Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Bienheureux sont ceux qui sont purs de cœur, car ils verront Dieu.

FRÉDÉRIC DE ROUGEMONT

1869

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Bienheureux sont ceux qui sont purs de cœur, car ils verront Dieu.

1 Matth. XV, 24.


L’âme affamée de justice se transforme peu à peu par la nourriture que lui donne Jésus, et elle devient... nous dirions: juste.

Mais la justice, c’est la conformité des œuvres à la loi divine, c’est la vertu des fidèles de l’Ancienne Loi, qui n’avaient point encore reçu l’Esprit régénérateur; ce ne peut être le trait distinctif de l’âme qui est entrée dans le royaume des cieux.

Elle devient... sainte?

Mais la sainteté pourrait indiquer uniquement la consécration au service de Dieu, et l’âme consacrée peut faire son service avec regrets et sans amour.

Elle devient pure.

Mais de quelle pureté? Est-ce de celle que nous acquérons, aux yeux de Dieu, par notre docilité à recevoir sa parole comme un dépôt sacré, et à la garder dans notre entendement sans l’altérer?

Non, nous devenons purs de cœur, oui, de cœur.

Notre cœur, notre intime nature, cette source de toutes nos mauvaises pensées (Matth. XV, 19.), ce foyer de toutes nos convoitises, cet être désespérément malin (Jér. XVII, 9.), jeté dans ton creuset (Malachie III, 3.), ô Dieu Sauveur, soumis à l’action du feu de ton Esprit, se dégage de toutes ses scories et devient pur. Il le devient!

Non; il doit le devenir, mais parvient-il ici-bas à l’être?

Répondrai-je à cette question par ma propre expérience?

Voici combien d’années que tu m’as convaincu de ma pauvreté et reçu dans ton royaume! et mon cœur est encore plein d’égoïsme, d’affections chamelles et de tiédeur...

Mais suis-je un modèle de foi, et ma vie, hélas! ma mort spirituelle, est-elle la mesure de l’efficace purifiante de ta parole?...

Je me couvre la face de honte, et je regarde à Marie-Madeleine. Elle me prouve que le cœur le plus souillé par les voluptés peut être complètement désinfecté par ton pardon et par ton Esprit.

Je regarde à Saul. Il me prouve que le pharisien le plus fier de ses bonnes œuvres et le plus fanatique peut acquérir par ta vertu un cœur aussi pur, aussi transparent que le cristal.

Je regarde surtout à toi, ô Fils de l’homme, et j’apprends de toi que l’homme peut ne plus rien vouloir, dire et faire, QUE CE QUE DIEU LUI INSPIRE.

Ô pureté, tout à la fois humaine et divine, de mon Sauveur! en te contemplant je vois celle à laquelle mon âme est appelée; en t’admirant, j’éprouve un triste et ardent désir de te posséder un jour.

Quelle joie ineffable doit éprouver l’âme qui, après avoir été lavée de toutes ses souillures par ton sang, ô Sauveur, est bien réellement morte au péché et s’est donnée tout entière à toi!

Elle se sent vivre et marcher à ta lumière;

Elle écoute la voix de Dieu qui lui parle en elle;

Elle regarde à Dieu et voit confusément sa face.

Elle verrait Dieu distinctement si elle pouvait secouer son corps de mort (Rom. VII, 24) et se dépouiller de tous ses péchés.

Alors elle le verrait comme tu le voyais ici-bas déjà, toi qui es la pureté même, comme elle le verra dans l’éternité où Dieu sera tout en elle (I Cor. XV, 28).




 

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