cœur du croyant la base de toute assurance, la source de toute joie.
Ce caractère de la foi et la manière dont Dieu l'opère dans sa grâce, sont abondamment démontrés dans l'histoire d'Abraham et des patriarches ses descendants, Isaac, Jacob et Joseph. Tout est individuel.
Mais le chemin est ainsi ouvert, et le terrain préparé, pour annoncer un autre secret des conseils de la grâce de Dieu:
II voulait un peuple au milieu duquel II pût habiter, et II voulait prendre ce peuple d'entre les hommes, les hommes pécheurs et moralement éloignés de Lui. C'est le sujet de l'Exode, le deuxième livre des Écritures inspirées.
Le sacrifice pur et saint offert sur l'autel, apaisant ou rendant propice le Dieu de justice, la foi personnelle en un Dieu vivant et vrai, voilà les premières vérités que nous avons besoin d'apprendre de la part de Celui qui est amour.
Le Seigneur Jésus nous le dit:
«Comme Moïse éleva le serpent au désert, ainsi il faut que le Fils de l'homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais ait la vie éternelle.
Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais ait la vie éternelle» (Jean III, 14-16).
«II FAUT» ce saint sacrifice pour satisfaire à la justice; puis la vie éternelle est à «QUICONQUE CROIT».
La foi est personnelle; toutefois, les paroles du Seigneur supposent que, selon les pensées de Dieu, beaucoup de pécheurs seront sauvés:
«Quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé; II est riche envers tous ceux qui l'invoquent» (Romains X, 12, 13).
«Christ a été offert pour porter les péchés de plusieurs»;
car Il a dit:
«Je viens, ô Dieu, pour faire ta volonté»,
et la pensée de Dieu est
«d'amener beaucoup de fils à la gloire» (Hébreux II, 10; IX, 28; X, 7-10).
Aussi le Seigneur dit-Il:
«Ceci est mon sang... qui est versé pour plusieurs en rémission des péchés» (Matthieu XXVI, 28).
Oui, Dieu veut «un peuple» qui lui appartienne en propre, un peuple dont II peut dire: «Je me suis formé ce peuple-ci; il racontera mes louanges» (Ésaïe XLIII, 21).
Pour cela, Il n'a pas pris les anges, mais Il a pris la semence d'Abraham (Hébreux II, 16); et Il montre, dans toute l'histoire de ce peuple choisi, quelles sont ses pensées à cet égard. Il nous l'a dit dans sa sainte parole, afin que nous en tirions notre profit, et que nous puissions jouir dès à présent, par Ja foi, des relations avec Dieu qui découlent d'une rédemption accomplie.
Il ne faut pas, pour cela, penser que le mot «peuple», «peuple de Dieu», embrasse toutes les bénédictions dont nous sommes appelés à jouir, ou qu'il indique ce qui est distinctement «chrétien»; c'est loin d'être le cas, car l'expression, sauf à la fin de l'Apocalypse, est appliquée, dans les Écritures, aux descendants d'Abraham selon la chair.
C'est là, cependant, ce qui lui donne sa valeur, en rapport avec le nom de l'Éternel («Jéhovah», le Dieu qui est éternellement le même), nom que Dieu révéla à Moïse au moment même où, pour la première fois, II parla d'avoir, un peuple.
Dieu ne change pas, et les desseins qu'il a formés dès le commencement, II les garde toujours devant Lui JUSQU'À CE QU'IL EN ACHÈVE L'ACCOMPLISSEMENT DANS LES NOUVEAUX CIEUX ET LA NOUVELLE TERRE, où la justice habitera, alors que Dieu aura sa demeure avec les hommes, qui seront «son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux leur Dieu» (2 Pierre III, 13; Apocalypse XXI, 3).
Par le moyen du peuple d'Israël, héritier selon la chair des bénédictions que Dieu avait promises à Abraham, nous apprenons dans quel état Dieu nous trouve moralement, et de quelle manière II accomplit sa parole envers ceux qui sont non seulement totalement indignes de la recevoir, mais encore complètement incapables de la garder.
C'est le principe de la grâce que nos cœurs sont si lents à saisir, parce que nous nous attachons à trouver quelque bien en l'homme, où Dieu dit qu'il n'y en a pas, et que nous acceptons avec beaucoup de peine la ruine totale de tous les fils d'Adam, et par conséquent la nôtre.
La grâce ne fait pas de différence entre les hommes:
elle les trouve tous «sous le péché» (Romains III, 9, 22; X, 12).
Nous avons dit que l'expression «mon peuple» parle des relations avec Dieu qui ont pour base la rédemption. C'est en effet ce que nous trouvons dans le livre de l'Exode.
Israël était en Égypte dans un état d'esclavage, gémissant sous la dure servitude que le roi d'Égypte lui avait imposée. Dieu intervint pour délivrer le peuple, et en envoyant Moïse pour accomplir la délivrance, Il lui fit voir la vision merveilleuse du buisson ardent de feu et qui n'était pas consumé.
Sans nul doute, c'était afin de lui faire comprendre tout le sérieux d'avoir affaire à Dieu, lorsqu'il s'agit de sa demeure au milieu d'un peuple pécheur et passible de son jugement; car «Dieu est un feu consumant» (Deutéronome IV, 24; IX, 3).
Toutefois, la présence de Dieu en grâce empêchait l'action du jugement, parce qu'il y avait par devers Lui le moyen d'ôter le péché. Il révéla ce mystère plus clairement à Moïse à l'occasion du premier péché du peuple après que la loi eut été donnée, péché qui, par son caractère, montrait que toute relation avec Dieu était moralement impossible pour les Israélites; car ils avaient établi pour dieu un veau d'or; par l'acte même, ils rejetaient l'Éternel le Dieu d'Israël.
À cette occasion, Moïse se tourna vers Dieu pour connaître son chemin et sa gloire, car il voyait bien que tout était perdu du côté des hommes.
«Et l'Éternel passa devant lui et cria:
L'Éternel, l'Éternel! Dieu, miséricordieux et faisant grâce, lent à la colère et grand en bonté et en vérité, gardant la bonté envers des milliers de générations, pardonnant l'iniquité, la transgression et le péché,
et qui ne tient nullement celui qui en est coupable pour innocent, qui visite l'iniquité des pères sur les fils, et sur les fils des fils, sur la troisième et sur la quatrième génération» (Exode XXXIV, 7).
Certes, ce n'est que la croix de notre Seigneur Jésus-Christ qui peut faire comprendre comment Dieu peut pardonner en justice sans tenir le coupable pour innocent. Mais «l'Agneau de Dieu fut préconnu dès avant la fondation du monde» (1 Pierre I, 20); Dieu avait donc toujours en vue l'expiation des péchés, et II révéla à Moïse le fondement de toute assurance pour l'âme du pécheur dans la présence du Dieu juste, savoir, que Dieu
Lui-même se charge «d'ôter l'iniquité, la transgression et le péché».
Aussi Moïse, saisissant ce fait dans la simplicité de la foi, se prosterna et dit:
«Si j'ai trouvé grâce à tes yeux, Seigneur, que le Seigneur marche, je te prie, au milieu de nous; car c'est un peuple de cou raide; et pardonne nos iniquités et nos péchés, et prends-nous pour ton héritage.»
Cette parole de Moïse est d'autant plus remarquable que l'Éternel avait dit à Moïse, au commencement du chapitre précédent: «Je ne monterai pas au milieu de toi, car tu es un peuple de cou raide; de peur que je ne te consume en chemin» (Exode XXXIII, 3; XXXIV, 9).
– Du côté du peuple, le péché qui entraîne la mort est manifeste;
– mais du côté de Dieu on trouve la puissance pour l'ôter, par l'exercice de la grâce souveraine, selon la justice. Oui, il faut que Dieu intervienne.
La pensée de délivrer, la puissance pour le faire, tout vient de Lui; Il se charge complètement et pour toujours de tout ce qui concerne le salut de son peuple.
La première déclaration qu'il fit à Moïse en Horeb nous le dit: «Et l'Éternel dit: J'ai vu, j'ai vu l'affliction de mon peuple qui est en Égypte, et j'ai entendu le cri qu'il a jeté à cause de ses exacteurs, car je connais ses douleurs. Et JE suis DESCENDU poîir le délivrer...» (Exode III, 7-8).
Dieu a pris leur cause en main: II veut faire de ces esclaves méprisés et maltraités son peuple, son trésor particulier, c'est pour cela qu'il choisit Jacob (Psaume CXXXV, 4).
Il se charge Lui-même de leur délivrance: Il «est descendu» pour l'opérer.
Aussi, après les avoir fait sortir d'Égypte et leur avoir fait traverser la mer Bouge, leur envoie-t-Il ce message par Moïse:
«Tu diras ainsi à la maison de Jacob et tu l'annonceras aux fils d'Israël:
Vous avez vu ce que j'ai fait à l'Égypte et comment je vous ai portés sur des ailes d'aigle et vous ai amenés à moi.
Et maintenant, si vous écoutez attentivement ma voix et si vous gardez mon alliance, vous m'appartiendrez en propre d'entre tous les peuples; car toute la terre est à moi; et vous me serez un royaume de sacrificateurs et une nation sainte.
Ce sont là les paroles que tu diras aux fils d'Israël» (Exode XIX, 4-6).
Le peuple doit être mis à l'épreuve au point de vue de l'obéissance; le résultat de cette épreuve est démontré dans la suite de l'histoire; mais la délivrance est pleinement constatée comme étant l'œuvre de Dieu seul.
Et Moïse a soin de leur rappeler que TOUTES LEURS BÉNÉDICTIONS VENAIENT DE DIEU, fruit de sa bonne volonté, de son libre choix, et nullement d'une qualité ou d'un mérite quelconque qu'il aurait aperçu dans le peuple d'Israël:
«Ce n'est pas, dit-Il, à cause de ta justice, car tu es un peuple de cou raide» (Deutéronome VII, 7-8; IX, 4-24).
Encore une fois, c'est le principe de la grâce!
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