Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

(O mort, où est ta victoire? O mort, où est ton aiguillon?)

1 Corth. XV, 55

***


Par le désert de mes peines
Mon âme va haletant
Après les vives fontaines
Du doux repos qu'elle attend,
Et désire être dehors
De la prison de son corps,
Pour retourner en la vie
Dont le péché l’a bannie.

Certes la vie est pareille
A la rose qui, ouvrant
L'œil de sa beauté vermeille,
Rend l'air odoriférant;
Puis soudain on s'ébahit
Comme elle s'évanouit,
Étant flétrie et séchée
Par le vent qui l'a touchée.

Mais la vie est profitable
À qui connaît, comme il faut,
Que la vie est misérable,
Afin d'aspirer plus haut;
Et qui, nageant, voit le port
D'une bienheureuse mort,
Qui de la mort le délivre
Pour éternellement vivre.

Cessez donc, mes yeux, d'épandre
Les pluies de ma douleur,
Cessez de percer et fendre
Les entrailles de mon cœur.
Dieu l'a ainsi ordonné;
Il prend ce qu'il a donné;
Ma fille vit à cette heure
D'une vie trop meilleure.

Sortant d'une loge basse,
Elle est montée en un lieu
Où elle contemple la face
De la majesté de Dieu.
C'est un palais de beauté
Aux saints élus apprêté,
Auquel le fondement ferme
Ne reconnaît point de terme.

O Dieu, de mon cœur le guide,
Fais que ta grâce et bonté
Me retiennent sous la bride
De ta juste volonté;
Adorant ce que tu peux,
Et voulant ce que tu veux
Donne-moi qu'en ton service
À toi vivre et mourir puisse.

ANTOINE DE CHANDIEU

Cette poésie, comprenant 20 strophes de 8 vers, se trouve dans la seconde édition des « Poèmes chrestiens et moraux. »
Elle a été composée par l'auteur suite à la mort de sa fille.
Le titre n'est pas d'origine

Société de l’histoire du protestantisme français 1888



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