Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L'AFFECTION DE L’ESPRIT

FRÉDÉRIC DE ROUGEMONT

1869

***

L'affection de l'esprit est vie et paix.

Rom. VIII, 6.


– L’affection, et non la connaissance.

– L’amour, et non la science.

De la science, j’en ai à revendre, j’en possède dix mille fois plus qu’il n’en faut pour me faire condamner au tribunal de Dieu (Luc XII, 47.) et pour m'enfler d’un pernicieux orgueil (I Cor. VIII, I.).

Mais aimer Dieu de tout mon cœur, aimer mon prochain comme moi-même, et m’aimer assez pour perdre ma vie afin de la sauver (Luc IX, 24.), préférer à ma gloire celle de Dieu, aux joies du monde celles de la prière, aux biens visibles de la terre les biens invisibles des cieux, et éprouver pour les choses spirituelles une telle affection que j’en parle avec naturel et chaleur:


VOILÀ CE DONT JE SUIS PAUVRE,

SI PAUVRE QUE J’OSE À PEINE LE CONFESSER.


Comment puis-je forcer mon cœur, désespérément malin (Jér. XVII, 9.), et d’où sort toute espèce de péchés (Matth. XV, 19.), à aimer ce qu’il hait, à haïr ce qu’il aime?

Comment puis-je le faire marcher au pas de mon esprit qui sait bien que Dieu seul est digne d’amour, mais dont la science ne me réchauffe pas?

C’est le problème des problèmes.

Dieu seul peut le résoudre; Dieu seul peut, par son Esprit, épancher son amour dans nos coeurs (Rom. V, 5.).


Que ferons-nous donc?

Nous demanderons à Dieu son Esprit, nous le lui demanderons tous les jours pendant toute une année, pendant dix années, pendant cinquante ans, jusqu’à qu’il nous le donne.

S’il tarde, c’est que nous demandons mal, que notre cœur est partagé et que nous craindrions d’obtenir l’objet de nos requêtes (Jaq. 1, 5-8.). Mais avec l’âge notre cœur, à force d’être trompé par le monde, finit par se tourner tout entier vers Dieu et par apprendre à l’aimer.

Malheur à celui qui se lasserait de demander le Saint-Esprit et se contenterait de la science du salut, de la foi d’intelligence!

Il ne serait que l’airain qui résonne et la cymbale qui retentit (1 Cor. XIII, 1.).


AIMER EST TOUT,

LE RESTE N’EST RIEN.


* * *

Je ne tire pas ma gloire des hommes.

Mais je sais que vous n’avez point en vous l’amour de Dieu.

Je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas;

si un autre vient en son propre nom, vous le recevrez.

Jean 5: 41-43




 
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