HUMBLE
— Mais quand surviendra la tempête,
Dit le chêne d’un ton moqueur
À la très douce violette,
Que feras-tu, petite fleur?
Durant ta si courte existence
Ton parfum s’en va dans les airs;
Nul ne t’admire, et ta présence
Se cache sans profits bien clairs.
Que fais-tu pour un triste monde
Qui souffre et s’en va vers la mort?
Sa coupe est amère et profonde,
Comment allèges-tu son sort?
— Je sais, répondit la fleurette,
Que je naquis sans avenir,
Que sous les vents courbe ma tête,
Et que bientôt je vais mourir....
Mais si mon nectar s’évapore
Pour relever les cœurs tremblants,
Celui de mes sœurs les restaure
Avec le mien et les souffrants.
Aspirent tous la douce haleine
Que le zéphyr leur fait passer,
Ensemble nous calmons leur peine
Et travaillons sans nous lasser.
Organe des Unions chrétiennes de jeunes filles – 20 juillet 1893
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