Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

MESSAGES AU FÉMININ

APRÈS PLUSIEURS JOURS

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Hélène Reneau s’était entièrement consacrée au Seigneur et avait déjà gagné plusieurs âmes à Lui. Sur le carnet de sa classe biblique se trouvaient les noms de pauvres jeunes filles dont les unes avaient été ramenées d’une vie de désordre, tandis que les autres n’avaient jamais entendu jusque-là parler de Jésus.

Hélène avait un ardent désir de chercher ses brebis errantes et de les engager à venir à sa classe. Mais oserait-elle les aborder!

Un jour d'hiver elle se sentit comme contrainte de prendre pour rentrer chez elle, un certain chemin; elle aperçut bientôt une jeune fille qui se mirait dans la devanture d’un magasin, sa toilette était de mauvais goût, son chapeau couvert de plumes et de fleurs voyantes. Hélène hésita....

Lui demanderait-elle, à cette jeune fille inconnue, d'assister à sa classe?

Elle le fit pourtant, d’une voix mal assurée. Un regard dédaigneux lui répondit. Mais Hélène continua à parler et finit par comprendre que cette fille voyageait avec des musiciens ambulants.

Elles se séparèrent, l’une attristée, mais sûre d’avoir fait la volonté de Dieu, l’autre pour aller se préparer à sa soirée théâtrale.

Celle-ci se nommait Marie Driver. Ce soir-là, rentrant dans sa chambre solitaire, elle se demanda. — N’est-ce pas singulier que cette personne soit, venue me parler, à moi?

Alors les paroles d’affection qui lui avaient, été adressées firent revenir à. sa mémoire ses souvenirs d’enfance. Elle croyait sentir les bras de sa mère l’entourer encore.... ensuite elle avait souffert de la misère avec un père dur qui avait éteint chez elle tout bon sentiment. Puis elle avait choisi une sombre voie de péché... Mais elle suivra bientôt ses pensées et partit pour son théâtre, espérant tout oublier.

Quatre dimanches se passèrent et, le cinquième, comme elle commençait à lire la Bible dans sa classe, Hélène reconnut l’inoubliable chapeau. La pauvre fille s’était assise au bout de la salle. Hélène pensa que l’Esprit du Seigneur faisait son oeuvre en elle, mais elle soupira quand elle vit Marie s’en aller à la fin du dernier cantique, comme si quelque chose l’avait offensée. Elle continua pourtant à prier pour cette enfant prodigue et fit de vains efforts pour la retrouver.

Hélène continua son oeuvre et Dieu mit sa bénédiction sur ses efforts, mais sa santé défaillit et elle fut obligée de faire un séjour au bord de la mer. Là elle entendit parler de réunions bibliques tenues par une personne qui venait d’Amérique. Elle s’y rendit dès que cela lui fut possible et entrant dans la salle, quel ne fut pas son étonnement! La personne qui présidait était Marie Driver.

Très touchante fut leur entrevue.

Marie raconta son étonnante histoire: les paroles qu’elle avait entendues dans la classe d’Hélène avaient pénétré dans son cœur. Bientôt après elle était tombée malade et, arrivée aux portes de la mort, les exhortations dont elle se souvenait l’amenèrent à la repentance et à la foi au Sauveur.

Guérie, elle chercha une position qui lui permît de gagner honorablement sa vie.

J’ai trouvé ma joie, ajouta-t-elle à faire pour de pauvres filles égarées ce que vous avez fait pour moi; je les cherche et je leur parle de Jésus. J’ai souvent désiré vous revoir pour mettre à vos pieds ma dette de reconnaissance.

Toutes les deux s’agenouillèrent en silence, trop émues pour pouvoir prononcer une parole.

M. L.

Organe des Unions chrétiennes de jeunes filles – 20 janvier 1894



 

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