PRIEZ SANS CESSE

FRÉDÉRIC DE ROUGEMONT

1869

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Prier sans cesse est chose impossible. IMPOSSIBLE À QUI?

À Jésus-Christ?

À saint Paul, saint Jean, saint Pierre? NON.

À vous, à moi, à nous TOUS?

Peut-être.

Mais qu’est-ce que cela prouve?

Que ce précepte dépasse les forces humaines?

Nullement; ni vous, ni moi ne sommes la mesure exacte de l’homme.

Qu’est-ce que prier sans cesse?

Se recueillir habituellement devant Dieu. Et ce recueillement, qu’est-il d’autre que l’unique moyen, d’une part, de trouver dans les profondeurs de notre âme ce que Dieu y a mis de conscience, de dévouement, de prudence, de vérités éternelles, d’inspirations poétiques; d’autre part, de recevoir des hauteurs des cieux la lumière de Dieu, qui seule réchauffe notre cœur et éclaire notre raison?

Qui ne connaît pas par sa propre expérience les infinies bénédictions du recueillement, ne connaît ni l’homme ni Dieu.

Tu es esclave d’une passion qui te dévore?

Pourquoi?

Parce que ne sachant pas prier, tu n’avais pas veillé sur ton cœur d’où procèdent les sources de la vie (Prov. IV, 23.).

Tu as commis une de ces fautes dont le souvenir fait le tourment d’une existence;

– commerçant, tu as ruiné ta fortune et celle de tes enfants par une spéculation malheureuse;

– homme d’État, tes plans les plus habilement conçus ont avorté misérablement;

– orateur, tes discours retentissent aux oreilles sans émouvoir les cœurs;

– poète, tes œuvres n’ont qu’une gloire éphémère;

– philosophe, tu t’embrouilles dans tes raisonnements et tes sophismes.

POURQUOI?

– Parce que tous, vous suivez aveuglément la voix de votre nature corrompue;

– parce que tous, vous ignorez le grand secret de la vie, celui de s’arrêter à chaque pas pour écouter les voix intimes de l’âme et la voix douce et subtile de Dieu.

Prier sans cesse, c’est la santé de l’âme, sa force, sa grandeur et sa gloire.

Ne pas prier, c’est le symptôme certain d’une maladie mortelle.

PRIEZ SANS CESSE

1 Thess. V, 17.