Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

COMME UN PETIT ENFANT

ou

LA CONVERSION DE MADAME Z.

***

C'est dans l'automne de 18.. que je fus appelée pour la première fois à voir Mme Z. L'ami qui me le demandait venait de chez elle, et me dit qu'elle éprouvait beaucoup d'anxiété au sujet du salut de son âme. Il ajouta qu'elle était étrangère à E..., Française de nation, veuve d'un officier qui avait péri dans un combat, et d'une santé très délicate. Toutes ces circonstances l'avaient beaucoup intéressé à elle; mais devant quitter E..., il me priait d'aller chez elle à sa place.

Je saisis la première occasion pour faire une visite à Mme Z. Elle me reçut avec une grande affabilité, et je trouvai en elle une personne très distinguée.

Elle parlait l'anglais avec une telle facilité, que l'on pouvait à peine s'apercevoir qu'elle fût étrangère. Elle possédait d'ailleurs plusieurs autres langues, ainsi que je l'appris plus tard. Elle avait beaucoup voyagé et semblait connaître tout si bien, que je ne pus prendre sur moi de lui parler de la seule chose qui était le but de ma visite.

De retour chez moi, je me sentis profondément humiliée et mécontente de moi-même. «Comment, pensais-je, mon ami a-t-il pu avoir l'idée de m'envoyer auprès de cette dame? Je ne puis rien lui dire.» Elle était très captivante dans sa manière de parler, et connaissait toutes les choses du monde beaucoup mieux que moi, en sorte que je craignais qu'elle ne se trouvât offensée à la pensée que je voulais l'instruire.

J'attendis environ une semaine avant de retourner chez elle. Cette fois, j'étais bien résolue à lui parler ouvertement, quoi qu'il dût arriver. Aussi, après m'être informée de sa santé, commençai-je immédiatement à l'entretenir de la nouvelle naissance et de la nécessité de connaître notre véritable état devant Dieu.

Je n'eus pas plus tôt entamé le sujet que le Seigneur me donna une parfaite liberté de lui parler, et en même, temps elle se trouva tout à fait à l'aise avec moi et m'ouvrit son cœur. Il y avait eu entre nous comme une barrière qui venait d'être enlevée.

Quelle leçon ce doit être pour nous! Il y a bien des cœurs qui soupirent après l'eau de la vie, et, dans notre manque de fidélité, nous hésitons à leur montrer la fontaine d'où elle jaillit.

Elle me raconta sa vie passée; elle me dit comment toutes les sources de joie terrestre avaient été rendues amères pour elle ou avaient tari. Elle avait connu et goûté tous les plaisirs du monde, mais avait éprouvé que ce n'étaient que «des citernes crevassées qui ne contiennent point d'eau». Elle avait soif de l'eau de la vie.

J'ai été de lieu en lieu, me disait-elle, et d'église en église; j'ai conversé avec des ecclésiastiques et d'autres personnes en diverses parties de l'Europe au sujet du salut de mon âme, mais je ne sais pas encore ce que c'est qu'être né de nouveau. Un ecclésiastique à qui j'en parlais, me conseilla de prendre la cène, mais je n'en ai reçu aucun bien. J'étais, après cela, aussi loin que jamais d'avoir la paix.

Elle avait prié pour trouver le pardon, imploré la miséricorde de Dieu, lu la Bible, mais elle ne pouvait pas dire qu'elle fût réconciliée avec Dieu.

Je lus avec elle dans la seconde Épître aux Corinthiens, au chapitre cinquième, les versets 18 et suivants:

«Et toutes choses sont du Dieu qui nous a réconciliés avec lui-même par Jésus-Christ et qui nous a donné le service de la réconciliation, savoir, que Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, ne leur imputant pas leurs fautes, et mettant en nous la parole de la réconciliation.

Nous sommes donc ambassadeurs pour Christ, Dieu, pour ainsi dire, exhortant par notre moyen; nous supplions pour Christ: Soyez réconciliés avec Dieu.»

Je lui montrai, d'après ces versets, que, tandis qu'elle implorait la miséricorde et le pardon de Dieu, Dieu l'exhortait à recevoir ce pardon: «Ce ne sont pas mes paroles, continuai-je; c'est de la part de Dieu que je vous supplie d'être réconciliée. Il a mis en nous ou nous a confié la parole de réconciliation. Le Seigneur Jésus n'est pas ici en personne, mais Il vous envoie sa parole par ses serviteurs. C'est là la bonne nouvelle. Au lieu d'avoir à supplier Dieu, c'est Lui qui vous exhorte en ce moment à être réconciliée, et II peut le faire avec justice, comme nous le voyons au verset 21, car:

«Celui qui n'a pas connu le péché, il l'a fait péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en Lui.»

Vous me dites que, durant des années, vous avez cherché à être en paix avec Dieu; or pendant tout ce temps Dieu vous exhortait à être réconciliée.

Je lus ensuite les deux premiers versets du chapitre suivant:

«Or travaillant à cette même œuvre, nous aussi, nous exhortons à ce que vous n'ayez pas reçu la grâce de Dieu en vain... Voici, c'est maintenant le temps agréable; voici, c'est maintenant le jour du salut.»

Comment, lui dis-je, peut-on recevoir la grâce de Dieu en vain?

Quand une chose nous est offerte et que nous n'en profitons pas, nous la recevons en vain. Et quand Dieu vous exhorte-t-Il à être réconciliée? C'est MAINTENANT, en cet instant. Il n'y a pas de promesse pour demain, et en moins de cinq minutes vous pouvez être dans l'éternité, Lisons maintenant au cinquième chapitre de la première Épître de Jean, et vous verrez quelque chose de plus:

«Quiconque croit que Jésus est le Christ est né de Dieu».

Vous éprouvez peut-être quelque difficulté à savoir si vous avez la véritable foi?

Elle me dit qu'en effet c'était une difficulté pour elle. Ayant l'idée que la foi qui sauve est d'une espèce particulière, elle était plus occupée de sa foi que de l'objet sur lequel la foi repose.

Je lus donc le verset 9 du même chapitre:

«Si nous recevons le témoignage des hommes, le témoignage de Dieu est plus grand; car c'est ici le témoignage de Dieu qu'il a rendu au sujet de son Fils.»

Ceci vous montre, dis-je, que vous devez croire le témoignage de Dieu de la même manière que vous recevez le témoignage des hommes, avec cette différence, toutefois, que la parole de l'homme peut se trouver en défaut, mais JAMAIS la parole de Dieu.

Je continuai à lire:

«Celui qui croit au Fils de Dieu a le témoignage au dedans de lui-même; celui qui ne croit pas Dieu, l'a fait menteur, car il n'a pas cru au témoignage que Dieu a rendu au sujet de son Fils. ET C'EST ICI LE TÉMOIGNAGE: que Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils... Je vous ai écrit ces choses, afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu

Croyez-vous, lui dis-je, tout ce que nous venons de lire ensemble?

Ce qui se rapporte au pardon et à la réconciliation, et ce qui parle de la vie éternelle?

Oui, répondit-elle; mais je me suis toujours attendue à sentir quelque grand changement dans mon cœur.

C'est-à-dire que vous cherchiez au dedans de vous une preuve que vous étiez née de nouveau, et pendant tout ce temps vous passiez par dessus le témoignage de Dieu dans sa parole, témoignage dont la réception vous aurait remplie de joie.

Si vous étiez dans une extrême pénurie, et que quelqu'un vînt vous dire qu'un grand héritage vous a été légué, vous ne pourriez vous réjouir avant d'avoir cru que la chose est vraie.
Il en est de même de l'Évangile. Les Écritures renferment nos titres à l'héritage éternel. Il peut y avoir dans les titres humains des défauts qui les annulent. Il n'y en a point dans la parole de Dieu.

Si vous me disiez que vous savez être sauvée parce que vous vous sentez heureuse, je penserais que vous bâtissez sur un très mauvais fondement. Les sentiments sont aussi variables que le vent. Nous pouvons être heureux un jour, malheureux le lendemain, mais la parole de Dieu ne change point. «Le ciel et la terre passeront, mais MES PAROLES ne passeront point

Je m'efforçais ainsi de prévenir toutes ses difficultés et d'y répondre par l'Écriture, puis j'appelai de nouveau son attention sur ces paroles: «Celui qui ne croit pas Dieu l'a fait menteur,» et je lui demandai si elle voulait continuer à ne pas croire le témoignage de Dieu.

Non, dit-elle, je crois sa parole.

Vous ne voulez pas attendre jusqu'à ce que vous sentiez quelque chose?

Non, je veux maintenant me confier en Lui.

Et que posséderez-vous en faisant ainsi?

Le pardon et la vie éternelle.


Elle semblait ne le saisir qu'en tremblant, et je la quittai, laissant au Seigneur le soin d'accomplir son œuvre, et Il le fit, car, lorsque je la revis, elle était toute remplie de joie.

Oh! me dit-elle, je sais maintenant ce que c'est d'être né de nouveau.Le monde entier est changé pour moi. Je suis justement comme un petit enfant qui commence à vivre. Toute ma vie passée a été gaspillée, mais désormais je désire vivre uniquement pour Christ.

C'était vraiment un passage de la mort à la vie.

Les choses anciennes étaient passées; TOUTES choses étaient faites nouvelles. Son seul regret était de n'avoir pas connu Christ plus tôt, et son désir était celui que Paul exprimait: «Que dois-je faire, Seigneur?»

Le plaisir qu'elle prenait dans les Écritures était rafraîchissant à contempler; chaque mot avait pour elle tant de puissance et de réalité, qu'il semblait m'arriver à moi-même avec une force nouvelle. La connaissance de ce qu'elle possédait en Christ, vivifiée avec Lui, ressuscitée avec Lui, assise en Lui dans les lieux célestes, remplissait son cœur de louanges et d'actions de grâces. Sa joie débordait littéralement lorsque, avec toute la vivacité naturelle à sa nation, elle parlait des choses de Dieu.

Un jour, elle me dit:

«J'ai fait un rêve bien frappant. Je croyais marcher sur une route couverte de décombres. À mesure que j'avançais, elle devenait de plus en plus rude et raboteuse. Alors quelqu'un arriva qui, me prenant par la main, me transporta par-dessus cette route pénible dans un magnifique jardin. Il me semblait être comme un petit enfant, et l'on me conduisait au milieu d'un grand nombre d'autres enfants qui tenaient chacun dans leur main un morceau de pain. Tous étaient couverts de vêtements d'une parfaite blancheur. De toutes parts coulaient des fontaines d'une eau pure. Celui qui m'avait amenée là me mit dans la main un morceau de pain et me dit: «II faut que je te quitte, mais dans peu de temps je reviendrai.»

Je me sentis alors si triste et si désolée de le voir me quitter, que je m'éveillai.

«Cette route couverte de décombres, c'est le monde avec toute sa pompe et sa vanité, continua-t-elle. Elle est devenue toujours plus rude pour moi à mesure que j'avançais à cause des épreuves et des douleurs que j'y ai rencontrées. Mais le Seigneur est venu et m'a conduite en dehors de tout, dans un lieu de repos et de sécurité. Il m'a donné le pain de vie pour me nourrir pendant son absence, tandis qu'ici-bas je marche par la foi et non par la vue: «Celui qui mange de ce pain vivra éternellement

Elle avait d'abord eu l'intention de ne rester que quelques mois à E..., mais un jour elle me dit: «Bien que la France soit mon pays natal, c'est ici le pays où je suis née de nouveau, et je ne désire pas le quitter. J'ai là-bas peu d'amis, et aucun d'eux n'est pour moi ce que vous avez été.»

Je fus très heureuse de l'entendre, car je m'étais profondément attachée à elle, mais il y avait plus entre nous, savoir, l'étroite communion de l'Esprit, qui forme un lien plus puissant qu'aucun lien terrestre.

Son désir était d'employer le reste de sa vie pour la gloire de Dieu, et, dans ce but, elle avait formé certains plans, mais le Seigneur avait d'autres desseins.

Sa santé, très délicate, avait semblé se fortifier après sa conversion, mais quand les froids de l'hiver arrivèrent, elle commença à décliner. Le peu de temps qu'elle eut à rester ici-bas s'écoula bien rapidement, mais sa marche fidèle, ses soins attentifs et touchants envers chacun de ceux à qui elle pouvait venir en aide, se manifestèrent toujours davantage, jusqu'au moment où elle s'en alla pour être toujours avec le Seigneur.

Comme une personne qui la soignait à ses derniers moments la priait de prendre un peu de vin: «Non, non, dit-elle en écartant avec douceur la main qui lui présentait le verre, plus rien de la terre; je me nourris du sang de Christ.»


Lecteur, sais-tu ce que c'est que «manger la chair et boire le sang du Fils de l'homme?»

Plusieurs autrefois disaient: «Cette parole est dure, qui peut l'ouïr?» «Et plusieurs se retirèrent, et ils ne marchaient plus avec Lui

Jésus dit:

«Si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme et ne buvez son sang, vous n'avez pas la vie en vous-mêmes.»

«Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang, a la vie éternelle; et moi, je le ressusciterai au dernier jour, car ma chair est en vérité un aliment, et mon sang est en vérité un breuvage. Celui qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi, et moi en lui.»


 

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