Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Bienheureux les affamés et les altérés de la justice; car ils seront consolés.

FRÉDÉRIC DE ROUGEMONT

1869

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Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés!

Matthieu 5: 6 (V. S.)


De même que le sentiment de leur pauvreté spirituelle engendre chez ceux qui t’écoutent, ô Jésus-Christ, les douleurs de la contrition, de même la contrition engendre un ardent désir de justice.

Ils se détournent avec honte et avec larmes de leur passé ténébreux, qu’ils ne peuvent effacer de leur vie, et leur âme se porte tout entière vers l’avenir, qu’ils voient en espérance tout resplendissant de lumière.

Ils n’étaient qu’égoïsme: ils seront, se disent-ils, tout amour.

Ils n’étaient que vices: ils seront tout vertu.

En eux naît et grandit un besoin, de plus en plus pressant, de mener une vie nouvelle, une vie d’obéissance à la loi de Dieu et de la conscience, une vie de justice et de sainteté.

Ils aimaient le monde et ses convoitises:

ils aimeront Dieu et les biens éternels.

Ils s’enrichissaient par des voies déloyales aux dépens de leur prochain:

ils restitueront les trésors mal acquis, et donneront une partie de leurs gains, désormais honnêtes, à ceux de leurs frères qui sont dans le besoin (Eph. IV, 28.).

Ils vivaient sans remords dans l’impureté:

ils rompront avec leurs habitudes de péché et veilleront sur leur cœur, même sur leurs regards (Matth. V, 28.).

Ils auraient tout sacrifié à leur propre gloire:

ils se proposeront pour but principal de leur vie ta seule gloire, ô Jésus, qui leur as fait connaître la vérité et qui es venu sur la terre pour les sauver.


Mais cette justice d’homme ne leur suffit pas.

La sainteté de la dernière partie de leur vie n’effacerait pas les souillures de la première, ne les mettrait pas à l’abri des châtiments qu’ils ont mérités, ne donnerait pas la paix à leur conscience effrayée: il faut un pardon.

Par leurs seules forces, ils ne pourraient pas dompter leur chair pour qui le péché est devenu une seconde nature: il faut un secours divin.

Ils sentent en eux comme une vie spirituelle qui se forme, comme un attrait jusqu’alors inconnu pour Dieu et pour les choses invisibles: mais l’homme nouveau ne peut naître en eux si l’Esprit de Dieu ne le crée.

Cette justice de Dieu qui serait l’aliment de leur âme, la possèdent-ils déjà?

Non, ILS NE FONT ENCORE QU’EN AVOIR FAIM ET SOIF, cependant ils sont déjà bienheureux, car, ô Jésus, les saints désirs que tu éveilles par ta parole dans les âmes, les remplissent déjà d’une grande joie et ne peuvent tarder longtemps à être satisfaits.

Cette justice dont tes disciples sont altérés, c’est toi-même, c’est ta mort et c’est ta vie, c’est ton corps et ton sang, c’est ton Esprit.

Tu es l’eau et le pain de vie, l’eau qui étanche la soif de la Samaritaine, le pain que les Galiléens auraient dû manger pour vivre éternellement et ressusciter au dernier jour.

Tu es notre pardon, notre rédemption, notre justice;

tu es l’Esprit vivifiant qui nous régénère et nous rend spirituels (I Cor. XV, 45.).

Tu peux donc rassasier parfaitement ceux qui ont faim de toi,

et tu le feras tôt ou tard, ici-bas ou là-haut, ô Dieu de sagesse et de miséricorde.




 

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