Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LE MODÈLE DE LA SAINTETÉ

***

En considérant le Seigneur Jésus-Christ comme l'objet que Dieu a placé devant le croyant pour occuper son cœur et former ses affections, on se trouve en présence de deux aspects de sa personne glorieuse;

1. le premier, ce qu'il a été ici-bas, envoyé par le Père dans ce monde;

2. l'autre, ce qu'il est actuellement dans la gloire, assis à la droite de la Majesté dans les hauts lieux.

Ces deux choses sont présentées ensemble dans le passage remarquable qui résume, pour ce qui regarde la pratique, l'enseignement de l'Épître aux Hébreux:

«C'est pourquoi, nous aussi, ayant une si grande nuée de témoins qui nous entoure, rejetant tout fardeau et le péché qui nous enveloppe si aisément, courons avec patience la course qui est devant nous, FIXANT LES YEUX SUR JÉSUS, le chef et le consommateur de la foi, lequel, à cause de la joie qui était devant Lui, a enduré la croix, ayant méprisé la honte, et est assis à la droite du trône de Dieu.

Car considérez celui qui a enduré une telle contradiction de la part des pécheurs contre lui-même, afin que vous ne soyez pas las, étant découragés dans vos âmes» (Hébreux XII, 1-3).

Combien nos cœurs sont lents à réaliser que Jésus a été le modèle que nous sommes appelés à suivre jusque dans les moindres détails!

Dieu ne veut pas que nous ayons d'autre pensée, quant à la marche, que celle-ci:

«Celui qui dit demeurer en Lui, doit lui-même aussi marcher comme lui a marché» (1 Jean II, 6).

Il n'est pas dit: «doit être comme lui a été», car cela est évidemment impossible. Il était absolument sans péché, et nous avons le péché en nous; seulement Dieu nous a donné le Saint-Esprit pour que le péché, qui existe en nous, ne se manifeste pas, ne se fasse pas sentir à ceux qui nous entourent et n'agisse pas même au dedans de nos cœurs.

Nous devrions être saints et de corps et d'esprit (l Corinthiens VI, 19, 20; 2 Corinthiens VII, 1).

Voilà, certes, une mesure bien élevée! Mais Dieu n'en connaît pas d'autre, et II veut que nos cœurs la saisissent telle quelle. Puis Il nous a donné tout ce qu'il faut pour qu'une telle marche se réalise.

Il envoie le Saint-Esprit, «l'Esprit de son Fils», dans le cœur de ses enfants; et Jésus est leur grand sacrificateur pour sympathiser avec eux et les secourir pendant toute la traversée de ce monde, où il y a toujours à lutter.

Plus nous saisissons le caractère de la marche que nous avons à suivre, plus nous sentirons le besoin d'avoir les yeux fixés sur la personne du Seigneur Jésus dans la gloire, où II nous attend, où II a déjà préparé une place pour nous dans la maison du Père. C'est de cette manière, en effet, que l'Esprit nous rend moralement conformes au Seigneur, remplissant nos cœurs d'une espérance divine, nous changeant dans son image pour que sa marche se reproduise dans ceux qui le suivent.

Le Saint-Esprit nous assure que, comme Christ est, ainsi nous sommes, nous aussi, dans ce monde (1 Jean IV, 17).

Jésus est actuellement l'expression personnelle des pensées de Dieu en faveur de ceux qui croient; et cela, à tel point qu'il est écrit que, lorsqu'il sera manifesté, nous lui serons semblables, car nous le verrons comme Il est (1 Jean III, 2).

Sa présence, comme Homme, dans la maison du Père, nous y a de fait ouvert une place, en sorte que le croyant peut dire qu'il possède déjà une place dans la gloire où Christ est assis. Il voit dans la personne de Jésus le type et LE MODÈLE DE LA FAMILLE CÉLESTE, car la pensée de Dieu est d'amener beaucoup de fils à la gloire; et, lorsque le Sauveur reviendra, Il changera nos pauvres corps dans la ressemblance de son corps glorieux (Hébreux II, 10; Philippiens III, 20, 21).

Or le Saint-Esprit entretient le croyant de la personne de Jésus glorifié, et le forme d'après ce modèle céleste, en sorte que toute la question, quant à la marche, se pose ainsi:

Si j'ai une place préparée dans la gloire de la maison du Père, et si le Seigneur Jésus est là, comme homme, le modèle de la famille de Dieu, comment ai-je à marcher pendant que je suis dans ce monde?

Il ne peut y avoir qu'une seule réponse, — celle que nous avons déjà trouvée: «comme Lui a marché».

Il est à remarquer que le premier fait qui est raconté du Seigneur Jésus après qu'il eut, par le baptême, pris place au milieu des pécheurs repentants, est la manière dont II a résisté aux tentations de Satan. On y trouve un exemple parfait pour la marche chrétienne.

Il est écrit: «Alors Jésus fut emmené dans le désert par l'Esprit, pour être tenté par le diable»

Toujours parfaitement soumis à Dieu, et vivant de sa parole, les tentations de l'adversaire n'ont servi qu'à faire ressortir la perfection absolue qui était en Lui; et Il lui résiste, non pas en exerçant son autorité divine, mais comme homme obéissant et dépendant de Dieu.

C'est en cela que consiste l'exemple pour nous.

Jésus ne s'est pas servi d'autres armes que de celles de la parole de Dieu, c'est-à-dire du bouclier de la foi. Nous avons à résister à l'adversaire précisément de la même manière. TOUT CE DONT NOUS AVONS BESOIN SE TROUVE DÉJÀ DANS LA PAROLE ÉCRITE, mais pour pouvoir nous en servir, il faut être «conduits par l'Esprit», comme le Seigneur l'a été.

Il est même ajouté, dans le passage parallèle de l'Évangile de Luc, que Jésus fut «plein de l'Esprit Saint» (Luc IV, 1). Or, le chrétien est exhorté à l'être (Éphésiens V, 18); et d'après Romains VIII, 14, nous voyons que les enfants de Dieu sont moralement caractérisés par une soumission entière à la direction du Saint-Esprit.

Dans ces conditions seules la marche chrétienne est possible:

«Si nous vivons par l'Esprit, marchons aussi par l'Esprit»;

puis encore:

«Marchez par l'Esprit, et vous n'accomplirez point les convoitises de la chair» (Galates V, 16, 25).

En examinant de près les trois tentations dans l'ordre où elles se suivent dans le chapitre IV de Matthieu, nous verrons qu'elles ne peuvent se présenter qu'à celui qui se trouve déjà dans le chemin du parfait serviteur de Dieu, marchant dans l'obéissance et la dépendance.

L'ennemi ne peut pas l'empêcher d'entrer dans ce chemin-là; Jésus y est, Il y vit. L'effort de Satan a un autre but, c'est de l'en faire sortir.

Nous n'avons pas ici une lutte «contre la chair», comme celle dont il s'agit dans le chapitre V de l'Épître aux Galates. Non, tout est parfait en dedans, le cœur est en règle avec Dieu, et le tentateur n'a aucune prise. Il cherche toutefois à profiter des conditions de faiblesse et de souffrance dans lesquelles Jésus était entré en grâce, pour l'engager à manifester sa puissance en dehors de la dépendance de Dieu.

Mais Jésus ne cherchait pas sa propre gloire; Il était venu au nom de son Père pour révéler Dieu comme le Père, et mettre les hommes en relation avec Lui. Il disait à la femme samaritaine: «Les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité; car aussi le Père en cherche de tels qui l'adorent» (Jean IV, 23).

Quel spectacle pour Dieu et pour les anges, que de voir sur la terre quelqu'un qui ne cherchait jamais sa propre gloire! La malice de l'adversaire n'a fait que mettre en évidence la perfection qui était en Christ.


Suivons le récit inspiré:

«Ayant jeûné quarante jours et quarante nuits, après cela il eut faim. Et le tentateur, s'approchant de lui, dit: Si tu es le Fils de Dieu, commande, afin que ces pierres deviennent des pains. Mais il répondit et dit: II est écrit: L'homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.»

Qu'il est beau de voir comme le Seigneur Jésus garde sa place! Quelle grâce infinie!

Il ne veut rien faire pour obtenir ce qui était nécessaire à son corps.

Il attend que Dieu le lui donne;

Il ne veut pas exercer son pouvoir divin pour satisfaire à ses besoins;

Il garde la place d'un homme obéissant, citant le passage qui montre en quoi consiste la vie de l'homme sur la terre.

Nous sommes portés à nous préoccuper des circonstances, leur donnant toute notre attention; Jésus pensait à Dieu et aux relations que l'homme doit maintenir avec Dieu, coûte que coûte.

Alors les circonstances s'arrangent d'elles-mêmes, car tout est entre les mains d'un Dieu fidèle. Jean avait dit que Dieu pouvait «de ces pierres susciter des enfants à Abraham».

Le Fils de Dieu, pour qui et par qui toutes choses avaient été faites, ne pensait pas à Lui-même. Il cherchait la gloire de Celui qui l'avait envoyé, et, citant la parole écrite, II s'en tient là, gardant fidèlement la place que Dieu avait donnée à l'homme.

Jésus avait créé les pierres et créé l'homme, mais Il ne veut pas changer les pierres en pain pour satisfaire sa faim. Combien cette manière d'agir nous juge dans les pensées intimes de notre cœur! Jésus a montré comment l'homme conduit par l'Esprit doit résister à Satan;


II A FAIT VOIR QUE LA PAROLE ÉCRITE SUFFIT À TOUT.


«Alors le diable le transporte dans la sainte ville et le place sur le faîte du temple, et lui dit: Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas, car il est écrit: II donnera des ordres à ses anges à ton sujet, et ils te porteront sur leurs mains, de peur que tu ne heurtes ton pied contre une pierre. Jésus lui dit: II est encore écrit: Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu.»

(L'ennemi cite la parole partiellement, et par conséquent à faux, laissant de côté les mots qui donnent à tout le passage une portée morale. Plus on considère le Psaume XCI, d'où le passage est tiré, plus on voit que la promesse d'être gardé par le soin des anges est accordée à celui qui met toute sa confiance en Dieu, et qui reste fermement dans la position d'où Satan voulait faire sortir le Seigneur. Voilà un emploi véritablement satanique de la parole divine.)

C'eût été un moyen court et facile pour montrer sa puissance divine, et de manière aussi à s'attirer les regards étonnés des hommes, que d'écouter la suggestion de l'ennemi, appuyée sur ce qui était écrit, — car le diable sait citer la parole. Mais l'homme dépendant de Dieu ne raisonne pas.

Jésus n'entre dans aucune explication, aucune discussion; II a une autre parole écrite qui ôte toute difficulté et trace nettement le chemin de l'homme: «Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu.»

En vain Satan cherchait à s'appuyer sur la gloire divine de Jésus, tout en mettant cette gloire en question avec sa ruse diabolique: «Si tu es FILS DE DIEU». Jésus répond comme un homme qui se dirigeait en toutes choses d'après la parole écrite et qui ne pouvait faire un mouvement sans un ordre exprès de la part de Dieu. Quelle perfection et quel exemple en même temps pour chacun de nous!

Ayant achevé ces deux tentations qui servent à mettre en évidence l'obéissance parfaite du Seigneur Jésus et sa dépendance de Dieu, le diable met de côté ses ruses et se montre ouvertement comme Satan. Alors Jésus le chasse en citant une troisième parole.

«Le diable le transporte encore sur «ne fort haute montagne, et lui montre tous les royaumes du monde et leur gloire, et lui dit: Je te donnerai toutes ces choses, si, te prosternant, tu me rends hommage. Alors Jésus lui dit: Va arrière de moi, Satan, car il est écrit: Tu rendras hommage au Seigneur ton Dieu, et tu le serviras lui seul. Alors le diable le laisse, et voici, des anges s'approchèrent et le servirent.»

Rendre à la créature l'hommage qui appartient à Dieu seul ne peut trouver aucune réponse dans le cœur de Jésus.

En le proposant, Satan se manifeste lui-même, aussi Jésus le chasse-t-Il immédiatement, gardant toujours la place d'un homme obéissant.

Il ne s'arrête pas à discuter avec Satan le droit ou l'autorité que celui-ci s'attribuait;

Il ne réclame pas, comme Il aurait pu le faire, le privilège de recevoir l'hommage de tous.

Il se contente de maintenir la position de l'homme soumis à la parole écrite, lequel vit de tout ce qui sort de la bouche du Dieu vivant.

C'est ainsi que Jésus renvoie Satan; c'est ainsi que celui qui marche sur les traces de Jésus doit aussi agir, et il éprouvera assurément le même résultat, comme il est écrit: «Résistez au diable et il s'enfuira de vous» (Jacques IV, 7; 1 Pierre V, 8, 9).

Le diable laisse Jésus et les anges le servent.

Nous n'entrons pas maintenant dans la considération de l'état moral de ce monde et de tout ce qui y occupe les pensées et la volonté des hommes, comme nous le dévoile cette dernière tentation. Il suffit pour nous de voir que Satan se déclare tel, lorsqu'il montre les royaumes de ce monde et leur gloire, et qu'il les présente à Jésus comme une chose à rechercher.

Jésus lui résiste, en lui opposant la parole écrite, se dirigeant Lui-même d'après cette parole, et ne cherchant que la gloire de Dieu seul. Il se place toujours comme homme devant Dieu, mettant l'Éternel devant sa face, selon l'expression du Psaume XVI.

Puisse la gloire morale du Seigneur Jésus, dans l'humilité de son abaissement, lorsqu'il prit part à notre humanité (Hébreux II, 14), briller dans nos cœurs, afin que nous reproduisions dans ce monde la marche chrétienne dont II a présenté le modèle parfait!

Le cœur naturel cherche le mouvement, l'éclat et la réussite de ses entreprises; mais celui qui vit de la parole dit simplement au Seigneur: «Que veux-tu que je fasse?» ayant appris que «l'obéissance vaut mieux que le sacrifice, et que se rendre attentif vaut mieux que la graisse des moutons» (1 Samuel XV, 22).

Les efforts de l'ennemi seront dirigés constamment contre un tel homme pour le faire sortir de ce chemin divin; mais le moyen d'y rester se trouve dans la parole écrite, et la force morale et la droiture du cœur, nécessaires pour s'en servir, se trouvent en Christ, duquel l'Esprit entretient continuellement l'enfant de Dieu. Car il faut se nourrir de ce pain céleste, comme nous lisons dans le chapitre VI de Jean.

Plus on saisit le vrai caractère de l'obéissance sans réserve qui était celle de Christ, plus on comprendra combien la dépendance continuelle de Dieu est nécessaire pour pouvoir la rendre.

Les deux choses ont été parfaitement manifestées en Jésus. Et, en marchant sur ses traces ici-bas, nous avons l'assurance que nous allons auprès de Lui dans la gloire; car là où II est, II veut que nous soyons avec Lui. C'est ainsi que la sainteté pratique s'achève en nous, en attendant de le voir comme Il est et de Lui être complètement semblables.


* * *

En traversant un monde qui a crucifié le Seigneur Jésus, où le péché règne, et dont Satan est le chef, le chrétien est appelé à reproduire la sainteté de vie et de marche qui a caractérisé son Maître.

Dans ces conditions il est évident que sa piété consistera, dans une grande mesure, à résister à l'adversaire ou à combattre contre le mal, selon l'exemple parfait que nous avons dans le Seigneur.

Mais nous aurions tort de limiter la sainteté à cette lutte; ce n'en est que le côté négatif, tandis qu'il y a, avant tout et surtout, le déploiement constant d'une activité de vie dans la communion de Dieu. De cette vie, le Saint-Esprit est la force, et le Seigneur Jésus l'expression. (Voyez Romains VIII, 1-10.)

Les Évangiles, et plus particulièrement ceux de Marc et de Luc, nous font voir ce que Jésus a été comme homme dans ce monde:

1. le premier au point de vue de son service,

2. le second d'une manière plus générale.

Mais, soit que nous considérions le serviteur de Dieu dans l'Évangile de Marc, soit que nous suivions les traces du Fils de l'homme dans l'Évangile de Luc, partout nous voyons:

le même dévouement,

le même amour,

la même séparation de tout mal,

la même recherche de la gloire de Dieu.

C'est «Celui qui est descendu du ciel, non pour faire sa volonté, mais la volonté de celui qui l'a envoyé» (Jean VI, 38).

Que de détails de cette marche céleste échappent à nos regards! Et, dans cette personne glorieuse, que de profondeurs qui dépassent la puissance de compréhension de la créature!

C'est ce qui en est écrit qui communique d'abord la vie, et qui ensuite entretient cette vie de Dieu dans l'âme, en renouvelant l'entendement, et transformant le croyant à l'image de Christ. Mais il faut être conduit par le Saint-Esprit pour avoir l'intelligence de ces choses.

Dieu a placé devant nous en Christ ce qui est divin, ce qui est parfait et éternel, pour former nos cœurs, mais:

«PERSONNE NE CONNAÎT LES CHOSES DE DIEU, SI CE N'EST L'ESPRIT DE DIEU. Or nous avons reçu, non l'esprit du monde, mais l'Esprit qui est de Dieu, afin que nous connaissions les choses qui nous ont été librement données par Dieu» (1 Corinthiens II, 11, 12).

Ainsi, sans l'enseignement et la puissance du Saint-Esprit nous ne pouvons rien comprendre de ces choses merveilleuses. Le Seigneur Jésus même rend grâces à son Père de ce qu'elles ont été cachées aux sages et aux intelligents, et révélées à de petits enfants (Luc X, 21).

Quel encouragement pour une âme simple qui a trouvé en Christ, son Sauveur, de savoir que l'œuvre de l'Esprit est de la transformer à l'image du Christ, en la nourrissant toujours de Lui!

Nous ne pouvons ici suivre dans tous les détails ce que les Évangiles nous disent du Seigneur Jésus. C'est pour celui qui aime le Seigneur une étude de toute la vie.

Nous nous bornerons à faire ressortir quelques points de cette marche sainte de Christ sur la terre, demandant au Seigneur de bénir sa parole pour tous nos lecteurs. Puissent-ils être encouragés à la sonder avec un zèle tout nouveau et une persévérance produite et alimentée par le Saint-Esprit, et sous sa divine direction.

L'Évangile de Marc est rempli de détails précieux qui concernent plus spécialement le service du Seigneur Jésus; pour le moment, nous parlerons seulement de ce qui est plus général et plus élémentaire, et que nous présente l'Esprit de Dieu dans l'Évangile de Luc.

Le premier trait qui doit nous frapper et qui se trouve particulièrement accentue dans cet Évangile, c'est que le Seigneur était un homme de prière.

Nous le voyons dans l'acte même par lequel Il entre dans son ministère public. Lorsqu'il fut baptisé par Jean au Jourdain, Il priait; le ciel s'ouvrit, et l'Esprit Saint descendit sur lui sous une forme corporelle comme une colombe (Luc III, 21, 22). La prière le caractérise toujours. Au milieu de toute l'activité de son service, «Il se tenait retiré dans les déserts et priait» (chap. V, 16).

Avant de choisir ses disciples, «II s'en alla sur une montagne pour prier; et II passa toute la nuit à prier Dieu» (chap. VI, 12). «II priait à l'écart» au moment où il déclare pleinement à ses disciples pour la première fois ce qui devait Lui arriver à Lui, le Fils de l'homme, dans ce monde (chap. IX, 18). «Environ huit jours après, II prit avec lui Pierre et Jean et Jacques, et monta sur une montagne pour prier: et comme II priait, l'apparence de son visage devint tout autre.» Il fut transfiguré devant eux, leur faisant voir «le royaume de Dieu» (chap. IX, 27-29).

«Comme il était en prière dans un certain lieu», après qu'il eut cessé, il répondit au désir de l'un de ses disciples en leur enseignant à prier (chap. XI, 1).

«II leur dit aussi une parabole pour montrer qu'ils devaient toujours prier et ne pas se lasser», leur faisant voir en même temps l'esprit dans lequel il convient de s'approcher de Dieu, vu que Dieu agit sur le principe de la grâce (chap. XVIII, 1-14).

Avant de souffrir, II répandait son âme devant son Père dans la prière, priant même une seconde fois «plus instamment», fortifié par un ange du ciel, alors que ses disciples, endormis de tristesse, se montraient incapables de répondre à l'exhortation qu'il leur avait adressée: «Priez que vous n'entriez pas en tentation.»

Enfin, sur la croix, II prie pour ceux qui l'avaient crucifié, et, au moment d'expirer, II remet son esprit entre les mains de son Père (chap. XXII, 39-46; XXIII, 34, 46).

Quelle vie que celle du Seigneur Jésus dans ce monde!

Et combien le récit inspiré fait ressortir la perfection de son humanité ainsi que les mobiles cachés de son dévouement et de son service continu pour la gloire de Dieu!

Puissions-nous le suivre ainsi dans le secret de nos cœurs, apprenant à nous réjouir toujours en Lui, à prier sans cesse, rendant grâces pour toutes choses (1 Thessaloniciens V, 16-18; Philippiens IV, 4-7).

Le court récit du baptême du Seigneur Jésus, donné dans l'Évangile de Marc, met en saillie deux grands faits:

d'abord que Jésus vit les cieux se fendre et l'Esprit descendre sur lui;

ensuite que la voix qui venait des cieux le reconnut pour le Fils bien-aimé.

C'était essentiel, et cela nous montre qu'il n'y a point de service agréable à Dieu ici-bas, s'il n'est le fruit de l'Esprit et de ses opérations, et s'il n'est basé sur la jouissance de la relation de fils auprès du Père.

Mais le sceau et l'action de l'Esprit caractérisent l'homme, et non pas seulement le serviteur. C'est ce que nous voyons d'une manière remarquable dans tout l'Évangile de Luc.

«Jésus, plein de l'Esprit Saint, s'en retourna du Jourdain et fut mené par l'Esprit dans le désert.» Plus loin: «Jésus s'en retourna en Galilée dans la puissance de l'Esprit», et lorsqu'il entra dans la synagogue à Nazareth, et qu'on Lui eut donné le livre, II trouva le passage où il était écrit: «L'Esprit du Seigneur est sur moi...» C'était «par l'Esprit Saint» qu'il donnait des ordres aux apôtres qu'il avait choisis, et, après sa résurrection, II leur défendit de sortir de Jérusalem pour accomplir la mission qu'il leur avait confiée, jusqu'à ce qu'ils eussent reçu le Saint-Esprit (Luc IV, 1, 14, 18; XXIV, 49; Actes I, 2, 5-8).

Jésus, le Fils de l'homme, avait été scellé par Dieu le Père, et Dieu ne Lui avait pas donné l'Esprit par mesure; II l'avait oint de l'Esprit Saint et de puissance (Jean III, 34; VI, 27; Actes X, 38).

Cette onction et ce sceau du Saint-Esprit est, à un autre point de vue, le secret de la puissance pour la marche chrétienne (Galates V, 16, 25).

L'expression parfaite de cette marche se trouve en Jésus; en Lui aussi nous voyons dans toute sa plénitude l'opération de l'Esprit qui la produit. Cette opération n'a jamais rencontré en Lui un empêchement, une entrave quelconque.

En cela aussi II EST NOTRE MODÈLE, et c'est pour cela que le chrétien est exhorté à ne pas attrister l'Esprit de Dieu par lequel il a été scellé pour le jour de la rédemption, mais, au contraire, à être rempli de l'Esprit, louant le Seigneur, et marchant dans la joie qui provient de la communion de Dieu.

Un troisième caractère de la vie sainte est une soumission entière à la parole de Dieu écrite; soumission telle que l'homme de Dieu qui vit de cette parole, en devienne l'expression vivante dans ce monde.

Or, c'est là ce qu'était le Seigneur d'une manière absolue. Il était LA PAROLE. Mais en tant qu'il a vécu d'elle, comme homme dans ce monde, II est notre modèle. Voyez-le à Nazareth chercher dans le livre le passage dont II pouvait dire: «Aujourd'hui cette écriture est accomplie, vous l'entendant» (Luc IV, 16-21).

Faut-il s'étonner si la foule se jetait sur Lui pour entendre la parole de Dieu? (Chap. V, 1.)

La seule chose qui peut porter du fruit pour Dieu dans ce monde est la parole semée dans le cœur; le Seigneur ne reconnaît donc pour «sa mère et ses frères» que ceux qui «écoutent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique» (chap. VIII, 5, 11, 21).

S'il pensait à Jean le Baptiseur en lui rendant témoignage, c'était d'après ce qui était écrit de lui (chap. VII, 27). «II est écrit», telle était la règle de sa conduite, ainsi que sa réponse aux objections de ses adversaires (chap. XIX, 46; XX, 17, 37, 42-43).

Et quant à Lui-même, son chemin de souffrance jusqu'à la mort se trouvait tout tracé dans les Écritures; et II l'acceptait tel que Dieu l'avait montré d'avance (chap. XVIII, 31; XXI, 22; XXII, 37).

Ce qui était écrit devait avoir son accomplissement. Le Seigneur Jésus se compare au «bois vert» (Luc XXIII, 31); comme tel II portait toujours du fruit pour Dieu dans ce monde et Le glorifiait dans tout ce qu'il disait et dans tout ce qu'il faisait.

Après sa résurrection, II en appelait encore à la parole de Dieu; que ce fût pour éclairer l'esprit des deux disciples qui allaient à Emmaüs, ou pour faire entrer tous les autres disciples dans la pensée de Dieu, Jésus se servait de la parole écrite, comprenant la loi de Moïse, les prophètes et les psaumes, et II ouvrait l'intelligence des siens pour qu'ils pussent les entendre. Il leur disait:

«II est ainsi écrit, et ainsi il fallait que le Christ souffrît et qu'il ressuscitât d'entre les morts le troisième jour, et que la repentance et la rémission des péchés fussent prêchées à toutes les nations en son nom» (chap. XXIV, 26, 27, 32, 44-47).

Le résultat immédiat de cette vie de dévouement dans ce monde fut qu'il y eut toujours sur les pas de Jésus ici-bas un tribut de louanges montant à Dieu à cause de ce qu'il accomplissait.

Luc le fait ressortir dans tout son récit. Voyez chap. V, 25, 26; VII, 16; IX, 43; XVII, 15; XVIII, 43; XIX, 37.

La mort même de Jésus n'y fait pas exception, comme on le voit, chap. XXIII, 47.

Tout en Lui était parfait, tout produisait du fruit dans le moment même, amenant à glorifier Dieu des cœurs qui jusqu'alors ne l'avaient pas connu comme le Dieu de grâce.

Quelle simplicité, et quelle majesté en même temps se réunissent dans la vie de Jésus!

Les pauvres, les ignorants, les pécheurs trouvent accès auprès de Lui et, par Lui, au cœur même de Dieu. Il était l'ami des publicains et des pécheurs, Celui qui n'était pas venu pour être servi, mais pour servir, et pour donner sa vie en rançon pour plusieurs.

Puissions-nous être attirés toujours plus près de Lui et, étant nourris de Lui par le Saint-Esprit, entrer dans la connaissance pratique de cette vie de communion avec Dieu qui est caractérisée par la prière, formée et entretenue par la parole écrite.


* * *


L'AMOUR DU SAUVEUR


Seigneur! ta grâce illimitée,

Si pure et si douce pour moi,

Fait que mon âme est transportée

Chaque fois que je pense à toi.

Ton saint amour, toujours le même,

Sollicite mon faible cœur

À jouir de l'éclat suprême

De ses doux rayons de bonheur!

Oh! si mes yeux pouvaient sans cesse

Suivre cet astre glorieux;

Si je pouvais de ta tendresse

Voir tous les reflets radieux!

Mon âme alors, pleine de zèle,

Saurait t'aimer plus ardemment,

Et, connaissant mieux son modèle,

Prendrait tout son accroissement.

Mais si quelquefois un nuage

Vient me dérober ta beauté,

Ami divin, après l'orage

Comme avant, brille ta clarté.

De toi que rien ne me sépare,

O mon Sauveur; enseigne-moi,

Si de nouveau mon pied s'égare,

À revenir bientôt à toi.

De ta paix, de ta bienveillance,

Fais-moi savourer tout le prix;

Couronne alors mon espérance,

Et me transporte en tes parvis.


 
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