(O mort, où est ta victoire? O mort, où
est ton aiguillon?)
1 Corth. XV, 55
***
- Par le désert de mes peines
- Mon âme va haletant
- Après les vives fontaines
- Du doux repos qu'elle attend,
- Et désire être dehors
- De la prison de son corps,
- Pour retourner en la vie
- Dont le péché l’a bannie.
- Certes la vie est pareille
- A la rose qui, ouvrant
- L'œil de sa beauté vermeille,
- Rend l'air odoriférant;
- Puis soudain on s'ébahit
- Comme elle s'évanouit,
- Étant flétrie et séchée
- Par le vent qui l'a touchée.
-
- Mais la vie est profitable
- À qui connaît, comme il faut,
- Que la vie est misérable,
- Afin d'aspirer plus haut;
- Et qui, nageant, voit le port
- D'une bienheureuse mort,
- Qui de la mort le délivre
- Pour éternellement vivre.
-
- Cessez donc, mes yeux, d'épandre
- Les pluies de ma douleur,
- Cessez de percer et fendre
- Les entrailles de mon cœur.
- Dieu l'a ainsi ordonné;
- Il prend ce qu'il a donné;
- Ma fille vit à cette heure
- D'une vie trop meilleure.
-
- Sortant d'une loge basse,
- Elle est montée en un lieu
- Où elle contemple la face
- De la majesté de Dieu.
- C'est un palais de beauté
- Aux saints élus apprêté,
- Auquel le fondement ferme
- Ne reconnaît point de terme.
-
- O Dieu, de mon cœur le
guide,
- Fais que ta grâce et
bonté
- Me retiennent sous la
bride
- De ta juste volonté;
- Adorant ce que tu
peux,
- Et voulant ce que tu
veux
- Donne-moi qu'en ton
service
- À toi vivre et mourir
puisse.
- ANTOINE DE CHANDIEU
-
- Cette poésie, comprenant 20 strophes de 8
vers, se trouve dans la seconde édition des « Poèmes
chrestiens et moraux. »
- Elle a été composée par l'auteur suite à la
mort de sa fille.
- Le titre n'est pas
d'origine
-
- Société de l’histoire du
protestantisme français 1888