Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L'HOMME SOLITAIRE

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«Hénoc marcha avec Dieu» (Genèse V, 24). Tel est le témoignage court et frappant rendu à cet homme de Dieu, «qui ne fut plus trouvé parce que Dieu l'avait enlevé».

Il a eu l'honneur et le privilège d'entrer dans la présence de Dieu SANS PASSER PAR LA MORT. Ce ne fut pas non plus pendant peu de jours qu'il poursuivit seul avec Dieu le chemin de la foi: «II marcha avec Dieu trois cents ans», est-il dit, exemple précieux pour le croyant de tous les âges, exemple qui porte avec soi l'encouragement que donne au fidèle la satisfaction de son Dieu, qui exprima son bon plaisir à l'égard d'Hénoc en l'enlevant vivant de la terre. «II a reçu le témoignage d'avoir plu à Dieu


En rapport avec cette vie remarquable, l'Esprit-Saint ajoute: «Or, sans la foi, il est impossible de lui plaire» (Hébreux XI, 5, 6).

La foi est une chose PERSONNELLE et INDIVIDUELLE; par elle, les rapports de l'âme avec Dieu sont maintenus: par conséquent, la marche qui en résulte est moralement une marche solitaire, comme cela a été le cas pour Hénoc.

De là aussi la puissance morale qui distinguait cet homme de Dieu dans un temps où Adam, Seth, Énosh et tous les patriarches vivaient encore, et qui le fortifiait en esprit pour qu'il fût capable de rendre son témoignage contre l'iniquité du monde, en prophétisant touchant la venue du Seigneur pour exécuter le jugement (Jude 14, 15).

Hénoc marchait avec Dieu, et Dieu pouvait lui communiquer ses pensées: il a été ainsi un précieux type du Seigneur Jésus, en qui la marche de la foi a été pleinement consommée et mise en évidence jusque dans les moindres détails.

Or, le Seigneur Jésus-Christ «nous a laissé un modèle afin que nous suivions ses traces» (1 Pierre II, 21); II pouvait dire, en parlant de son Père: «Celui qui m'a envoyé est avec moi; il ne m'a pas laissé seul, parce que moi je fais toujours les choses qui lui plaisent» (Jean VIII, 29).


En montrant Jésus poursuivant son chemin solitaire, l'Esprit de Dieu nous découvre les sources cachées de force, de fermeté, de douceur et de joie dans la communion de Dieu, sources auxquelles le chrétien doit aussi puiser afin de traverser le monde d'une manière digne de Celui qui nous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière.

Celui qui marche seul avec Dieu est non seulement délivré de la crainte des hommes, mais il se trouve aussi à l'abri de la malédiction qui se rattache à celui qui se confie en l'homme (comparez Jérémie XVII, 5-9 avec Psaume LVI et Ésaïe LI, 7, 8).

C'est l'Évangile de Luc qui nous fait voir le Seigneur comme Fils de l'homme, l'Homme parfait qui marchait au milieu des hommes pécheurs en rendant témoignage de la bonté de Dieu et de ses perfections, par le moyen de tout ce qu'il faisait et de tout ce qu'il disait.

Déjà, à l'âge de douze ans, on le trouve dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant, en sorte que tous ceux qui l'entendaient s'étonnaient de son intelligence et de ses réponses; et, malgré cela, Il ne sort pas de la position qui convenait à son âge, «étant soumis à ses parents», quoiqu'il pût leur dire: «Pourquoi me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas qu'il me faut être aux affaires de mon Père?» Son chemin fut ainsi de bonne heure solitaire pour ce qui regarde les hommes et la terre: Il marchait avec Dieu.

Sa mère même ne comprenait pas ce qu'il lui disait, mais elle «conservait toutes ces paroles dans son cœur».

Jésus ne prenait pas conseil auprès des hommes, Il ne cherchait pas une direction humaine ou des secours charnels; sa force venait d'en haut; Il était aux affaires de son Père, soit en écoutant et interrogeant les docteurs, soit en étant soumis à ses parents (Luc II, 41-52).

Il marchait devant Dieu et avec Dieu, et rendait témoignage pour Dieu dans ce monde, dans tous les détails de la vie journalière.

Faut-il donc s'étonner de le trouver réellement seul lorsque, avant de commencer son ministère public, II se rend auprès de Jean au milieu des foules qui allaient pour se faire baptiser dans le Jourdain? Lui seul prie (Les autres confessaient leurs péchés), et le ciel s'ouvre! L'Esprit-Saint descend sur Lui sous une forme corporelle, comme une colombe, et la voix qui vient du ciel s'adresse à Lui directement et personnellement.

Nous ne trouvons pas ici, comme dans Matthieu, un témoignage rendu touchant sa personne, analogue à ce qui est écrit dans l'Évangile de Jean; dans Luc, comme dans Marc, le récit inspiré porte un autre cachet, nous faisant assister à un entretien personnel du Père avec le Fils: «Tu ES mon Fils bien-aimé; EN TOI j'ai trouvé mon plaisir» (Luc III, 21-22).

Nous voyons ici Jésus seul au milieu des hommes, seul avec Dieu.

Que c'est merveilleux! et comme exemple et encouragement pour nous, combien cela est précieux! Qui peut décrire les rapports intimes de l'âme avec Dieu, cachés sous la simple expression de cette prière et de cette réponse divine.

L'HOMME est là dans sa dépendance complète, soumis à tout ce que Dieu avait alors ordonné pour les âmes pieuses qui écoutaient sa parole, ne cherchant nullement à revendiquer son origine divine pour s'épargner l'humiliation de se mettre au rang des pécheurs.

Il suit avec persistance, coûte que coûte, le chemin de la foi, reconnaissant avec joie le service de Jean, et montrant à tous qu'il estimait que Jean avait été envoyé de Dieu pour rendre son témoignage au milieu du peuple d'Israël; puis, pour être justifié, il se remet entre les mains de Celui qui juge justement.

Sa prière montre sa dépendance de Dieu et le caractérise dans le chemin de la foi où II marchait toujours, Lui qui était parfait en toutes choses, parfait comme homme, parfait en même temps comme Fils de Dieu. Aussi la voix de Dieu révèle qui II était, comme cela se voit dans l'Évangile de Matthieu, faisant ressortir que, s'il prenait place avec les pécheurs, toutefois ce n'était pas comme pécheur, mais dans la plénitude de sa grâce, et, selon les pensées de Dieu, «accomplissant toute justice».

Mais ici, en Luc, nous voyons un côté de ce témoignage divin, plus précieux même que l'autre; nous y trouvons ce qui est personnel, intime dans les rapports de l'âme avec Dieu, exprimé dans ces paroles si saisissantes pour le cœur: «TU ES... EN TOI...» On y voit la satisfaction, la joie divine que recherche l'âme qui marche seule avec Dieu.

Or, le Seigneur Jésus donne une telle satisfaction pour le cœur à tous ceux qui s'attachent à faire sa volonté, leur disant, maintenant: «Je connais tes œuvres», et se réservant de leur dire, lorsque leur service sera fini: «Bien, bon et fidèle esclave; tu as été fidèle en peu de chose..., entre dans la joie de ton maître» (Apocalypse III, 8; Matthieu XXV, 21,23).


Celui qui marche avec Dieu ne peut se contenter d'un témoignage rendu au sujet de Dieu; il lui faut absolument avec Dieu les rapports directs qui n'existent que par sa parole et par la prière, rapports qui, dans le cas du chrétien, résultent de la relation de «fils» connue et goûtée, et de la certitude de la faveur divine dans laquelle la grâce l'a placé. «II nous a élus en Christ..., nous ayant prédestinés pour nous adopter pour Lui par Jésus-Christ, selon le bon plaisir de sa volonté, à la louange de la gloire de sa grâce dans laquelle II nous a rendus agréables dans le Bien-Aimé» (Éphésiens I, 3-14).

Dans le passage de l'Évangile de Luc, c'est ce qu'exprime la voix venant du ciel. C'est la position chrétienne, dont le Seigneur fournit Lui-même personnellement l'exemple, car II nous place avec Lui dans la relation où II est comme homme avec Dieu, et comme Fils avec le Père (Jean XX, 17). Puis, ce qui est exprimé n'est pas seulement présenté comme une vérité incontestable, mais est adressé directement à Jésus, nous faisant ainsi comprendre le genre d'intimité que Dieu veut maintenir avec Lui dans nos âmes par la foi, Jésus est réellement solitaire, tout en vivant au milieu des hommes et en accomplissant parmi eux le service de la grâce souveraine de Dieu.

Le chapitre IV de ce même Évangile révèle un autre secret de cette marche divine, savoir, l'action directe de l'Esprit de Dieu. On voit, dans le chapitre II du Lévitique, un type précieux qui jette une lumière divine sur ce chapitre: c'est ce qui se rapporte à l'offrande de gâteau fait de fine farine sans levain, et d'huile.

La fleur de farine sans levain représente l'humanité sans tache du Seigneur Jésus;

l'huile représente l'onction du Saint-Esprit.


Deux idées principales sont placées devant nous:

d'abord, la fleur de farine est pétrie avec l'huile, en sorte que l'huile pénètre le gâteau de toutes parts;

ensuite, les gâteaux étaient oints d'huile ou bien cuits dans l'huile.


Chaque détail a sa valeur; mais nous nous bornons à considérer les deux points de vue qui sont en saillie. Jésus était «plein de l'Esprit-Saint», est-il dit.

Pas un mouvement de l'âme, pas une émotion, pas un sentiment, pas une volonté qui ne fût l'effet direct et immédiat du Saint-Esprit de Dieu.

Chez le chrétien il y a souvent lutte, quand même il y a un désir sincère de plaire à Dieu, et les mouvements naturels du cœur ou de la volonté ont besoin d'être réprimés par l'énergie de l'Esprit; mais Jésus était venu pour faire la volonté de son Père; le mobile de son cœur était le Saint-Esprit, il n'y avait chez Lui aucune volonté contraire, aucune lutte. Comme dans le gâteau pétri à l'huile, il n'y avait aucune partie que l'huile n'eût pas atteinte.

C'est l'expression employée dans le Psaume XCII, vers. 10: «Mon onction (ici, dans l'original, le même mot que «pétrie») sera d'une huile toute fraîche.»

En outre, il y avait aussi la direction de l'Esprit, comme il est dit: «II fut mené par l'Esprit dans le désert», et, plus loin: «Jésus s'en retourna en Galilée dans la puissance de l'Esprit» (Luc IV, 1, 14).


Soumis en toutes choses à la volonté de Dieu, ne vivant que pour la faire, n'ayant pas d'autre pensée, d'autre désir, le Seigneur montrait, dans tout ce qu'il faisait, quelle était la pensée de Dieu pour l'homme, ce qu'enfin l'homme de Dieu doit être.

La puissance de son témoignage, ainsi que la joie de son âme et toute direction quant aux détails de son chemin, venaient directement d'en haut.

Soit pour avoir faim, n'ayant rien mangé pendant quarante jours,

soit pour être tenté par Satan et pour lui résister,

soit encore pour accomplir son service et enseigner dans les synagogues,


l'Esprit de Dieu était sa force et le conduisait.


Puisse le mystère de son humanité pénétrer nos cœurs, afin que, par la puissance du même Esprit, nous puissions le suivre et connaître en pratique son chemin!

C'est comme homme, simple, confiant, dépendant, vivant de la parole divine, que Jésus résiste à toutes les tentations de Satan: «II est écrit que l'homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole de Dieu.»

Jésus avait pris cette place en grâce et dans une humilité parfaite, et Il la garde; rien ne peut l'en faire sortir, et le diable, ayant accompli toute tentation, se retire de Lui pour un temps.

Quel exemple parfait pour nous, que celui de Jésus! Afin que nous marchions sur ses traces, nous avons la même parole pour être notre vie, et le même Saint-Esprit que Dieu donne à tous ceux qui lui obéissent.

Une autre chose qui l'a caractérisé dans son chemin solitaire, c'est qu'il ne cherchait jamais sa propre gloire ni la gloire qui vient des hommes (Jean V, 41, 44; VIII, 50); Il était content de marcher seul sous le regard de Dieu, accomplissant la volonté de Celui qui l'avait envoyé (Jean V, 30).

Lorsqu'il se leva pour lire dans la synagogue, à Nazareth, que de passages qui parlaient de sa gloire comme Messie n'aurait-Il pas pu trouver dans le livre du prophète Ésaïe? Mais II trouva le passage où il était écrit: «L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a oint pour annoncer de bonnes nouvelles aux pauvres; il m'a envoyé pour publier aux captifs la délivrance et aux aveugles le recouvrement de la vue; pour mettre en liberté ceux qui sont foulés, et pour publier l'an agréable du Seigneur» (Ésaïe LXI, 1-2; Luc IV, 16-21). C'était assez! Il ferma le livre.

Il était venu pour prendre la place de serviteur, pour révéler la grâce de Dieu dans ce pauvre monde ténébreux, et II cherchait le témoignage divin dans la parole écrite pour pouvoir dire aux assistants: «Aujourd'hui cette Écriture est accomplie, vous l'entendant.»

L'effet de ses paroles de grâce sur ces cœurs légaux, formalistes, attachés à la lettre de la loi, et endurcis, fut qu'étant «tous remplis de colère, ils le chassèrent hors de la ville et le menèrent jusqu'au bord escarpé de la montagne sur laquelle leur ville était bâtie, de manière à l'en précipiter; mais lui, passant au milieu d'eux, s'en alla.»

Et Jésus poursuivit alors son chemin solitaire ailleurs, prêchant la grâce avec des paroles d'autorité, car sa puissance était d'en haut. Il avait sa mission à accomplir pour Dieu, et la grâce qu'il annonçait devait trouver, malgré eux, le cœur des pécheurs incrédules. Mais, pour cela, Jésus Lui-même devait aller à la croix; et lorsque le moment en fut venu, «Il dressa sa face résolument pour aller à Jérusalem» (Luc IX, 51).

Rien ne pouvait le détourner de l'accomplissement de toute la volonté de Dieu qu'il était venu faire.

Quel bonheur en résulte pour celui qui connaît Jésus maintenant, et qui peut dire avec l'Apôtre:

«Je suis crucifié avec Christ, et je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi;

et ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi,


LA FOI AU FILS DE DIEU QUI M'A AIMÉ

ET QUI S'EST LIVRÉ LUI-MÊME POUR MOI»

(Galates II, 20)!


 

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