Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

SOUFFRANCES ET GLOIRE

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(Luc IX, 18-36.)


Les paroles de Jésus montrent clairement que, pour pouvoir le suivre dans ce monde, il faut avoir constamment sa gloire devant l'âme.

La résurrection du Seigneur est le fondement de notre espérance,

sa gloire en est la mesure.

Or, la gloire correspond aux souffrances que l'on peut rencontrer ici-bas; les Écritures le font voir, même dans l'Ancien Testament, en rapport avec Christ,

«rendant par avance témoignage des souffrances qui devaient être la part de Christ et des gloires qui suivraient» (1 Pierre I, 11; et comparez Romains VIII, 18; 2 Corinthiens IV, 17; 2 Timothée II, 12).

Cela porte le cœur à se tourner vers Dieu pour trouver en Lui sa seule ressource; car c'est Lui qui a glorifié le Seigneur Jésus (Jean XIII, 32; Actes III, 13), et c'est Lui qui accomplira ses desseins de grâce en glorifiant, avec Jésus, tous ceux qu'il a adoptés pour Lui par Jésus-Christ (Romains VIII, 29, 30; Éphésiens I, 5, 12, 18; Hébreux II, 10).

L'apôtre Pierre fait ressortir la même vérité, en disant que Christ a été manifesté «pour vous qui, par Lui, croyez en Dieu qui l'a ressuscité d'entre les morts et lui a donné la gloire, en sorte que votre foi et votre espérance fussent EN DIEU» (1 Pierre I, 2).

Et la fin du chap. VIII de l'Épître aux Romains fait aussi voir que «Dieu est pour nous, quelles que soient les difficultés de la route, et que rien ne peut nous séparer de l'amour du Christ (vers. 31-39). Combien cela est précieux pour le cœur!

On comprend alors pourquoi le Seigneur Jésus disait à ses disciples: «Et je vous dis, en vérité, que de ceux qui sont ici présents, il y en a quelques-uns qui ne goûteront point la mort jusqu'à ce qu'ils aient vu le royaume de Dieu.»

II voulait lever un instant le voile qui cachait sa gloire à la vue des hommes et faire entrer les disciples dans les pensées de Dieu, leur communiquant en même temps une puissance spirituelle qui les rendît capables de faire face aux difficultés qu'ils devaient nécessairement rencontrer en le suivant ici-bas.

Ils le comprirent plus tard, après avoir reçu le Saint-Esprit de la part du Seigneur glorifié.

L'apôtre Pierre le montre très clairement dans sa seconde Épître, chap.1, 12-20.

D'après ce passage, nous voyons que, plus Il sentait approcher la mort, «le moment de déposer sa tente», plus il voulait encourager les croyants, en leur rappelant cette manifestation de la gloire du Seigneur Jésus-Christ; car c'était comme ayant été témoins oculaires de sa majesté qu'ils avaient annoncé et sa puissance et sa venue.

La mort était devant les disciples, comme elle était devant le Seigneur Lui-même. Il le leur avait dit, mais avant de la goûter, Il voulait leur faire voir la gloire qui était au delà de la mort.

Plus tard les disciples, enseignés par l'Esprit, envisagèrent les choses de la même manière, et c'est ce qui leur donna le courage de rendre témoignage de leur Seigneur jusqu'à la mort, à travers de vives souffrances et des persécutions. (Voyez Hébreux X, 32-34.)


Dans le récit de la transfiguration du Seigneur tel que nous le donne l'Évangile de Luc, les détails qui ne sont pas indiqués par Matthieu et par Marc, servent à mettre en relief le point de vue spécial auquel Luc a écrit.

C'est le caractère spirituel et moral du «royaume de Dieu», tel qu'il se montre dans la personne du Seigneur Jésus Lui-même, qui était, Lui, l'expression vivante de tout ce qu'il révélait de la part de Dieu.

On trouve ici, non seulement la gloire personnelle de Jésus, — «sa majesté», comme dit l'apôtre Pierre, —, mais aussi la dépendance de Dieu qui le caractérisait comme homme parfait dans ce monde: «II monta sur la montagne pour prier», prenant avec Lui trois de ses disciples pour qu'ils eussent part avec Lui à cette communion qui est inséparable de la dépendance complète de Dieu.

«Comme il priait, l'apparence de son visage devint tout autre et son vêtement devint blanc et resplendissant comme un éclair; et voici, deux hommes, qui étaient Moïse et Élie, parlaient avec lui, lesquels, apparaissant en gloire, parlaient de sa mort qu'il allait accomplir à Jérusalem.»

Luc insiste sur le fait qu'il y avait deux hommes dans la gloire, l'expression est répétée au verset 32.

Le passage n'appuie pas sur le témoignage spécial qu'ont rendu ces hommes remarquables, particulièrement bénis de Dieu; mais, tout en indiquant leurs noms et rappelant ainsi ce que les deux autres Évangiles présentent sous ce rapport, le Saint-Esprit insiste ici sur le fait que c'étaient des hommes.

Il y avait là «deux hommes», qui «apparaissaient en gloire»; et lorsque les disciples, réveillés de leur sommeil, virent la gloire de Jésus, ils virent aussi «les deux hommes» qui étaient avec Lui.

Cela nous rappelle le chapitre II de l'Épître aux Hébreux, qui traite de l'exaltation et de la gloire du Fils de l'homme, en nous disant que Dieu a choisi, non pas les anges, mais les hommes, pour en faire sa famille, accomplissant ainsi ses desseins d'amener plusieurs fils à la gloire.

Or, le Seigneur Jésus est devenu pour ceux-ci «le chef de leur salut», ayant, par sa mort, accompli l'œuvre nécessaire pour les sanctifier; et Il est actuellement couronné de gloire et d'honneur, ayant ouvert le ciel aux hommes qu'il a rachetés et qu'il daigne appeler ses compagnons et ses frères (comparez Luc XXII, 28; Jean XX, 17).

Il est vrai que ce sont les croyants qui participent ainsi à l'appel céleste, les fils du croyant Abraham, ceux qui sont désignés dans Hébreux III, 1, comme «frères saints» (comparez Galates III, 5-9); mais le grand point, dans le passage, c'est que CE SONT DES HOMMES ET NON LES ANGES, que Dieu a pris pour en faire une famille à Lui.

Et, pour cela, JÉSUS EST DEVENU HOMME, participant au sang et à la chair, pour accomplir la rédemption des hommes, ôter le péché, rendre impuissant Satan, le chef de ce monde, et délivrer du jugement de Dieu ceux qui l'avaient justement mérité, en en portant Lui-même la peine. PUIS II EST REMONTÉ DANS LE CIEL COMME HOMME GLORIFIÉ, ayant achevé toute l'œuvre que le Père Lui avait donnée à faire, et là, II est «le précurseur» de ceux qui croient en Lui (Hébreux VI, 20).

En Lui, ils ont une ancre de l'âme, non seulement l'assurance positive, de la part de Dieu, d'arriver là où Christ est, mais en même temps l'expression de ce qu'ils seront lorsqu'ils s'y trouveront; car II va «transformer le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire, selon l'opération de ce pouvoir qu’il a de s'assujettir même toutes choses» (Philippiens III, 21, et comparez 1 Corinthiens XV, 53-57; Jean III, 2).


Voilà donc la vérité merveilleuse et pleine de bénédictions indicibles pour nous, que le Seigneur Jésus présenta à la vue des disciples lorsque, dans la gloire, deux hommes parlaient avec Lui, étant eux-mêmes glorifiés aussi avec Jésus.

C'était la partie céleste du Royaume de Dieu, à laquelle tous les compagnons du Seigneur, dans son rejet, sont appelés à avoir part, c'est-à-dire tous ceux qui sont attachés à Lui par la foi depuis le moment où II est allé au ciel, et jusqu'à ce qu'il ressuscite pour la vie ceux qui se sont endormis par Lui (1 Thessaloniciens IV, 14).

C'est «le dernier jour» de la dispensation actuelle, celle de la grâce de Dieu, dont le Seigneur parle dans le chapitre VI de l'Évangile de Jean.

Ceux qui ont part à cette grâce connaissent le Père; ils sont enfants de Dieu et mangent la chair du Fils de l'homme et boivent son sang (Jean I, 12; VI, 39, 40,44, 54); ou, en d'autres termes, ils ont communion avec Jésus dans sa mort, et ils en tirent leur vie, non seulement comme ayant reçu la vie une fois pour toutes en croyant à sa mort et à sa résurrection, mais aussi en s'en nourrissant, en y puisant la force pour vivre à Dieu dans ce monde: «car sa chair est en vérité un aliment, et son sang est en vérité un breuvage.»

Ceux-ci participent à l'appel céleste, ayant devant eux la bienheureuse perspective d'être bientôt avec Jésus où Il est, pour voir sa gloire et en jouir avec Lui (Jean XVII, 24).

N'oublions pas que, lorsque le Seigneur ressuscitera les siens, Il changera aussi en sa ressemblance les croyants qui se trouveront alors vivants sur la terre, nous tous qui, par la grâce de Dieu, lui appartenons à présent; l'accomplissement de sa promesse de revenir nous prendre (Jean XIV, 3) implique cela, ainsi que sa parole à Pierre, parlant de Jean: «Si je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne, que t'importe?» (Jean XXI, 23 et suivants.)

Et l'apôtre Paul, dans ses Épîtres, développe la vérité sur ce sujet avec détail en rapport avec l'espérance propre de l'Église, le corps de Christ; car les croyants dont nous avons parlé plus haut forment seuls l'Église, «l'Épouse de l'Agneau», dont il est parlé à la fin de l'Apocalypse (et comparez Éphésiens V).

Mais nous ne pouvons pas nous étendre plus longuement sur cela dans ce moment; ce n'est pas le sujet qui nous occupe.

Luc ne parle pas de l'Église, mais bien du caractère spirituel et moral de ceux qui se trouvent associés avec Jésus pour la gloire à venir et dans son chemin de souffrance ici-bas. C'est-à-dire, le point de vue est individuel, non pas collectif. Les hommes sont dans la gloire, mais ils y sont comme des hommes, bénis avec le Seigneur Jésus.

Le sujet de leurs entretiens montre aussi ce qui occupait leurs cœurs et leurs pensées dans ce moment. Ils ne pensent pas à eux-mêmes, ni à leur gloire, mais à Jésus et à sa mort: «Ils parlaient de sa mort qu'il allait accomplir à Jérusalem.»

Le mot employé pour «mort», ici, est proprement «départ», le même dont Pierre se sert (2 Pierre I, 15) lorsque, dans son Épître, il s'occupe du même sujet.

Tout doit prendre fin ici-bas, car l'homme a péché et la mort a passé à tous les hommes; mais la mort de Jésus, qui finit l'histoire morale de l'homme sur la terre, ouvre aux siens dans le ciel une gloire dont le monde ne connaît rien.


Mais pour être spirituellement en harmonie avec les pensées de Dieu touchant la gloire à venir, il faut se nourrir de la mort de Jésus, «portant toujours partout dans le corps la mort de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre corps» (2 Corinthiens IV, 10).

C'est ce que les disciples ne saisissaient pas alors; aussi, lorsque Jésus parle avec eux, plus tard, de sa mort, comme Il en avait parlé avec Moïse et Élie dans la gloire, ils ne le comprirent pas et «craignaient de l'interroger touchant cette parole» (Luc IX, 43-45); en même temps, ils pensaient à eux-mêmes et à leur gloire personnelle, se demandant «lequel d'entre eux serait le plus grand».

Combien cela nous montre ce qu'est le cœur naturel et ce qui nous empêche de jouir de la communion avec le Seigneur, à laquelle Dieu nous a appelés! Il n'y avait pas de cet égoïsme dans la gloire sur la montagne.

La mort de Jésus y met fin moralement pour le cœur de celui qui croit en Lui, et on comprend dans la gloire, à laquelle son cœur nous donne de participer, que c'est Lui qui doit tenir seul la première place (Colossiens I, 18).

Mais Pierre ne comprenait alors ni la mort ni la gloire de Jésus; il voulait donner à Moïse et à Élie une place égale à celle du Seigneur; et c'est alors qu'il entend la voix de la gloire magnifique: «CELUI-CI EST MON FILS BIEN-AIMÉ, ÉCOUTEZ-LE.»

Dieu se révèle comme le Père en glorifiant son Fils et en ouvrant l'accès auprès de Lui, dans la gloire, aux hommes sanctifiés par la mort de Jésus. Or, cette révélation ne se trouve que DANS la personne de Jésus; elle dépend de ce qu'il est essentiellement comme Fils du Dieu vivant.

Moïse et Élie n'en avaient rien dit dans leur témoignage rendu au Dieu d'Israël, et ils disparaissent pour faire place à quelque chose de plus excellent que la gloire même, savoir, la relation personnelle avec le Dieu qui en est l'auteur et qui se fait connaître comme le Père, le Père du Seigneur Jésus-Christ.

Toutes les espérances d'Israël, quelque belles qu'elles fussent, sont dépassées par cette «gloire qui l'emporte de beaucoup»; c'est du sein de la gloire qui avait autrefois abrité et dirigé le peuple d'Israël, que la voix du Père reconnaît son Fils; et c'est là que les compagnons du Christ rejeté seront recueillis dans le repos de Dieu.

Voilà ce que l'apôtre Paul gardait constamment devant lui; il pensait au Seigneur qui le conserverait pour son royaume céleste (2 Timothée IV, 8).


Christ, Christ seul et ses intérêts occupaient son cœur.


La mort de Christ était le sujet de sa gloire, elle avait, fait disparaître à ses yeux tout ce que le monde estime de plus précieux: pour lui, c'était moins que rien.

Sur la montagne, après la transfiguration, Jésus se trouve seul, et Paul ne demandait rien à côté de Jésus pour faire la traversée de ce monde.

Que Dieu nous accorde d'imiter les apôtres et d'être tellement pénétrés de la gloire de Jésus, Fils de Dieu et Fils de l'homme, que nous soyons moralement capables de jouir de la communion avec Lui en le suivant jusqu'au bout dans son chemin solitaire ici-bas, et en attendant le jour où nous le verrons tel qu'il est.

Qu'il nous accorde d'entrer dans l'intimité de la communion dont l'entretien avec les hommes dans la gloire sur la montagne nous donne un exemple merveilleux, lorsqu'on pense surtout que c'étaient des hommes et qu'on se souvient qui est le Seigneur Jésus-Christ.


 

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