CONSEILS SUR LA MANIÈRE DE LIRE L’ÉCRITURE SAINTE.

Société des Traités Religieux (Paris)

1829

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Pour lire l'Écriture Sainte avec fruit, il faut que nous soyons portés par de bons motifs à en entreprendre la lecture; car LES SCRIBES ET LES PHARISIENS LA LISAIENT AUSSI, ET ILS N’EN DEVENAIENT PAS MEILLEURS:

«Ils croyaient avoir la vie éternelle par elle, mais ils ne voulaient point aller à Jésus pour avoir la vie» (Saint Jean, chap. V, v. 39 et 40.)

Il est des personnes qui lisent la Bible, parce qu’elle contient le récit d’événements qui présentent un certain intérêt;

il en est d’autres qui ont pris l’habitude d’en lire un chapitre le matin et le soir, et qui s’imaginent que c’est là une œuvre méritoire plutôt qu’un moyen d’instruction.

D’autres personnes encore se proposent, en lisant la Bible, d’étendre leurs connaissances, mais plutôt pour faire parade de leur savoir que pour procurer à leur foi de solides fondements et une bonne nourriture à leurs âmes prétendant être docteurs de la loi, quoiqu'elles n'entendent (ne comprennent) point ce qu'elles disent, ni les choses qu'elles assurent comme certaines, et ne se doutant pas que:

ce qu’elles devraient surtout chercher dans la Bible,

ce sont les assurances du pardon que leurs péchés leur rendent nécessaire.

Si ce n’est pas dans ce dernier sentiment qu’on lit la Bible, on aurait beau la connaître en son entier, malgré toute sa science, ON SERAIT UN JOUR SOUMIS À LA CONDAMNATION.

Entreprenons donc cette lecture avec le sincère désir d’être instruits et éclairés par elle, afin d’être rendus sages à salut par la foi en Jésus-Christ (II. Tim. chap. III, v. 15).

Faisons-nous l’habitude de prier toujours avant de lire la Bible, ET QUE CE SOIT DU CŒUR QUE PARTENT NOS PRIÈRES.

Prions aussi en la lisant, ce sera le meilleur moyen d’en tirer une véritable édification.

Pour en donner un exemple, après avoir lu le 1er verset de la Genèse: Dieu créa au commencement le ciel et la terre, on peut prier ainsi:

«O mon Dieu! si tu as créé le ciel et la terre, tu es certainement plus grand que le ciel et la terre; c’est pourquoi aussi mon âme s’écrie: Seigneur, pourvu que je te possède, je ne désire ni le ciel ni la terre!»

On peut s'arrêter de même à chaque verset, et, selon l'expression d'un saint homme, secouer chaque rameau pour voir s'il en tombera quelques fruits.

Peut-être y trouvera-t-on en commençant quelque difficulté, et ne saurait-on faire aucune prière en rapport avec le premier verset qu'on rencontrera; mais qu'on ne se laisse pas rebuter, qu'on aille plus en avant, qu'on secoue un autre rameau.

On peut être assuré que si l'âme a vraiment faim,

l'Esprit du Seigneur ne la laissera pas sans nourriture.

Il arrive même souvent que l'on finit par découvrir dans le moindre passage de l'Écriture une telle abondance de fruits salutaires, qu'on s'y arrête comme si l'on était sous un arbre abondamment chargé.

Il est bon de joindre la méditation à la prière, et de s'interrompre de temps en temps pour réfléchir sur ce qu’on a lu.

On en profitera surtout, si l’on a eu soin de bannir de son cœur tout ce qui pouvait le distraire et l’agiter; car de même que le soleil se réfléchit avec plus d’éclat dans une eau tranquille que dans un torrent, et la réchauffe davantage, de même l’Évangile opère plus efficacement dans un cœur calme et recueilli que dans celui qui serait encore distrait par de vaines pensées.

Si tu désires donc lire l’Écriture avec fruit, si tu veux t'y approvisionner de foi, d’espérance et de charité...,

PUISES-Y DANS LE RECUEILLEMENT.

Que l'on ne perde toutefois pas courage, si l’on n’obtient pas de suite le succès qu’on attend; car, comme le dit un écrivain pieux:

«On ne devient pas parfait tout à coup; c’est en grimpant et non en volant, qu’on arrive au haut de l'échelle; grimpons donc, et que la prière et la méditation soient comme les deux pieds qui nous font avancer.

1. La méditation nous fait voir ce qui nous manque,

et la prière obtient de Dieu, qu’il ne nous manque rien;

2. l'une nous montre le chemin,

L’autre nous y conduit;

3. la méditation nous fait clairement reconnaître les dangers,

la prière nous les fait éviter.»

Apprenons à méditer.

Le premier verset de la Genèse nous a fourni un exemple pour la prière; le second nous en fournira un pour la méditation. La terre était sans forme et vide, et les ténèbres étaient sur la face de l'abîme et l'Esprit de Dieu se mouvait sur les eaux.

«Tel s’est montré notre Dieu dès le commencement, tirant toutes choses du néant par sa puissance, et formant avec sagesse ce qui n’avait point de forme. C’est ainsi qu’il a voulu glorifier son saint nom.»

On peut ajouter une prière telle que celle-ci:

«O mon Dieu! de même que tu as donné une forme à la terre, forme-moi à la parfaite stature de Christ. Chasse les ténèbres de l’ignorance et du péché loin de mon âme, et que ton Esprit s’approche de mon âme comme il se mouvait sur les eaux!»

Si la prière doit précéder et accompagner la lecture de la Bible, elle doit aussi y succéder.

On a besoin, après avoir quitté le volume saint, de s’écrier:

«O notre Père céleste! daigne par ton Esprit graver dans nos cœurs ce que nous venons de lire, et mets-y le sceau de ta grâce, de peur que Satan ne vienne nous l’enlever; car, nous le sentons, nos lectures n’auraient aucun bon résultat, si ton Esprit ne venait les rendre salutaires à nos âmes!»

On peut aussi prendre l’habitude de former une prière de la portion de l'Écriture Sainte qu’on a lue, et en faire le sujet de ses instances ou de ses actions de grâces.

UN AUTRE MOYEN, hors de notre portée, mais dont Dieu se sert souvent lui-même pour nous faire comprendre la Bible, CE SONT LES ÉPREUVES!

Souviens-t’en, lecteur; et si quelque affliction de l’âme ou quelque épreuve temporelle t’est envoyée du Seigneur, examine s’il n’est pas quelque passage de la Parole de Dieu, qui se rapporte à ta situation.

Lis un psaume, un chapitre des Prophètes, de l’Évangile ou des Épîtres, et le Saint-Esprit t’indiquera ce dont ton âme a besoin.

L’Évangile se comprend mieux sous là croix

que devant la croix.

– Plus tu mourras au monde, plus tu le comprendras;

– plus tu vivras au monde, plus tu seras aveugle et ignorant quant aux choses de Dieu.

Que le Dieu de Notre Seigneur Jésus-Christ, le Père de gloire, éclaire les yeux de votre esprit, afin que vous connaissiez quelle est l'espérance à laquelle vous êtes appelés, quelles sont les richesses de la gloire de son héritage dans les saints, et quelle est l'infinie grandeur de sa puissance envers nous qui croyons par l'efficace de sa vertu toute-puissante! (Éphésiens, chap. I, v. 17.)

À lui soient honneur, louanges et gloire aux siècles des siècles. Amen! Amen!