«Insensé!» C'est ainsi que Dieu s'adresse à l'homme riche (Luc XII, 16-22).
Il avait, comme on dit, prospéré dans le monde.
La terre lui avait prodigué ses fruits. Il avait en perspective des années d'opulence, de repos et de plaisir, lorsque la voix de Dieu se fit entendre et que sa main se fit sentir.
«Mais — Dieu lui dit.»
Lecteur, notez bien la force de ce mot «mais», qui se glisse entre les pensées de l'homme et celles de Dieu, et qui transforme une scène de joie et de sécurité imaginaire en une scène de tristesse et d'inquiétude.
«Dieu lui dit...» Et que dit-il à cet homme?
«Insensé! cette nuit même ton âme te sera redemandée.»
Une parole de la bouche de Dieu fut suffisante pour faire disparaître toute une vie employée à travailler et à amasser des biens, pour jouir du luxe et du plaisir, et pour montrer à la lumière des réalités éternelles que cet homme était un insensé.
«Ne te vante point du jour du lendemain, car tu ne sais pas ce que le jour enfantera.»
«Car nous n'avons rien apporté dans le monde, et il est évident que nous n'en pouvons rien emporter» (Proverbes XXVII, 1; 1 Timothée VI, 7).
Cher lecteur, si vous mourez dans vos péchés, vous aurez à comparaître devant le grand trône blanc, dépouillé de toute la pompe, de tout l'éclat que peut donner le pauvre monde auquel votre cœur s'attache.
Alors toute votre vie s'évanouira et vous recevrez les flammes de l'enfer pour votre portion éternelle. «ILS FURENT JUGÉS CHACUN SELON SES ŒUVRES,» est-il écrit.
Le luxe et l'argent, la joie et le plaisir auront disparu pour toujours, et vos péchés seuls arrêteront votre regard dans ce jour-là.
Vous aurez préféré jouir «pour un temps des délices du péché»
plutôt que des «plaisirs éternels à la droite de Dieu.»
Est-ce que cela vous étonne?
Le tableau vous paraît-il trop noir?
Apprenez donc que, tout près de ma demeure, repose le corps d'une personne qui, pendant sa vie, nageait dans l'opulence. Après avoir commencé modestement, elle et son mari s'étaient acquis dans ce monde, par leurs efforts constants, une position plus qu'aisée, convoitée par plusieurs.
Étaient-ils heureux pour cela? Non; il y avait un ver à la racine.
L'affliction, la maladie et la tristesse ne sont pas plus exclus des maisons des riches de ce monde que la mort elle-même.
Les biens de la terre n'ont pu les rendre heureux ici-bas, et que peut-on dire de leur avenir? «Dieu dit...»
Qu'a dit Dieu?
Que vous dira-t-il au jour du jugement?
Cher lecteur, je vous supplie d'écouter maintenant la voix de la grâce avant qu'il soit trop tard. Le jugement est son «œuvre étrange», mais c'est tout de même son œuvre.
«Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, n'endurcissez pas vos cœurs» (Hébreux III, 7, 15).
Dieu, dans son amour infini et sa grande miséricorde, ne désire pas que vous périssiez.
Il vous avertit du danger que vous courez en vous jouant ainsi de votre sort éternel.
Il vous parle par sa parole et par ses voies envers vous et envers ceux qui vous entourent.
Il n'y a que quelques mois, une jeune fille passa une partie de la nuit à finir un costume de bal, dans lequel sans doute elle espérait se faire admirer. Le matin, on la trouva morte dans sa chambre. Ah! combien peu elle s'était attendue à ces solennelles paroles: «Insensé! cette nuit même ton âme te sera redemandée.»
A-t-elle connu Christ et l'efficace de son sang?
Dieu le sait.
Mais remarquez, il y aura des souvenirs dans l'enfer.
Dans le tableau solennel qui nous est tracé en Luc XVI, il est dit à l'homme riche: «Mon enfant, souviens-toi.»
Et qu'ils doivent être cruels les souvenirs de l'âme qui a vécu pour elle-même et pour la vanité, qui a méprisé la grâce de Dieu et les joies éternelles de sa présence.
Qui peut dire que votre tour ne viendra pas aujourd'hui d'être saisi par les bras de la mort?
Et qui connaît le moment quand le jour du salut prendra fin, et avec lui votre dernier espoir par la venue du Seigneur pour rassembler les siens?
Cher lecteur, soyez franc avec vous-même et avec Dieu.
Vous n'aimez pas qu'on vous parle de la mort, du jugement et de l'enfer;
mais néanmoins ce sont des réalités qu'il vous faut envisager ou maintenant ou dans l'éternité.
Que Dieu vous accorde que les mots solennels de Luc XVI, qui retentissent maintenant à vos oreilles, pénètrent aussi dans votre cœur, et qu'il ne vous permette pas de demeurer dans l'insouciance et la légèreté.
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