Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA FOI DE L’ENFANT

FRÉDÉRIC DE ROUGEMONT

1869

***

Si vous ne devenez comme des enfants,

vous n’entrerez point dans le royaume des cieux.

Matth. XVIII, 3.


«Je veux voir clair, et ne puis croire que ce que je comprends,» dit celui qui ne sait que raisonner, et qui arrive à douter de tout, même de Dieu.

Mais qu’est l’homme pour tenir un pareil langage?

Le rêve d’une ombre, a dit le prince des lyriques grecs; un être, a dit saint Paul, au cœur endurci, à l’esprit obscurci, mort dans ses péchés, de nature enfant de colère (Ephés. Il, I. 3; IV, 18.).

Et le chrétien lui-même, qu’est-il?

Dieu lui a bien révélé les mystères par son Esprit qui sonde toutes choses (I Cor. II, 10.); mais il n’est encore qu’un enfant, et ce qu’il deviendra un jour n’est point manifesté (I Jean III, 2.).

Or, qu’est-ce qu’un père exige de ses enfants?

Qu’ils comprennent tout ce qu’il comprend, qu’ils sachent tout ce qu’il sait?

Que par leur intelligence, ils s’élèvent avec lui vers les hauteurs des cieux, et s’abaissent avec lui dans les profondeurs des abîmes?

Qu’ils se rendent un compte exact de tous les motifs de ses actions et de ses ordres?

NON, MAIS QU’ILS L’AIMENT ET LUI OBÉISSENT.

Seigneur Éternel, je veux t’obéir avec crainte, car tu es Dieu, et moi je ne suis que ta créature, qui rentrerais dans le néant, si tu me retirais ton souffle.

Ô Dieu Sauveur, je veux t’aimer, toi qui m’as aimé le premier, et qui nous as envoyé ton Fils pour nous sauver de la mort, retirer du péché et faire entrer dans la vie.

Ô Dieu de vérité, je te croirai comme un enfant croit son père, avec simplicité et joie, SÛR QUE TU NE PEUX ME TROMPER.

Tu me dis que le Verbe s’est fait chair (Jean I, 14.): je ne comprends pas l’union des deux natures en Jésus-Christ, mais je crois.

Tu me dis que Dieu était en Christ, réconciliant avec lui le monde (2 Cor. V, 19.): je ne comprends pas comment cette grande paix s’est conclue, mais je crois.

Tu me dis qu’il fallait que le Christ souffrît (Luc XXIV, 26.): je ne comprends pas l’absolue nécessité de cette mort, mais je crois.

Tu me dis que sans effusion de sang il n’y a pas de rémission possible (Héb. IX, 22.): je m’étonne que tu ne puisses accorder ton pardon qu’au prix d’une victime immolée, mais je crois.

Tu me parles du Fils qui est Dieu, de l’Esprit qui est aussi Dieu, et de trois qui ne sont qu’un;

tu me parles de prédestination;

tu me parles de peines éternelles. . .


Ne ne comprends pas;

MAIS TU ES DIEU,

et je ne suis qu’un enfant, qui juge de tout en enfant, et je crois.


Je crois, mais déjà j’entrevois la lumière divine que mes yeux ne peuvent encore supporter; mais déjà je découvre les bords de tes voies (Héb. IX, 22.); mais déjà je sens que, créé à ton image (Gen. I, 27.), je puis comprendre Jésus-Christ, qui est ta parfaite image (Héb. I, 3.).


Je ne suis qu’un enfant, mais je suis l’enfant de Dieu même; je suis assuré de grandir jusqu’à la parfaite stature de Christ (Eph. IV, 13.), et de devenir, quand il paraîtra, semblable à lui, parce que nous le contemplerons tel qu’il est (Jean III, 2.), lui qui est Dieu.


* * *

Jésus lui répondit:

Ce que je fais, tu ne le comprends pas maintenant,

mais tu le comprendras bientôt.

Jean 13: 7




 
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