L'ESPOIR DU FUGITIF
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- QUE le
vent souffle, que l'orage
- Contre
nous exerce sa rage;
- Que la mer
en courroux fasse écumer ses flots
- Contre la
fragile nacelle;
- Qu'on
l'agite toujours par d'injustes complots;
- Puisque
Jésus est avec elle,
- Il
tancera les vents, et nos pauvres troupeaux,
- Abordant
sûrement en des climats nouveaux.
- Paîtront
en quelque lieu sous ce Berger fidèle.
- QUE Satan
unisse ses forces
- Du monde
et de la chair les flatteuses amorces,
- Qu'il
fasse contre nous agir mille ressorts:
- De ces
trois conjurés et de tous leurs complices
- Un cœur
bien affermi méprise les efforts!
- Mourir
pour Dieu sont des délices;
- Et quand,
dans ces grands sacrifices.
- Par une
vive foi l'âme soutient le corps,
- C'est dans
les plus cruels supplices
- Que les
héros chrétiens se montrent les plus forts.
- AU débris
de nos tabernacles.
- Dont au
peuple on fait des spectacles.
- Qu'on
joigne, si l'on veut, les prisons et les fers,
- Dieu se
fera de pierres vives
- Une église
au milieu des plus affreux déserts.
- Et, sur de
plus heureuses rives,
- D'autres
temples étant ouverts
- À nos
familles fugitives,
- Leurs
langues et leurs voix aujourd'hui si captives
- Béniront
hautement le Dieu de l'univers.
- SION ne
peut être détruite;
- À
quelque extrémité que puisse être réduite
- L'Église
où le Dieu fort plante ses pavillons.
- SI
nous prions, si nous veillons,
- Si
nos cœurs à ses lois cessent d'être rebelles.
- Ses anges
par milliers nous couvrant de leurs ailes,
- Nous
mettront à l'abri des plus fiers tourbillons,
- Et de
l'enfer ému les plus noirs bataillons
- N'auront
point de pouvoir sur nos troupes fidèles.
-
- (Jean
Rou?)
-
- Les
réfugiés de la Révocation en Suisse - Ernest Combe 1885