Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

IL M'A AIMÉ

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Il y a, dans le Cantique de Salomon, une expression qui renferme, en rapport avec la personne de Christ, la même idée que celle contenue dans le vers. 20 du second chapitre de l'Épître aux Galates. Elle se trouve chap. VII, 10: «Je suis à mon bien-aimé, et son désir est vers moi»; elle présente la paix profonde et l'heureuse confiance de l'âme qui se repose sur le Seigneur seul et qui «demeure dans son amour» (comparez Jean XV, 9, 10).

Or, une lecture attentive du Cantique, et surtout la comparaison des deux autres passages où cette formule, avec quelques variations, se trouve (chap. II, 16; VI, 3), suffisent pour faire comprendre que l'âme n'arrive pas tout d'un coup à cette pleine jouissance, à ce repos complet.

Elle est trop occupée d'elle-même et de ce qu'elle a trouvé pour pouvoir se reposer dans le cœur de Celui qui l'a cherchée et dont l'amour est invariable. Elle a beaucoup d'expériences à faire, — expériences qui font ressortir sa propre faiblesse, — avant de se remettre complètement à Celui qui seul est fort et toujours fidèle. C'est ce que nous voyons constamment en pratique; ce n'est qu'à la suite de cette connaissance de soi-même, acquise souvent dans des chutes, que l'âme se détourne d'elle-même pour ne regarder qu'au Sauveur. Alors seulement elle trouve la paix.

Si l'apôtre pensait à lui-même, il disait: «Nous n'avons pas confiance en la chair» (Philippiens III, 3-8). Et nous voyons, à la fin du chap. IX de la première Épître aux Corinthiens, la manière dont il asservissait son corps. Mais le repos de son cœur était en Christ seul. Il se réjouissait dans le Christ Jésus. Sa vie sur la terre était une vie de foi, «la foi au Fils de Dieu,» dit-il,| «qui m'a aimé et qui s'est livré lui-même pour moi».

L'apôtre savait que le Seigneur est toujours fidèle:

«II NE PEUT SE RENIER LUI-MÊME».

«Je suis persuadé, dit-il, qu'il a la puissance de garder

ce que je lui ai confié jusqu'à ce jour-là»

(2 Timothée I, 12; II, 13).

Et ainsi, regardant au Seigneur, son cœur jouissait d'une paix sans nuages. Il savait que son âme avait été délivrée de la mort par Jésus-Christ, et que ses pieds seraient aussi gardés de chute, car Dieu est puissant pour affermir ses rachetés, selon l'Évangile que Paul prêchait (Ps. LVI, 13; Rom. XVI, 25; I Cor. I, 8,9; Jude 24, 25). «DIEU EST FIDÈLE», et Jésus le Sauveur, le Fils de Dieu, est assis à la droite de la Majesté dans les lieux très hauts.


Du côté de l'homme, tout fait défaut; mais Dieu est éternel, et son amour est parfait. «En lui il n'y a pas de variation ou d'ombre de changement» (Jacques I, 17).

Mon cœur est rusé, infidèle, traître, facilement distrait, se laissant envahir par les vanités du monde et les soucis de la vie, s'il n'est pas gardé par la grâce de Dieu.

Quel repos donc de se savoir l'objet de cet amour qui ne varie jamais, par lequel Dieu se glorifie et se révèle en Jésus tel qu'il est! Aussi, dans les Évangiles, voyons-nous, par les actes et les paroles du Seigneur, non seulement le fait qu'il y a en Dieu cette source intarissable d'amour, mais qu'il nous le révèle de manière à nous faire sentir que nous en sommes personnellement les objets bénis.

Il engage nos cœurs à entrer dans l'intimité de sa communion, en sorte que nous disons avec l'apôtre: «II M'A AIMÉ», ou bien, dans les paroles du Cantique: «Je suis à mon bien-aimé, et sou désir est vers moi». Ayant affaire personnellement au Seigneur Jésus, le cœur jouit de cette intimité avec Lui et s'y repose.

Voyez, par exemple, comment Jésus rencontre la foule qui entourait la pauvre veuve de Naïn, comme elle accompagnait à sa dernière demeure les dépouilles mortelles de son fils unique.

Quelle scène navrante de désolation!

Mais quelle occasion propice pour faire ressortir les compassions dont Jésus est ému à la vue de la misère humaine! Aussi, non content de dire à la veuve: «Ne pleure pas», en lui présentant quelques consolations célestes, Il lui rend son fils vivant.

Ne pouvait-elle pas dire, en effet: «II m'a aimé»?

Et comme le Saint-Esprit semble prendre plaisir à appuyer les mots: «II le donna à sa mère», rappelant à la pensée ces paroles de Job: «La bénédiction de celui qui s'en allait périr venait sur moi, et je faisais que le cœur de la veuve sautait de joie» (Job XXIX, 13).

Assurément ce n'est qu'en Jésus que ces paroles ont leur vrai accomplissement. Et de même, le fils ressuscité n'avait-il pas entendu la voix de Jésus: «Jeune homme, je te dis, lève-toi»?

N'avait-il pas aussi un intérêt personnel, une place qui lui était appropriée dans le cœur de Christ?

Et cette pauvre femme qui s'approcha par derrière, dans la foule, pour toucher le bord de ses vêtements, ne s'était-elle pas bien trompée en pensant qu'elle pouvait recevoir la guérison sans que Jésus s'occupât personnellement d'elle, ou sans qu'il s'aperçût de la puissance qui sortait de Lui?

Le cœur de Christ n'était pas indifférent.

Il l'oblige à venir se déclarer devant tous et fait alors suivre sa confession de ces paroles de grâce, renfermant un bonheur infini: «Aie bon courage, ma fille, ta foi t'a guérie; va-t'en en paix». Il voulait que son cœur reposât dans le sien, non dans le simple fait qu'elle avait été guérie par sa puissance.

Les paraboles du Seigneur Jésus ne nous annoncent-elles pas la même grâce?

L'homme tombé entre les mains des voleurs, trouvé, soigné, gardé par le compatissant Samaritain, logé et nourri ensuite aux dépens de celui-ci;

la brebis égarée, portée sur les épaules du fidèle berger jusque dans sa maison;

le fils prodigue reçu à bras ouverts, étant encore dans ses haillons, embrassé par le père qu'il avait outragé, et puis revêtu de la plus belle robe...,

ne proclament-ils pas hautement la même vérité indiciblement précieuse, que le Seigneur donne au pauvre pécheur une place éternelle dans son cœur, dont II veut que nous jouissions individuellement et personnellement, en attendant le moment de le voir comme II est, et de jouir avec Lui des délices de la maison du Père?


Cher lecteur, pouvez-vous dire, comme Paul ,

«Il m'a aimé et s'est donné lui-même pour moi»?

Et, si vous le pouvez, demeurez-vous dans son amour?

Si vous ne le connaissez pas, puissiez-vous répondre sans tarder à son invitation:

«Venez à moi,

vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés,

et moi, je vous donnerai du repos».



 
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