Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

«JE NE VEUX PAS ÊTRE UNE CHRÉTIENNE»

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«Je ne veux pas être une chrétienne», disais-je, «et être ainsi obligée de laisser tout ce qui rend la vie agréable et m'en aller tout le long de mes jours avec une triste figure. Non, non, je suis très heureuse comme je suis, je ne veux pas être une chrétienne.»

Parlant ainsi, j'échappai aux regards suppliants de ma sœur, et je la quittai en chassant de mon esprit la désagréable pensée qu'elle y avait réveillée.

Hélas! combien peu je me représentais alors l'horreur du péché dont je me rendais coupable en refusant, de propos délibéré, d'écouter le message de la grâce de Dieu. J'étais parfaitement satisfaite de la vie que j'avais menée jusqu'alors; pourquoi aurais-je abandonné le monde qui m'offrait tout ce qu'à vingt ans une jeune fille peut désirer? Si je devenais chrétienne, il me fallait renoncer à mes amis et à mes plaisirs: c'était absurde rien que d'y penser.

Mais Dieu, dans sa bonté, en avait décidé autrement.

Vers cette époque, il y avait des réunions d'évangélisation auxquelles assistaient chaque jour des foules nombreuses. J'entendis parler d'une ou deux conversions parmi les jeunes filles de ma connaissance, mais quand on me dit qu'il s'était opéré en elles un changement extraordinaire, je ne pus m'empêcher de sourire en prédisant que cela ne durerait pas longtemps.

«Ne veux-tu pas venir aussi entendre la bonne nouvelle du salut?» me dit ma bonne sœur en suppliant. «Viens seulement une fois.»

Mais je refusai obstinément et me replongeai plus que jamais dans le tourbillon du monde.

Un jour, ma mère me pria de porter un billet à une dame qui demeurait dans notre voisinage. «Tu attendras la réponse», me dit-elle en me tendant la lettre.

Au premier abord, je me montrai peu disposée à faire ce que ma mère désirait, car la personne chez qui je devais aller était justement une de celles que je craignais le plus de rencontrer. À la fin pourtant je me décidai, bien résolue à la résistance si on essayait de me convertir.

Madame C. était chez elle; mais quelle ne fut pas mon indignation, en entrant dans le salon, de me trouver au milieu d'une de ces réunions où j'avais toujours résolument refusé d'aller.

Le regard de surprise de toutes les personnes présentes me fit monter le rouge au visage.

Madame C. se leva pour venir au-devant de moi, et, avec sa grâce habituelle, m'invita à m'asseoir, puis la lecture continua.

La crainte et l'indignation remplissaient mon cœur. Je voyais tout! J'étais tombée dans le piège qui m'avait été tendu par ma mère et Madame C. Maintenant, je ne pouvais échapper. Peu à peu je me vis comme contrainte de suivre ce qui se disait.

J'écoutais dans un esprit de curiosité et de critique, me demandant ce qu'il pouvait y avoir, dans un livre si sec et si peu intéressant, qui illuminait ainsi le visage de tous. Ensuite, fatiguée d'entendre ce qui n'était que de l'hébreu pour moi, je me mis à chercher comment je pourrais m'échapper sans être remarquée.

Dans les prières qui suivirent, une dame qui était près de moi, pria Dieu pour celle qui était encore en dehors, suppliant le Seigneur de ne pas permettre que je quittasse la chambre sans avoir reçu une bénédiction.

De quelle manière merveilleuse II répondit à cette prière!

Ces paroles entraient toujours plus profondément dans mon misérable cœur. Tandis que j'étais là, agenouillée, je sentais qu'un Dieu saint me sondait et me pénétrait de part en part. Tous mes péchés, comme une vague immense, étaient suspendus sur moi.

Qu'avais-je fait?

Comment avais-je osé me détourner du Dieu qui, à ce moment même, remplissait mon âme de sa présence?

Terrifiée, je me relevai et me tins là comme dans un rêve, tandis que toutes les autres personnes, excepté celle qui avait prié pour moi, quittaient la chambre. Elle vint vers moi et m'adressa cette question que j'avais toujours redoutée:

Êtes-vous sauvée?

Non, répondis-je brusquement.

Désirez-vous l'être?


J'hésitai un moment.

je suis trop méchante, répondis-je enfin en balbutiant, Oh! Vous ne savez pas ce que je suis, et toutes les mauvaises choses que j'ai commise, continuai-je en luttant pour ne pas laisser éclater les sanglots qui m'étouffaient.

Peu importe ce que vous avez été ou ce que vous avez fait, mon enfant, répondit-elle avec douceur. Si vous reconnaissez que vous êtes pécheresse, alors écoutez ce que Dieu vous dit.

Et, ouvrant sa Bible, elle lut:

«Alors que nous étions encore sans force, Christ est mort pour des impies» (Romains V, 6), et: «Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs à la repentance».

Mais, dis-je avec un sentiment de doute, comment puis-je savoir que cela est pour moi? Comment puis-je savoir que Dieu veut de moi?

Elle ne répondit pas; mais, ouvrant de nouveau la Bible, elle lut ce verset: «Que celui qui veut, prenne gratuitement de l'eau de la vie».

Pensez-vous, dit-elle, que Dieu, en disant «que celui qui veut», vous ait exceptée?

Non, répondis-je, tandis que la vérité commençait à se faire jour dans mon âme.

Alors, si vous croyez que Christ est mort pour vous aussi bien que pour le reste du monde,
vous êtes sauvée.

«En vérité, en vérité, je vous dis que celui qui entend ma parole et qui croit celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle et ne viendra pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie».

Je n'avais pas besoin d'en entendre davantage. Tout m'apparaissait maintenant aussi clairement que possible, et une joie que je n'avais jamais éprouvée auparavant, même quand je me figurais que mon bonheur était parfait, inonda tout mon être.

Oh! quelle merveilleuse grâce que celle de Dieu envers un misérable pécheur!

J'étais entrée dans cette chambre, orgueilleuse, rebelle et obstinée, je la quittai humiliée et brisée par la vue de l'amour de Christ qui avait laissé sa vie pour moi.

Dès ce moment, le courant tout entier de ma vie fut changé. Les vieilles choses étaient passées, toutes choses étaient faites nouvelles.

Je me détournai avec une sorte d'horreur de ce qu'autrefois j'avais cru être le bonheur.

La grâce de Dieu seule avait pu opérer cela en moi; les bonnes résolutions et les essais de mieux faire sont plus fâcheux encore que futiles.

Combien souvent l'on prend de bonnes résolutions!

Y a-t-il quelqu'un qui ne l'ait pas fait?

Mais quand les tentations surviennent, sommes-nous capables d'y résister?

Jamais avec notre force.


Nous ne sommes vainqueurs que par Celui qui nous a aimés.


Oh! chers jeunes amis (car c'est pour vous que j'écris), n'avez-vous jamais, au milieu de vos plaisirs, rencontré de désappointement?

Au contraire, à chaque pas la tristesse se mêle à la joie, et cette joie est elle-même bien factice. Christ seul peut satisfaire et remplir un cœur.

Ne voulez-vous pas venir à Lui?

Il n'est pas question d'abandonner ceci ou cela.

Quand Christ entre dans un cœur, tout le reste s'efface ou perd sa valeur, de sorte que l'âme se détourne de plein gré et avec bonheur de ce qui ne saurait satisfaire, pour reposer dans cet amour immense dont on ne peut sonder la longueur, la largeur, la profondeur et la hauteur.


 

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