II y a bien des années, deux étudiants de seize ans environ, qui venaient de passer quelques jours de vacances à la campagne, chez des amis, s'en retournaient à pied à la ville où leurs études les obligeaient à résider. Ils appartenaient à des parents chrétiens.
Comme ils traversaient un village, Thomas dit à Georges: «J'ai une commission à faire ici pour mon père; passe en avant, ralentis le pas, je te rejoindrai bientôt.»
Son ami continua donc son chemin seul, mais, par distraction, il se trompa de route et se trouva bientôt à l'entrée d'un bois. Il hésitait, ne sachant s'il devait retourner sur ses pas ou continuer quand, tout à coup, trois hommes armés de gourdins s'élancèrent sur lui et l'entraînèrent dans le bois. Là, ils vidèrent les poches du jeune homme, le dépouillèrent de presque tous ses vêtements, et l'ayant attaché à un arbre, de manière à ce qu'il ne pût se retourner sans risquer de s'étrangler, les brigands disparurent.
Au bout de quelques instants, l'un d'eux reparut: «Nous venons de décider qu'il est plus prudent de vous tuer, dit-il à Georges d'un ton bref. Les morts ne parlent pas. Ainsi donc...»
Et il éleva son énorme gourdin au-dessus de la victime, qui s'écria d'une voix émue: «De grâce, accordez-moi le temps de prier!»
Eh bien! dépêchez-vous, répondit le voleur. Il y eut un temps où, moi aussi, je savais quelques bouts de prières; mais voilà bien des années que je les ai oubliés.
Le jeune homme pria à haute voix et avec la ferveur d'une foi enfantine en présence d'un danger imminent et quand, à vues humaines, tout espoir était perdu. Que ce fût son langage, ou son jeune âge, ou plutôt la puissante et bonne main de Dieu qui gardait son jeune enfant en péril, toujours est-il que le brigand resta un moment cloué sur place, les yeux fixés sur la victime, comme si la force lui manquait pour accomplir son criminel dessein. C'est ainsi que, souvent, l'enfant de Dieu sent se vérifier pour lui les paroles du cantique:
L'ange de Jéhovah se campe avec puissance
Autour de ses enfants,
Il les garde et soutient, il est leur délivrance
Dans les dangers pressants.
Combien il est précieux de se confier en Dieu toujours et partout!
Jeunes gens que les parents chrétiens cherchent à amener à Jésus, oh! ne soyez point sourds ou rebelles, ne repoussez pas les appels de grâce du Sauveur qui veut vous rendre parfaitement heureux en effaçant vos péchés qui vous séparent à jamais de Dieu et vous privent de la bénédiction.
Vous verrez quel puissant ami vous aurez dans le besoin, et si même vous ne devez point être délivrés des épreuves qui vous attendront, toutefois vous apprendrez à les traverser avec Celui-là même qui a été avec les trois Hébreux dans la fournaise (Daniel III) et qui a délivré Daniel de la fosse aux lions.
Le brigand, un instant immobile et comme indécis, changea de dessein; il tira un couteau de sa poche,... mais quand l'enfant sentit le froid de l'acier, il perdit connaissance.
Le pauvre garçon demeura ainsi un certain temps. Quand il se réveilla, il se trouva seul, sans aucune blessure et libre de ses mouvements. La corde qui l'attachait à l'arbre avait été coupée quand l'impression du couteau avait fait évanouir le prisonnier, après quoi le brigand s'était enfui. À demi nu, Georges regagna le village où il avait laissé son ami, qu'il rejoignit le soir même sain et sauf. Depuis, il raconta souvent son aventure et la délivrance de Dieu en réponse à sa prière.
Un jour, il reçut une lettre d'un aumônier de prison, l'informant qu'un condamné à mort demandait instamment à le voir. Georges se rendit sur-le-champ auprès du détenu.
— Ne me reconnaissez-vous pas? s'écria le malheureux en pleurant. Je suis le voleur qui vous ai détroussé dans le bois il y a quelques années.
Le brigand déclara alors que la prière si fervente du jeune homme, au moment où il se croyait si près de la mort, l'expression de son visage et son regard fixé sur le ciel avaient fait sur lui une impression si vive, qu'il aurait voulu alors renoncer à sa vie criminelle, mais qu'il ne l'avait point fait. Maintenant, entre les mains de la justice et au fond de son cachot, le souvenir de cette prière lui revenait, et, n'ayant jamais perdu de vue le jeune homme dont la famille était bien connue, il avait désiré de l'entendre encore prier pour lui.
Georges pria, en effet, et visita encore ce malheureux, qui trouva bientôt le pardon, le salut et la paix dans le sang de Jésus-Christ mort justement pour des coupables, des injustes comme lui.
Le brigand, condamné à mort, vit sa peine commuée en travaux forcés à perpétuité. Georges l'accompagna au navire qui devait l'emporter, et au milieu des larmes le prisonnier s'écria d'une voix émue:
«Je reconnais que j'ai mérité la mort; désormais, je désire employer ma nouvelle vie au salut des perdus tels que moi et au service de Celui qui ne veut pas la mort du pécheur, mais plutôt qu'il se convertisse et qu'il vive.»
C'est le propre de Dieu de tirer le bien du mal.
Ses compassions sont au-dessus de toutes ses œuvres. Il sait sauver un brigand.
Lecteur, vous direz peut-être: Moi, je ne suis pas un brigand. Il est vrai, en effet, que vous n'allez pas voler ou tuer pour votre satisfaction, mais je pense que, si vous croyez en Dieu, vous admettrez que le portrait qu'il a fait de l'homme dans l'épître aux Romains est fidèle.
Lisez, au chap. Ier, vers. 29; là il est dit que l'homme naturel est plein d'envie, de meurtres, de querelles, de fraude, de mauvaises mœurs, délateur, médisant, haïssable pour Dieu, etc.»
Le chap. III, vers. 19, dit en outre que tout le monde est «coupable devant Dieu.» II s'agit donc de prendre cette place de coupable, et on trouve tout de suite le remède que Dieu a donné:
«La justice de Dieu est manifestée par la foi de Jésus-Christ envers tous et sur tous ceux qui croient.»
Dieu fait connaître sa justice à ceux qui croient, sa justice envers Christ.
La parole nous le déclare, et c'est elle qui nous montre en même temps que par nature nous sommes perdus sans ressource.
La foi accepte ce double témoignage. À cet effet, que Dieu, dans sa bonté, réveille chaque conscience endormie.
- | Table des matières | - |