Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L'HOMME SOLITAIRE DANS L'ACTIVITÉ DU SERVICE

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Lisez Luc V, VI.

Le chapitre IV de l'Évangile de Luc nous fait suivre les traces du Seigneur Jésus agissant dans la puissance de l'Esprit dont Il était rempli, et prêchant la parole AVEC AUTORITÉ; et cette parole, qui commande le respect et souvent la soumission involontaire des auditeurs, annonçait la grâce, non pas le jugement.

Ceux qui écoutaient le Seigneur, lors même que plusieurs d'entre eux le haïssaient et cherchaient à le faire périr, lui dressant incessamment toute sorte de pièges, étaient cependant obligés de reconnaître la puissance de sa parole; «ils s'en étonnaient.» Ils voyaient bien que cette puissance venait d'une source où ils n'avaient jamais puisé. Pour eux, ils ne connaissaient que les moyens ordinaires et humains pour acquérir la science, et ne comprenaient pas une doctrine qui rendait l'homme indépendant du monde, en le plaçant dans une relation directe et personnelle avec Dieu.

Du reste, ils ne voulaient pas la comprendre, car ils aimaient le monde et la gloire qu'ils pensaient y trouver; ils voulaient s'emparer du peu d'autorité qu'ils voyaient à leur portée et ne pouvaient prendre plaisir dans une doctrine qui, en atteignant la conscience devant Dieu, anéantissait complètement la gloire de l'homme.

C'est ce que le Seigneur leur disait à Jérusalem, lorsque, profitant du concours immense des Juifs dans cette ville lors de la fête des Tabernacles, Il monta au temple pour enseigner, en sorte que tous les docteurs de la nation eurent l'occasion de l'entendre.

Mais les Juifs, qui ne s'attachaient qu'aux choses extérieures, exprimèrent leur étonnement en disant:

«Comment celui-ci connaît-il les lettres, vu qu'il ne les a point apprises?

Jésus donc répondit et dit:

Ma doctrine n'est pas mienne, mais de Celui qui m'a envoyé. Si quelqu'un veut faire sa volonté, il connaîtra de la doctrine si elle est de Dieu, ou si moi je parle de par moi-même. Celui qui parle de par lui-même cherche sa propre gloire, mais celui qui cherche la gloire de celui qui l'a envoyé, celui-là est vrai, et il n'y a point d'injustice en lui. Moïse ne vous a-t-il pas donné la loi? Et nul de vous n'observe la loi.

Pourquoi cherchez-vous à me faire mourir?» (Jean VII, 14-19.)


Voilà le secret, à la fois, de la puissance de la doctrine du Seigneur et de l'opposition que les hommes lui faisaient sans relâche.

Celui que Dieu avait envoyé parlait toujours les paroles de Dieu (Jean III, 34).

Jésus ne cherchait pas non plus sa propre gloire. Sa doctrine, sa mission, son service étaient d'en haut; et parce que DIEU PARLAIT EN LUI ET PAR LUI, sa parole était une parole de grâce, car «Dieu est amour» (1 Jean IV, 8, 16).

Mais c'est pour cela aussi que l'homme naturel ne pouvait pas la supporter, quoique forcé de plier sa volonté rebelle devant une autorité dont il ne pouvait se défaire.

Il y avait cependant des hommes qui avaient des besoins, des pécheurs que leur conscience accusait devant Dieu, et qui étaient attirés par une doctrine qui présentait, de la part de Dieu, la grâce et non le jugement qu'ils sentaient bien mériter. «La foule se jetait sur Jésus pour entendre LA PAROLE DE DIEU» (Luc V, 1).

Faisons attention à cette expression remarquable.

Il n'est pas dit «la parole de Jésus», bien que ce fût certainement la sienne aussi, comme nous le voyons dans Jean V, 24.

Mais Jésus faisait sentir à tous que c'était la parole de Dieu qu'il prêchait, et cela plaçait les âmes devant Dieu, lorsqu'elles l'entendaient parler. Il était venu dans le monde pour retirer les pécheurs du monde et les amener à Dieu, en les groupant autour de sa personne, comme celui que DIEU avait envoyé.

Toutefois, ce n'était nullement pour se faire un nom à Lui indépendamment de Dieu. Bien au contraire, II ne cherchait jamais sa propre gloire. «Sa renommée se répandait de plus en plus;» il ne pouvait en être autrement; «de grandes foules s'assemblèrent pour l'entendre et pour être guéries de leurs infirmités; mais luise tenait retiré clans les déserts et PRIAIT» (Luc V, 15, 16).

Nous le trouvons donc encore comme l'Homme solitaire, — solitaire moralement par la doctrine qu'il avait reçue de Dieu et que les hommes ne comprenaient pas, car c'était toujours la lumière luisant dans les ténèbres, selon l'expression de Jean I, 5; et puis, solitaire de fait, retiré loin des hommes dans les déserts, seul avec Dieu et dépendant de Lui.

Et c'est de cette manière que sa vie se passait: le Saint-Esprit, dans les Évangiles, a soulevé le voile qui la cachait, afin que nous fussions éclairés de cette lumière céleste. Et pourtant, quant à l'extérieur, quelle simplicité! Comme tout est naturel, sans effort aucun!

Les occasions pour servir se trouvent sur son chemin, toutes préparées d'avance, pour ainsi dire, ainsi que cela est exprimé, du reste, à l'égard du chrétien, pour qui Jésus a été, en toutes choses, le modèle parfait (voyez Éphésiens II, 10).

– Il chasse le démon de celui qui en était possédé,

– II guérit la belle-mère de Simon lorsqu'il entre dans sa maison,

– Il délivre de leurs maladies tous les infirmes qu'on Lui amène,

– Il fait trouver des poissons aux pêcheurs affamés et les appelle ensuite à le suivre,

– Il guérit le lépreux qui se jette devant Lui et le paralytique qu'on descend par le toit;

mais Il fait tout cela d'une manière si humaine, si humble, que la gloire de l'œuvre s'efface presque devant la tendresse et la simplicité avec lesquelles elle est accomplie.

Il ne veut pas recevoir de témoignage d'un démon, et Il tance l'esprit immonde.

Il se trouve en présence de l'ennemi, Satan, qui dominait sur les hommes, et Il veut détruire son autorité et piller ses biens; mais Il fait voir, sans aucun effort cependant, les tendres compassions qui remplissaient son cœur en faveur de l'homme.

S'il tance la fièvre, c'est «en se penchant» sur la pauvre malade.

S'il guérit les infirmes, c'est «en imposant les mains à chacun d'eux».

Chacun devait comprendre la place qui lui était ouverte individuellement dans le cœur de Christ. Il entre dans l'une des nacelles des pêcheurs pour pouvoir parler plus commodément aux foules, ensuite II s'identifie à leur œuvre et leur fait voir qu'avec Lui ils peuvent trouver des poissons, mais que, pour Lui, ils pourront aussi tout quitter.

Il touche le lépreux en disant: Je veux, sois net; tout autre aurait été souillé par ce contact avec un homme impur, mais le toucher de Jésus chasse l'impureté, en faisant voir sa bonne volonté pour guérir aussi bien que sa puissance.

Mais Il voulait que le témoignage rendu au sacrificateur fût selon la loi de Moïse, afin que Dieu fût glorifié par le moyen de sa parole écrite.

Il ne se tient pas à distance des pécheurs, II s'en fait l'ami, tout en atteignant leur conscience, les amenant dans la présence de Dieu et leur faisant comprendre que la bonté de Dieu pousse à'la repentance.

C'est pourquoi aussi, dans le cas du paralytique, II fait voir à l'auditoire nombreux qui l'entourait que LA MALADIE DU CORPS ÉTAIT DE PEU D'IMPORTANCE À CÔTÉ DE LA MALADIE DE L'ÂME, mais II leur prouve son pouvoir de porter remède à celle-ci en guérissant le corps en même temps.

C'est de cette manière seule qu'ils devaient comprendre le caractère de la puissance de Jéhovah, le Dieu d'Israël, «qui était là pour les guérir» (chap. V, 17).

Les hommes pouvaient se rendre compte de ce qu'ils voyaient, mais Dieu regardait plus bas que la surface, II n'avait pas en vue le corps seulement, mais l'âme.

Les hommes, hélas! ont d'autres pensées.

Pour eux, si le corps est en bon état, peu importe ce qui concerne l'âme; ils ne s'en occupent guère. Aussi ceux qui sortaient de cette réunion remarquable étaient-ils forcés d'avouer: «Nous avons vu aujourd'hui des choses étranges.»

Étranges, en effet, pour ceux qui ne connaissaient pas Dieu.

Mais lorsque le cœur est touché par sa grâce et que le sentiment du besoin est éveillé dans l'âme d'un pécheur, combien tout acte de Jésus est à sa place, — digne de Dieu et propre à attirer le pécheur craintif et à le placer dans la présence de son Sauveur, pour apprendre de sa bouche les merveilles du salut qui lui est gratuitement accordé!

La puissance divine de Jésus brille dans la perfection de son humanité, et cependant tout ce qui conduirait la créature à se glorifier dans l'homme est complètement anéanti et tenu à distance, afin que l'œuvre de Dieu et sa parole restent seules devant la pensée des assistants.

Le résultat en était, comme nous le voyons (vers, 25, 26), que non seulement celui qui fut guéri s'en alla dans sa maison glorifiant Dieu, mais encore que tous les spectateurs, saisis d'étonnement, ne pouvaient que le glorifier aussi. C'est ce que Jésus voulait!

Il était venu pour faire connaître Dieu, et Il venait de montrer que sa puissance pour guérir était celle du Dieu qui pardonne les péchés. Toute la gloire en revenait à Dieu seul.

Quelles merveilles de grâce!

C'était si différent de tout ce que le monde avait connu jusqu'alors. Comme le peuple le disait, c'était une «doctrine nouvelle» qui ne pouvait nullement s'adapter aux vieilles habitudes du pharisaïsme ou d'une religion terrestre.

Jésus était du ciel; tout ce qu'il faisait, tout ce qu'il disait le montrait, comme le soleil qui brille en plein midi.

Mais Il agissait sans éclat, sans bruit, sans chercher une recommandation quelconque auprès des hommes. Il appelle un Lévi, publicain méprisé, et mange avec les publicains et les pécheurs, et il explique sa conduite en disant:

«Ceux qui sont en santé n'ont pas besoin de médecin, mais ceux qui se portent mal: je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs à la repentance» (vers. 31, 32)

Rien de plus simple, mais rien de plus sublime! Mais sa doctrine se trouvait en opposition complète avec celle des scribes et des pharisiens.

Ceux-ci recherchaient la justice et la sainteté EXTÉRIEURES, qui ne sont d'aucune valeur devant Dieu. Comment pouvaient-ils supporter la lumière divine que Jésus faisait resplendir autour de Lui?

Les pharisiens ne mangeaient pas avec des pécheurs et jeûnaient souvent; ils faisaient aussi des prières en public pour être vus des hommes, mais C'ÉTAIENT DES PRIÈRES QUE DIEU N'ENTENDAIT PAS; ils trouvaient à redire à tout ce que Jésus faisait et cherchaient à lui ôter la vie.

Jésus était venu pour amener des pécheurs à Dieu, et ses disciples, remplis par Lui d'une joie céleste, se trouvaient placés par la grâce au-dessus des observances légales dont les pharisiens étaient esclaves.

Tandis qu'il était avec eux, ils ne pouvaient jeûner, ils jouissaient de la grâce qui était au-dessus du sabbat même, et qui pouvait leur donner à manger ou guérir une main sèche le jour du sabbat; car leur Maître, le Fils de l'homme, était le Seigneur aussi du sabbat.

Auprès de Lui aussi ils avaient l'occasion d'apprendre ce que c'était que la prière réelle dans la communion de Dieu; car, avant de choisir ses apôtres, «II s'en alla sur une montagne pour prier, et II passa toute la nuit à prier Dieu». Là, dans la solitude, Il trouvait sa joie et la force qui le rendait moralement seul au milieu des hommes.

En effet, cette nouvelle doctrine ne pouvait aller avec l'ancienne. Le vin nouveau doit être mis dans des outres neuves, et si quelqu'un pense prendre un morceau d'un habit neuf pour raccommoder le vieux vêtement, il se privera de la jouissance et de l'un et de l'autre. «II déchire le neuf, et la pièce prise du neuf ne s'accordera pas avec le vieux.»

Hélas! faut-il dire aussi le triste fait pour ce qui regarde l'homme?

Il méprise la grâce de Dieu, il préfère le vieux vêtement de sa propre justice à tout ce que Jésus peut lui offrir, et lorsqu'on lui parle du vin nouveau, de la joie céleste que Christ apporte, il dit que «le vieux est meilleur»! (Voyez vers. 36-39.)

Jésus ne se borna pas à présenter une doctrine.

Il était personnellement l'expression de tout ce qu'il disait. Qui peut dire tout ce qui s'est passé entre Lui et son Père dans cette nuit de prière sur la montagne?

Tel II a été comme homme ici-bas, toujours parfait, toujours dépendant, l'Homme réellement solitaire, et COMME TEL II EST NOTRE MODÈLE.


 

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