Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

AVOIR DES YEUX POUR NE POINT VOIR ET DES OREILLES POUR NE POINT ENTENDRE.

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Nous vivons dans des temps qui deviennent de plus en plus mauvais, au point de vue des progrès de la vérité.

À mesure que les vrais croyants, pénétrés du désir non pas de faire des prosélytes, comme on le croit, mais d'amener des âmes à la foi, prêchent l'Évangile et se réunissent pour le maintien du témoignage de Dieu, les incrédules, poussés assurément par Satan, font tous leurs efforts pour empêcher le progrès de l'Évangile.

Combien il est triste de voir se réaliser si souvent des paroles comme celles-ci: «Ils ont des yeux pour ne point voir et des oreilles pour ne point entendre.»

C'est vrai pourtant, et je vais citer comme preuve de ceci une page entière d'un homme qui a vu de près les chrétiens, qui a même compris par l'intelligence les moyens de grâce que Dieu emploie et qui a si peu saisi pour lui-même ces choses, qu'il a péri misérablement en se donnant lui-même la mort après avoir vécu dans l'indifférence, sinon dans l'incrédulité ouverte.

Voici ce qu'écrivait, il y a quelques années, cet homme qui a laissé un nom dans le monde des lettres:

«Je fus, dit-il (M. Prévost-Paradol), un jour vivement frappé en écoutant un homme de bien, un laïque, un Anglais, saisi tout à coup (comme il arrive souvent chez nos voisins) du besoin et de la passion d'annoncer l'Évangile.

Je l'ai entendu plusieurs fois et toujours sur le même sujet, qui dominait évidemment sa pensée: la miséricorde de Dieu, le pardon des péchés et le renouvellement soudain de l'âme qu'il plaît à Dieu d'émouvoir.

On voyait sans cesse dans ses discours un homme perverti, désespérant de son salut au point de n'y plus songer, ignorant ou comprenant mal la doctrine du pardon des péchés et du renouvellement de l'âme, jusqu'au moment où la parole de quelque prédicateur lui révèle l'infinie miséricorde de Dieu et la possibilité d'une régénération soudaine et complète.

Il écoute avec joie cette doctrine, il y croit, et le voilà changé d'un seul coup et pour toujours.

Ce salut qui tombe du ciel sur le pécheur est gratuit; il est sauvé parce qu'il est sauvé, et non point parce qu'il l'a mérité; il reçoit du même coup et sans effort le pardon de ses péchés et une âme nouvelle. .

«Ce prédicateur nous expliquait avec une forte simplicité cette doctrine; nulle autre éloquence en lui que l'inévitable contagion d'une conviction entière et d'une ardente charité.»

Est-il possible de mieux exposer la doctrine de la grâce de Dieu telle que l'intelligence naturelle la comprend, étant frappée par l'effet de la puissance de Dieu qui sauve une âme parce que Dieu le veut et non point parce que l'homme l'a mérité?

Hé bien, cependant, le résultat est qu'avec cette intelligence des voies de Dieu:


on peut avoir le cœur fermé,

avoir des yeux pour ne point voir et des oreilles pour ne point entendre.


Si j'ai cité tout au long ce passage, c'est pour faire profiter le lecteur de la leçon qu'il faut en tirer: un jour viendra où des hommes voudront prendre comme excuse qu'ils ont, eux aussi, porté le nom de Christ; plusieurs diront:

«Nous avons mangé et bu en ta présence et tu as enseigné dans nos rues.»

Et II dira:

«JE VOUS DIS: JE NE VOUS CONNAIS PAS, NI NE SAIS D'OÙ VOUS ÊTES, RETIREZ-VOUS DE MOI» (Luc XIII, 27, 28).

Combien il est solennel de voir que les âmes vont ainsi au-devant du jour du jugement, méprisant les appels de Dieu ou, au moins, ne daignant pas y prêter l'oreille; aussi Dieu pourra-t-il dire:

«Parce que j'ai crié et que vous avez refusé d'ouïr; que j'ai étendu ma main et qu'il n'y a eu personne qui y prît garde et que vous avez rebuté tout mon conseil et n'avez point eu à gré que je vous reprisse: voici, je me rirai de votre calamité et je me moquerai quand votre effroi surviendra» (Proverbes I, vers. 24 et suivants).

Puissent ces paroles de la sagesse atteindre encore aujourd'hui quelque cœur, ouvrir quelques yeux voilés et quelques oreilles fermées, et sauver quelques âmes de la mort, afin qu'il ne soit point dit qu'on a eu «des yeux pour ne point voir et des oreilles pour ne point entendre».


 

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