Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LE PÉCHÉ DES HONNÊTES GENS

FRÉDÉRIC DE ROUGEMONT

1869

***

Le consolateur convaincra le monde de péché, parce qu'ils n'ont pas cru en moi. Jean XVI, 8 et 9.

Je suis jeune et plein de santé, je mange et bois, je ris et joue, je danse et chante; je suis heureux et gai. Dieu m’a fait ce que je suis. Que me parles-tu de me convertir?

Ton chien est à peu de choses près heureux et gai comme toi.
Dieu t’a-t-il fait chair ou as-tu une âme?
Es-tu brute ou homme?
N’es-tu pas intelligent et libre?
N’y a-t-il en toi aucun amour du vrai, du bon, du beau?
Ta conscience ne t’adresse-t-elle aucun reproche?
Ou du moins en revenant de tes fêtes, de tes orgies, n’as-tu jamais dit du vice: Il est insensé? Et de la joie: À quoi sert-elle? (Ecclés. II, 2: J’ai dit du rire: Insensé! et de la joie: À quoi sert-elle?)

Je me suis corrigé, je suis un homme rangé, marié. Je suis fidèle à ma femme et j’établis honorablement mes enfants. Laboureur ou artisan, manufacturier ou commerçant, homme d’État, savant artiste, j’aime avec passion ma vocation. Je vis comme tout le monde et tout le monde m’estime. Je suis honnête homme. Que me parles-tu de me convertir?

Peux-tu, seul dans ta chambre, tranquillement assis dans ton fauteuil, jouir vingt minutes de ton bonheur?...

Tu ne réponds pas. Tu sais que la solitude t’est à charge. Dès que tu cesses de t’agiter, LA PENSÉE DE LA MORT ACCOURT VERS TOI; tu sens le vide de ton cœur insatiable; la crainte de revers imprévus t’assaille.

Ta conscience fait monter jusqu’à ton oreille sa voix, qui murmure: TU N’ES PAS HEUREUX.

Que m’offres-tu donc de mieux que ce que je possède?

Deux choses:

la première est une vie nouvelle dont tu n’as aucune idée: celle de l’esprit, qui est aussi supérieure à la vie de l’âme que celle-ci l’est à la vie de la chair. Qui monte au troisième étage de l’édifice humain, où l’on respire l’air des cieux, comprend, aime et fait les choses de Dieu. Il travaille non plus pour des trésors qui périssent, mais pour des biens éternels.

Il n’est plus égoïste; son cœur renouvelé aime Dieu par-dessus tout, aime ses frères comme il s’aime lui-même, et s’aime d’un amour tout nouveau qui le presse de sauver sa propre âme.

Il prie, il cherche à s’unir à Dieu. Il arrive à Dieu, et il trouve en lui la paix, car le cœur de l’homme ne peut rien désirer de plus grand, de plus beau, de plus vrai, de plus saint que Dieu. Toutes les voluptés de la terre ne sont que néant au prix des joies d’une âme renouvelée.

La seconde chose que tu m’offres, c’est....?

Un Sauveur qui te presse de lui confesser tes péchés et de recevoir son pardon.

Je n’ai pas de péchés.

Tu n’as pas de péchés!

Tu es donc saint, et tu rejettes celui qui est la sainteté même?

La preuve que tu es au contraire tout péché, c’est que tu n’éprouves nul attrait pour Jésus-Christ et que tu ne veux pas croire en lui.

Tu as renoncé aux vices grossiers, mais rien n’est changé dans le fond de ton cœur.


Ou l’Esprit Saint te convaincra de péché,

ou tu périras misérablement.

* * *

Si nous disons que nous n’avons pas de péché,

nous nous séduisons nous-mêmes,

et la vérité n’est point en nous.

1 Jean 1: 8



 
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