Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Bienheureux ceux qui apportent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu.

FRÉDÉRIC DE ROUGEMONT

1869

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Bienheureux ceux qui apportent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu.


Celui qui, par la pureté de son cœur, s’est assez approché de Dieu pour entrevoir sa face et entendre le bruit de sa voix, est arrivé sur les hauteurs sereines où il achèvera sa carrière terrestre.

Il ne peut monter plus haut, car au-dessus de lui est le monde invisible.

Redescendre vers les bas-fonds du péché serait pour lui chose impossible.

Il vit dans l’élément pour lequel son âme avait été créée;

il demeure en Dieu, et Dieu par sa Parole et par son Esprit demeure en lui.

Mais s’il est parvenu au terme provisoire de son développement intérieur, qui se poursuivra après sa mort dans une autre existence, il n’est qu’à l’entrée de sa vie extérieure.


À LA STATION DES PLEURS, il supportait avec débonnaireté et dans le silence les insultes du monde;

À CELLE DE LA FAIM ET DE LA SOIF, son cœur s’embrasait de compassion pour le monde;

MAIS À CELLE DE LA PURETÉ, ses lèvres, jusqu’alors muettes, s’ouvrent, car le temps pendant lequel le nouveau converti doit se taire, est passé (I Tim. III, 6.).


Il parle au monde de toi, ô Jésus qui es la Paix, qui, par ton obéissance et ta mort, es notre paix avec Dieu, qui, par ton pardon et ton Esprit, es notre paix avec nous-mêmes, et qui, par la fondation de ton royaume spirituel, es notre paix avec tous nos frères (Mich. V, 1; Eph. Il, 11-18.).

Il parle avec débonnaireté et simplicité,

il parle avec miséricorde et tendresse,

mais il parle aussi avec puissance et énergie, car il peut en appeler à son témoignage.


Il a vu ce qu’il décrit, éprouvé ce qu’il exprime, appliqué ce qu’il conseille.

Il sait en qui il croit, et c’est de l’abondance de son cœur que sa bouche parle (2 Tim. I, 12; Matth. XII, 31.).

Comme pasteur, comme missionnaire, il apporte la paix en temps et hors de temps (2 Tim. IV, 2.), suppliant tous les hommes de se laisser réconcilier avec Dieu (2 Cor. V, 20.).

Comme artisan ou comme soldat, comme magistrat ou comme médecin, il l’apporte avec la prudence du serpent et la simplicité de la colombe (Matth, X,16.), sachant qu’une seule parole qui jaillit des profondeurs de l’âme, vaut mieux que cent mille tombant de l’intelligence.

Comme chrétien, il l’apporte par la continuelle prédication de la paix d’En Haut empreinte sur son front, et par celle d’une vie pure et recueillie.

Le temps qui lui reste à passer ici-bas, n’est, pour ainsi dire, qu’une longue œuvre de charité, de cette charité spirituelle qui est l’accomplissement de la loi (Rom. XIII, 10.) et sans laquelle la science et la foi ne sont que l’airain qui résonne.

Son active charité remplit son cœur de la plus grande et la plus intime joie que puisse ressentir un homme; car il se sent agir comme Dieu qui est charité et qui fait luire son soleil sur les méchants non moins que sur les bons (Matth. V, 45.).

La paix qu’il apporte, il l’offre à tous les hommes sans distinction, à ses voisins comme aux étrangers, à ses ennemis comme à ses amis.

Même il sent qu’il agit AVEC Dieu,

que Dieu le conseille et le guide,

que Dieu lui ouvre ou lui ferme les portes,

que Dieu donne efficace à ses paroles

et qu’il fait de lui son messager de salut auprès du monde.

Les âmes qui reçoivent la paix qu’il leur apporte, l’avertissent que Dieu l’aime d’un amour particulier, et qu’il le fait, pour ainsi dire, monter en grade.


Il peut maintenant espérer de briller un jour comme un astre dans les cieux,

tandis que les fidèles qui n’auront amené personne à la justice, n’auront que le pâle et uniforme éclat de la voûte azurée (Dan. XII, 3).

De simple citoyen du royaume des cieux et de serviteur en sous-ordre, il devient l’ami de Dieu (Jean XV, 15), il devient un fils de Dieu comme le sont les Anges, auxquels il sera complètement semblable à la résurrection des corps.




 

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